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Pierre Hauton

Pierre Hauton, né en 1629 à Argentan[1] et mort en 1692, est un chimiste français, membre de l’Académie de physique de Caen.

Pierre Hauton
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Biographie

Fils d’un apothicaire de Falaise, Hauton appartenait à une des familles « les plus anciennement et les plus honorablement connues du pays »[1]. Il a étudié la médecine à l’université de Caen[2], et a longtemps séjourné à Paris, chez Turgot de Saint-Clair, dans la maison duquel il était assez familier[3].

Premier médecin du duc de Longueville[4] - [1], Hauton s’occupait de chimie. L’érudit fondateur de l’Académie de physique de Caen, en 1662, Pierre-Daniel Huet a dit de lui qu’« Il avait de la candeur, de l’esprit, de la sagacité, mais un tel enthousiasme pour son art, qu’il lui attribuait toute espèce de puissance, comme de transmuer les métaux et de produire des médicaments qui, outre qu’ils guérissaient toutes les maladies, prolongeaient la vie humaine jusqu’à cinq cents ans[5]. » Sa recherche de la pierre philosophale[6], l’a amené à se vanter, vers 1650, d’avoir fabriqué de l’or par transmutation[7]. Il a même entrepris, avec le poète et alchimiste normand[8], Jean Vauquelin des Yveteaux (1651-1716)[9] - [10], le grand œuvre dans son laboratoire à Ouilly-le-Tesson[11].

Admis au sein de l’AcadĂ©mie de physique de Caen par Pierre-Daniel Huet et AndrĂ© Graindorge, il prenait son rĂ´le très au sĂ©rieux, collaborant au projet de ce dernier de dessalement de l’eau de mer, afin de remĂ©dier aux problèmes de provisions d’eau douce[12]. Le , il a fait une communication prĂ©sentant sa mĂ©thode de la vaporisation de l’eau de mer et sa rĂ©duction en eau douce et potable Ă  laquelle il avait consacrĂ© deux annĂ©es de recherches devant l’AcadĂ©mie des sciences de Paris, qui rejeta le rĂ©sultat de ses travaux, non pour cause d’inexactitude, mais tout simplement parce qu’aucun navire n’aurait pu embarquer la quantitĂ© de bois nĂ©cessitĂ©e par l’exĂ©cution de ce projet[13] - [14]. Cette dĂ©couverte lui a nĂ©anmoins valu de recevoir de Colbert une gratification de 1 200 livres « en considĂ©ration du secret qu’il a trouvĂ© et donnĂ© au Roy de dessaler l’eau de mer Â» en 1670[15].

Conformément à son intérêt pour la chimie, Hauton était un tenant de l’iatrochimie, pratique enracinée dans l'alchimie de la médecine initiée par Paracelse, tentant de procurer une solution aux maladies et aux affections médicales avec une pharmacopée élaborée par la chimie[16] - [17] - [18]. Un autre membre de l’Académie, Matthieu Maheust de Vaucouleurs, professeur de médecine à l’université de Caen tenait, en revanche, pour la pure tradition galéniste[19] - [20]. Après avoir bien travaillé ensemble pendant plusieurs années[21], ces deux scientifiques en sont venus à se détester, au point que leurs fréquentes querelles ont ralenti les travaux de cette académie. Apparue au cours de l’été 1665, leur différend s’est aggravé, au début du printemps 1670, lorsqu'un des patients de Hauton est mort, au cours d’une épidémie, sans avoir été saigné. Leur opposition sur l’usage de la saignée, s’est alors muée en une violente querelle qui a fini par culminer avec une véritable altercation en pleine Académie de physique, dans laquelle Graindorge a été obligé d’intervenir pour les séparer en leur disant qu’ils couvraient l’Académie de ridicule. Tous deux offensés, ils ont arrêté d’assister aux sessions. Graindorge et Huet ont même dû intervenir pour tenter de dissuader Vaucouleurs d’intenter un procès à Hauton[22].

Publications

  • « Moyen de rendre l’eau de la mer potable Â», MĂ©moires de l’AcadĂ©mie royale des sciences.

Notes et références

  1. Gabriel Van El, Une grande ville aux XVIIe et XVIIIe siècles : Ce qu’on lisait à Caen livres et bibliothèques, comment on voyageait, voyages et voyageurs, empiriques, magiciens et sorciers, t. 3, Caen, L. Jouan, , 378 p., 20 cm (OCLC 492042892, lire en ligne), p. 334.
  2. « De la pierre phelosophale et ce qui a convaincu Mr de Yvetaus de sa possibilite », sur The Alchemy Website (consulté le ).
  3. Louis Duval, La Revue normande et percheronne illustrée : histoire, littérature, sciences & arts, Alençon, A. Herpin, , 384 p. (lire en ligne), p. 82.
  4. Élie FrĂ©ron, « La Vie de M. Lautour du Châtel », L’AnnĂ©e littĂ©raire : ou Suite des lettres sur quelques Ă©crits de ce temps, Michel Lambert, vol. 3,‎ , p. 353 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Pierre-Daniel Huet (trad. Charles Nisard), Mémoires de Daniel Huet : traduits pour la première fois du latin en français, Paris, xii-308, in-8° (lire en ligne), p. 145.
  6. Sylvain Matton (dir.) et Société d’étude de l’histoire de l’alchimie, « Pierre-Daniel Huet et l’achimie », Chrysopœia, Paris, Arché, t. 7,‎ , p. 385 (lire en ligne).
  7. René Le Tenneur, Magie, sorcellerie et fantastique en Normandie : des premiers hommes à nos jours, Paris, OCEP, , 499 p. (ISBN 978-2-7134-0037-7, lire en ligne), p. 270.
  8. Jean Vauquelin des Yveteaux, auteur d’une œuvre immense de 20 volumes in-f° comprenant le traité des Vérités fabuleuses et hermétiques, un dictionnaire pour comprendre les allegories des fables. Voir Gérard Amourette (Thèse de 3e cycle sous la direction de Francois Secret), Jean Vauquelin des Yveteaux (1651-1716) : sa vie, son œuvre, et le milieu des alchimistes normands du XVIIe siècle, Paris, Université Paris-Sorbonne, p. 34.
  9. Sylvain Matton, « Une autobiographie de Jean Vauquelin des Yveteaux : le traité De la pierre philosophale », Chrysopœia, Paris, no I,‎ , p. 31-55.
  10. Sylvain Matton, « Le Cantique des cantiques de Salomon interprété dans le sens physique de Jean Vauquelin des Yveteaux », Documents oubliés sur l’alchimie, la kabbale et Guillaume Postel offerts, à l’occasionde son 90e anniversaire, à Francois Secret par ses élèves et amis, Genève, Travaux d’Humanisme et Renaissance, 353,‎ , p. 357-438.
  11. Chrysopœia : Société d’étude de l’histoire de l’alchimie, t. 1, Paris, (lire en ligne).
  12. (en) Lynn Thorndike, A history of magic and experimental science : the seventeenth century, Macmillan, , 808 p., 23 cm (ISBN 978-0-231-08800-8, OCLC 277775398, lire en ligne), p. 51.
  13. (en) David J. Sturdy, Science and social status : the members of the Académie des sciences, Paris, (lire en ligne), p. 164.
  14. Académie des sciences, Procès-Verbaux, t. 6, Registre de physique, 5 jan. 1669-14 déc. 1669, fos 195-198.
  15. Société d’étude de l’histoire de l’alchimie, Chrysopœia, t. 1, Paris, (lire en ligne), p. 32.
  16. (en) L W B Brockliss, French higher education in the seventeenth and eighteenth centuries : a cultural history, Oxford, Clarendon, , xiii, 544, 24 cm (ISBN 978-0-19-821988-0, OCLC 797260689), p. 391-440.
  17. (en) François Duchesneau (Maria Luisa Righini Bonelli ; William R Shea, Ă©d.), « Malpighi, Descartes and the Epistemological Problems of latromechanism », Reason, experiment, and mysticism in the scientific revolution, New York, Science History Publications,‎ .
  18. Marcel Sendrail, « La Médecine au grand siècle », XVIIe siècle, Paris, no 35,‎ , p. 163-170.
  19. Jacques-Alfred Galland, Essai sur l’histoire du protestantisme à Caen et en Basse-Normandie, de l’Édit de Nantes à la révolution (1598-1791), Paris, Grassart, , 550 p. (lire en ligne), p. 101.
  20. Grégoire-Jacques Lange, Éphémérides normandes : ou, Recueil chronologique, historique et monumental sur la Normandie, t. 1, Paris, Bonneserre, , 884 p. (lire en ligne), p. 222.
  21. (en) Richard Maber, « Friendship and Rivalry in Science and Scholarship : Pierre-Daniel Huet and the Académies de Caen », Nottingham French Studies, vol. 56, no 3,‎ , p. 323-335 (lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) David Stephan Lux, Patronage and royal science in seventeenth-century France : the Académie de physique in Caen, Ithaca ; Londres, Cornell University Press, , xiii, 199 (ISBN 978-0-8014-2334-5, OCLC 911320236, lire en ligne), p. 64 et al..
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