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Physique du parachutisme

Le parachute est un Ă©quipement destinĂ© Ă  ralentir la chute d'un objet ou d'un humain de telle maniĂšre que lors de l'atterrissage, l'objet ne sera pas dĂ©truit ou la personne blessĂ©e ou tuĂ©e. Cet Ă©quipement est constituĂ© d'une large toile ralentissant la chute de la personne en engendrant une forte rĂ©sistance de l'air. Les parachutes sont constituĂ©s de matĂ©riaux lĂ©gers comme la soie ou le nylon. Pour qu’un parachute soit efficace, il faut que la vitesse terminale soit de l'ordre de 30 km/h, ce qui correspond Ă  8 m/s ou Ă  la chute d'un deuxiĂšme Ă©tage.

ModÚle ultra simplifié : vitesse acquise au cours d'une descente

Au dĂ©part de la chute du parachutiste depuis un avion, la rĂ©sistance de l’air est initialement infĂ©rieure au poids, donc la chute s'accĂ©lĂšre. Le parachutiste est au tout dĂ©but en quasi-apesanteur Ă  0 g, son accĂ©lĂ©ration Ă©tant de 1 g vers le bas. Cette rĂ©sistance de l'air croĂźt proportionnellement au carrĂ© de la vitesse de chute, jusqu'Ă  Ă©galer le poids, et la vitesse se stabilise[1]. Le processus est illustrĂ© dans les liens [2] - [3].

L'accĂ©lĂ©ration dĂ©croĂźt progressivement jusqu'Ă  ne plus ĂȘtre que d'environ 0,1 g dans la position cambrĂ©e au bout d'une minute environ, juste avant l'ouverture du parachute. Un parachutiste qui chute en position allongĂ©e horizontalement, dite « cambrĂ©e », rencontre davantage de rĂ©sistance qu'en chutant en position profilĂ©e verticale (environ 300 km/h), et descend donc moins vite (environ 200 km/h), son maĂźtre-couple Ă©tant supĂ©rieur[4] - [5]. Dans des positions trĂšs particuliĂšres, des vitesses instantanĂ©es de chute de 450 km/h ont pu ĂȘtre obtenues[6].

Lorsque le parachutiste ouvre son parachute, l’air s'engouffre dans la voilure et impose une forte rĂ©sistance, initialement plus grande que le poids : la chute est freinĂ©e en quelques secondes d'environ 200 km/h Ă  15 km/h, ce qui procure une accĂ©lĂ©ration vers le haut entre 3 et 6 g qui donne au parachutiste l'impression illusoire de remonter[7]. La vitesse diminuant, la rĂ©sistance de l'air diminue aussi jusqu'Ă  Ă©galer le poids, et la vitesse se stabilise Ă  nouveau, mais Ă  une valeur beaucoup plus petite que sans parachute (environ 15 km/h).

À propos de la dĂ©termination de la surface minimale du parachute, voir Ă©galement le menu dĂ©roulant "DĂ©termination de la taille du parachute par M. le chevalier Du Buat" dans l'article Parachute.

Par comparaison, le parapente de voilure encore plus grande, tout comme un deltaplane, offre une rĂ©sistance telle que les courants ascendants de l'air lui permettent de rester en suspension et mĂȘme de monter.

Cependant, ce modĂšle est trĂšs incomplet car l'accĂ©lĂ©ration n'est pas constante, mais l'« Ă -coup Â» est lui constant. Ce point sera discutĂ© trĂšs en dĂ©tail plus bas.

  • voir la lĂ©gende ci-aprĂšs
    Chute libre
  • voir la lĂ©gende ci-aprĂšs
    Parachute ouvert
  • voir la lĂ©gende ci-aprĂšs
    Graphique vitesse-temps

Chute d'une personne

Un ĂȘtre humain en position verticale ne peut guĂšre supporter une accĂ©lĂ©ration de plus de 5 g. Au delĂ , le parachutiste sera victime d'un voile noir. En position horizontale sur le ventre, le parachutiste pourrait subir une accĂ©lĂ©ration de 20 g (yeux sortant des orbites). L'accĂ©lĂ©ration maximale tolĂ©rĂ©e dĂ©pend du temps d'exposition. De toute façon, toute accĂ©lĂ©ration supĂ©rieure Ă  30 g est mortelle[8]. En outre, le parachutiste peut ĂȘtre victime de sĂ©quelles incurables ; cependant, certaines personnes ayant subi des accĂ©lĂ©rations de 18 g ont totalement rĂ©cupĂ©rĂ©. Il importe donc de concevoir un parachute qui ralentisse suffisamment la personne et ne la soumette pas Ă  des accĂ©lĂ©rations insensĂ©es[9]. Par consĂ©quent, une ouverture quasi-instantanĂ©e du parachute n'est pas souhaitable[10].

Forces

Les deux forces en présence sont :

  • le poids dirigĂ© vers le bas, d'intensitĂ© ;
  • la rĂ©sistance de l'air (ou traĂźnĂ©e aĂ©rodynamique) dirigĂ©e vers le haut, d'intensitĂ© .

Dans ces deux formules :

  • est la masse volumique de l'air ;
  • est la section droite du parachute ;
  • est le coefficient de traĂźnĂ©e ;
  • est la vitesse de chute ;
  • est la masse de l'assemblage parachutiste + parachute.

Le rÎle du parachute est de limiter la vitesse de chute terminale du parachutiste, en augmentant considérablement la résistance de l'air (parce que sa présence augmente fortement la surface et, dans une moindre mesure, le coefficient ).

Vitesse limite

  • La rĂ©sultante des forces appliquĂ©es Ă  un objet pendant sa chute, comptĂ©e positivement vers le bas, est .
  • L'accĂ©lĂ©ration de l'objet est .

En début de chute, lorsque la vitesse est encore faible, la résistance de l'air est beaucoup plus faible que le poids, et la chute s'accélÚre.

La vitesse augmentant, la résistance de l'air finit par équilibrer le poids et la vitesse de chute tend vers une constante appelée vitesse limite (ou vitesse terminale).

La vitesse terminale, définie par donc , se calcule facilement :

ModÚle « naïf » du parachutiste

On effectue l'hypothÚse incorrecte que le parachute s'ouvre instantanément.

L'Ă©quation dynamique s'Ă©crit donc :

Soit la vitesse initiale de chute du parachute lors de l'ouverture du parachute. On suppose que le parachutiste est en chute libre.

On définit

La loi de vitesse est la suivante :

On constate que lorsque alors comme attendu.

On note que secondes.

On rappelle que la vitesse terminale est :

AprÚs substitution, on montre que la décélération initiale est la suivante :

On remarque que :

Donc,

Ce modÚle est manifestement invalide car si l'on suppose que et , ces 2 valeurs étant raisonnables, alors le parachutiste subirait une accélération de 100 g qui le tuerait à coup sûr [8].

Ouverture en temps fini

Parachute moderne en forme rectangulaire. Au cours du déploiement, la surface augmente linéairement avec le temps.

Il est connu que la distance parcourue lors de l'ouverture du parachute est indépendante des conditions initiales[11]. Cela a été justifié par French[11].

Évolution du facteur de charge en fonction du temps pour un parachute

Donc le modÚle du déploiement instantané est invalide et il est aussi contredit par l'expérience. En effet, Knack[12] a démontré que le temps d'ouverture était fini et que le jerk était constant comme montré dans la figure ci-contre.

En outre, Potvin[13] a confirmé expérimentalement les résultats de Knack et a démontré expérimentalement que l'accélération maximale était de l'ordre de 5 à 7 g et que l'accélération augmente linéairement en fonction du temps jusqu'au déploiement complet (pour les parachutes en forme rectangulaire). Ces résultats contredisent totalement le modÚle naïf proposé supra.

On peut donc supposer qu'en premiĂšre approximation, le jerk (qui est la dĂ©rivĂ©e de l'accĂ©lĂ©ration par rapport au temps) est constant. Il a Ă©tĂ© proposĂ© par Meade[14] que le modĂšle d'ouverture du parachute devrait ĂȘtre dĂ©composĂ© en 3 phases qui sont :

  • Chute libre du parachutiste : le maĂźtre couple est S0 oĂč la vitesse asymptotique est v0.
  • Phase d'ouverture du parachute oĂč le maĂźtre couple augmente (linĂ©airement ?). La vitesse v varie significativement ;
  • Phase terminale oĂč le parachute est totalement ouvert et la vitesse de chute approche vt.

Les équations qui suivent sont basées sur le modÚle de Meade[15]. En premiÚre approximation, on peut supposer que le rayon de la canopée varie linéairement en fonction du temps[15]. Donc pour un parachute semi sphérique, la surface efficace croßtra de maniÚre quadratique en fonction du temps. Pour un parachute moderne ayant une forme allongée cylindrique (comme montré dans la figure ci-contre), on pourra considérer que la section efficace croßtra linéairement en fonction du temps vu que la surface efficace sera simplement proportionnelle au rayon du cylindre. Cela est confirmé en premiÚre approximation par l'étude de Knack[12] qui montre une croissance quasi linéaire du facteur de charge comme montré dans la figure ci-dessus.

L'Ă©quation dynamique s'Ă©crit donc :

On suppose que la surface varie linéairement et l'on écrit

Soit t0 la durée du déploiement du parachute. L'équation dynamique peut alors s'écrire :

La solution rigoureuse de cette équation différentielle dite de Riccati fait intervenir les fonctions d'Airy qui sont nettement au-delà du but de cette discussion.

Comme l'on est intéressé par le comportement lors du début de l'ouverture du parachute et que l'on va démontrer que la décélération est supportable, on va linéariser l'équation différentielle et examiner le comportement lorsque t est petit.

On définit . On définit

On peut montrer que :

Donc,

On note que pour x petit, l'on a .

Donc, pour , on obtient :

On voit que pour x petit, le jerk est pratiquement constant.

On va maintenant calculer une estimation grossiÚre de l'accélération lorsque .

On démontre que

On suppose que et . On obtient alors

D'oĂč x = 0.28

L'accélération estimée est donc la suivante

Numériquement, on a :

L'accélération est alors de l'ordre de 7 g.

En outre, les résultats expérimentaux de Potvin sont cohérents avec ce modÚle. Les mesures ont indiqué que le jerk était à peu prÚs constant lors de l'ouverture du parachute et que l'accélération maximale était de l'ordre de 7 g.

Le modÚle n'a pas tenu compte de l'élasticité des suspentes. Cependant, les valeurs sont trÚs proches des valeurs expérimentales données par Potvin.

Rentrée de sondes spatiales

Lorsqu'un engin spatial rentre dans l’atmosphĂšre, la vitesse est en gĂ©nĂ©ral hypersonique (en atmosphĂšre rarĂ©fiĂ©e) puis supersonique et le modĂšle ci-dessus ne s'applique pas[11].

Notes et références

  1. (en) « The Physics Of Skydiving »
  2. (en) « The Physics of Skydiving »
  3. (en) Dane Lenaker, « The Physics of Skydiving »,
  4. « Quelle vitesse peut-on atteindre lors d’une chute libre ? » (consultĂ© le )
  5. (en) Dulli Chandra Agrawal, « Teaching physics: Terminal velocity of skydivers », Physics Education,‎ (DOI 10.1088/0031-9120/35/4/11, lire en ligne)
  6. (en) « Live results 2016 » (consulté le )
  7. (en) Jean Potvin and Gary Peek, « Parachute Opening Shock Basics », (consulté le )
  8. (en) Robert V. Brulle, Engineering the Space Age: A Rocket Scientist Remembers, Air University Press, , 268 p. (ISBN 978-1-58566-184-8, lire en ligne), p. 135
  9. (en) Calvin Lee, « Modeling of Parachute Opening: An Experimental Investigation », Journal of Aircraft, Aerospace Research Central, vol. 26, no 5,‎ (DOI 10.2514/3.45783)
  10. (en) Dean F. Wolf, « Parachute Deployment » (consulté le ), p. 5
  11. (en) Kenneth E. French, « Inflation of a Parachute », AIAA Journal, AIAA, vol. 1, no 11,‎ (DOI 10.2514/3.2113)
  12. (en) Theo W. Knack, « Parachute Recovery Systems Design Manual », (consulté le ), p. 5-49
  13. (en) Jean Potvin, « Universality Considerations for Graphing Parachute Opening Shock Factor Versus Mass Ratio », Journal of Aircraft, Aerospace Research Central, vol. 44, no 2,‎ , p. 529-533 (DOI 10.2514/1.24061)
  14. (en) Douglas B. Meade, « ODE models for the parachute problem » (consulté le )
  15. (en) Douglas B. Meade et Allan A Struthers, « Differential Equations in the New Millennium: the Parachute Problem », International Journal of Engineering, vol. 15, no 6,‎ , p. 419 (lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

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