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Pierre Matthieu

Pierre Matthieu (Pesmes, 1563 - Toulouse, 1621) est un écrivain, poète et dramaturge et historiographe comtois.

Pierre Matthieu
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  57 ans)
Toulouse
Pseudonymes
Un Bon citoyen de Lyon, P. M.
Activités

Biographie

Pierre Matthieu naît à Pesmes dans le comté de Bourgogne en 1563. Il fait ses études chez les Jésuites, où il maîtrise rapidement le latin, le grec ancien et l'hébreu. À 19 ans, il sert d'adjoint à son père au collège de Vercel (dans l'actuel département du Doubs). Il y fait jouer par les élèves la tragédie d’Esther (imprimée à Lyon en 1585). Il poursuit des études de droit à Valence (il obtient son doctorat en 1586) et devient avocat (au présidial de Lyon).

Bien qu'il eût témoigné de son attachement pour les princes de Guise et la Ligue catholique, il fut du nombre des députés que les habitants de Lyon envoyèrent à Henri IV en février 1594 pour l'assurer de leur fidélité. Le roi ayant, l'année suivante visité cette ville, Matthieu fut chargé de surveiller toutes les cérémonies relatives à la réception royale. Il se rend par la suite à Paris, où la protection de Pierre Jeannin lui permet d'obtenir le titre d'historiographe. Fort bien vu à la cour, il s'entretient assez familièrement avec Henri IV, qui ne dédaigne pas de l'instruire des particularités de son règne.

Il tombe malade alors qu'il accompagne Louis XIII au siège de Montauban et meurt à Toulouse à l'âge de 58 ans.

Ĺ’uvre

Pierre Matthieu a écrit cinq tragédies : Clytemnestre (1578), Esther (1585), Vashti (1589), Aman, de la perfidie (1589) et La Guisiade (1589). Poète, il publia des Tablettes de la vie et de la mort, ou Quatrains de la vie et de la mort. Ses romans Aelius Sejanus et La Femme Cathenoise sont hostiles à Concini et à son épouse Léonora Caligaï.

Il composa aussi plusieurs ouvrages d'historiographie.

Comme le jésuite Pierre Cotton, Pierre Matthieu, « conseiller ligueur reconverti en chantre de la monarchie » (F. Lestringant) fut accusé de plagiat par Agrippa d'Aubigné.

Ouvrages religieux

  • In Hosseam prophetam commentaria, Lyon, P. Landry, 1588
  • Instructorii conscientiæ, 1588

Tragédies

  • Clytemnestre. De la vengeance des injures perdurable Ă  la posteritĂ© des offencez, et des malheureuses fins de la voluptĂ© (1589); avec Vashti et Aman
  • Esther. Histoire tragique en laquelle est reprĂ©sentĂ©e la condition des Rois et Princes sur le theatre de fortune (1585) fut jouĂ©e au collège de Vercel (dans le dĂ©partement actuel du Doubs). Comme le souligne Louis Lobbes, en 1588, cette pièce "paraissait prendre tout Ă  coup un Ă©tonnant air d'actualitĂ©". En effet, après la JournĂ©e des Barricades (), Henri III dut se rĂ©concilier avec le duc de Guise. On pouvait attribuer cette rĂ©conciliation Ă  Catherine de MĂ©dicis: "Esther ressuscitait sous les traits de Catherine": l"'hĂ©roĂŻne biblique intervient auprès de son Ă©poux AssuĂ©rus pour empĂŞcher le massacre des Juifs voulu par le favori Aman." Les prochains États gĂ©nĂ©raux, Ă  Blois, s'annonçaient comme la fin des Ă©preuves, le peuple de Dieu semblait de nouveau devoir son salut Ă  une femme providentielle". Matthieu remania par la suite son Esther. De ce travail de rĂ©Ă©criture naquirent deux autres tragĂ©dies:
  • Aman, de la perfidie (1589), qui raconte comment les Juifs sont sauvĂ©s du massacre. MardochĂ©e y figurerait le duc de Guise;
  • Vashti. Premiere tragedie de Pierre Matthieu (1589), qui expose la disgrâce de la première Ă©pouse d'AssuĂ©rus, Vashti, remplacĂ©e par Esther. C'est l'occasion pour le dramaturge de faire l'Ă©loge d'Henri III. Après le meurtre du duc de Guise, Ă  Blois () et de son frère le Cardinal de Lorraine le lendemain, Matthieu change de dĂ©dicataire. Ce n'est plus le roi mais Nemours, frère des victimes;
  • La Guisiade attaque ouvertement Henri III et justifie la rĂ©volte des Ligueurs. Cette pièce fut imprimĂ©e trois fois. La dĂ©dicace de la première Ă©dition, au duc de Mayenne, « Lieutenant General de l'Estat et Coronne de France », est du Le , Jacques ClĂ©ment ayant assassinĂ© Henri III, « Matthieu allait s'appliquer Ă  justifier le geste criminel du moine, donc Ă  faire endosser au roi la responsabilitĂ© de son propre assassinat » (L. Lobbes). La deuxième Ă©dition « reveĂĽe, augmentee » est encore dĂ©diĂ©e au duc de Mayenne.
  • La Magicienne estrangere, Rouen, 1617. Consultable sur gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k724391/f2.image

Écrits polémiques et historiques

  • Stances sur l’heureuse publication de la Paix et Saincte Union, B. Rigaud, 1588.
  • Pompe funebre des penitents de Lyon, en deploration du massacre faict Ă  Blois ... Avec l'Oraison sur le mesme suject, prononcĂ© par M. Pierre Matthieu ...; Lyon, Jacques Roussin, 1589, in-8°.
  • Histoire de la mort dĂ©plorable de Henry IIII, Roy de France et de Navarre: ensemble un poème, un panĂ©gĂ©ryque et un discours funèbre dressĂ© Ă  sa mĂ©moire immortelle, Paris, Guillemot et Thiboust (Ă©ds.), 1611. RĂ©cit de l'assassinat du roi Henri IV par son historiographe.
  • Histoire des derniers troubles, 1594-1595
  • Histoire de Louys XI.
  • Histoire de France et des choses memorables advenues aux provinces estrangeres durant sept annĂ©es de paix. Paris, J. Metayer et M. Guillemot, 1605. In-4. (cf Duportal, II, n°78). Illustrations sur cuivre de Fornazeris. [Voir cat. Librairie Veyssière 2009, exemplaire rĂ©glĂ©, dans une reliure du temps "aux petits fers".)
  • Florilegium ab Henrico IIII. immortaliter gestarum; ex variis elogiis quæ illi scripta sunt ... Recueil des Ă©loges, sur les actions les plus signalĂ©es et immortelles de Henri IIII. Roy de France et de Navarre, Paris, Abraham Saugrain, 1609, in-8°. [Eloges de Pierre Matthieu; d'Agrippa d'AubignĂ©; d'Achille de Harlay, sieur de Champvallon, marquis de BrĂ©val et d'Ange Cappel, sieur de Luat].

Poésie

  • Tablettes de la Vie et de la Mort , 1610. Elles ont Ă©tĂ© mises en musique par Artus Aux-Cousteaux entre 1636 et 1652.
  • Les Quatrains de Pierre Mathieu. Les tablettes de la vie et de la mort, Ă©dition de 1850 (Plancy et Paris), consultable sur Gallica.
  • Tablettes ou Quatrains de la Vie et de la Mort, rĂ©Ă©ditĂ©s dans Éric Tourrette (prĂ©sentation), Quatrains moraux XVIe – XVIIe siècles: Guy du Faur de Pibrac, Antoine Favre, Claude Guichard, Pierre Mathieu et Guillaume Colletet; Editions JĂ©rĂ´me Millon, 2008. Partiellement consultable sur Google Livres.

Romans

Valeur littéraire

En 1843, à une époque où Pierre Matthieu était fort oublié, Jean-Barthélemy Hauréau écrivait au sujet de ses Quatrains sur la vie et la mort : « Nous n'avons sur MATHIEU aucun document. (...) nous pouvons d'autant moins laisser en oubli ce mystérieux personnage, que les vers publiés sous son nom nous paraissent fort estimables. » Hauréau comparait alors des vers de Matthieu et de Malherbe traitant d'un même sujet et donnait la palme à Matthieu[1].

Bibliographie

  • Gilles Ernst, Des deux Guisiade de P. Matthieu, « Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance », tome XLVII, n° 2, 1985, pp. 367–377;
  • Gilbert Schrenck, « Livres du pouvoir et pouvoirs du livre : l'historiographie royale et la conversion d'Henri IV », Revue française d'histoire du livre, 1986, n° 50, pp. 153–180;
  • Françoise Karro, « Aux sources d'une dramaturgie royale: l'Ă©loge d'Henri IV par Agrippa d'AubignĂ©, Pierre Matthieu et Sully », dans Papers on French Seventeenth Century Literature, XIV, 26, 1987, pp. 121–149;
  • Louis Lobbes, « L'ExĂ©cution des Guises prĂ©texte Ă  tragĂ©die », dans Le mĂ©cĂ©nat et l'influence des Guises : Actes du colloque tenu Ă  Joinville du au , dir. Yvonne Bellenger, Paris, Champion, 1997, pp. 567–579;
  • Louis Lobbes, « P. Matthieu dramaturge phĂ©nix », in Revue d'histoire du théâtre, 1998, 3, pp. 207–236.
  • Robert Beck, Denise Turrel, « Langue et nationalitĂ© : sur la fortune d’une phrase d’Henri IV », Cahiers d’histoire, n° 2-2001, p. 267-286.
  • P. Matthieu, Esther, texte Ă©ditĂ© et prĂ©sentĂ© par M. Miotti, La tragĂ©die Ă  l’époque d’Henri III, Deuxième SĂ©rie, vol. 4 (1584-1585), Florence et Paris, Olschki-PUF, 2005, pp. 211–458.
  • P. Matthieu, Théâtre complet. Edition critique par L. Lobbes, Paris, Champion, 2007 (Paris, Classiques Garnier, 2022: rĂ©impression de l’édition de 2007).
  • P. Matthieu, Tablettes de la vie et de la mort. Édition de Gilles Ernst, Paris, Classiques Garnier, 2022 (première Ă©dition complète [trois cents quatrains]).
  • Jean-Claude Ternaux, « La Diabolisation dans La Guisiade (1589) de Pierre Matthieu et Le Guysien (1592) de Simon BĂ©lyard », Etudes EpistĂ©mè, n° 14, automne 2008, p. 1-17.
  • Éric Tourette, Quatrains moraux XVIe – XVIIe siècles : Guy du Faur de Pibrac, Antoine Favre, Claude Guichard, Pierre Mathieu et Guillaume Colletet, Éditions JĂ©rĂ´me Millon, 2008.

Notes et références

  1. Barthélemy Hauréau, Histoire littéraire du Maine, t. 1, au Mans et à Paris, 1843, p. 47-50 et note p. 451, consultable sur Google livres.

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