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Paul Van Aerschodt

Paul Jean Léon Van Aerschodt, Juan Pablo Simons[2] dans la clandestinité[3], né à Houdeng-Aimeries, le et décédé à San Sebastian le , est un collaborateur belge du nazisme qui fut condamné à mort par contumace en avril 1946 par le tribunal de guerre de Charleroi. La sentence devait être exécutée à Charleroi. Ayant pris la fuite, en Espagne puis en Bolivie, on le crut mort avant de retrouver sa trace et de procéder à son arrestation le . Sa peine étant prescrite depuis 1976, il fut relaxé et regagna l'Espagne où il mourut le [4] - [5] - [6].

Paul Van Aerschodt
Alias
Juan Pablo Simons de Aerschodt
«le grand blond au revolver»
Naissance
Houdeng-Aimeries
Décès
San Sebastian, Espagne
Nationalité né belge, il en perdra la nationalité[1],
il obtint les nationalités espagnole et bolivienne
Pays de résidence Belgique, Bolivie, Espagne
Autres activités
Collaborateur Ă  la solde des nazis

Biographie

Paul Van Aerschodt nait à Houdeng-Aimeries en 1922. Son dernier domicile connu en 1945 est celui où il est né, rue Boël (actuellement rue Victor Juste) dans cette localité. Issu d'une famille de carillonneurs flamands, la famille Van Aerschodt est venue s'installer en Wallonie. Les parents, catholiques, sont tous deux professeurs[7]. Adolescent, il fréquente la Jeunesse étudiante chrétienne et subit l'influence de son aumônier, Louis Dumoulin[8], rexiste convaincu. Il côtoiera ainsi la Hitlerjugend et apprendra l'allemand. « Ce fut mon seul camp des Hitlerjugend. Il a duré quinze jours. C’était près d’Ulm. J’en suis revenu avec un Mein Kampf dédicacé par Baldur von Schirach »[9]. Au collège Saint-Joseph de La Louvière où il termine ses humanités, il dénonce son professeur d'ajustage, monsieur Mathieu, à la kommandantur de Mons pour les propos politiques et patriotes qu'il tient en classe. Inquiété, il ne sera toutefois pas arrêté[3].

Son action durant la guerre

Durant la Seconde Guerre mondiale, de février 1941 à fin août 1944[10], il collabore activement avec les nazis en dénonçant les réfractaires au Service du travail obligatoire. Agent administratif de la Werbestelle, il avait pour mission de dresser les listes, au départ des registres civils, des travailleurs répondant aux conditions du travail obligatoire. Directement accrédité par les autorités allemandes, il se présentait dans les différentes administrations communales du Hainaut et d'une partie du Brabant wallon.

Son procès

Il Ă©tait le premier des prĂ©venus de ce que la presse avait appelĂ© de «procès de la werbestelle» de La Louvière. Le chef d'accusation Ă©tait d'avoir "volontairement et en connaissance de cause participĂ© au fonctionnement d’un organisme ennemi destinĂ© Ă  recruter la main-d’œuvre nĂ©cessaire au Reich". Lors du verdict, le , sur les 27 personnes responsables de la dĂ©portation de 2 500 personnes et de la mort de 20 compatriotes qui furent jugĂ©es, sept, dont Van Aerschodt, furent condamnĂ©es Ă  mort. Il fut Ă©galement condamnĂ© Ă  verser Ă  l'État belge 500 000 francs belges Ă  titre de dommages et intĂ©rĂŞts. En outre, le , il fut dĂ©chu de sa nationalitĂ© belge[7]. IncarcĂ©rĂ© dans la prison annexe de Charleroi, il parvint nĂ©anmoins Ă  s'Ă©vader pour l'Espagne la nuit du 28 au . Il y fut repris une seconde fois et transfĂ©rĂ© au camp pour Ă©tranger de Miranda del Ebro[11]. Absent lors de son procès, rĂ©putĂ© "fugitif et latitant", il fut donc condamnĂ© Ă  mort par contumace en avril 1946[7]. La sentence fut confirmĂ©e en 1947.

Son exil en Amérique latine puis en Espagne

En Espagne, il Ă©pouse une Bolivienne, dont il a en tout cinq enfants. En 1947, grâce Ă  ses appuis franquistes et celui d'un Ă©vĂŞque, il prend la fausse identitĂ© de Juan Pablo Simons et obtient un visa pour la Bolivie via l'Argentine oĂą la famille s'installe, Ă©chappant ainsi dĂ©finitivement Ă  l'exĂ©cution de sa sentence. Vivants Ă  La Paz, ils tiennent un restaurant : le Corso. Il dĂ©clare plus tard qu'il a rencontrĂ© Martin Bormann et Klaus Barbie qui frĂ©quentaient son Ă©tablissement situĂ© dans le quartier Florida. Il prĂ©tend avoir rencontrĂ© Ă  quatre reprises Martin Bormann en 1960, y compris dans sa villa. Celui-ci se faisait appeler « Augustin von Lanbach Â» et portait la soutane des pères rĂ©demptoristes[12].

En 1957, il rencontre sa mère en France, dans une localité proche de la frontière belge. En 1964, il regagne l'Espagne et s'établit à San Sebastian. De 1969 au , malgré ses condamnations, il travaille pour les Nations unies au BIT. Il est ainsi photographié aux côtés de Kurt Waldheim. En tant qu'expert en tourisme, il effectue différentes missions pour le BIT et voyage ainsi à Chypre, en Roumanie, en Afghanistan et en Allemagne de l'Est. Engagé sous un faux nom, Paul Jean Léon Simons de Aerschot, les Nations unies ignorent tout de son passé de collaborateur.

Van Aerschodt évite toujours soigneusement le territoire belge, même après la prescription survenue en 1976. Il ne revient en Belgique qu'en 2002. Le [13], tandis que la Belgique le croit mort depuis vingt ans sur base d'un faux certificat de décès produit par une instance bolivienne, l'attention d'un ancien résistant consulté pour ses connaissances juridiques est attirée par une vente concernant la sœur de Van Aerschodt, et où il est également question d'un frère, Juan Pablo Simons. S'ensuit une traque de six années et demi menée par une fraternelle d'anciens résistants issus de la RUSRA. La quête conduit à son arrestation musclée, par la Sûreté de l'État belge, le .

Circonstances de son arrestation

Tout le temps de son exil, Paul Van Aerschodt est restĂ© en contact avec sa sĹ“ur. Ne faisant pas confiance aux banques, elle et son mari avaient amassĂ© leurs Ă©conomies dans une valise, soit 832 000 euros. Au dĂ©cès de son beau-frère, le , « Van Aerschodt a su alors que le moment Ă©tait enfin arrivĂ© de rafler la valise Ă  sa sĹ“ur, et ses 832 000 euros. »[14] La section anti-terroriste de la police judiciaire de Liège l’interpelle lors de sa venue en Belgique, quatre jours plus tard. Il est arrĂŞtĂ© en rue Ă  Overijse par trois hommes en civil qui le jettent sans mĂ©nagement dans un vĂ©hicule[14] - [15] et l'emmènent au palais de justice de Bruxelles oĂą il est attendu par le magistrat Van Leeuw[7]. Sa peine Ă©tant prescrite depuis 1976, il est relaxĂ© et regagne l'Espagne oĂą il dĂ©cède le [4] - [5] - [6].

Dernier témoignage

Un journaliste de la Dernière heure, Gilbert Dupont, recueille son tĂ©moignage quelques mois avant sa mort. Paul Van Aerschodt, depuis son domicile de San Sebastian, revient sur son passĂ© de collaborateur : « Oui, j'Ă©tais un collabo, et alors ? … Il fallait bien que je fasse quelque chose. Je n’allais pas vendre des chaussures quand mĂŞme ? »[10] Il minimise son action et n’était, Ă  l'entendre, qu’un « simple maillon administratif sans pouvoir exĂ©cutif » et que par son action, il aurait sauvĂ© de nombreuses personnes de la dĂ©portation. Sans exprimer de remords, il parle de « faux-pas », « d'erreur d'aiguillage », « d'orientation ».

Voir aussi

Notes et références

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