Philippe Thyraud de Vosjoli
Philippe Thyraud, dit Thyraud de Vosjoli, né le à Chalon-sur-Saône et mort le aux États-Unis, est un ancien haut fonctionnaire français et membre du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE).
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(à 79 ans) États-Unis |
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Installé aux États-Unis en 1951, il a été le chef de poste du SDECE à Washington de 1951 à 1963, devenant notamment correspondant inamovible auprès de la CIA. Il est le premier (et vraisemblablement le seul) officier de renseignement français à faire défection aux États-Unis.
Biographie
Jeunesse et Ă©tudes
Philippe Thyraud de Vosjoli naît dans une famille aisée. Son père est notaire. Il étudie à l'École libre des sciences politiques[1].
Parcours professionnel
Philippe Thyraud de Vosjoli rejoint à 22 ans les Forces françaises libres à Londres[1]. Il connaît les geôles franquistes en Espagne, et rallie la France libre à Alger, en 1943. Il intègre le Bureau central de renseignements et d'action, ancêtre de la Direction générale de la Sécurité extérieure.
Sa carrière au SDECE se termine sur un grave conflit avec les autorités de son service d'appartenance, lié à plusieurs incidents :
- le refus, selon lui, du SDECE de donner crédit aux révélations d'Anatoli Golitsyne, un officier du KGB de très haut rang qui a fait défection aux États-Unis en 1961, sur l'existence d'un réseau d'agents soviétiques nommé Saphir au sein du SDECE et de l'entourage immédiat du président de Gaulle ;
- la désapprobation d'une partie de ses supérieurs hiérarchiques pour avoir transmis d'initiative à ses homologues américains des renseignements déterminants dans le cadre de la crise des missiles de Cuba[2] ;
- l'ordre qui lui aurait été donné de constituer un réseau d'espionnage contre les États-Unis[3].
Rappelé à Paris pour consultations en , il choisit de démissionner et de rester aux États-Unis[4] - [5] - [6].
Ĺ’uvre
Thyraud de Vosjoli a écrit sur son expérience le livre Lamia, l'anti-barbouze (ISBN 0-7759-0333-7)[7] - [8]
En littérature et au cinéma
En 1967, Philippe Thyraud de Vosjoli a fortement inspiré Leon Uris, auteur du roman Topaz qui insinue « que le cœur de l'espionnage soviétique en France battait à l’Élysée » [9]. L'ancien fonctionnaire du SDECE s'identifie au personnage d'André Devereaux[10].
Le roman sera adapté au cinéma par Alfred Hitchcock avec le film L'Étau en 1969.
En 1973, il est aussi considéré comme à l'origine du personnage de Lucien Berthon, incarné par l'acteur Philippe Noiret dans le film Le Serpent d'Henri Verneuil.
Sources
- Tom Mangold, Cold Warrior (ISBN 9780671662738)
- Pierre de Villemarest, L’espionnage soviétique en France 1944-1969, Nouvelles éditions latines, 319 p., 1969.
Notes et références
- Alain Guérin, Qu'est-ce que la C.I.A. ?, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-307-04542-7, lire en ligne)
- Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, Histoire politique des services secrets français : de la Seconde guerre mondiale à nos jours, Paris, La Découverte, , 738 p. (ISBN 978-2-7071-7771-1).
- (en) « A Head That Holds Some Sinister Secrets », LIFE, vol. 64, no 17,‎ , p. 31 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Georges Pâques, French Spy for Soviets, Dies at 79 Sur le site nytimes.com
- (en) France : The Sapphire Affair Sur le site time.com
- Article du Figaro, le 7 août 2018
- P. L. Thyraud de Vosjoli: Lamia, Little, Brown and Company, Boston-Toronto, 1970 (l’original en anglais)
- P. L. Thyraud de Vosjoli: Lamia, l'anti-barbouze, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 1972, (ISBN 07759-0333-7) (traduction française).
- Françoise Giroud, « Editorial », L’Express, no 881,‎
- Pierre Péan, L'Homme de l'ombre : Éléments d'enquête autour de Jacques Foccart, Fayard, 1990. Chapitre 17, "Topaz". "Quand le livre sort, toute la communauté diplomatique de Washington s'amuse à identifier les personnages de Topaz [...]. Le roman fait des dégâts, car tout un chacun a reconnu Philippe Thyraud de Vosjoli derrière le personnage d'André Devereaux."