Père de saint
Est père de saint (en portugais pai de santo), et au féminin mère de saint (en portugais mãe de santo)[1], un(e) prêtre(esse) ou chef(fe) de terreiro de candomblé, culte syncrétiste afro-brésilien important notamment dans le Nordeste brésilien (Salvador, Recife…).
RĂ´le
Après l'initiation lui conférant ce statut, le père (ou la mère) de saint porte la responsabilité de l'organisation du terreiro, des rites, sacrifices et cérémonies, guide les disciples et peut être amené à réguler les transes. Un prêtre de candomblé est donc à la fois fils de saint (descendant, à l'origine biologique mais aujourd'hui presque toujours symbolique, de son orisha) et père de saint (responsable religieux de la communauté)…
Bien qu'il puisse pratiquer lui aussi l'art de la divination par les cauris, la dignité de père (ou de mère) de saint ne doit pas être confondue avec celle de « père du secret » (en portugais pai do segredo, en yoruba babálawó), dernier degré de l'initiation dans la religion yoruba, et maître de l'art divinatoire du culte d'Ifá.
Origine et Ă©quivalences
L'appellation de père (ou de mère) de saint provient de ce que les Africains réduits en esclavage au Brésil, provenant pour une large part de la côte des Esclaves (s'étendant du Togo au Nigeria actuels), ont syncrétisé chacune des semi-divinités de cette région (orishas chez les Yorubas, voduns chez les Fons), avec un saint du catholicisme - santo en portugais). Idem pour la syncrétisation des inquices avec les saints catholiques pour les Africains originaires du Congo et de l'Angola.
Les titres de père ou mère de saint sont utilisés : dans les candomblés de « nation » (nação) nagô ou yoruba, concurremment avec ceux de babalorixá (« père d'orisha ») ou d'iyalorixá (« mère d'orisha »), d'origine yoruba ; dans les candomblés de nation Angola ou Congo, avec ceux de taata diá nkisi (en portugais tata de inquice, « père d'inquice ») ou de maama diá nkisi (en portugais mameto de inquice, « mère d'inquice »), d'origine kimbundu ; dans les candomblés de caboclos, qui mêlent tradition africaine et tradition amérindienne. Ils sont aussi équivalent à ceux de zelador ou zeladora de santo (« zélateur ou zélatrice de saint »), plus rarement usités.
Dans les autres cultes syncrĂ©tistes afro-amĂ©ricains, ce sacerdote ou son Ă©quivalent porte gĂ©nĂ©ralement un autre nom : padrinho et madrinha dans l'umbanda (très prĂ©sente Ă Rio de Janeiro), cacique dans l'umbanda du Rio Grande do Sul, babalorisha et iyalorixa dans la santerĂa cubaine, houngan et mambo dans le vaudou d'HaĂŻti et de Louisiane, quimboiseur et quimboiseuse dans le quimbois antillais.
Notes et références
- Respectivement pai-de-santo et mãe-de-santo avant la réforme de l'orthographe
Bibliographie
- Orisha : les dieux yorouba en Afrique et au Nouveau Monde, Pierre Fatumbi Verger, (traduction française : Paris, A.-M. Métailié, 1982)
- Le candomblé de Bahia, Roger Bastide, Paris, Terre Humaine, Plon, 2001
- Les religions africaines au Brésil, Roger Bastide, Paris, PUF, 1998