Pacotille (marchandises)
La pacotille (du mot espagnol pacotilla signifiant « petit paquet ») désigne à l'origine la petite quantité de marchandises que chaque passager ou membre d'équipage d'un navire, pouvait embarquer afin d'en faire commerce pour son propre compte[1].
Par la suite, le terme englobe l'ensemble des marchandises destinées à l'échange ou au commerce, dans les contrées lointaines[1]. Il est utilisé plus spécifiquement pour désigner la marchandise que les trafiquants européens échangent contre les esclaves, notamment lors du commerce triangulaire[2].
Description
Sens premier
La pacotille représente la petite quantité de marchandises qu’il était permis, à ceux qui s’embarquaient sur un vaisseau (comme officiers, matelots, gens de l’équipage ou passagers), d’emporter avec eux, afin de la négocier pour leur propre compte.
Cargaison de traite
Appelée également « cargaison ou marchandise de traite », la pacotille désigne plus spécifiquement la marchandise échangée contre des captifs noirs, par les négriers européens, aux vendeurs arabes ou africains d'esclaves. Elle se composait principalement d'armes avec leur poudre, de produits métalliques manufacturés, d'outils, d'étoffes simples et somptueuses, de chapeaux, de parures, de cauris, d'alcools, pipes, tabac[2]...
Un malentendu existe quant à la valeur des marchandises proposées par les négriers. Celles-ci ont longtemps été considérées à tort comme de faible valeur, d'où l'usage du mot pacotille. Cette confusion, jadis entretenue dans les discours des racistes blancs, visait à minimiser l'intelligence des Africains lors de ces échanges[3]. Dans les faits, les vendeurs africains d'esclaves étaient de redoutables négociateurs, et les marchandises échangées avaient une valeur importante, autant pour l'acheteur que pour le vendeur[4].
- Fusils de traite (Birmingham Museum and Art Gallery). Dans la 2ème moitié du XVIIIe siècle, les Européens vendaient environ 300 000 fusils par an en Afrique, contribuant à maintenir un état de guerre endémique dont les prisonniers alimentaient le marché aux esclaves[5].
- Cauris des îles Marquises et perles de Murano (Musée d'Aquitaine, Bordeaux). Un captif pouvait valoir entre 8 000 (1724) et 80 000 cauris (1748) selon la demande[6].
Notes et références
- Collectif, Le Maxidico : Dictionnaire encyclopédique de la langue française, Éditions de la Connaissance, , 1721 p. (ISBN 2743405686)
- Julia Ferloni, Le Code noir : Une histoire de l'esclavage, MkF Éditions, , p. 37.
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières : Essai d'histoire globale, Gallimard, coll. « Folio histoire », , 736 p. (ISBN 9782070339020)
- Hilary McDonald Beckles, Voyages d'esclaves : la traite transatlantique des Africains réduits en esclavage, UNESCO, , 191 p. (lire en ligne)
- François Hubert, Christian Block et Jacques de Cauna, Bordeaux au XVIIIe siècle : Le commerce atlantique et l'esclavage, Bordeaux, Le Festin / Musée d'Aquitaine, (1re éd. 2010), 206 p. (ISBN 978-2-36062-193-4)
- Gildas Salaün, « Cauris et traite négrière au XVIIIe siècle », sur blog.cgb.fr - Informations numismatiques, (consulté le )
- « Traite négrière atlantique », sur Château des ducs de Bretagne | Musée d’histoire de Nantes (consulté le )