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Persécution des musulmans en Birmanie

La persĂ©cution des musulmans en Birmanie accentue le conflit dĂ©jĂ  rĂ©pandu et le massacre des musulmans par les bouddhistes. L’Organisation des Nations unies (ONU) a reconnu que les musulmans de Birmanie sont privĂ©s de leur citoyennetĂ© par le gouvernement du pays en tant que « minoritĂ© religieuse exposĂ©e Ă  l'oppression la plus inhumaine du monde[1] Â» et plusieurs fois, l’ONU a dĂ©noncĂ© un « nettoyage ethnique » en Birmanie[2]. En effet, le gouvernement birman nie la citoyennetĂ© aux musulmans et les appelle des « immigrants clandestins du Bangladesh ».

Persécution des musulmans

Années 1930-1938

AprÚs la domination britannique en Birmanie en 1886, des musulmans indiens et bengalis sont venus dans ce pays et, en 1921, prÚs d'un demi-million de musulmans indiens s'y installÚrent. L'immigration des musulmans indiens en Birmanie et le développement de grandes entreprises commerciales ont provoqué un mécontentement entre les habitants de ce pays et les nouveaux arrivants. Au cours des années 1930 à 1938, des représailles nombreuses sont survenues contre les immigrants indiens. Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors du retrait des troupes britanniques et l'arrivée des troupes japonaises en Birmanie, les bouddhistes ont attaqué les quartiers musulmans d'Arakan, tuant des milliers de musulmans[3].

1938

En 1938, aprÚs une augmentation de la violence contre les musulmans, 204 personnes ont été tuées, quelque 1000 blessées et 113 mosquées ont été détruites[4].

1948

Avec la présence des Japonais en Arakan, les musulmans de cette région se sont opposés aux Japonais et travaillaient avec les Britanniques. AprÚs que les forces britanniques ont gouverné l'Arakan de 1945 à 1948, lorsque la Birmanie est devenu indépendante, l'administration des affaires régionales était largement réservée aux musulmans, Les musulmans d'Araakān ont demandé à Muhammad Ali, le chef des musulmans en Inde, d'accepter le Rakhine au sein du Pakistan. Cette histoire a amené le gouvernement indépendant de Birmanie, aprÚs son accession au pouvoir en 1948, à persécuter les musulmans, en particulier les musulmans dans le district d'Arakan[5].

1962

Le gouvernement a interdit le Hadj en 1962. À la suite de la pression du gouvernement, plus d'un demi-million des musulmans birmans ont Ă©migrĂ© au Bangladesh, en Inde, au Pakistan, en Malaisie, en ThaĂŻlande, Ă  Singapour, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et dans d'autres pays. Le gouvernement birman exerce un fort contrĂŽle sur les activitĂ©s des mosquĂ©es. Les statistiques du mariage et la volontĂ© des gens pour la cĂ©lĂ©bration de l'AĂŻd al-Adha, ainsi que le nombre des gens qui Ă©tudient le Coran dans les mosquĂ©es est rapportĂ© au gouvernement[6]. The Sunday Times rapporte que l'armĂ©e prĂ©voit d'envoyer des bouddhistes dans l'État d'Arakan, dans l'ouest du Myanmar, qui Ă©tait musulman dans le passĂ©.

2001

Le 15 mai de cette annĂ©e, de nouvelles attaques contre les musulmans ont eu lieu. 200 musulmans ont Ă©tĂ© tuĂ©s, 11 mosquĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©truites et environ 400 maisons ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©es. Le mĂȘme jour, 20 musulmans qui priaient dans une mosquĂ©e ont Ă©tĂ© tuĂ©s[7].

2012

La violence contre les musulmans dans la région a commencé en 2012 aprÚs que 11 musulmans ont été tués par l'armée du Myanmar et qu'un groupe bouddhiste a attaqué un bus musulman (un bouddhiste a également trouvé la mort dans ces attaques), des opérations menées en représailles au viol d'une jeune fille bouddhiste par trois personnes de confession musulmane le [8]. Dans une telle situation, les bouddhistes ont brûlé plus de 2 000 maisons résidentielles occupées par les musulmans et ont déplacé plus de cent mille personnes en attaquant les régions musulmanes.

2016-2017

Plusieurs mosquées ont été détruites dans diverses villes en 2016[9]. Plus tard dans l'année, les bouddhistes, avec l'armée, ont lancé des attaques contre les musulmans. Face à ces attaques, des milices armées rohingya se forment, telles que l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan (ARSA), en [10] et attaquent des postes-frontiÚres, bureaux de police etc., au nom de la défense des droits bafoués de la minorité musulmane rohingya, ce qui entraßne des représailles violentes de l'armée.

Environ 27 400 musulmans Rohingya ont fui au Bangladesh au cours de la derniĂšre semaine d' en raison de la violence au Myanmar, et 20 000 personnes se sont rassemblĂ©es dans une rĂ©gion entre les deux pays, en dehors de la souverainetĂ© des deux pays, a rapportĂ© Reuters le , selon les sources de l'ONU[11]. L'armĂ©e et la police du Myanmar ont soutenu les bouddhistes radicaux. En raison des attaques de l'armĂ©e du Myanmar sur les villages oĂč les musulmans Rohingyas se sont installĂ©s en , ils ont brĂ»lĂ© des maisons de musulmans en exerçant une pression Ă  travers le meurtre des hommes et la capture et mĂȘme le viol des femmes et des filles. Ils les forcĂšrent ainsi Ă  se dĂ©placer obligatoirement au Bangladesh. À la fin du mois d’aoĂ»t, l’armĂ©e birmane a lancĂ© une vaste opĂ©ration dans l’État de Rakhine, aprĂšs l’attaque d’une trentaine de postes de police par des rebelles de l'ARSA le et qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  71 personnes[12]. AprĂšs dix jours de violences, qui ont fait prĂšs de 400 morts, quelque 87 000 Rohingya ont fui au Bangladesh voisin[13]. Aung San Suu Kyi, qui fut dĂ©tenue puis assignĂ©e Ă  rĂ©sidence par la junte birmane au pouvoir jusqu’en et qui est aujourd'hui la dirigeante de facto du pays, n’a en effet pas condamnĂ© les exactions commises contre les Rohingya[13].

Fin , le Haut Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s estime que 723 000 Rohingya ont fui la Birmanie pour le Bangladesh depuis le , principalement en 2017[14].

En , un rapport de l'ONU accuse l'armĂ©e de Myanmar de gĂ©nocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanitĂ© contre les Rohingya. Les enquĂȘteurs de l'ONU font Ă©tat de meurtres en masse, d'esclavage, de viols collectifs, de violences contre les enfants, de dĂ©portations et d'incendies volontaires de villages dans les États de Rakhine, Shan et Kachin. La prĂ©sidente Aung San Suu Kyi est aussi critiquĂ©e dans ce rapport pour ne pas avoir cherchĂ© Ă  arrĂȘter le gĂ©nocide[15].

DĂ©but , la Cour pĂ©nale internationale dĂ©clare ĂȘtre compĂ©tente pour enquĂȘter sur la dĂ©portation des Rohingya. La Birmanie n'est pas signataire du Statut de Rome donc la CPI ne peut enquĂȘter sur les persĂ©cutions en Birmanie, mais le Bangladesh, oĂč les Rohingya se sont rĂ©fugiĂ©s, est signataire du traitĂ© et la CPI peut donc enquĂȘter sur la dĂ©portation[16].

Fin , la Chambre des communes du Canada vote à l'unanimité un texte qui qualifie de génocide la persécution des Rohingya en Birmanie depuis 2016. La Chambre des communes demande au Conseil de sécurité de l'ONU de porter l'affaire devant la Cour pénale internationale[17].

En , la Gambie, au nom de l'Organisation de la coopération islamique, dépose une plainte auprÚs de la Cour internationale de justice contre le Myanmar pour des crimes de génocide à l'encontre des Rohingya[18].

RĂ©actions internationales

  • Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise Prix Nobel de la paix 2014, a critiquĂ©, lundi , son homologue birmane, Aung San Suu Kyi, pour son silence dans le drame des Rohingya, une minoritĂ© musulmane vivant en Birmanie et persĂ©cutĂ©e par le pouvoir. Elle a dit : « Chaque fois que je regarde les informations, j’ai le cƓur brisĂ© face aux souffrances des musulmans rohingya de Birmanie[19]. »

Notes et références

  1. Dorian Malovic et Karim Lemond, « Les Rohingyas piĂ©gĂ©s entre la Birmanie et le Bangladesh », La Croix,‎ (lire en ligne).
  2. Le Monde, « En Birmanie, la persécution des musulmans Rohingya continue » AccÚs libre, sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  3. https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/printpdf/2864
  4. Renaud Egreteau (19 octobre 2009). "Birmanie (Myanmar) 1930-2007". Sciences Po. Violence massives et résistance - Réseau de recherche. Récupéré le 19 mars 2017
  5. Armin Arefi, « Pourquoi la Birmanie tue ses musulmans », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  6. https://www.state.gov/j/drl/rls/irf/2001/5581.htm
  7. http://www.burmalibrary.org/reg.burma/archives/200107/msg00034.html
  8. http://www.info-birmanie.org/wp-content/uploads/2007/03/Rapport-Info-Birmanie_Crise-dans-l%E2%80%99Arakan_juillet-2012.pdf
  9. (en) « Mob burns down mosque in Myanmar », sur aljazeera.com, (consulté le ).
  10. Bruno Philip, En Birmanie, la guĂ©rilla des Rohingya passe Ă  l’offensive, Le Monde, 28 aoĂ»t 2017.
  11. http://www.presstv.ir/DetailFr/2017/09/18/535611/Massacre-des-Rohingyas-au-Myanmar-le-mutisme
  12. Birmanie : au moins 71 morts dans une attaque menée par des rebelles musulmans rohingya, Le Monde, 25 août 2017.
  13. Massacre des Rohingya en Birmanie, Le Monde.fr, 04.09.2017 Ă  16h27
  14. (en) « Operational Update, External - UNHCR Bangladesh- 19 - 31 July 2018 », HCR,
  15. (en) Hannah Ellis-Petersen, « Myanmar's military accused of genocide in damning UN report », The Guardian,
  16. Stéphanie Maupas, « La Cour pénale internationale pourra juger la déportation des Rohingya en Birmanie », Le Monde,
  17. (en) « Canada accuses Myanmar of genocide against Rohingya », AFP et The Guardian,
  18. Stéphanie Maupas, « La Gambie saisit la Cour internationale de justice des crimes contre les Rohingya », Le Monde,
  19. Le Monde avec AFP, « Massacre des Rohingya en Birmanie : la Prix Nobel de la paix Malala Yousafzai dĂ©nonce le silence d’Aung San Suu Kyi », Le Monde,‎ (lire en ligne).

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