Plus grand commun diviseur
En arithmétique élémentaire, le plus grand commun diviseur ou PGCD de deux nombres entiers non nuls est le plus grand entier qui les divise simultanément.
Par exemple, le PGCD de 20 et de 30 est 10, puisque leurs diviseurs communs sont 1, 2, 5 et 10.
Cette notion s'étend aux entiers relatifs grùce aux propriétés de la division euclidienne. Elle se généralise aussi aux anneaux euclidiens comme l'anneau des polynÎmes sur un corps commutatif.
La notion de PGCD peut ĂȘtre dĂ©finie dans tout anneau commutatif. Cependant, l'existence d'un PGCD de deux Ă©lĂ©ments quelconques n'est plus garantie, mais c'est le cas pour des classes d'anneaux (plus gĂ©nĂ©rales que les seuls anneaux euclidiens) comme les anneaux factoriels. Un anneau pour lequel cette propriĂ©tĂ© d'existence est satisfaite est appelĂ© anneau Ă PGCD.
Notation
Le PGCD de deux entiers et se note : . Par extension, le PGCD d'une famille d'entiers est noté .
est parfois noté . Cette notation fait référence aux ensembles ordonnés : tout diviseur commun à et divise leur PGCD.
PGCD d'une famille d'éléments
DĂ©finition pour une famille de nombres entiers
Ătant donnĂ© une famille (finie ou infinie) d'entiers relatifs non tous nuls, l'ensemble des diviseurs communs aux est une partie finie et non vide de :
- finie, car un diviseur d'un entier non nul est borné par ;
- non vide car contient 1.
Cet ensemble admet donc un plus grand élément , appelé le PGCD de la famille des .
Par exemple, les diviseurs communs Ă 36, 48 et 60 sont 1, 2, 3, 4, 6 et 12 donc .
Rappelons que le D de PGCD signifie toujours diviseur et non dĂ©nominateur. Lors de la rĂ©duction de fractions au mĂȘme dĂ©nominateur, on peut ĂȘtre amenĂ© Ă chercher le plus petit commun dĂ©nominateur qui est en fait le PPCM des dĂ©nominateurs. L'emploi de cette expression n'est pas une erreur, c'est un cas particulier d'emploi du PPCM. L'expression « Plus grand commun dĂ©nominateur » est en revanche erronĂ©e.
DĂ©finition dans un anneau commutatif
Usuellement, pour des nombres entiers, on considĂšre uniquement des PGCD positifs et la notion de « plus grand » correspond bien Ă la notion d'ordre usuelle pour les nombres. Pour d'autres cas, le « plus grand » de PGCD ne correspond pas forcĂ©ment Ă la relation d'ordre habituelle mais au prĂ©ordre de divisibilitĂ©, donc Ă la dĂ©finition suivante (Ă©quivalente, dans un anneau commutatif unitaire, Ă la dĂ©finition par les idĂ©aux â voir plus bas) :
Un PGCD de et est un diviseur de et de tel que tout autre diviseur commun Ă et est aussi un diviseur de .
En ce sens, â3 et 3 sont tous deux des PGCD de 6 et 9. C'est cette dĂ©finition qui est adoptĂ©e pour dĂ©finir le PGCD dans un anneau commutatif quelconque, ou pour le PGCD de nombres rationnels. Pour le cas de nombres entiers, on prĂ©fĂšre en gĂ©nĂ©ral prendre le PGCD positif, ce qui permet de faire en sorte qu'il soit bien le plus grand au sens courant du terme. Et mĂȘme, on ne prĂ©cise pas qu'on souhaite le PGCD positif quand on dĂ©signe le PGCD comme unique.
Ăvidemment, celui des deux PGCD qui est positif est Ă©galement le plus grand diviseur au sens de la relation d'ordre habituelle sur les nombres, mais cette assertion n'aura plus de sens dans des anneaux plus gĂ©nĂ©raux, comme les anneaux de polynĂŽmes â et encore, mĂȘme dans l'anneau des entiers, elle est contredite dans le cas de , que nous examinerons plus loin.
PGCD de nombres rationnels
Dans ce paragraphe, on utilise la définition générale donnée plus haut : est un PGCD de et si divise et et est divisible par tout élément divisant et .
Premier point de vue : c'est le plus Ă©vident : on se place dans le corps des rationnels. Alors pour et deux rationnels non tous deux nuls, tout rationnel non nul est un PGCD de et ( Ă©tant un corps, tout rationnel autre que 0 divise 1, et 1 divise tout rationnel). Par convention, on choisit 1 comme PGCD. Dans le cas oĂč les deux fractions sont nulles, le PGCD vaut encore 0.
Note : on montre que A est un corps si et seulement si est un anneau unitaire dont les seuls idĂ©aux sont et . On comprend facilement, avec la dĂ©finition du paragraphe 2.1, que deux Ă©lĂ©ments non tous deux nuls de admettent n'importe quel Ă©lĂ©ment non nul de comme PGCD, et on choisit 1 (le neutre de la seconde loi) par convention. La notion de PGCD n'a donc pas beaucoup d'intĂ©rĂȘt dans un corps.
DeuxiÚme point de vue : il consiste à considérer qu'une fraction en divise une autre non pas s'il existe une fraction telle que (toujours vrai si ne vaut pas 0 : prendre et ) mais seulement s'il existe un entier tel que .
De façon analogue au paragraphe sur les idéaux, un PGCD de et est une fraction telle que . Mais attention, les objets manipulés ici ne sont pas des idéaux, ni des pseudo sous-anneaux de , seulement des sous-groupes.
Finalement, on trouve et .
De mĂȘme, on a .
Le PGCD obtenu suivant le deuxiĂšme point de vue est Ă©galement un PGCD possible quand on se place sur le corps . Les calculatrices et les logiciels de calcul choisissent l'un ou l'autre suivant le choix des programmeurs (par exemple Maple adopte le premier point de vue, la Casio Graph 100+ et la TI-92 le second).
Un inconvénient du second point de vue est que le PGCD d'une famille infinie de rationnels n'existe pas toujours. Par exemple, la famille des fractions , allant de 1 à l'infini parmi les entiers, n'admet pas de PGCD.
Cas des nombres réels
On peut encore étendre les définitions précédentes avec des nombres réels : le premier point de vue conduit à un PGCD de 1 pour tout couple de réels non tous deux nuls.
Le second point de vue dit que pour deux rĂ©els quelconques a et b, s'il existe un rĂ©el c tel que a = uĂc et b = vĂc avec u et v rationnels, on choisit PGCD(a,b) = |c|ĂPGCD(u,v), suivant la dĂ©finition des PGCD de rationnels vue ci-dessus (2e point de vue).
Pour deux rĂ©els a et b tels que a/b soit irrationnel (si b = 0, on est dans la situation prĂ©cĂ©dente) on est obligĂ© de revenir au premier point de vue d'oĂč PGCD(Pi,â2) = 1 ; Ă noter que le PPCM prĂ©sente le mĂȘme problĂšme, mais il est dĂ©terminĂ© par PGCD(a,b)ĂPPCM(a,b) = |aĂb|. (PPCM(Pi,â2) = PiĂâ2.)
Chaque calculateur se plaçant dans la continuité de son comportement concernant les rationnels, Maple répond suivant le premier point de vue, la Casio Graph 100+ selon le second ; la Ti-92 n'a pas de réponse.
PGCD de polynÎmes à coefficients entiers ou réels
Le PGCD dans l'anneau vĂ©rifie la dĂ©finition donnĂ©e plus haut. Mais cette fois, pour deux polynĂŽmes et non nuls, il y a une infinitĂ© de PGCD possibles : en effet, tout PGCD de et multipliĂ© par un rĂ©el non nul est aussi un PGCD de et . Pour dĂ©finir un PGCD unique il y a deux conventions possibles : ou bien on pose par convention que le PGCD doit ĂȘtre un polynĂŽme unitaire, ou bien on choisit le polynĂŽme dont le coefficient dominant est le PGCD des coefficients dominants de A et B, en employant la dĂ©finition du paragraphe prĂ©cĂ©dent pour les PGCD de rĂ©els.
à titre d'exemple, le logiciel (propriétaire) de calcul formel Maple choisit la premiÚre option quand les polynÎmes sont à coefficients entiers, la seconde sinon, tandis que les calculatrices Casio optent toujours pour la seconde convention.
Si l'on ne dispose pas de moyen automatisé (logiciel ou calculatrice), on peut toujours trouver « manuellement » le PGCD de 2 polynÎmes en transposant pour ces polynÎmes l'algorithme d'Euclide servant à trouver le PGCD de deux nombres entiers (voir ici comment on peut effectuer la division de deux polynÎmes).
Dans les anneaux commutatifs
La dĂ©finition gĂ©nĂ©rale du PGCD dans un anneau (unitaire â ou mĂȘme un pseudo-anneau) commutatif est celle donnĂ©e plus haut, et s'Ă©tend Ă une famille quelconque (Ă©ventuellement infinie) : le plus grand commun diviseur d'une famille est le plus grand diviseur commun aux au sens de la divisibilitĂ©.
L'existence du PGCD de deux éléments (tout comme du PPCM) est certaine dans un anneau factoriel, pas toujours dans d'autres anneaux.
Par exemple, dans l'anneau , et admettent et comme diviseurs, mais aucun élément divisible simultanément par et ne les divise.
Le PGCD de et n'est pas toujours unique, mais deux quelconques PGCD de et sont, par définition, toujours associés, c'est-à -dire que chacun est divisible par l'autre.
Dans un anneau principal, il existe des éléments et (non uniques) tels que (théorÚme de Bachet-Bézout).
Dans un anneau euclidien, une forme de l'algorithme d'Euclide peut ĂȘtre utilisĂ©e pour calculer le PGCD.
L'unicitĂ© peut dans certains cas ĂȘtre rĂ©tablie en posant une contrainte supplĂ©mentaire â comme la positivitĂ© dans le cas des entiers relatifs. Par exemple, dans l'anneau des polynĂŽmes Ă coefficients dans un corps commutatif, le PGCD est unique si l'on exige qu'il soit unitaire ou nul.
Définition par les idéaux
La définition de ce paragraphe est une reformulation de la précédente.
Dans l'anneau commutatif unitaire , on note l'idéal principal engendré par l'élément , i.e. l'ensemble des multiples de par un élément de . Alors :
est un PGCD de et si et seulement si est le plus petit idéal principal contenant et , autrement dit : contenant l'idéal .
Dans un anneau principal, cela Ă©quivaut Ă .
Cette reformulation ne vaut pas dans un pseudo-anneau car l'ensemble des multiples de peut alors ĂȘtre strictement inclus dans l'idĂ©al engendrĂ© par . Par exemple dans le pseudo-anneau , 2 est un PGCD de 8 et 12 mais l'idĂ©al engendrĂ© par 4, strictement plus petit que celui engendrĂ© par 2, contient aussi 8 et 12.
Anneaux non commutatifs
Dans un anneau non commutatif, un élément peut admettre des « diviseurs à droite » et des « diviseurs à gauche ». On peut dans certains cas définir un PGCD à droite et/ou un PGCD à gauche. Mais l'existence de l'un n'implique pas forcément celle de l'autre, et l'existence commune n'implique pas forcément l'égalité.
Demander Ă un calculateur Ă©lectronique le PGCD de deux matrices n'est pas forcĂ©ment interprĂ©tĂ© au sens de l'algĂšbre linĂ©aire. Par exemple, une TI-92 interrogĂ©e sur le PGCD de deux matrices de mĂȘme taille rĂ©pond en donnant la matrice composĂ©e des PGCD des Ă©lĂ©ments de mĂȘme position des deux matrices.