Place de l'anglais dans le domaine de l'informatique
Lâanglais dans le domaine de lâinformatique est parfois dĂ©crit comme la langue vĂ©hiculaire. LĂ oĂč les autres sciences empruntent beaucoup de leur vocabulaire du latin et du grec, lâinformatique prĂ©fĂšre emprunter des termes Ă lâanglais. En raison des limites techniques des premiers ordinateurs et de lâabsence de standards internationaux pour Internet, les premiers utilisateurs Ă©taient cantonnĂ©s Ă lâutilisation de lâanglais et lâalphabet latin de base. Aujourdâhui ce problĂšme est moins frĂ©quent, la plupart des logiciels Ă©tant internationalisĂ©s dans plusieurs langues et tous les problĂšmes dâalphabets non latins sont rĂ©solus grĂące Ă lâencodage des caractĂšres en Unicode. Certaines restrictions nâont Ă©tĂ© modifiĂ©es que rĂ©cemment, telles que les noms de domaine qui ne pouvait supporter que les caractĂšres (ASCII).
Influence des autres langues
Dans les autres langues, la terminologie informatique emprunte beaucoup Ă lâanglais. Certaines communautĂ©s refusent cependant de suivre cette tendance tandis que dâautres prĂ©fĂšrent utiliser lâanglais de maniĂšre directe et massive. Voici quelques exemples de ces emprunts et les diffĂ©rences.
Allemand
En allemand, les mots anglais sont trĂšs communs dans le langage informatique. En voici quelques exemples :
- nom : Computer, Website, Software, E-Mail, Blog
- verbe : downloaden, booten, crashen
Bulgare
Lâanglais et le russe ont tous deux une influence sur le vocabulaire informatique bulgare. Cependant, dans plusieurs cas, les emprunts terminologiques sont traduits et non transcrits phonĂ©tiquement. La combinaison avec lâalphabet cyrillique rend lâidentification des emprunts terminologiques bien plus difficiles. Par exemple, le mot bulgare pour carte mĂšre est « ĐŽŃĐœĐœĐ° плаŃĐșĐ° » (IPA /danna platka/ ou littĂ©ralement « fond fixe »).
- ĐșĐŸĐŒĐżŃŃŃŃ (kompioutÄr), emprunt de l'anglais computer (ordinateur) ;
- ŃĐČŃŃĐŽ ĐŽĐžŃĐș (tvÄrd disk), calque de l'anglais hard disc (disque dur) ;
- ĐŽĐžŃĐșĐ”ŃĐ° (disketa), correspondant au français « disquette » (floppy disk en anglais) ;
- ŃДб ŃĐ°ĐčŃ (oueb saĂŻt), emprunt de l'anglais web site (site web) ; mais aussi ĐžĐœŃĐ”ŃĐœĐ”Ń ŃŃŃĐ°ĐœĐžŃĐ° (internet stranitsa), « page Internet ».
Espagnol
Lâanglais a eu une importante influence sur lâindustrie des logiciels et en AmĂ©rique latine. Cependant, les termes utilisĂ©s sur Internet contiennent beaucoup dâemprunts provenant du lexique castillan.
- mots non intraduisibles et leurs Ă©quivalents en espagnol
- email : correo electrĂłnico
- mouse (seulement en Amérique latine) : ratón (principalement en Espagne) - souris
- messenger : mensajero â messagerie instantanĂ©e
- webcam : cĂĄmara web â camĂ©ra web
- website : pĂĄgina web, sitio web â Page web/site web
- blog : bitĂĄcora, 'blog'
- Non traduit
- web
- flog
- Termes non officiels
En espagnol, beaucoup de termes informatiques partagent une racine commune avec leur Ă©quivalent anglais. Ces termes sont donc comprĂ©hensibles dans les deux langues mĂȘme si les Ă©quivalents espagnols sont prĂ©fĂ©rĂ©s pour des usages formels.
- link - enlace or vĂnculo (lien)
- net - red (réseau)
FĂ©roĂŻen
Le fĂ©roĂŻen a un vocabulaire scientifique limitĂ©, ââbasĂ© sur le langage lui-mĂȘmeââ. Beaucoup des mots scientifiques fĂ©roĂŻens sont des emprunts et/ou des versions modifiĂ©es dâĂ©quivalents de lâanglais ou de langues nordiques. Le vocabulaire est en Ă©volution constante, par consĂ©quent, les nouveaux mots disparaissent souvent ; peu dâentre eux subsistent et sont employĂ©s couramment. Voici quelques exemples de mots qui ont rĂ©ussi Ă rentrer dans le vocabulaire : « telda » (ordinateur), « kurla » (arobase), « ambĂŠtari » (serveur)[1].
Français
En français, les emprunts Ă la langue anglaise sont frĂ©quents, cependant, des efforts significatifs sont rĂ©alisĂ©s pour Ă©viter de les utiliser. LâAcadĂ©mie française sâoccupe de la standardisation de la langue et introduit rĂ©guliĂšrement de nouveaux termes technologiques. Certains de ces termes sont acceptĂ©s en thĂ©orie mais les emprunts Ă lâanglais restent prĂ©dominants. Au QuĂ©bec, lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française couvre les mĂȘmes fonctions que lâAcadĂ©mie française.
- email/mail (en Europe) : courriel (principalement employé au Québec, mais qui devient de plus en plus commun dans la langue française) ; couramment mél; plus formellement « courrier électronique »
- pourriel - Spam
- hameçonnage, phishing - Phishing
- télécharger - to download
- site web - web site
- lien - hyperlien
- base de données - Database
- caméra web - Webcam
- amorcer, démarrer, booter - to boot
- redémarrer, rebooter - to reboot
- arrĂȘter, Ă©teindre- to shutdown
- amorçable, bootable - Bootable
- surfréquençage, surcadençage - Overclocking
- Watercooling :refroidissement Ă l'eau
Islandais
Lâislandais possĂšde son propre vocabulaire scientifique mais les emprunts de termes anglais existent tout de mĂȘme. Les mots anglais ou islandisĂ©s sont principalement utilisĂ©s dans le langage courant, alors que les mots islandais sont parfois trop longs et peu rĂ©pandus.
Polonais
Certains mots polonais sont dĂ©rivĂ©s de lâanglais.
- dĆŒojstik, transcription de l'anglais joystick[2].
Codage des caractĂšres
Les premiers logiciels et ordinateurs nâĂ©taient pas assez puissants pour supporter des alphabets autres que lâalphabet latin. Il Ă©tait donc difficile, voire impossible de reprĂ©senter des langages avec dâ autres alphabets. Lâ encodage en caractĂšres ASCII (American Standard Code for Information Interchange), crĂ©Ă© dans les annĂ©es 1960, pouvait supporter seulement 128 caractĂšres. GrĂące Ă des logiciels supplĂ©mentaires, il Ă©tait possible de lire certains langages, par exemple toutes les langues utilisant lâalphabet cyrillique. Cependant, les langues complexes comme le chinois ou le japonais requiĂšrent plus que la limite de 256 caractĂšres imposĂ© par lâencodage 8 bits. Certains ordinateurs crĂ©Ă©s sous lâUnion des rĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques comprenaient automatiquement le support nĂ©cessaire pour lire lâalphabet cyrillique.
Lâadoption massive de lâUnicode et de lâUTF-8 sur Internet, a permis de rĂ©soudre la plupart de ces anciennes limitations. LâASCII reste de facto la norme pour les interfaces de commande, les langages de programmation et les protocoles texte.
- Mojibake â Texte considĂ©rĂ© comme « illisible » lorsque le logiciel cesse de fonctionner Ă cause de problĂšmes dâencodage.
Langage de programmation
La syntaxe de la plupart des langages de programmation utilise des mots clĂ©s anglais, ce qui peut demander quelques notions de la langue afin de bien comprendre leur emploi. Cependant, il est important de savoir que tous les langages de programmation font partie de la classe des langages formels. Ils sont trĂšs diffĂ©rents des autres langages communs, lâanglais compris.
Voici quelques exemples de langages de programmation non-anglais :
- Bien que le langage de programmation Ruby utilise des mots clĂ©s anglais, il est possible de nommer des variables et dâautres Ă©lĂ©ments de code avec des caractĂšres japonais.
- Arabe : ARLOGO (ar), ÙÙŰš
- Bengali : BangaBhasha
- Chinois : BASIC chinois
- NĂ©erlandais : Superlogo (pt)
- Français : LSE, WinDev, Pascal (bien que la version anglaise soit plus répandue)
- HĂ©breu : Hebrew Programming Language
- Islandais : Fjölnir
- Inde : Hindawi Programming System
- Russe : Glagol
- Espagnol : Lexico
Protocole de communication
Beaucoup de protocoles dâapplication (particuliĂšrement ceux qui dĂ©pendent de lâefficacitĂ© de la standardisation) utilisent des chaĂźnes de texte pour les requĂȘtes et les paramĂštres, plutĂŽt que les valeurs binaires plus communs dans les protocoles des couches infĂ©rieures. Les chaĂźnes de texte se basent sur lâanglais bien que certaines soient des abrĂ©viations ou des acronymes dâexpressions anglaises ce qui rend le langage illisible pour toutes personnes Ă©trangĂšres au protocole mĂȘme sâils parlent couramment la langue. Cependant, utiliser des mots comme chaĂźnes est un mĂ©canisme mnĂ©monique pratique qui permet Ă une personne qualifiĂ©e, avec une bonne connaissance de lâanglais, dâexĂ©cuter le protocole manuellement Ă partir dâun clavier principalement pour retrouver un problĂšme avec le service.
Exemples :
- File Transfer Protocol(FTP) : USER, PASS (password), PASV (passive), PORT, RETR (retrieve), STOR (store), QUIT
- Simple Mail Transfer Protocol(SMTP) : HELO (hello), MAIL, RCPT (recipient), DATA, QUIT
- HyperText Transfer Protocol(HTTP) : GET, PUT, POST, HEAD (headers), DELETE, TRACE, OPTIONS
Il faut savoir que les rĂ©ponses sont codĂ©es, câest-Ă -dire que les chaĂźnes renvoyĂ©es selon la demande du destinataire sont gĂ©nĂ©ralement sous forme gĂ©nĂ©rique. Par exemple, en HTTP (et aussi avec dâautres protocoles) :
- 200 OK requĂȘte traitĂ©e avec succĂšs
- 301 Moved Permanently (document dĂ©placĂ© de façon permanente) Pour rediriger la requĂȘte vers une nouvelle adresse
- 404 Not Found (ressource non trouvĂ©e) la page demandĂ©e nâexiste pas
Les rĂ©ponses codĂ©es doivent communiquer des informations ambigĂŒes qui peuvent aussi avoir des nuances variĂ©es qui peuvent ĂȘtre plus ou moins utiles pour lâexĂ©cution des actions. Communiquer tous ces « sous codes » avec des mots de lâalphabet latin serait compliquĂ© et annulerait tous les avantages des abrĂ©viations anglaises. Puis ce que les rĂ©ponses sont gĂ©nĂ©ralement gĂ©nĂ©rĂ©es par des logiciels, ils nâont donc pas besoin dâĂȘtre mnĂ©monique. Les codes numĂ©riques sont aussi facilement analysĂ©s et catĂ©gorisĂ©s lorsquâils sont exploitĂ©s par des logiciels plutĂŽt que par des humains qui testent le protocole en faisant des saisies manuelles.
Localisation
BIOS
Beaucoup de PC sont munis de puce BIOS (Basic Input Output System), qui permettent dâafficher des textes en anglais pendant le dĂ©marrage de lâordinateur. Le BIOS ne pouvant deviner Ă l'avance quelle langue devrait ĂȘtre utilisĂ©e (sans configuration prĂ©alable spĂ©cifique au BIOS de chaque machine) la plupart des vendeurs n'ont ni les ressources ni la motivation de modifier ces paramĂštres.
Raccourcis clavier
Les raccourcis clavier sont généralement définis par des mots clés anglais tels que CTRL+F pour chercher des fichiers (find). Voir le tableau des raccourcis clavier.
Anglais et World Wide Web
Lâanglais est la langue la plus utilisĂ©e du Web (World Wide Web), avec 27 % dâinternautes.
Anglophones
Les pourcentages des internautes sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ©s Ă partir de la langue utilisĂ©e par les premiers utilisateurs. Prendre en compte la deuxiĂšme langue et les langues Ă©trangĂšres parlĂ©s par les internautes est tout aussi important car la langue maternelle dâune personne lambda nâest pas forcĂ©ment celle quâil ou elle utilise sur Internet.
Natifs
Il y a Ă©normĂ©ment dâinternautes de langue maternelle anglaise, environ 1/3 de tous les utilisateurs soit prĂšs de un milliard. Ce phĂ©nomĂšne reprĂ©sente lâinfluence des pays anglophones et Ă quel point Internet dĂ©tient une part importante dans la vie des habitants. La forte augmentation des utilisateurs chinois diminue lâinfluence anglaise[3].
Les langues principalement utilisĂ©es par les internautes venant dâautres pays riches changent trĂšs peu : lâallemand et le japonais reprĂ©sentent respectivement 5 % et 10 % de la part globale des utilisateurs dâInternet.
Contenu du Web
80 % du contenu du web est en anglais[4]. Dâautres sources indiquent que le pourcentage est moins Ă©levĂ© il serait de 50 %[5] - [6] - [7]. Deux facteurs expliquent ces pourcentages :
Le contenu du web en anglais est plus important que le nombre dâinternautes de langue maternelle anglaise
Ătant donnĂ© la forte influence de lâanglais sur le monde du web et dans dâautres sphĂšres, il est probable que la langue continue sa domination mĂȘme si le nombre dâinternautes de langue maternelle anglaise a tendance Ă diminuer. Ceci est un phĂ©nomĂšne classique de rĂ©troaction, câest-Ă -dire que les nouveaux utilisateurs apprennent lâanglais afin de pouvoir lâutiliser en ligne. Cela renforce lâimportance de la langue et force les nouveaux internautes Ă lâapprendre
Certains autres facteurs ont aussi propulsĂ© lâanglais en tant que la langue phare du web. La premiĂšre est due Ă la forte influence des chercheurs et professionnels qui font des publications en ligne en anglais afin dâassurer leurs diffusions. DâaprĂšs la plus grande base de donnĂ©es qui regroupe les informations bibliographiques du monde mĂ©dical, cela fait 40 ans que lâanglais est la langue favorite dans le milieu et cela ne cesse dâaugmenter[8].
Les non-anglophones publient aussi en anglais. La langue offre un vocabulaire technique riche (principalement car câest une maniĂšre rapide pour communiquer les idĂ©es techniques) et de nombreux professionnels des nouvelles technologies et les techniciens emploient lâanglais quel que soit leur pays dâorigine (par exemple : Linus Torvalds, un ingĂ©nieur finlandais, Ă©crit ses codes en anglais bien que sa langue maternelle soit le suĂ©dois).
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « English in computing » (voir la liste des auteurs).
- List of Faroese-English-Danish IT words
- (en) « dĆŒojstik », SĆownik jÄzyka polskiego, Polish Scientific Publishers PWN (consultĂ© le )
- English grip on internet being eroded | Technology | Guardian Unlimited
- What percentage of the internet is in English?
- (en) « Usage of content languages for websites », W3Techs.com (consulté le )
- (en) « News », sur Symantec (consulté le )
- English could snowball on Net TRN 112101
- Language and country preponderance trends in MEDLINE and its causes