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Orgue de l'abbatiale Saint-Pierre de Nant

L’orgue de l'abbatiale Saint-Pierre de Nant (Aveyron) est un instrument de 17 jeux répartis sur deux claviers et un pédalier. Il comporte plus de 930 tuyaux et est placé en tribune au-dessus de l'entrée de l'église. L’instrument fut construit en 1862 par Thiébaut Maucourt. La partie instrumentale est classée monument historique depuis 1982.

Orgue de l'abbatiale Saint-Pierre de Nant
Buffet de l'orgue.
Buffet de l'orgue.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
DĂ©partement Aveyron
Commune Nant
Édifice Abbatiale Saint-Pierre de Nant
Latitude
Longitude
44° 01′ 18″ nord, 3° 18′ 05″ est
Facteurs
Construction Thiébaut Maucourt (1862)
Restauration Michel Giroud (1985)
Caractéristiques
Jeux 17
Claviers 2 et 1 PĂ©dalier
tuyaux 933
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1982)[1]

Histoire

Un premier orgue est installĂ© dans l'abbatiale par Nicolas-Antoine LĂ©tĂ© dans les annĂ©es 1835-1836. Il s'agissait d'un orgue Ă  manivelle qui actionnait un cylindre. Cet instrument est remplacĂ© dès 1856 par un orgue classique (Ă  claviers) d'un coĂ»t de 3 000 francs dont on ignore les caractĂ©ristiques. Moins de dix ans après son installation, l'orgue est manifestement jugĂ© insuffisant pour remplir la nef romane[2].

L'instrument actuel a Ă©tĂ© construit en 1862 par le facteur d'orgues ThiĂ©baut Maucourt[3]. Originaire d'Alsace, apprenti puis compagnon dans la maison du cĂ©lèbre Aristide CavaillĂ©-Coll[4], ThiĂ©baut Maucourt signe Ă  Nant son premier instrument l'annĂ©e de son installation Ă  Albi[5]. Il a Ă©tĂ© aidĂ© pour la pose des tuyaux par FrĂ©dĂ©ric Jungk avec lequel il travaillera sur d'autres instruments comme en 1865 le grand orgue de l'Ă©glise Saint-Pierre de Gaillac dans le Tarn[6]. L’AbbĂ© Ressegnier, curĂ© de Nant, dĂ©livre Ă  Maucourt Ă  l'issue des travaux un certificat de satisfaction et lui règle la somme de 6 700 francs. L’instrument dispose alors de la composition suivante :

I Grand-Orgue
54 notes (Ut1–Fa5)
Flûte (Basse)8'
Montre (Dessus)8'
Salicional8'
Bourdon8'
Prestant4'
Doublette2'
Plein-Jeu III[alpha 1]
Trompette8'
Clairon4'
RĂ©cit / G.O.
Octaves graves
II RĂ©cit expressif
37 notes (Fa2–Fa5)
Bourdon8'
Dulciane8'
Flûte harmonique4'
Trompette8'
Basson-Hautbois8'
Voix humaine8'
PĂ©dale
18 notes (Ut1–Fa2)
Tirasse G.O.

L'orgue bénéficie en 1885 d'un relevage dont on ignore le contenu et l'artisan. En 1929, la maison Firmin de Granville restaure l'instrument. En 1954, des travaux sont effectués sur le clocher de l'abbatiale situé au-dessus de la tribune accueillant l'orgue. Ce dernier est sévèrement touché en raison de gravats tombants dans la tuyauterie. En 1959, deux organistes Millavois bénévoles, Georges Girard et Francis Lavigne[7], dégagent ces gravats et s'emploient à refaire fonctionner l'instrument[8].

En 1982, 120 ans après sa construction, la partie instrumentale de l'orgue est classée monument historique[9]. En 1984-1985, sous la maîtrise d'œuvre du technicien-conseil du Ministère de la Culture, Jean-Pierre Decavèle, l'orgue est restauré par Michel Giroud. Cette restauration, tout en conservant le matériel d'origine installé par Maucourt (tuyauterie, mécanismes et soufflerie), apporte plusieurs changements à l'instrument parmi lesquels :

  • la console est remise Ă  l'avant du buffet comme elle l'Ă©tait Ă  l'origine ;
  • deux nouveaux jeux composent la pĂ©dale qui est agrandie et passe de 18 Ă  30 notes ;
  • un des nouveaux jeux de pĂ©dale intègre la basse de FlĂ»te 8' du clavier de Grand-Orgue ;
  • onze nouveaux tuyaux de basse viennent complĂ©ter le dessus de Montre 8' du clavier de Grand-Orgue ;
  • le troisième rang du Plein-Jeu est restituĂ© ;
  • un Cornet de 3 rangs (2', 2' 2/3, 1' 3/5) est ajoutĂ© au clavier de RĂ©cit, en dehors de la boĂ®te expressive ;
  • un Tremblant est ajoutĂ© au clavier de RĂ©cit[10].

L'orgue est inauguré le 21 juillet 1985 par Pierre-Paul Lacas[alpha 2].

DĂ©tails de la tuyauterie du clavier de Grand-Orgue (Trompette 8' et Clairon 4').

Composition

Console de l'orgue.

L'orgue de tribune de l'abbatiale Saint-Pierre comprend 17 jeux, dont la composition actuelle est la suivante[11] :

I Grand-Orgue
54 notes (Ut1–Fa5)
Montre8'
Salicional8'
Bourdon8'
Prestant4'
Doublette2'
Plein-Jeu III
Trompette8'
Clairon4'
RĂ©cit / G.O.
II RĂ©cit expressif
37 notes (Fa2–Fa5)
Principal8'
Dulciana8'
Flûte harmonique4'
Trompette8'
Hautbois[alpha 3]8'
Voix humaine8'
Cornet III (hors boîte)
Tremblant
PĂ©dale
30 notes (Ut1–Fa3)
Flûte8'
Trompette8'
Tirasse G.O.

Caractéristiques

Le buffet de l'orgue est composé de panneaux très simples qui intègrent l'instrument dans l'église romane. Trois plates-faces composent la façade avec pour seule décoration des feuillages sur les côtés et le dessus du buffet[alpha 4].

Les experts ont déduit que la restauration de 1929 faite par Henri Firmin a modifié la place de la console et de l'orgue en entier sur la tribune. L'instrument aurait été reculé dans le sens opposé de la nef et la console transférée derrière le buffet. Des estrades placées au bord de la tribune, devant le buffet, accueillaient une chorale. Dans l'étude rapportée par Philippe Bachet il n'est pas exclu que l'orgue ait été pensé par Maucourt comme un instrument d'accompagnement élaboré comme un orgue de chœur[12]. Cette hypothèse prend appui sur l'intensité sonore plutôt moyenne de l'instrument.

L'orgue de Nant reprĂ©sente très bien, Ă  l'origine, un instrument dit de transition entre la facture classique et romantique. Il conserve dans l'Ă©laboration de Maucourt un savoir-faire et une composition sonore marquĂ©s par les orgues françaises du passĂ©[12]. Les jeux de principaux du clavier de Grand-Orgue sont très prĂ©sents et beaucoup de jeux sont coupĂ©s au ton comme les instruments du XVIIIe siècle. Les jeux d'anche sont très puissants et remplissent toute l'abbatiale. L'acoustique n'est pas très importante, seul un faible Ă©cho se manifeste rendant le jeu de l'organiste prĂ©cis et clair. La tribune est assez haute, proche de la voĂ»te de la nef, ce qui fait sonner l'orgue avec « nettetĂ© et prĂ©sence »[13].

L'ajout d'un jeu de Cornet permet de compléter les jeux d'anches ou de faire entendre en récit une partie soliste[alpha 5] mais ne peut pas toujours pleinement s'intégrer à l'ensemble sonore conçu par Maucourt[13]. L'orgue, avec ses proportions modestes mais un rendu sonore de qualité, permet ainsi de jouer un répertoire spécialement composé pour de petits instruments avec des pièces d'auteurs du XIXe siècle comme celles de Lefébure-Wély, François Benoist, Charles-Alexandre Fessy, Édouard Batiste, Alexandre Guilmant, César Franck ou encore Felix Mendelssohn[alpha 6]. Il s'associe également très bien au concert avec d'autres instruments comme la trompette, le violoncelle ou encore la voix.

Notes et références

Notes

  1. Le troisième rang de ce Plein-Jeu a disparu à une date inconnue et n'a été restitué qu'en 1985 lors de la restauration.
  2. Le programme de la bénédiction de l'orgue au cours de la messe du 21 juillet 1985 comprenait des œuvres de J.-S. Bach, Nicolas de Grigny, J.-F. Dandrieu et J.-L. Krebs. L'inauguration se poursuivit avec d'autres concerts le soir même et le 11 août avec des œuvres de ces mêmes compositeurs ainsi que G. A. Homilius, J. G. Walther, G. P. Telemann, C. P. E. Bach et G. F. Händel dont on fêtait pour ce dernier avec J.-S. Bach le tricentenaire de leur naissance.
  3. Il s'agit en réalité d'une Musette comme c'est souvent le cas dans les instruments de cette époque et de ce style.
  4. Voir la photographie du buffet de l'orgue au début de l'article.
  5. Le Programme de l'inauguration où Pierre-Paul Lacas à propos de la registration du Choral Nun komm, der Heiden Heiland (BWV 659) de J.-S. Bach évoque « le jeu de cornet récemment posé au clavier de récit [qui] chante la mélodie expressive. »
  6. Compositeurs cités par Georges Lartigau.

Références

  1. Notice no PM12000821, base Palissy, ministère français de la Culture (Consultée en février 2020).
  2. Site de l'Association pour le Développement et le Rayonnement de l’Orgue en Aveyron : Notice sur l'orgue de Nant (Consulté en février 2020).
  3. Robert Ardourel, « Notes biographiques sur Thiébaut Maucourt (1835-1882), facteur d’orgues à Albi », dans L'Orgue, n°159, 1976/III, p. 86-88.
  4. BNF 12140751
  5. Robert Ardourel, L’Orgue de l’église Notre-Dame de Millau, Millau, Association des amis de l’orgue, , 46 p.
  6. Dominique Amann, Le facteur d'orgues Frédéric Jungk, Toulon, La Maurinière éditions numériques, (ISBN 979-10-92535-00-6, lire en ligne [PDF]), p. 54–55.
  7. Respectivement organistes de l'église Saint-Martin et de l'église Notre-Dame de l'Espinasse où dans cette dernière se trouve un orgue Maucourt de 1874. Robert Ardourel, « Les orgues de l’église Notre-Dame de Millau », dans L'Orgue, n°150, 1974/II, p. 35-41.
  8. Georges Lartigau, p. 2.
  9. Notice no PM12000913, base Palissy, ministère français de la Culture (Consultée en février 2020).
  10. Philippe Bachet, p. 684–685.
  11. Georges Lartigau, p. 5.
  12. Philippe Bachet, p. 686.
  13. Georges Lartigau, p. 3.

Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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