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PĂšlerinage de Neviges

Le PÚlerinage de Neviges est un important pÚlerinage marial au sanctuaire de Neviges à Velbert en Rhénanie-Westphalie, de l'archidiocÚse de Cologne, en Allemagne.

Image sainte de l'Immaculée Conception, vénérée à Néviges

L’image miraculeuse de Neviges

Les pĂšlerins viennent vĂ©nĂ©rer l’image miraculeuse de Marie ImmaculĂ©e Conception, une gravure sur cuivre reprĂ©sentant la MĂšre de Dieu telle qu’elle est dĂ©crite dans l’Apocalypse de Jean (chap. 12) : « Une femme. Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze Ă©toiles couronnent sa tĂȘte ». Marie est debout sur le croissant de la lune, Ă©crasant le serpent dont la tĂȘte pend lamentablement, la langue dehors. Les cheveux de la Vierge sont tressĂ©s en couronne autour de la tĂȘte pour tomber ensuite le long des Ă©paules en signe de virginitĂ©. Deux anges bordent l’image, tenant dans les mains des branches de roses qui signifient puretĂ© et amour.

La gravure est dĂ©tachĂ©e du livre de priĂšres Das Himmlisch Palm-GĂ€rtlein (La petite palmeraie cĂ©leste) du jĂ©suite Wilhelm Nakatenus (1617–1682), qui connut Ă  partir de 1660 de nombreuses Ă©ditions. Le rapport Ă  l’ImmaculĂ©e Conception ressort du fait que la page est couronnĂ©e d’une citation tirĂ©e du Cantique des Cantiques (4.7): « Tu es toute belle, ma bien aimĂ©e, et sans tache aucune ».

Histoire du pĂšlerinage

Naissance du sanctuaire

Dans le dĂ©sert matĂ©riel et spirituel crĂ©Ă© par la Guerre de Trente Ans qui inspire au peuple catholique un Ă©lan de piĂ©tĂ© mystique et mariale, on voit naĂźtre dans la rĂ©gion RhĂ©nanie-du-Nord-Westphalie, entre 1640 et 1680, quatre sanctuaires mariaux importants Ă  Kevelaer (1641), Telgte (1651), Werl (1661) et Neviges (1681). L’affluence des pĂšlerins ayant un impact Ă©conomique non-nĂ©gligeable, les seigneurs des lieux soutiennent souvent activement la naissance et le dĂ©veloppement du pĂšlerinage. Pour finir, il s’agit pour les catholiques de faire piĂšce au protestantisme, largement Ă©tabli dans le pays. Les sanctuaires servent donc aussi Ă  la reconquĂȘte catholique entreprise dans l’esprit du Concile de Trente.

Le pĂšlerinage de Neviges est nĂ© selon le modĂšle de Kevelaer. En priant devant une image mariale, la personne perçoit une voix mystĂ©rieuse qui rĂ©clame la construction d’une chapelle. Il ne s’agit donc pas Ă  proprement parler d’une apparition mariale visuelle, mais de l’audition privĂ©e d’une voix.

Deux personnes sont Ă  l’origine du sanctuaire. D’abord la rĂ©gente souveraine du lieu, la trĂšs catholique Anna de Asbeck, qui appelle, en 1676, sur son domaine du Hardenberg une communautĂ© de franciscains qui doit recatholiciser un pays presque exclusivement protestant. Ensuite le frĂšre mineur qui fournit, mais Ă  un autre endroit, le vĂ©cu mystique dĂ©clenchant le pĂšlerinage.

En effet, lorsqu’en septembre 1680, au monastĂšre de Dorsten (Ă  50 km de Neviges), Antonius Schirley, franciscain de 32 ans, prie devant la gravure dĂ©crite ci-dessus, il entend une voix lui dire : « Apporte-moi au monastĂšre du Hardenberg. C’est lĂ  que je dĂ©sire ĂȘtre vĂ©nĂ©rĂ©e. »

Les deux nuits suivantes, la voix dĂ©livre deux autres messages. Il doit d’abord dire aux franciscains de Neviges qu’un grand prince tombera malade et qu’il n’en guĂ©rira que grĂące Ă  l’image miraculeuse et Ă  condition de soutenir le monastĂšre, dont la construction s’enlise. Ensuite il est priĂ© de cĂ©lĂ©brer pendant neuf semaines la messe le samedi « Ă  titre de merci Ă  mon ImmaculĂ©e Conception ». Il faut savoir que l’ImmaculĂ©e Conception, reconnue depuis le concile de BĂąle, dogme seulement en 1854, avait dans les franciscains ses dĂ©fenseurs les plus fervents.

Schirley s’adressant au supĂ©rieur du monastĂšre de Neviges, celui-ci se tourne vers le pĂšre abbĂ© de l’Abbaye de Werden et gagne son soutien. Quant au « grand prince », c’est Ferdinand von FĂŒrstenberg, Ă©vĂȘque de Paderborn, qui, malade, se fait apporter l’image miraculeuse et guĂ©rit. Sa contribution financiĂšre permet de poser la premiĂšre pierre du monastĂšre le 20 juillet 1681 et c’est le 25 octobre de la mĂȘme annĂ©e que le premier pĂšlerinage rĂ©unit l’abbĂ© de Werden, le prince-Ă©vĂȘque de Paderborn et Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach, duc de Berg, dont dĂ©pend Neviges. C’est d’ailleurs Ă  la mĂšre de ce dernier que Nakatenus avait jadis dĂ©diĂ© sa Petite Palmeraie.

Evolution du sanctuaire de 1681 à aujourd‘hui

Procession de pĂšlerinage dans les rues de Neviges

Par la suite, le duc Jean-Guillaume et son Ă©pouse Marie-Anne-JosĂšphe d'Autriche s‘emploient Ă  faire prospĂ©rer le pĂšlerinage. Ils conduisent cinq mille pĂšlerins de DĂŒsseldorf Ă  Neviges et le duc dĂ©crĂšte la rĂ©pĂ©tition annuelle du pĂšlerinage. A l’abbaye de Werden, le pĂšre abbĂ©, dans un document officiel, attribue en 1683 l’origine du pĂšlerinage au miracle de Dorsten et dĂ©clare que Neviges deviendra aussi cĂ©lĂšbre que Kevelaer.

En 1688, le vicaire gĂ©nĂ©ral de Cologne autorise des pĂšlerinages avec croix et banniĂšres. En 1697, le nonce Fabrizio Paolucci permet aux franciscains d'investir tous les dons dans la construction du monastĂšre et de l’église. En 1710, est fondĂ©e la FraternitĂ© de l’ImmaculĂ©e Conception du Hardenberg, confirmĂ©e par le pape ClĂ©ment XI. En 1728, l’église du sanctuaire est consacrĂ©e. En 1737, le pape ClĂ©ment XII assure Ă  tous les pĂšlerins des indulgences plĂ©niĂšres. En 1781, dix mille pĂšlerins fĂȘtent le centenaire du sanctuaire. En 1800, le nombre de catholiques Ă  Neviges est passĂ© de 70 Ă  1 400.

Certes, en raison du recĂšs d'Empire, le couvent des franciscains est officiellement supprimĂ© en 1804, mais les moines se chargent de la cure et restent en place, en attendant qu’en 1826 le roi de Prusse officialise Ă  nouveau leur existence et qu’en 1845 il leur soit Ă  nouveau permis de recruter. La promulgation, en 1854, du dogme de l’ImmaculĂ©e Conception relance considĂ©rablement le pĂšlerinage, ainsi qu’en 1881 le jubilĂ© de ses deux cents ans, et ceci malgrĂ©, de 1875 Ă  1886, la seconde suppression du monastĂšre au cours du Kulturkampf. Peu aprĂšs il est inaugurĂ© un grand chemin de croix extĂ©rieur avec 14 stations et un calvaire.

En 1904, le cardinal Fischer procĂšde solennellement au Couronnement de la Vierge. En 1936, on ajoute au chemin de croix un chemin de Marie avec, aujourd’hui, vingt stations (inspirĂ©es du rosaire) et une chapelle. Avec 350.000 pĂšlerins en 1935, le sommet en nombre est atteint. A cette Ă©poque une centaine de trains spĂ©ciaux par an confĂšrent Ă  Neviges la rĂ©putation d’ĂȘtre le « Lourdes allemand ». On dĂ©veloppe une pratique spĂ©ciale de priĂšres d’intercessions sous forme d’imploraisons insistantes en groupe, les mains levĂ©es (appelĂ©es « Sturmandacht », le mot Sturm vĂ©hiculant l’idĂ©e d’« assaut »).

Le grand soutien du pĂšlerinage, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, est le cardinal Josef Frings. C’est sous sa crosse qu’est Ă©rigĂ©e, de 1966 Ă  1968 par l’architecte Gottfried Böhm, l’immense Ă©glise Maria, Königin des Friedens (Marie, Reine de la Paix), appelĂ©e aussi « cathĂ©drale des pĂšlerins » (Wallfahrtsdom) et visitĂ©e le 23 septembre 1978 en compagnie des Ă©vĂȘques allemands et polonais par le cardinal Karol WojtyƂa, vingt-trois jours avant son Ă©lection papale.

AprĂšs avoir fĂȘtĂ© en 1981 les trois cents ans du sanctuaire, l’Ordre des FrĂšres mineurs, en mal de vocations, a dĂ» abandonner le monastĂšre et le pĂšlerinage fin janvier 2020. Depuis le 1er septembre de la mĂȘme annĂ©e trois prĂȘtres de la CommunautĂ© Saint-Martin ont pris la relĂšve.

Sources et bibliographie

  • (de) Gerhard Haun: Die Wallfahrt nach Neviges. Frohn Verlag, Wuppertal 1981.
  • RenĂ© Laurentin et Patrick Sbalchiero: Dictionnaire des apparitions de la vierge. Inventaire des origines Ă  nos jours. MĂ©thodologie, bilan interdisciplinaire, prospective. Fayard, Paris 2007.

Liens externes

‱ Article Neviges sur la page web de la CommunautĂ© Saint-Martin

‱(de) Mariendom.de page web du sanctuaire de Neviges

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