Pilier dharani
Un pilier dhÄraáčÄ« est un type de pierre que lâon trouve en Chine, sur lequel est gravĂ© une dharani. GĂ©nĂ©ralement, il est Ă©rigĂ© Ă l'extĂ©rieur des temples bouddhistes.
La tradition des piliers dharani , dans la Chine impériale, a duré plus de mille ans : de la période de la dynastie Tang (618-907), à celle des Ming (1368-1644).
Le pilier est ordinairement de forme octogonale. Parfois, il est composĂ© de plusieurs parties superposĂ©es, Ă©voquant ainsi la forme dâune pagode.
Les textes gravés sont supposés posséder des vertus magiques.
Encore de nos jours, dans les pays de langue chinoise, notamment Ă TaĂŻwan, dâanciens textes bouddhiques sont gravĂ©s non plus sur des piliers, comme jadis, mais sur des stĂšles .
Histoire
Un pilier dhÄraáčÄ« (chinois : éçŸ ć°Œćčą ; pinyin : tuĂłluĂłnĂ chuĂĄng) est un type de pierre , que lâon trouve en Chine, sur lequel est gravĂ© une dharani (la partie hymne de certains sutras), ou des incantations. Il est Ă©rigĂ© Ă l'extĂ©rieur des temples bouddhistes, plus rarement Ă lâintĂ©rieur.
Les piliers dharani les plus anciens remontent au IXe siĂšcle, vers le milieu de la pĂ©riode de la dynastie Tang (618-907). Lâune des premiĂšres mentions qui en a Ă©tĂ© faite, est due Ă un des patriarches de lâĂ©cole Tendai, le moine japonais Ennin qui a voyagĂ© en Chine de 838 Ă 847.
Qian Liu (en) (852-932), fondateur du royaume Wuyue (907-978), au début de la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes, est connu pour avoir fait ériger plusieurs plusieurs piliers dharani durant son rÚgne, comme actes de dévotion :
- - un au temple de ZhÄoxiĂĄn (æèłąćŻș) en 911;
- - deux au temple DĂ qiĂĄn (性éąćŻș) en 911 ;
- - un Ă l'ermitage de TiÄnzhĂș rĂŹguÄn (怩ç«șæ„è§ćș”) en 913 ;
Les piliers Dharani ont continuĂ© Ă ĂȘtre Ă©rigĂ©s jusquâĂ la pĂ©riode de la dynastie Ming (1368-1644)[1].
Description
Forme
GĂ©nĂ©ralement, le pilier dharani est formĂ© de trois Ă©lĂ©ments principaux : le socle ou base, le fĂ»t de forme octogonale[alpha 1], surmontĂ© ou non dâun chapiteau[2] .
Il peut former un ensemble plus élaboré , composé de plusieurs tambours de colonne et de chapiteaux superposés, évoquant alors une pagode en miniature [3].
Dans la Chine du nord des Tang et des Song (960-1279), le style sculptural était sobre, sans décors pour accompagner le texte.
Ă lâinverse, dans l'extrĂȘme sud de lâempire , au sein des royaumes vassaux non chinois, comme : les royaumes de Nanzhao (737-902) et de DalĂ (937-1253), dans la province actuelle du Yunnan , les piliers dharani Ă©taient ornĂ©s de sculptures en relief reprĂ©sentant des motifs bouddhiques ou des dragons[4].
Inscriptions
Les inscriptions lapidaires des dharanis sont écrites en sinogrammes. Ce sont des traductions ou des translittérations de textes bouddhiques à partir du sanskrit siddham[1].
Le terme dharani sert Ă dĂ©signer soit une technique mnĂ©motechnique visant Ă mĂ©moriser de longs textes, soit une gÄthÄ, soit, enfin, la partie hymne ou incantation de certains sutras, qui doit ĂȘtre rĂ©citĂ©e ou chantĂ©e plusieurs fois selon le rituel bouddhique. Câest de cette derniĂšre dont il sâagit dans le cadre des piliers. Comme le mantra, elle est censĂ©e possĂ©der un pouvoir magique[5].
De nombreuses dharanis[alpha 2] ont ainsi été gravées sur des piliers, comme:
- - Dharani de la Grande Compassion, la Nilakantha Dharani (chinois: 性æČć DĂ bÄi zhĂČu) ;
- - Dharani Protectrice du Pays et du Roi (chinois : ćźè·ćçäž»éçŸ ć°Œç¶ ) ;
- - Dharani du Bouddha couronnĂ© Victorieux (chinois : äœé ć°ćéçŸ ć°Œç¶ ).
Inscriptions en Tangoute
Le tangoute est une ancienne langue tibĂ©to-birmane parlĂ©e jusquâau XVe siĂšcle, notamment durant la pĂ©riode du royaume des Xia occidentaux (1032-1227), qui Ă©tait situĂ© au Nord-est de la Chine, dans lâactuelle province du Hebei.
Deux piliers dharani Tangoutes (Tangut dharani pillars (en)) datant de la pĂ©riode Ming, ont Ă©tĂ© dĂ©couverts en 1962, dans un village nommĂ© Hanzhuang, au nord de Baoding. Selon lâinscription, ils ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©s en 1502[6].
Ils sont de style sobre, sans dĂ©cors sculptĂ©s. Ils sont surmontĂ©s de chapeaux qui leur donnent lâapparence de champignons (voir illustration ci-contre)[7].
à cette époque, dans ce village, il y avait un temple bouddhiste avec une pagode blanche en forme de stupa de style tibétain, prÚs de laquelle les deux piliers ont été retrouvés. On peut y lire des inscriptions gravées en tangoute , dont le titre est: Dharani du Bouddha couronné Victorieux[8].
Le nom du temple Ă©crit, en tangoute et en chinois, est Temple de la BontĂ© (chinois : ćèŻçćŻș).Il date de la pĂ©riode Yuan (1271-1338)[9].
La prĂ©sence dâune pagode de style tibĂ©tain au Nord-Est du pays[alpha 3], sâexplique par le fait que les Tangoutes, peuple non chinois, Ă©taient probablement dâorigine tibĂ©taine, comme le suggĂšrent les noms des moines. Il est probable quâil sâagissait dâune lamaserie[10] - [8].
Postérité
Par postĂ©ritĂ©, il faut entendre la pĂ©riode postĂ©rieure Ă celle de la dynastie Ming qui sâest achevĂ©e en 1644.
Depuis, la tradition de graver des dharanis dans la pierre sâest maintenue jusquâĂ nos jours.
Ă titre dâexemple , lâon peut citer la Dharani de la Grande Compassion, la Nilakantha Dharani (chinois: 性æČć DĂ bÄi zhĂČu), un des hymnes les plus populaires du bouddhisme mahÄyÄna, le seul Ă ĂȘtre rĂ©citĂ© dans les monastĂšres de langue chinoise, en CorĂ©e, au Japon[11] et au ViĂȘt Nam, qui a Ă©tĂ© gravĂ©e non pas sur un pilier octogonal, mais sur un bloc de pierre de forme rectangulaire, arrondi en son sommet.
Lâinscription est de couleur rouge, Ă©crite sur un seul cĂŽtĂ©, sans autre motif dĂ©coratif. Ă gauche de la stĂšle, il y a une sculpture reprĂ©sentant un jeune moine assis en position du lotus. Il a un chapelet bouddhiste, le mĂąlĂą, dans la main gauche, et fait lâabhaya-mudrÄ, symbole de protection, avec la droite.
La stĂšle a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en 2005, dans le parc du temple Fo Ding Shan Ă Sanyi, sur lâĂźle de TaĂŻwan, en Asie de lâEst (voir illustration ci-contre).
Notes et références
Notes
- La dharani Ă©tant un texte bouddhique, la forme octogonale du pilier symbolise le Noble chemin octuple.
- Dans les traductions en français, lâhymne faisant partie dâun sutra, peut ĂȘtre rendu sous quatre formes: dharani, dharanisutra , dharani sutra, ou dharani-sutra. Dans les exemples qui suivent, le terme dharani est employĂ© seul (non suivi de sutra), ce qui semble mieux convenir, car il est ici question de « pilier dharani », et non de « pilier dharani sutra ».
- Et non Ă l'Ouest de la Chine, comme le Tibet.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Dharani pillar » (voir la liste des auteurs).
- Yi-hsun Huang 2005, p. 22-24.
- « Les piliers : Les dessins de piliers », sur pierres-info.fr (consulté le )
- Alex Amies 2011, p. 117-118.
- Angela Falco Howard 2006, p. 354-360.
- Louis Frédéric 1987, 2018.
- Wang Jingru, Zheng Shaozong 1977, p. 133-141.
- Shi Jinbo, Bai Bin 1977, p. 146-147.
- Takumi Ikeda 2006, p. 19-247.
- Shi Jinbo, Bai Bin 1977, p. 147.
- Wang Jingru, Zheng Shaozong 1977, p. 139.
- Lokesh Chandra 1988, p. 92.
Bibliographie
Liste des ouvrages, articles et dictionnaires consultés pour la rédaction de cet article.
- Louis FrĂ©dĂ©ric, Le Nouveau Dictionnaire de la civilisation indienne ( 2 volumes), Paris, Ăditions Robert Laffont, collection Bouquins, 2018 (1re Ă©dition 1987), 3127 p. (EAN 9782221217740).
- (en) Alex Amies, Decorative Designs in Chinese Art: Understand Chinese Culture Through Art, Chinesenotes, , 249 p. (ISBN 9780983334828, lire en ligne).
- (en) Lokesh Chandra, The Thousand-armed AvalokiteĆvara, Volume1, New Delhi, Abhinav Publications, Indira Gandhi National Centre for the Arts, , 303 p. (ISBN 9788170172475, lire en ligne)
- (en) Angela Falco Howard et Wu Hung, Li Song, Yang Hong, Chinese Sculpture : The Culture & Civilization of China, New Haven, Connecticut, Ătats-Unis, Yale University Press, , 521 p. (ISBN 9780300100655, lire en ligne).
- (en) Yi-hsun Huang, Integrating Chinese Buddhism: A Study of Yongming Yanshou's Guanxin Xuanshu, New York, Dharma Drum Publishing Corporation, 90-56 Corona Avenue, Elmhurst (Queens), NY 11373, , 438 p. (ISBN 9789575983437, lire en ligne).
- (en) Takumi Ikeda, « Exploring the Mu-nya People and Their Language », Zinbun: Memoirs of the Research Institute for Humanistic Studies, Kyoto University, vol. 39,â , p. 19-147 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (zh) Wang Jingru çéćŠ et Zheng Shaozong éçŽčćź, « Baoding chutu Mingdai Xixiawen shichuang äżćźćșćæä»Łè„żć€æçłćčą (Les piliers de pierre de la dynastie Ming avec des inscriptions tangoutes, dĂ©couvertes Ă Baoding », Kaogu Xuebao, vol. 1,â , p. 133â141.
- (zh) Shi Jinbo et Bai Bin, « Mingdai Xixiawen jingjuan he shichuang chutan æä»Łè„żć€æç¶ć·ćçłćčąćæą (Ătudes prĂ©liminaires sur les sutras Tangoutes des piliers dharani sous la dynastie Ming) », Kaogu Xuebao, vol. 1,â , p. 143-164.