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Parc mégalithique de Gorafe

Le parc mégalithique de Gorafe (en espagnol : parque megalítico de Gorafe) est un site archéologique situé sur la commune de Gorafe, en Andalousie, en Espagne. Il s'agit de l'un des meilleurs exemples de mégalithisme dans le sud de la péninsule Ibérique, en raison du nombre élevé de monuments funéraires[1].

Dolmen de Las Ascensias, l'un des 242 dolmens du parc mégalithique de Gorafe.

Le parc est situé sur les bords de la vallée du Gor (es), dans une région de conglomérats et de calcaires fortement érodés par les cours d'eau au cours du Pléistocène. Les terrains environnants sont appelés badlands du Negratín, ou désert de Gorafe. C'est une zone fortement érodée et occupée par la culture des céréales depuis le Néolithique.

11 nĂ©cropoles ont Ă©tĂ© identifiĂ©es sur les 20 km du lit du Gor, ainsi que plusieurs peuplements de l'Ă‚ge du bronze. On y dĂ©nombre 242 dolmens, de typologies très diverses : des sĂ©pultures les plus simples au plan pentagonal jusqu'Ă  de grandes sĂ©pultures munies d'un dĂ´me. Leurs dimensions sont Ă©galement variĂ©es : on peut trouver des orthostates mesurant jusqu'Ă  2,20 m de hauteur et des chambres jusqu'Ă  2,5 m de diamètre. Le mobilier funĂ©raire associĂ© aux inhumations permet de dater le site depuis le NĂ©olithique jusqu'Ă  la fin de l'Ă‚ge du bronze. Les squelettes exhumĂ©s ont permis de reconstituer les rituels funĂ©raires de ces peuplements, avec les sĂ©pultures collectives de plusieurs clans familiaux.

Le parc mégalithique a été créé en 1998 après la constatation de nombreuses dégradations et destructions des monuments. Il est constitué d'un centre d'interprétation érigé à Gorafe et de trois itinéraires balisés où 37 dolmens ont été restaurés et 66 aménagés pour la visite.

Environnement

La vallée du Gor

Les alentours de la vallĂ©e du Gor (es), le dĂ©sert de Gorafe, sont situĂ©s dans l'unitĂ© gĂ©omorphologique des badlands du NegratĂ­n, dans le sous-bassin de Guadix. Ces terres sont constituĂ©es d'argiles et de sables rougeâtres formĂ©s au turolien, et couvrent une superficie d'environ 16 km2. Après sa surrection au quaternaire, un bassin endorĂ©ique s'y est formĂ©, faisant apparaitre de nombreux lacs, au fond desquels se sont constituĂ©s des conglomĂ©rats et des calcaires.

Au Pléistocène moyen, le contact de ce bassin avec celui du Guadalquivir provoque sont drainage vers l'ouest jusqu'à l'océan Atlantique par l'intermédiaire du Guadiana Menor. Ce drainage provoque un fort modelé dans les ravins et les vallées, tandis que les zones les plus élevées forment des plateaux plats[2] - [3].

De cette façon, le Gor a creusĂ© une profonde vallĂ©e au milieu d'un vaste plateau, utilisĂ© pour la culture des cĂ©rĂ©ales il y a au moins 6 000 ans. Le complexe mĂ©galithique est situĂ© sur les pentes de ce ravin.

Caractéristiques

Les dolmens sont concentrĂ©s sur 20 km de vallĂ©e du village de Las Angosturas (es) juqu'au confluent du Gor et du Fardes (es). Ils sont datĂ©s du NĂ©olithique moyen (2800 av. J.-C., associĂ©s aux agriculteurs liĂ©s Ă  la culture d'Almeria (es)), et de l'Ă‚ge du bronze (associĂ©s aux sociĂ©tĂ©s d'Ă©leveurs et d'agriculteurs de la culture d'El Argar, Ă©tablies en plusieurs peuplements le long de la rivière[4] - [5]). Ils sont constituĂ©s de dalles de calcaire ou de conglomĂ©rat extraites dans les environs et sculptĂ©es en fonction des besoins de construction. On ne connait qu'une seule gravure, une figure anthropomorphe sur un orthostate du dolmen 77.

On distingue cinq types de construction différents suivant le plan de la chambre : trapézoïdal, rectangulaire, pentagonal, quadrangulaire et polygonal (ce dernier type incluant de nombreux dolmens incomplets). Les dolmens les plus grands et les moins fréquents sont trapézoïdaux ; les plus petits sont quadrangulaires. Les dolmens pentagonaux sont les plus fréquents : plus de la moitié des édifices suivent cette structure et ils présentent une grande homogénéité de dimensions. Un lien a été établie entre la taille des structures et le statut social des personnes inhumées : les grands dolmens trapézoïdaux correspondraient ainsi à des familles importantes au sein de la communauté ou de la tribu.

La chambre des dolmens est formĂ©e de dalles verticales de taille croissante depuis l'entrĂ©e vers le fond, la plus grande Ă©tant cette du dolmen 134 avec 2,20 m de hauteur. Dans certains cas, le substrat rocheux a Ă©tĂ© utilisĂ© pour former un ou plusieurs cĂ´tĂ© de la chambre, comme dans les dolmens 40, 124 et 141. Les dalles de couverture ont Ă©tĂ© conservĂ©es dans un bon nombre de tombes ; celles des dolmens 6, 134 et 186 dĂ©passent 2,5 m de long. Des rapports anciens mentionnent des exemples de dĂ´mes, mais aucun dolmen actuellement conservĂ© n'en prĂ©sente. Un couloir est gĂ©nĂ©ralement situĂ© Ă  l'entrĂ©e de la chambre, formĂ© de blocs verticaux de longueur variable (le plus long dans le dolmen 132) et parfois recouvert (dolmens 33, 36 et 84). Il est orientĂ© vers le sud-est dans la plupart des cas. Dans de rares exemples (dolmens 42, 45 et 94), un cromlech est conservĂ© autour du dolmen.

Vestiges

Une multitude d'objets ont été découverts, permettant de dater les édifices et de déduire les rites funéraires. Parmi les plus courants, on trouve des objets fabriqués en silex, tout particulièrement des pointes de flèches, des couteaux, des haches et des polissoirs, bien qu'il existe également de nombreux poinçons en os, des perles de collier et des coquillages perforés. Les objets métalliques, tels que les anneaux et les dagues, et les débris de poterie sont moins courants.

Les dolmens étaient des sépultures collectives. On a retrouvé 224 individus dans 198 sépultures. Les restes correspondent à des enfants (64 individus), des jeunes (27), des adultes (126) et des personnes âgées (7), et beaucoup d'entre eux présentent des signes de crémation incomplète.

Chronologie

Chronologiquement, les dolmens sont datés de trois périodes s'étendant sur plusieurs milliers d'années. Les dolmens les plus anciens présentent une exécution simple : ce sont de simples structures polygonales de petite taille et avec très peu d'objets associés. Ces sépultures correspondent à la fin du Néolithique (entre 2500 et ). La plus grande partie des monuments date de la période moyenne. Leur taille et typologie sont très variables et se caractérisent par l'abondance des matériaux archéologiques associés, évoquant une époque d'apogée culturelle de la société qui les a construits. Ces monuments couvrent le début de l'Âge du bronze (entre 2300 et ). Les monuments ultérieurs correspondent à l'Âge du bronze (entre 1800 et ) ; les objets associés sont en métal et en céramique[6].

  • Dolmen 110, quadrangulaire.
    Dolmen 110, quadrangulaire.
  • Dolmen 116, rectangulaire.
    Dolmen 116, rectangulaire.
  • Dolmen 133, pentagonal Ă  galerie.
    Dolmen 133, pentagonal Ă  galerie.
  • Dolmen 134, trapĂ©zoĂŻdal Ă  galerie ; il possède les plus grands orthostates et dalles du parc.
    Dolmen 134, trapézoïdal à galerie ; il possède les plus grands orthostates et dalles du parc.
  • Dolmen 141, oĂą le substrat rocheux dĂ©limite deux cĂ´tĂ©s de la chambre.
    Dolmen 141, où le substrat rocheux délimite deux côtés de la chambre.

Parc mégalithique

Le centre d'interprétation de Gorafe

Le projet de valorisation du parc mĂ©galithique de Gorafe dĂ©bute en 1998 avec la consolidation et la restauration des dolmens endommagĂ©s. Sur les 242 dolmens inventoriĂ©s lors des premières fouilles en 1868, 125 ont Ă©tĂ© conservĂ©s et 37 d'entre eux sont amĂ©nagĂ©s pour la visite[4]. Après la restauration des Ă©lĂ©ments les plus intĂ©ressants pour leur valeur didactique, trois itinĂ©raires de visite balisĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©tablis : le chemin de la Hoyas del CoquĂ­n (1,2 km), celui del Llano de Olivares (3,6 km) et celui de las Majadillas (2,1 km)[7].

Les deux nĂ©cropoles prĂ©sentes sur la route Hoyas del CoquĂ­n (UmbrĂ­a de las Hoyas et Hoyas del CoquĂ­n Bajo) datent de l'âge du bronze I (entre 2300 et ). Elles comptent 20 dolmens dont 10 peuvent ĂŞtre visitĂ©s, le plus grand atteignant 2,20 m de hauteur et possĂ©dant l'une des plus grandes dalles du site[8].

La nécropole de Llano de Olivares compte 23 dolmens dont 13 sont visitables. La plupart d'entre eux sont pentagonaux et les dalles de couverture sont conservées dans certains cas. Les squelettes de 22 individus ont été découverts dans le dolmen 84, la sépulture la plus nombreuse du site[9].

La nĂ©cropole de Las Majadillas, avec 23 dolmens dont 14 visitables, compte la plus forte concentration de sĂ©pultures. On y trouve Ă©galement de grands dolmens, tels celui de La Cobertera (3,4 m de long) le dolmen 69 (4,4 m)[4].

Dans le centre de la commune de Gorafe, le centre d'interprĂ©tation mĂ©galithique est un bâtiment circulaire de 634 m2 comptant cinq salles d'exposition pour le matĂ©riel archĂ©ologique dĂ©couvert dans la rĂ©gion[10].

Références

  1. (es) « Parque Megalítico de Gorafe », Andalucía.org
  2. [PDF] (es) Junta de Andalucía, Hábitats y paisaje de Andalucía (lire en ligne), « Ambientes semiáridos del sureste andaluz: el Altiplano estepario »
  3. [PDF] (es) Junta de Andalucía, Itinerario geológico por Andalucía (lire en ligne), « Geodiversidad y patrimonio geológico de Andalucía »
  4. [PDF] (es) Antonio LĂłpez Marcos, Ruta del megalitismo, DiputaciĂłn Provincial de Granada, (ISBN 978-84-935722-5-9, lire en ligne)
  5. (es) « Historia de la ciudad », Ayuntamiento de Gorafe
  6. [PDF] (es) M. García Sánchez, « Sepulcros megalíticos de la región de Gorafe (Granada) », Archivo de Prehistoria Levantina, vol. VIII,‎ , p. 43-114 (lire en ligne)
  7. (es) « Gorafe parque megalítico », Presspeople
  8. (es) « Hoyas del Coquín Alto », Instituto andaluz de Patrimonio histórico
  9. (es) « Las Majadillas », Instituto andaluz de Patrimonio histórico
  10. (es) « Centro de interpretación del megalitismo de Gorafe », Ayuntamiento de Gorafe

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