Paul Dardé
Paul Dardé, né le à Olmet (Hérault) et mort à Lodève (Hérault) le , est un sculpteur français.
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Décès |
(à 75 ans) Lodève |
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Archives conservées par |
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 2920, 1 pièce, -)[1] |
Biographie
Paul Dardé est né à Olmet. Scolarisé dans la commune voisine de Lodève, il quitte l'école des Frères de cette ville, en 1902, au moment du certificat d'études pour seconder son père, fermier au domaine de Belbézet. Tout en assumant son travail d'ouvrier agricole, il lit beaucoup, dessine et commence à sculpter des blocs rocheux. Maître Martin, notaire à Lodève, remarque son travail et invite Max Théron, peintre et graveur, professeur de dessin au collège, à le rencontrer. Ce dernier lui enseigne les premières notions de dessin et de gravure, et écrit des articles pour essayer de le faire connaître. De 1908 à 1913, il effectue son service militaire à Montpellier où il obtient l'autorisation de suivre quelques cours à l'école des beaux-arts de cette ville. En 1912, il est admis dans l'atelier de Jean-Antoine Injalbert à l'École des beaux-arts de Paris qu'il abandonne assez rapidement. Il obtient une bourse d'études en Italie. La même année, il entre dans l'atelier d'Auguste Rodin qu'il quitte cependant très rapidement.
Il retourne à Lodève, où il monte un premier atelier, plutôt que d'accepter la proposition de succéder à Rodin dans son hôtel particulier. En 1914, il est engagé comme brancardier. Fortement atteint moralement, il est hospitalisé et restera toujours marqué par les horreurs de la guerre. Il a d'ailleurs perdu son jeune fils dans la bataille[2]. Le , il épouse Alice Caubel à Auzits (née le à Aubin (Aveyron) et décédée le à Lodève)[3]. À Paris au Grand Palais, il expose Éternelle douleur et le Grand faune (grand prix national des arts de 1920), sculptures qui lui assurent sa notoriété et lui valent des commandes comme celle d'un Laocoon par la Ville de Paris.
Il installe un nouvel atelier à Soubès, où il réalise en 1919 le monument aux morts de la commune. Il poursuit cette activité avec sept autres monuments commémoratifs jusqu'en 1926 pour Lodève, Clermont-l'Hérault, Lunel, Limoux, etc., tout en répondant à de nombreuses commandes.
Il peut alors installer son grand atelier près de Lodève en 1924 et il produit L'Homme préhistorique pour Les Eyzies et en 1927 la Cheminée monumentale.
Son atelier est vendu aux enchères publiques en 1926 pour combler quelques dettes. Il œuvre autant à des sculptures qu'à des dessins, des gravures et des calligraphies. En 1928, il dessine les illustrations de Macbeth et en 1930, celles de La Chanson de Roland. En 1931, il sculpte le Monument à Quinton ainsi que Thaïs, taillée dans un bloc de marbre racheté après la mort de Rodin. Mais il est obligé de subir une seconde vente aux enchères, celle-ci de tous ses biens, et traverse alors une période difficile dont il se relève en travaillant dans un autre atelier de Lodève, où il exécute le Christ aux outrages.
En 1936, il se réfugie à Saint-Maurice-Navacelles sur le Larzac, où il commence la construction de son propre atelier dont il est l'architecte. Il y réalise notamment le Monument à Emma Calvé, commandé par la Ville de Millau, et de nombreuses autres œuvres sculptées : Grands conquérants, Grands musiciens, Personnages mythologiques (faunes, vénus), ainsi que des illustrations : Hamlet, Croisade des Albigeois, et des dessins à la plume ou légèrement colorés. Dans son atelier, il forme à la taille directe le futur archéologue et sculpteur amateur Gaston-Bernard Arnal[4].
En 1956, gravement malade, il est obligé de retourner à Lodève dans une petite maison de famille où il continue à travailler quelques ébauches et dessine de nombreuses figures.
Paul Dardé meurt dans la misère et l'oubli à Lodève le .
Postérité
Un an après l'inhumation de l'artiste, une exposition rétrospective est organisée à la galerie Mirage de Montpellier. L'Association des amis de Paul Dardé avait l'intention de sauver l'atelier du sculpteur à Saint-Maurice de Navacelles avant de péricliter. Elle a été remplacée par l'Association Mémoire de pierres, dont l'objet est la sauvegarde de l'œuvre de Paul Dardé.
Ses œuvres sont conservées au musée national de l'Art occidental de Tokyo, au Art Institute of Chicago, au musée d'Orsay à Paris, au musée national de Préhistoire des Eyzies, dans les collections du Mobilier national, ou bien ornent des lieux publics comme le parc de Vizille.
Le musée Fleury de Lodève a acquis le fonds d'atelier de l'artiste en 1972, ainsi que d'autres œuvres diverses. Cette collection regroupe près de 2 800 dessins et 567 sculptures de Paul Dardé faisant de cette institution un lieu de référence pour l'œuvre de cet artiste[5]
La première monographie, Paul Darde, sculpteur dessinateur de l'âme humaine, fut publiée en 1992 par Christian Puech et publie les écrits de l'artiste.
Ĺ’uvres
Monuments aux morts
Paul Dardé est l’auteur de sept monuments aux morts[6] :
- Monument aux morts du Bousquet-d'Orb ;
- Monument aux morts de Clermont-l'Hérault. Il s'agit d'un cénotaphe avec à l'intérieur un gisant veillé par une femme nue, à priori une danseuse de cabaret des années 1920. Les interprétations sont multiples et compte tenu de la personnalité du sculpteur, cette provocation semble l'expression d'une révolte qui rattache cette œuvre aux monuments aux morts d'inspiration pacifiste ;
- Monument aux morts de Limoux, 1924 ;
- Monument aux morts de Lodève. Constitué d'un groupe de cinq femmes et deux enfants devant un gisant, il symbolise la douleur après la perte d'un père lors de la Première Guerre mondiale ;
- Monument aux morts de Lunel, 1923 ;
- Monument aux morts de Saint-Maurice-Navacelles ;
- Monument aux morts de Soubès.
Autres sculptures
- L'Homme-chèvre, ornant anciennement le parc du château de Vizille.
- Stèle à la mémoire des officiers de médecine à Béziers.
- Les Pleureuses, localisation inconnue. Plateau des glieres, haute Savoie
- La Douleur, dit aussi Tête aux serpents, Tête de Prostituée ou Remords, 1913, gypse, Paris, musée d'Orsay.
- Laocoon, 1919, Lodève, domaine de Montplaisir.
- Faune guettant une nymphe, 1924, musée de Lodève[7]
- L'Homme primitif, 1931, Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, musée national de Préhistoire ; cette œuvre de trois mètres de haut et de cinq tonnes a été sculptée dans un seul bloc ; elle représente un homme de Néandertal et non pas un homme de Cro-Magnon, ainsi surnommé localement à cause de la proximité de l'abri de Cro-Magnon[8], distant de moins d'un kilomètre.
Notes et références
- « ark:/36937/s005b005fb522894 », sous le nom DARDE (consulté le )
- decouverte34.com
- « État civil des naissances à Aubin de 1900 à 1905 », sur Archives départementales de l'Aveyron (consulté le ), p. 165 / 662.
- « Soubès : Gaston-Bernard Arnal, veut perpétuer l'état d'esprit de Paul Dardé », midilibre.fr, sur le site du Midi-Libre (consulté le ).
- Les œuvres de Paul Dardé, notamment le Grand Faune et le Christ aux outrages, sont de nouveau visibles depuis le et la réouverture du musée après des travaux de rénovation.
- Paul Dardé, un sculpteur traumatisé par la Grande guerre L’Obs, 19 octobre 2018
- Notice sur lodeve.com.
- Hervé Chassain, « L'homme primitif rajeunit », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 14-15.
Voir aussi
Bibliographie
- Christian Puech, Paul Dardé, sculpteur, dessinateur de l'âme humaine, Montpellier, , 256 p., 23.5 x 31 cm (ISBN 2-9504899-1-5, OCLC 29580883). Première biographie, monographie, 1er tome du catalogue raisonné sur l'artiste. Biographie comprenant 500 reproductions et nombreux documents inédits.
- Bernard Derrieu, Paul Dardé, sculpteur : 1888-1963. Entretiens, Éd. De La Jonque, 1985.
- Bernard Derrieu et Xavier Fehrnbach, Lodévois-Larzac, l'inspiration d'un sculpteur : Paul Dardé, ACPLR, , 40 p. (ISBN 2-907276-15-8).
- Jacqueline et Henri Vallat, Paul Dardé, sculpture, dessins et peintures, Éd. Les presses du Languedoc/J. Guilhem, 1993.
- Brigitte et Gilles Delluc, « À propos de la statue dite de Cro Magnon aux Eyzies », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, n°117, p. 233-236, 2 pl.
- Christian Puech, « Paul Dardé, le sculpteur maudit, 50e anniversaire de la mort de l'artiste », L'Agglorieuse, no 579, , p. 8.
- « Le menhir Dardé », in André Benedetto, Deux ponts, Trois arbres, Quatre hommes du Sud, illustré par Ernest Pignon-Ernest, Éditions Jacques Brémond, 2002, p. 29 à 37, 76 pages, (ISBN 2-910063-80-1).
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Musée d'Orsay
- (en) Bénézit
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- « Mémoires de pierres. Sculptures et dessins de Paul Dardé » sur le site du musée de Lodève.
- Christian Puech, « Paul Dardé, trop grand, trop vrai pour être redécouvert avant mille ans », 2014, article à l'occasion du 50e anniversaire de la mort de l'artiste.