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Percussion directe

La percussion directe est un ensemble de techniques de façonnage et de débitage utilisées depuis l'aube de la Préhistoire pour réaliser des objets en pierre taillée[1]. Il s'agit des plus anciennes techniques utilisées par des humains ou des préhumains.

Principes

Dans la percussion directe, le percuteur frappe directement le bloc duquel on veut détacher un fragment. Il existe néanmoins plusieurs variantes de cette technique qui correspondent à la nature du percuteur en question :

  • La percussion directe dure : le percuteur est en roche dure.
  • La percussion directe tendre : le percuteur est dans une roche tendre, par exemple un grès tendre ou un calcaire grĂ©seux lĂ©gèrement friable au choc. On parle alors de percussion directe Ă  la pierre tendre. Il peut aussi ĂŞtre dans un matĂ©riau organique, par exemple du bois de cervidĂ©, du bois vĂ©gĂ©tal, de l'os ou de l'ivoire. On parle alors de percussion directe organique ou percussion directe au percuteur tendre.

Origines et développement

La percussion directe dure est la plus ancienne technique de façonnage ou de dĂ©bitage employĂ©e par des humains ou des prĂ©humains. Elle est attestĂ©e au PalĂ©olithique archaĂŻque, dont les premiers outils connus, trouvĂ©s sur le site de Lomekwi 3 au Kenya, remontent Ă  3,3 millions d'annĂ©es et ont Ă©tĂ© attribuĂ©s Ă  la culture du Lomekwien. Ces outils lithiques rudimentaires prĂ©cèdent d'environ 500 000 ans le plus ancien fossile connu attribuĂ© au genre Homo.

La percussion directe tendre apparait au cours du PalĂ©olithique infĂ©rieur, durant l'AcheulĂ©en, en Afrique il y a au moins 700 000 ans[1], et elle est attestĂ©e en France vers 500 - 400 000 ans.

Critères d'identification

Percussion directe au percuteur dur d'un galet de quartzite à l'aide d'un percuteur en grès

Il est possible de déterminer si un élément en roche taillée a été réalisé par l'une ou l'autre des variantes de la percussion directe, car les caractéristiques morphologiques en sont différentes[2].

Percussion directe dure

  • Les talons des lames et des Ă©clats, c'est-Ă -dire la zone touchĂ©e par le percuteur, sont nĂ©cessairement Ă©pais de plusieurs millimètres, voire plus. Ils portent souvent une fissuration circulaire au niveau du point d'impact.
  • La zone de point d'impact du percuteur est limitĂ©e, la ligne postĂ©rieure du talon est irrĂ©gulière.
  • Il y a souvent des rides fines et serrĂ©es sur la face infĂ©rieure sur les premiers millimètres au-delĂ  du talon.
  • Les lames et les Ă©clats sont toujours Ă©pais. Leur longueur et leur largeur peuvent par contre ĂŞtre très variables.

Percussion directe Ă  la pierre tendre

  • Le profil des lames obtenues par cette technique est potentiellement rectiligne.

Lorsque le coup est porté à l'intérieur :

  • les stigmates sont similaires Ă  ceux observĂ©s avec la percussion directe Ă  la pierre dure, Ă  la seule diffĂ©rence que la fissuration au niveau du point d'impact du percuteur peut ĂŞtre incomplète.

Lorsque le coup est porté de manière tangentielle :

  • la zone touchĂ©e par le percuteur a nĂ©cessairement Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e avant afin d'en Ă©liminer les aspĂ©ritĂ©s ;
  • dans certains cas, le talon est relativement Ă©pais et prĂ©sente une lèvre très nette, assez comparable Ă  celle observĂ©e dans le cas de la percussion directe organique ;
  • dans la majoritĂ© des cas, le talon est très mince et la ligne postĂ©rieure Ă  la limite avec la face infĂ©rieure de l'Ă©clat ou de la lame est irrĂ©gulière, il n'y a pas ou presque pas de lèvre ;
  • dans certains cas, des rides fines et serrĂ©es sont visibles sur les premiers millimètres Ă  partir du talon sur la face infĂ©rieure ;
  • et dans certains cas, cette mĂŞme partie est abimĂ©e. On parle alors d'esquillement du bulbe.
Percussion directe au percuteur organique (buis) d'une pièce bifaciale en silcrète

Percussion directe organique

  • Les Ă©clats et les lames rĂ©alisĂ©s par cette technique sont relativement minces, parfois assez larges, par rapport Ă  ceux rĂ©alisĂ©s par percussion directe dure.
  • Le plus souvent il n'y a pas de trace d'impact du percuteur sur le talon.
  • Le talon est plus mince que dans la percussion directe dure mais atteint quand-mĂŞme quelques millimètres.
  • L'angle de bord, c'est-Ă -dire l'angle formĂ©e par la partie touchĂ©e par le percuteur et la face infĂ©rieure de l'Ă©clat ou de la lame, est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur Ă  80°.
  • Le bulbe, c'est-Ă -dire la partie proximale de la face infĂ©rieure, est peu marquĂ©.

Références

  1. Inizan M.-L., Jacques Tixier, Hélène Roche, 1995, Préhistoire de la pierre taillée, 1-Terminologie et technologie, 2e cercle de recherches et d'études préhistoriques, éd. du Cercle de Recherches et d'Études Archéologiques, Valbonne, p.30
  2. Pelegrin J., 2000, Les techniques de débitage laminaire au Tardiglaciaire : critères de diagnose et quelques réflexions, in Boris Valentin, Bodu P., Christensen M. (dir.), L'Europe centrale et septentrionale au Tardiglaciaire, Actes de la table ronde internationale de Nemours, 14, 15, 16/05/1997, Mémoires du musée de Préhistoire d'Ile-de-France, n. 7, éd. A.P.R.A.I.F., Nemours, p. 73-88

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