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Pierre Laporte (camisard)

Pierre Laporte (1680-1704), dit Rolland, figure parmi les plus célèbres prophètes et chefs camisards français.

Pierre Laporte
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  24 ans)
Activités

Biographie

Pierre Laporte est né à Mialet en 1680 dans une modeste famille cévenole : sa mère se nomme Madeleine Gras et son père Jean Laporte ; ce dernier exerce la profession de cardeur de laine. Pierre devient lui-même peigneur de laine. Il participe de façon très courte à la guerre de Succession d'Espagne avant de revenir à Mialet en 1703 où il épouse Marthe Bringuier de Cornellis.

Il prend le surnom de « Rolland » lorsqu'il dĂ©cide de rejoindre l'insurrection des protestants dans le Languedoc faisant suite Ă  la rĂ©vocation de l’édit de Nantes en 1685 mais qui, malgrĂ© une dure rĂ©pression, avait connu un regain de confiance depuis l'assassinat de l'abbĂ© du Chayla au Pont-de-Montvert en . Protestant convaincu, Rolland est un prophète qui avait selon Abraham Mazel reçu « le don de prĂ©dication et de prophĂ©tie. Â» Mais il est Ă©galement un redoutable chef de guerre aussi efficace qu'impitoyable. AutoproclamĂ© gĂ©nĂ©ral des « troupes protestantes de France assemblĂ©es dans les CĂ©vennes en Languedoc » lors de la guerre des camisards (1702-1704), il est placĂ© Ă  la tĂŞte de la seconde bande rebelle (en effectifs) qui regroupe 400 hommes environ, après celle de Jean Cavalier (700 hommes).

À Ners, le , en compagnie de Cavalier et de 150 « mécontents », il pille et incendie les lieux de culte catholique du village comme il récidivera les 24 et 25 du même mois à Sérignac et à Bragassargues, toujours avec Jean Cavalier mais aussi en compagnie d'Abraham Mazel. En décembre, lors de la prise de Sauve par Rolland, l'église est brûlée et des villageois (dont des prêtres) sont massacrés mais on ignore le nombre de victimes.

En , Rolland fait passer le château de Saint-FĂ©lix-de-Pallières au fil de l'Ă©pĂ©e selon Maurice Pezet dans son ouvrage L'Ă©popĂ©e des Camisards mais aucun nombre de victimes n'est donnĂ©, le prĂŞtre Jean-Baptiste de L'Ouvreleul avançant le chiffre de six soldats. Rolland tuera nĂ©anmoins trois muletiers au Pompidou dans le mĂŞme mois lors d'une embuscade. Le Ă  Fraissinet-de-Fourques, trente-cinq personnes sont massacrĂ©es par Rolland, Castanet et Molines. Le , au Mas des Prats (près de Saint-AndrĂ© de Buèges, actuel HĂ©rault), la bande de Rolland fait cinq nouvelles victimes. Le lendemain, tout juste après avoir opĂ©rĂ© un raid sur Pompignan, il est sĂ©vèrement battu avec Ravanel par les troupes royales commandĂ©es par de La Haye : 200 rebelles sont tuĂ©s. Ă€ la fin du mois d'aoĂ»t, Rolland et Jean Cavalier surprennent aux environs de Durfort une compagnie royale qui est massacrĂ©e (une vingtaine de morts). Ă€ la suite de cet Ă©vĂ©nement, Montrevel procède Ă  des exĂ©cutions sommaires parmi les camisards capturĂ©s. Pendant le « brĂ»lement des CĂ©vennes Â» par les soldats du roi (466 villages et hameaux dĂ©truits en CĂ©vennes entre octobre et ), Rolland incendie en reprĂ©sailles les villages catholiques de la rĂ©gion dont le monastère près de Tornac ainsi que l'Ă©glise de Sainte-Baudille le .

Le , il tend un piège au col de Vallongue entre Saint-AndrĂ©-de-Valborgne et Lasalle, Ă  deux bataillons royaux conduisant des captifs et les met en dĂ©route. Très déçu de l'attitude de son compagnon Jean Cavalier qui dĂ©cide de se rendre au marĂ©chal de Villars au mois de mai, Rolland prĂ©fère continuer la lutte Ă  l'instar de Ravanel et Catinat. Le , Ă©paulĂ© par Castanet et Joany, il attaque un convoi transportant 25 000 Ă©cus ainsi que des rĂ©serves de poudre et de plomb. L'escorte du lieutenant-colonel de Coberville composĂ©e de 770 hommes est vaincue et perd une centaine d'hommes (300 selon Élie Marion) dont de nombreux officiers. Mais entre octobre et dĂ©cembre, de nombreux chefs camisards imitent Jean Cavalier et dĂ©posent les armes : La Rose, Salomon Couderc, Joany et Catinat. Toutes ces redditions portent un sĂ©rieux coup Ă  la rĂ©bellion mais Rolland, Castanet et Ravanel ne plient pas et prĂ©fèrent mourir les armes Ă  la main plutĂ´t que de subir l'humiliation de la reddition ou de se voir supplicier des mains d'un bourreau. Rolland est finalement tuĂ© au château de Castelnau-Valence le Ă  la suite d'une trahison. Son corps momifiĂ© est promenĂ© publiquement dans les rues de NĂ®mes sur une claie avant d'ĂŞtre finalement brĂ»lĂ©.

Sa mort et celle de Castanet (capturé et roué vif), ainsi que l'échec de la révolte dans le Dauphiné avec intervention étrangère précipitera la fin du conflit, même si la région connaîtra encore quelques révoltes sporadiques et exécutions de camisards. Les chefs rebelles tels que Catinat, Abraham Mazel, Salomon Couderc ou Ravanel qui avaient dû s'exiler de gré ou de force reviennent dans les Cévennes pour y raviver la rébellion mais entre le manque d'effectifs, les délations, l'abandon progressif des puissances étrangères protestantes et surtout leur capture suivie de leur exécution (Ravanel et Catinat en 1705, Couderc en 1706, Mazel sera quant à lui abattu en 1710), les derniers espoirs des huguenots de la région seront brisés.

La maison natale de Rolland (Pierre Laporte), au Mas Soubeyran dans le département du Gard, abrite aujourd'hui le musée du Désert.

Bibliographie

  • P. Vincent, Les prophètes cĂ©venols, 1875.
  • Henri Hennebois, Pierre Laporte, dit Roland, et le prophĂ©tisme cĂ©venol, 1882.
  • Henri Bosc, Un grand chef camisard: Pierre Laporte, dit Roland, 1954.
  • MĂ©moires d'un camisard sur les dragonnades, restituĂ©s, annotĂ©s et publiĂ©s par Marc StĂ©phane, Neuilly-sur-Seine, Cabinet du pamphlĂ©taire, 1906.
  • « Les Camisards », notice du musĂ©e virtuel du protestantisme [lire en ligne].

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