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Paul Tep Im Sotha

Paul Tep Im Sotha, nĂ© le Ă  Phnom-Penh (Cambodge) et mort le Ă  proximitĂ© de Sisophon (Cambodge), est un prĂȘtre cambodgien, premier prĂ©fet apostolique de la prĂ©fecture apostolique de Battambang. Il est mort assassinĂ© par les Khmers rouges en compagnie du PĂšre Jean BadrĂ©, moine bĂ©nĂ©dictin du monastĂšre de Kep, le au sud de la ville de Sisophon sur la route nationale 5[1].

Paul Tep Im Sotha
Image illustrative de l’article Paul Tep Im Sotha
Biographie
Naissance
Phnom-Penh
Ordination sacerdotale
DĂ©cĂšs
Sisophon
ÉvĂȘque de l'Église catholique
Préfet apostolique de Battambang
–

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Une éducation chrétienne et cambodgienne

La cathédrale de Phnom Penh, inaugurée en 1955, sera plus tard détruite par les Khmers rouges.

Paul Tep Im est  nĂ© le Ă  Phnom-Penh (Cambodge) d'un pĂšre khmer infirmier et d'une mĂšre franco-vietnamienne[2]. BaptisĂ© Ă  la naissance, il reçoit une Ă©ducation chrĂ©tienne, puis rĂ©pond Ă  l’appel Ă  devenir prĂȘtre et rentre au petit sĂ©minaire de Phnom Penh, l'actuelle Ă©glise Saint-Joseph de Phnom Penh.

EnvoyĂ© en France pour poursuivre ses Ă©tudes d'abord au Petit SĂ©minaire de Montpellier puis au Grand SĂ©minaire d'Issy-les-Moulineaux de 1954 Ă  1958, il est ordonnĂ© prĂȘtre le 28 juin 1959 par le Cardinal Maurice Feltin dans la CathĂ©drale de Notre-Dame de Paris.

Pour poursuivre ses Ă©tudes supĂ©rieures, il est envoyĂ© obtenir une licence canonique en histoire de l’Église Ă  l’UniversitĂ© pontificale Saint-Thomas-d’Aquin Ă  Rome. Deux ans plus tard en 1961, il dĂ©fend sa thĂšse en langue française, ‘’Essai d'une histoire des missions catholiques au Cambodge de 1550 Ă  1600 : apostolat des pp. Dominicains et Franciscains’’, dans laquelle il rend hommage au travail des missionnaires pour la propagation de la foi au Cambodge, et pour les sacrifices exĂ©cutĂ©s pour fonder un clergĂ© autochtone et traduire l'Évangile en langue khmĂšre[3].

Un prĂȘtre pour la jeunesse khmĂšre

En 1962, il est nommé curé de la paroisse Sainte-Marie à Phnom Penh.

Le , le Pape Paul VI dĂ©tache la prĂ©fecture apostolique de Battambang du vicariat apostolique de Phnom Penh[4], et nomme Monseigneur Tep Im Sotha Ă  la tĂȘte de cette nouvelle juridiction canonique. Il devient ainsi  le premier prĂ©fet apostolique de Battambang, premier prĂȘtre cambodgien Ă  atteindre ce niveau de responsabilitĂ© dans l'Église catholique du Cambodge, dans une Église cambodgienne dont le clergĂ© est majoritairement français[5].

Jusqu’en 1969, Paul Tep Im est aussi chargĂ© de la mission Ă©tudiante catholique Ă  Phnom Penh, directeur national de l'association catholique des Ă©tudiants Pax Romana. Il fonde un groupe d'intellectuels qui aura parmi ses membres Chau Seng, qui sera ministre de l'Éducation de Sihanouk, Keat Chon, qui sera ministre des Finances de Pol Pot puis Hun Sen, ou encore l'architecte Vann Molyvann[6]. Milton E. Osborne tĂ©moigne en effet de son amitiĂ© avec Paul Tep Im qui savait "frĂ©quenter tous les milieux de la sociĂ©tĂ© cambodgienne" sans distinction[2].

Les derniĂšres heures

Lors de son dernier voyage en Europe en janvier 1975, Mgr Paul Tep Im Sotha rencontre Sa Sainteté le Pape Paul VI lors de l'audience générale à Rome.

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1975, Paul Tep Im Ă©tait en dĂ©placement en Europe, et c'est lors d'une session de formation sur l'Ă©vangĂ©lisation et la communication organisĂ©e Ă  Bruxelles par l'« Association catholique internationale pour la Radio et la tĂ©lĂ©vision » (UNDA, maintenant Signis) qu'il doit quitter celle-ci avant la fin afin de rejoindre son pays en proie Ă  des troubles politiques prĂ©occupants[7]. Le , Paul Tep Im rejoint Charles BadrĂ©, en religion le frĂšre Jean du monastĂšre bĂ©nĂ©diction de Kep. Ils se retrouvent Ă  Battambang au moment oĂč les Khmers rouges entrent dans la ville sans combat, l’armĂ©e gouvernementale ayant dĂ©posĂ© les armes aprĂšs la chute de Phnom Penh.

Paul Tep Im demande alors au frĂšre Jean de profiter de sa derniĂšre chance d’ĂȘtre Ă©vacuĂ© vers la ThaĂŻlande, ce qu’il refuse, et Paul Tep Im dĂ©cide de rester avec lui.

Le , Monseigneur Tep Im cĂ©lĂšbre sa derniĂšre messe dans la cathĂ©drale de Battambang. Il donne l’absolution collective et dĂ©clare :

“Aujourd’hui, j’ai 33 ans, l’ñge du Christ à sa mort[8].”

Le au matin, avant que Battambang ne soit vidĂ©e de sa population, le frĂšre Jean essaie de rĂ©cupĂ©rer la rĂ©serve eucharistique dans le tabernacle de la cathĂ©drale, mais il est empĂȘchĂ© d’entrer par des soldats khmers rouges qui le blessent avec leur baĂŻonnette. Monseigneur Tep Im dĂ©cide alors d’emmener le frĂšre Jean Ă  la pagode de Mongkolborey sur la route vers la ThaĂŻlande oĂč passe un convoi d’étrangers Ă©vacuĂ©s de l’ambassade de France Ă  Phnom Penh. À ce moment, leur trace se perd. Leur corps sont retrouvĂ©s morts au bord d’un petit canal sous le pont de Prekchik, exĂ©cutĂ©s par balle, probablement le jeudi , jour de l’Ascension[9].

L’assassinat de Paul Tep Im par les communistes khmers a Ă©tĂ© confirmĂ© en 1975 par une enquĂȘte diligentĂ©e par le gouvernement amĂ©ricain dans les camps de rĂ©fugiĂ©s khmers Ă  Surin en ThaĂŻlande. Abattu par les salves d’un AK-47, ils ont Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©s et leur tĂȘtes accrochĂ©es Ă  des piquets sur le pont dit “des Vietnamiens”, de Spean Yoan, sur la route de Sisophon[10].

Vénération

Paul Tep Im fait partie des 35 catholiques cambodgiens pour lesquels un procÚs en béatification a été ouvert le par Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh.

Depuis le , les chrétiens de Battambang se réunissent chaque année pour honorer le jour de son martyre[11].

Notes et références

  1. François Ponchaud, La cathĂ©drale de la riziĂšre : 450 ans d'histoire de l'Église au Cambodge, Paris, Fayard, , 237 p. (ISBN 2-86679-069-3), p. 167
  2. (en) Milton E. Osborne, Phnom Penh: A Cultural and Literary History, Signal Books, (ISBN 978-1-904955-40-5, lire en ligne), p. 11
  3. Paul Tep Im Sotha, Essai d'une histoire des missions catholiques au Cambodge de 1550 Ă  1600 : apostolat des pp. Dominicains et Franciscains, Rome, Angelicum Press University, , 210 p. (lire en ligne)
  4. (la) Paul VI, « Constitutio apostolica Phnom Benh (Battambangensis) », AASS,‎ (lire en ligne)
  5. Claire Ly, Retour au Cambodge : le chemin de liberté d'une survivante des Khmers rouges, Ivry-sur-Seine, Editions de l'Atelier, , 221 p. (ISBN 978-2-7082-3896-1 et 2-7082-3896-5, lire en ligne), p. 166
  6. International Association of Universities, Liste mondiale : universités, autres établissements d'enseignement supérieur, organisations universitaires. World list; universities, other institutions of higher eduction, university organizations, Association Internationale des Universités, (lire en ligne), p. 60
  7. (en) Kevin Francis Kersten, The Structures, Activities, and Policies of Unda, the International Catholic Association for Radio and Television, University of Wisconsin--Madison, (lire en ligne), p. 294.
  8. Marie-Laure Bourboulon, Charle Badra, Oncle Chary, PĂšre Jean o.s.b., Briis-sous-Forges, Les Ateliers du Carmel de Frileuse, , 151 p., p. 113
  9. Marie-Laure Bourboulon, Charle Badra, Oncle Chary, PĂšre Jean o.s.b., Briis-sous-Forges, Les Ateliers du Carmel de Frileuse, , 151 p., p. 115
  10. (en) Indochina : Hearing Before the Subcommittee on East Asian and Pacific Affairs of the Committee on Foreign Relations, United States Senate, Ninety-fifth Congress, Second Session, U.S. Government Printing Office, (lire en ligne), p. 80
  11. (es) ACI Prensa, « Tras 33 años, camboyanos recuerdan por primera vez aniversario de obispo asesinado », sur www.aciprensa.com, (consulté le )

Liens externes

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