AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Pahto-tha-mya

Le Pahto-tha-mya (monument 1605)[1] est un temple situĂ© dans la partie sud de la vieille ville de Bagan, peu au nord de ses murailles mĂ©ridionales. Il se trouve sur un axe qui le rĂ©unit au Nat Hlaung Kyaung et au That-Byi-nyu et se termine Ă  l’Ananda. Aucune inscription ne permet de le dater avec prĂ©cision, mais il a probablement Ă©tĂ© Ă©rigĂ© dans la seconde partie du XIe siĂšcle, peut-ĂȘtre, comme le suggĂšre Gordon H. Luce (en), durant le bref rĂšgne de Sawlu, le fils d’Aniruddha (Anawrahta), soit entre 1078 et 1084[2].

Pahto-tha-mya
Image illustrative de l’article Pahto-tha-mya
Le Pahto-tha-mya avec le Shwe-gu-gyi Ă  l'arriĂšre-plan
Présentation
Culte Bouddhisme
Type Temple
DĂ©but de la construction vers 1078-1084
GĂ©ographie
Pays Birmanie
RĂ©gion RĂ©gion de Mandalay
CoordonnĂ©es 21° 10â€Č 06″ nord, 94° 51â€Č 36″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Birmanie
(Voir situation sur carte : Birmanie)
Pahto-tha-mya

Architecture

Le temple est dirigĂ© vers l’est ; un court porche prĂ©cĂšde un grand hall d’entrĂ©e Ă©clairĂ© par deux Ă©troites fenĂȘtres latĂ©rales. Un passage mĂ©nagĂ© dans le mur occidental permet d’accĂ©der au couloir qui entoure le sanctuaire de plan carrĂ© et qui est plus large que le hall.

Ce couloir qui sert de dĂ©ambulatoire est Ă©clairĂ© des cinq fenĂȘtres ajourĂ©es (transennes) creusĂ©es sur chacune des trois façades, lesquelles comportent aussi une avancĂ©e en leur milieu dans laquelle est creusĂ©e la fenĂȘtre centrale. Les murs du sanctuaire sont fort Ă©pais et soutiennent la tour qui domine le monument. Cette tour possĂšde une silhouette fort particuliĂšre, reproduisant celle d’un stĆ«pa bulbeux de plan dodĂ©cagonal et aux arĂȘtes soulignĂ©es par une frise en relief ; elle supporte une flĂšche aux nombreux niveaux Ă©crasĂ©s qui Ă©voquent les parasols surmontant traditionnellement le corps circulaire du stĆ«pa.

La tour ne repose pas directement sur la toiture du corps du bĂątiment mais comme l’illustre la silhouette extĂ©rieure de celui-ci, elle s’appuie sur une sĂ©rie de courts Ă©tages en retrait les uns sur les autres qui marquent une transition harmonieuse entre la base carrĂ©e et la partie supĂ©rieure polygonale. De petits templions sont Ă©rigĂ©s au milieu des quatre faces, dans l’axe des avancĂ©es rythmant les façades du rez-de-chaussĂ©e.

Les murs extĂ©rieurs ont pratiquement tous perdu leur ornementation stuquĂ©e mais celle-ci subsiste encore Ă  l’intĂ©rieur, notamment aux encadrements richement ornĂ©s des portes et niches oĂč elle illustre une structure architecturale. Si les jambages reproduisent la partie infĂ©rieure d’un monument, l’arc illustre les retraits successifs qui supportent la tour.

Ornementation picturale

Le Pahto-tha-mya comporte un des ensembles peints les plus aboutis de Bagan. MĂȘme si les peintures ont fort noirci ou se sont dĂ©tachĂ©es des parois par endroits, elles impressionnent par leur taille (les images du Bouddha reproduites sur le mur intĂ©rieur du dĂ©ambulatoire le montrent taille humaine), par la richesse de la palette, l’équilibre des compositions, la ligne souple et Ă©lĂ©gante comme l’illustrent les quelques panneaux nettoyĂ©s et restaurĂ©s du mur mĂ©ridional du dĂ©ambulatoire. Cet ensemble illustre un riche programme iconographique dont l’inspiration se trouve dans diverses sources littĂ©raires de langue pālie comme la Nidānakathā (en) qui narre la biographie du Bouddha et les textes du Vinaya, par exemple[3]. Il convient toutefois de souligner que si les sources littĂ©raires rattachent le monument au Theravāda et Ă  la tradition cinghalaise, le style des peintures trouve en toute certitude son origine en Inde orientale, plus prĂ©cisĂ©ment au Bihar et au Bengale.

De grands tableaux illustrant des Ă©pisodes de la vie du Bouddha sont peints sur les deux murs du dĂ©ambulatoire, vingt-quatre sur le mur extĂ©rieur (oĂč ils sont identifiĂ©s par inscriptions en MĂŽn) et trente sur le mur intĂ©rieur, sĂ©parĂ©s par niches et fenĂȘtres. La narration commence dans l’angle sud-est du mur extĂ©rieur sud et se poursuivant tout au long de ce mur pour s’achever avec le futur Bouddha s’approchant de l’arbre sous lequel il atteindra l’Éveil sur le mur oriental, au nord de la porte d’entrĂ©e. La narration se poursuit avec l’évocation de l’Éveil dans le sanctuaire au moyen de l’image de culte pour continuer, Ă  nouveau peinte, Ă  l’extĂ©rieur du sanctuaire sur le mur intĂ©rieur du dĂ©ambulatoire. Elle commence sur le mur oriental, au sud de l’entrĂ©e du sanctuaire pour se dĂ©rouler dans le sens solaire et s’achever au nord de l’entrĂ©e avec la reprĂ©sentation du Bouddha rendant son dernier souffle. La lecture de la vie du Bouddha s’accomplit donc en faisant deux fois la circumambulation, l’attention se portant d’abord aux panneaux peints du mur extĂ©rieur puis Ă  ceux du mur intĂ©rieur du dĂ©ambulatoire.

De nombreux autres moments secondaires de cette existence sont représentés dans le sanctuaire dans une série de tableaux de taille plus réduite et distribués à hauteur des yeux, tableaux qui sont également identifiés par des inscriptions en MÎn[4].

La surface du mur au-dessus des grands panneaux distribuĂ©s sur le mur intĂ©rieur du dĂ©ambulatoire est entiĂšrement couvertes de rangs de panneaux quadrangulaires contenant chacun une image du Bouddha flanquĂ© de moines. Sans aucune inscription les accompagnant, il est difficile de proposer une identification prĂ©cise, mais ce type d’ornementation picturale rappelle celle rencontrĂ©e dans l’Alopyi-gu-hpaya – oĂč, il convient de le rappeler, les panneaux contiennent une inscription faisant rĂ©fĂ©rence aux sĆ«tras ou textes traditionnellement attribuĂ©s au Bouddha. Elle annonce aussi les murs couverts d’images miniaturisĂ©es, et anonymes, du Bouddha des temples plus tardifs de Bagan. De mĂȘme, Ă  l’intĂ©rieur du sanctuaire du Patho-hta-mya, des petits panneaux quadrangulaires couvrent la partie supĂ©rieure des murs ; faisant rĂ©fĂ©rence Ă  des Ă©pisodes de la carriĂšre du Bouddha et aux enseignements dispensĂ©s dans les sĆ«tras, ils en offrent cependant une vision rĂ©pĂ©titive et peu diffĂ©renciĂ©e[5]. Enfin, un dernier thĂšme fort probablement illustrĂ© dans le sanctuaire fut celui des Ving-huit Bouddhas du passĂ© comme en tĂ©moigne une inscription fragmentaire mentionnant Padumuttara (en), treiziĂšme Bouddha de la liste de ces Bouddhas.

Ornementation sculptée

Le sanctuaire comporte une statue de fort grande dimension qui est flanquĂ©e de deux autres plus petites figurant le mĂȘme Ă©vĂ©nement, Ă  savoir l’Éveil oĂč le Bouddha effleure de sa main droite la terre, invoquant de la sorte la DĂ©esse Terre afin qu’elle tĂ©moigne de l’infinie compassion du Bouddha. MĂȘme restaurĂ©es, ces images ont prĂ©servĂ© les formes rondes et compactes qui caractĂ©risent les Bouddha construits en briques, puis recouverts d’un enduit et peints, qui Ă©taient Ă©difiĂ©es dans les sanctuaires entre les XIe et XIIIe siĂšcles. Tous trois sont assis sur un haut socle moulurĂ© et s’adossent Ă  un trĂŽne stuquĂ© qui peut avoir disparu en partie.

Galerie

  • Ornementation par-dessus le passage du dĂ©ambulatoire au sanctuaire
    Ornementation par-dessus le passage du déambulatoire au sanctuaire
  • Image du Buddha peinte sur le mur intĂ©rieur du dĂ©ambulatoire
    Image du Buddha peinte sur le mur intérieur du déambulatoire
  • Image du Buddha situĂ©e Ă  la droite de l'image centrale
    Image du Buddha située à la droite de l'image centrale

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Claudine Bautze-Picron, The Buddhist Murals of Pagan, Timeless Vistas of the Cosmos, with photography by Joachim K. Bautze, Bangkok: Orchid Press, 2003.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gordon H. Luce, Old Burma ~ Early PagĂĄn, New York: J.J. Augustin Publisher/Artibus Asiae/The Institute of Fine Arts, New York University, 1969/70.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pierre Pichard, Inventory of Monuments at Pagan/Inventaire des monuments, Volume Six, Monuments 1440-1736, Paris/Kiscadale: EFEO/UNESCO/Paul Strachan, 1993.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Donald M. Stadtner, Ancient Pagan, Buddhist Plain of Merit, Photography Michael Freeman and Donald M. Stadtner, Bangkok: River Books, 2005.
  • Paul Strachan, Imperial Pagan, Art and Architecture of Burma, Honolulu: University of Hawaii Press, 1989.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Notes et références

  1. Tous les monuments bùtis dans la plaine de Bagan ont été numérotés, un grand nombre d'entre eux portant également un nom. Dans son Inventaire des monuments de Pagan en huit volumes publiés entre 1992 et 2001, Pierre Pichard en recense 2834.
  2. Bautze-Picron 2003, p. 161, d’aprùs Luce 1969-1970, I, p. 303. Voir aussi : Luce 1969-1970, I, p. 302-9, III, planches 158-67 ; Pichard 1996, p. 244-8 ; Strachan 1989, p. 54-56 ; Stadtner 2005, p. 134-9.
  3. Luce 1969-1970, p. 307.
  4. Luce 1969-1970, I, p. 305-6.
  5. Luce 1969-1970, p. 306-9.

Voir aussi

Article connexe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.