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Pierre-Alexandre DuPeyrou

Pierre-Alexandre DuPeyrou, né le à Paramaribo et mort le à Neuchâtel, est un notable de Neuchâtel, à la tête d'une énorme fortune et un esprit indépendant qui se lia notamment avec Jean-Jacques Rousseau. C'est lui qui, après la mort de l'écrivain, publia à Genève, en 1788, la première édition complète de ses œuvres. En 1790, il publia, encore à Neuchâtel, la deuxième partie des « Confessions »[1].

Pierre-Alexandre Du Peyrou
Pierre Alexandre DuPeyrou.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  65 ans)
Neuchâtel
Nationalité
Activité

Biographie

Famille et jeunesse

Pierre-Alexandre DuPeyrou est issu d'une famille huguenote de Bergerac (Chénérailles)[2] - [3]. Il est le fils de Pierre DuPeyrou et de Lucie Drouilhet (1703-1770)[2]. Le père, réfugié en Hollande après la révocation de l'Édit de Nantes, est conseiller à la cour de Justice de Paramaribo, en Guyane hollandaise, l'actuel Suriname[2] - [3]. Il y fait fortune avec des plantations de sucre et de café.

Pierre-Alexandre DuPeyrou naît à Paramaribo, en Guyane hollandaise, le 7 mai 1729[4] - [5]. Il fait ses études en Hollande à partir de 1739[3]. Son père meurt en 1742 et sa mère se remarie une année plus tard avec Philippe de Chambrier (1701-1756), un colonel neuchâtelois au service des États-Généraux des Provinces-Unies et, depuis 1742, commandant en chef de la province de Suriname et ingénieur militaire[2] - [3] - [5]. La famille s'établit en 1747 à Neuchâtel[2], après une dispute de Philippe de Chambrier avec son supérieur, le gouverneur Johan Jacob Mauricius, sur le dessin et construction d'une forteresse.

Vie à Neuchâtel

Lors de son arrivée à Neuchâtel en 1747, Pierre-Alexandre DuPeyrou tombe amoureux de Julie de Chambrier (1729-1791), la fille du conseiller d'État Josué de Chambrier Travanet (1686-1763)[3]. Il est alors en rivalité avec le colonel Abram de Pury (1724-1807), qui l'emporte[3]. Malgré cette déception, il restera un ami proche tant de Julie de Chambrier que d'Abram de Pury et épousera leur fille en 1769[3].

Le 9 décembre 1749, il est reçu bourgeois de Neuchâtel[3]. Pendant les années qui suivent, peu à l'aise dans la petite ville de Neuchâtel, il se rend fréquemment à l'étranger, notamment en Hollande et à Paris, et probablement également en Italie[3]. Il mène alors une vie très libre sur le plan amoureux[3].

Anticlérical et franc-maçon, il rencontre Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) en 1762, et en devient proche, tout comme son ami Abram de Pury[2] - [3]. Il prend sa défense publiquement après la publication des Lettres écrites de la montagne en 1764 et correspond avec lui jusqu'en 1771[2]. Il le revoit une dernière fois à Paris en 1775[4]. Il est l'exécuteur testamentaire de Rousseau et l'un des éditeurs de ses œuvres complètes, imprimées entre 1780-1789 à Genève. Avec Isabelle de Charrière (1740-1805), il compile le tome II des Confessions en 1789-1790.

Il accueille également non seulement des écrivains français exilés comme Jacques Pierre Brissot (1754-1793) ou Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau (1749-1791), mais également des princes de Hesse et de Prusse, l'administrateur colonial britannique Hugh Cleghorn (1751-1836), le physicien et naturaliste genevois Horace Bénédict de Saussure (1740-1799) ou le général vénézuélien Francisco de Miranda (1750-1816)[4]. De ce séjour qu'il qualifie d'« adorable », Brissot retient surtout l'agrément de la société de DuPeyrou, « embellie et égayée par sa jeune épouse et par quelques dames de Neuchâtel et de Genève qui la fréquentaient » ; il relève la somptuosité de son palais « qui lui avait coûté plus d'un million à bâtir », avec « son salon doré qui convenait plus à Paris qu'à des montagnes solitaires ». Il regrette cependant qu'il « n'eût pas employé les revenus immenses qu'il tirait de ses habitations de Suriname à des objets d'utilité publique, comme avait fait de Pury : les richesses de cet homme bienfaisant avaient fondé des hôpitaux, des manufactures et des villes »[6].

De 1766 à 1769, il finance avec Abram de Pury et Jean-Frédéric de Pierre (1735-1800) la construction d'un théâtre à Neuchâtel et en devient l'un des copropriétaires[7]. En mai 1769, la mère de Pierre-Alexandre DuPeyrou, dont il est très proche, meurt[3]. Un mois plus tard, Pierre-Alexandre DuPeyrou épouse Henriette Dorothée de Pury (1750-1818), une des filles de ses amis Abram de Pury et de Julie de Chambrier[2]. Il doit faire appel à un pasteur de Bade pour célébrer le mariage parce qu'il est en conflit avec le clergé neuchâtelois à la suite de ses prises de position en faveur de Rousseau[4]. Ce mariage, que le biographe de DuPeyrou Charly Guyot juge "mal assortie", reste sans descendance[3].

A la fin de sa vie, Pierre-Alexandre DuPeyrou, atteint dans sa santé, reste de plus en plus cloîtré dans son hôtel[4]. Cela ne l'empêche pas de suivre les événements politiques, notamment français[3]. Il se réjouit ainsi de la réunion des États généraux en 1789, mais prend le parti du Roi dès la Séance royale du 23 juin 1789, contrairement à son amie Isabelle de Charrière qui continue à soutenir les révolutionnaires[3]. Il meurt le 14 novembre 1794 à Neuchâtel[5]. Il lègue sa fortune à ses 32 neveux de Hollande, laissant aussi des cadeaux à son notaire, ses domestiques, ses vignerons, aux pauvres de Cressier (où il possédait des vignes) et à chacun des nègres de ses différents plantages, sans distinction d'âge ou de sexe[8]. L'ensemble des manuscrits de Rousseau dont il était le dépositaire est remis à la Bibliothèque de la ville de Neuchâtel[4]. Le reste de ses documents personnels est brûlé à sa demande[3].

Fortune

Hormis ses revenus en France, 10 000 livres par an et ses fonds en Suisse, 120 000 livres en plus de sa propriĂ©tĂ©[3], Pierre-Alexandre DuPeyrou possĂ©dait cinq plantations l'Esperance, Perou, La Nouvelle Esperance, Roozenburg et Libanon et des esclaves au Suriname. Une seule plantation lui rapportait entre 24 000 et 40 000 livres par an[3].

HĂ´tel DuPeyrou

HĂ´tel DuPeyrou.

Entre 1764 et 1771, sur son domaine de l'Isérable, à Neuchâtel, il fait construire par l'architecte bernois, Erasme Ritter (1726-1805) un hôtel particulier, l'Hôtel DuPeyrou[2]. Pour la décoration de ce dernier, il fait appel à des décorateurs français, dont le sculpteur Ferdinand Gannal[9]. À la mort de DuPeyrou, cet hôtel fut destiné à l'accueil du maréchal Louis-Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel de 1806 à 1814, mais celui-ci n'y vint jamais.

Correspondance

  • Recueil des pièces relatives Ă  la persĂ©cution suscitĂ©e Ă  Motier-Travers, contre J.J. Rousseau. [Yverdon], 1765. 63 p. :
    • Lettre Ă  Monsieur ***, relative Ă  J.-J. Rousseau Ă  Goa [Neuchatel], aux dĂ©pens du St. Office MDCCLXV; avec la rĂ©futation de ce libelle par le professeur de Montmollin, pasteur des Ă©glises de MĂ´tier-Travers & Boveresse, comtĂ© de Neuchâtel en Suisse, en dix lettres Ă  M. N.N.[10]
    • Seconde lettre relative Ă  M. J.-J. Rousseau. AdressĂ©e Ă  mylord comte de Wemyss, baron d’Elcho, pair d’Écosse, with les pièces justificatives[11];
    • Troisième lettre relative Ă  J.-J. Rousseau[12].
  • Pièces relatives Ă  la publication de la suite des Confessions de J.J. Rousseau. Ă©d. Pierre-Alexandre DuPeyrou; RenĂ©-Louis de Girardin; Barde et Manget (Genève) [Paris], 1789[13].
  • Correspondance originale et inĂ©dite de J.J. Rousseau avec Mme Latour de Franqueville[14] et M. DuPeyrou. Paris : Giguet et Michaud, An XI [1803] 2 vol.
  • Lettres de DuPeyrou Ă  J.-J. Rousseau. Ă©d. Charly Guyot. MusĂ©e neuchâtelois : recueil d'histoire nationale et d'archĂ©ologie : organe de la SociĂ©tĂ© d'histoire du canton de Neuchâtel, 65, 1959. 30 p.
  • Une lettre inĂ©dite de DuPeyrou Ă  David Hume. ed. Ronald Grimsley MusĂ©e neuchâtelois : recueil d'histoire nationale et d'archĂ©ologie : organe de la SociĂ©tĂ© d'histoire du canton de Neuchâtel 113, 1961 p. 78

Bibliographie

  • Isabelle de Charrière, Eclaircissemens relatifs Ă  la publication des "Confessions" de Rousseau, avec des rĂ©flexions sur la rĂ©putation, sur les apologies de MM. Ceruti et d'Holback, sur le moment prĂ©sent. [Neuchâtel], Fauche-Borel, [1790] 31 p.
  • Charly Guyot, Un ami et dĂ©fenseur de Rousseau, Pierre-Alexandre DuPeyrou. Neuchâtel, Ides et Calendes [1958], 227 p.
  • Claire Rosselet, État des manuscrits de J.-J. Rousseau trouvĂ©s après la mort de Pierre-Alexandre DuPeyrou en son hĂ´tel. In: Bibliothèques et musĂ©es, 41, 1958.
  • Roger Kempf, Rousseau et DuPeyrou. Édition MLN : [Modern Language Notes], 264, 1965, 364-367.
  • FrĂ©dĂ©ric S. Eigeldinger, Pierre-Alexandre DuPeyrou, financier (1729-1794).In: Biographies neuchâteloises, 1/70-75
  • Henry Cheyron, Une herborisation de Rousseau avec le docteur Neuhaus : sur un document inĂ©dit. Neuchâtel, Bulletin d'information : Ă©tudes et documents / Association des amis de Jean-Jacques Rousseau, 48, 1996[15].
  • Hans Fässler, Une Suisse esclavagiste. Voyage dans un pays au-dessus de tout soupçon. (PrĂ©face de Doudou Diène). Duboiris, Paris 2007.
  • DuPeyrou, un homme et son hĂ´tel Ă©d. Anne-Laure Juillerat, Claire Piguet, Jean-Pierre Jelmini. Fleurier : Éditions du BelvĂ©dère, 2011. 155 p

Liens externes

Notes et références

  1. « dupeyrou.ch/histoire.htm »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  2. Lucienne Hubler, « DuPeyrou, Pierre-Alexandre » Accès libre, sur hls-dhs-dss.ch, (consulté le )
  3. Charly Guyot, « Portrait de DuPeyrou », Musée neuchâtel,‎ , p. 161-181
  4. Frédéric Eigeldinger, « Pierre-Alexandre DuPeyrou - Financier (1729-1794) », dans Michel Schlup, Biographies neuchâteloises. De saint Guillaume à la fin des Lumières, Hauterive, Gilles Attinger, , 287 p. (ISBN 2-88256-081-8), p. 70-76
  5. Jean-Pierre Jelmini, Neuchâtel 1011-2011 : mille ans, mille questions, mille et une réponses, Hauterive, G. Attinger, (ISBN 978-2-940418-17-6 et 2-940418-17-9, OCLC 995474425, lire en ligne), chap. 334 (« DuPeyrou Pierre-Alexandre (1729-1794) »), p. 166
  6. La société typographique de Neuchâtel, Ed. Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, p. 92.
  7. Jean Courvoisier, Les Monuments d'art et d'histoire du canton de Neuchâtel, vol. 1 : La ville de Neuchâtel, Bâle, Éditions Birkhäuser, , 440 p., p. 216
  8. Charly Guyot: Pierre Alexandre DuPeyrou – Un ami et défenseur de Rousseau. Ides et Calendes, Neuchâtel, 1958, p. 218.
  9. Revue historique neuchâteloise, http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,25,12,RHN_2003_3_4.pdf
  10. Information 1re lettre site Lumière.UNIL.ch
  11. 2e lettre de site rousseauonline.ch
  12. 3e lettre de site rousseauonline.ch
  13. Le dépositaire des Mémoires de Rousseau est : le marquis René-Louis de Girardin, désigné avec le pasteur Paul-Claude Moultou et Pierre-Alexandre DuPeyrou comme exécuteurs testamentaires de Rousseau, chargés de l'éd. de ses Œuvres complètes. Réponse de M. Dupeyrou : Neuchâtel 2 décembre. Réplique de Barde, Manget et Comp. Déclaration finale du libraire de Genève. Lettre du dépositaire des Mémoires de Rousseau, à M. Dupeyrou de Neuchâtel, pour servir de réponse aux déclarations qu'il a fait insérer dans le Mercure de France et dans un prospectus d'une contrefaçon des Mémoires, annoncée par M. Louis Fauche-Borel, libraire à Neuchâtel
  14. Marie-Anne Alissan de La Tour, née de Merlet de Franqueville
  15. Herborisation de Rousseau avec Frédéric Samuel Neuhaus, médecin de la ville de Neuchâtel et de Pierre-Alexandre DuPeyrou.
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