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Opération Yellow Bird

L’opĂ©ration Yellow Bird a permis, aprĂšs les manifestations de la place Tian'anmen en 1989, l'exfiltration de prĂšs de 400 dissidents chinois par la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Etymologie

Le nom de l'opĂ©ration fait rĂ©fĂ©rence Ă  l'expression chinoise : « La mante religieuse poursuit la cigale, l’oiseau jaune est derriĂšre. » (èžłèž‚æ•èŸŹïŒŒé»ƒé›€ćœšćŸŒ)[1]. L'expression signifie que l'on poursuit un objectif malgrĂ© les risques encourus[2].

Historique

L'opĂ©ration a Ă©tĂ© organisĂ©e par des diplomates et des officiers de renseignement occidentaux et notamment français avec l'aide de triades chinoises [3] - [4]. Yellow Bird a reçu un soutien financier considĂ©rable de la part d'hommes d'affaires et de personnalitĂ©s du show-business chinois. Beaucoup de gens ordinaires et mĂȘme des fonctionnaires chinois ont coopĂ©rĂ© avec le rĂ©seau Ă  ses dĂ©buts, tandis que les diplomates Ă  Hong Kong ont aidĂ© les dissidents en fournissant des visas sĂ©curisĂ©s pour le passage rapide vers Hong Kong Ă  l'Ă©poque sous souverainetĂ© britannique[5]. Albert Ho, un homme politique de Hong Kong, indique : « AprĂšs le massacre [de Tiananmen], on a commencĂ© Ă  se remettre du choc et Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  ce que nous pourrions faire, mais nous les dĂ©mocrates, nous vivions tous Ă  Hongkong, nous n’avions pas de rĂ©seaux en Chine ». Un producteur de cinĂ©ma contacte alors les triades, opposĂ©es au rĂ©gime communiste, pour utiliser les rĂ©seaux de contrebande de celles-ci[2] - [6].

Alors que peu de portes s'ouvrent pour accueillir les fugitifs, le consul général de France Jean-Pierre Montagne « décide de réagir humainement selon sa conscience, avec le soutien du gouvernement français au plus haut niveau »[7]. De à , 150 dissidents, pourront rejoindre Hong Kong puis se réfugieront en France[8]. Roland Dumas, ministre des Affaires étrangÚres français de l'époque, indique dans le documentaire Opération Yellow Bird que des fonds secrets du quai d'Orsay ont été débloqués afin d'assurer l'accueil des réfugiés. Paul Jean-Ortiz participera à l'accueil des militants chinois[9] : « Je me suis occupé de l'accueil en France des dissidents qui fuyaient la Chine, a-t-il admis modestement au JDD, préférant garder le silence sur les filiÚres mises en place par les services de renseignements français, britannique puis américain pour exfiltrer environ 300 opposants et candidats à la défection au sein du régime jusqu'à Hong-Kong avec l'aide de la mafia chinoise »[10].

Lors du , Ă  l'occasion du bicentenaire de la RĂ©volution, Ă  l'initiative de Jack Lang organisateur de la manifestation, plusieurs Ă©tudiants chinois exfiltrĂ©s avec Yellow Bird, assistent au dĂ©filĂ© de Jean-Paul Goude. Ainsi Wuer Kaixi, un des leaders Ă©tudiants des manifestations de la place Tian'anmen, explique : « Le jour du dĂ©filĂ©, le 14 juillet, j’étais place de la Concorde, dans la loge officielle rĂ©servĂ©e Ă  la Chine. Le gouvernement chinois n’avait pas envoyĂ© de dĂ©lĂ©gation, et ce sont donc quelques-uns des rescapĂ©s du massacre de TianAnMen qui ont, ce jour-lĂ , reprĂ©sentĂ© la Chine. ». Par ailleurs des Ă©tudiants chinois en France Ă©taient en dĂ©but de cortĂšge, le front ceint d’un tissu blanc en signe de deuil, un vĂ©lo Ă  la main, entourant un tambour gĂ©ant[11] - [12]. Le journaliste Francis Deron signale qu'une quinzaine d'opposants, parmi les plus en vue, Ă©taient prĂ©sents Ă  Paris lors du dont deux conseillers de Zhao Ziyang Ă  savoir Su Shaozhi et Yan Jiaqi[13].

Documentaire

Sophie Lepault a rĂ©alisĂ© le documentaire OpĂ©ration Yellow Bird diffusĂ© sur France 3 le . Plusieurs personnalitĂ©s y interviennent ; les dissidents Wuer Kaixi, LĂŒ Jinghua, Jian Jiaqi, Cai Chongguo, du cĂŽtĂ© français Jean-Pierre Montagne, vice-Consul de France Ă  Hong Kong entre 1986 et 1991, François Fensterbank, attachĂ© de presse au Consulat de France Ă  Hong Kong entre 1985 et 1990 et Roland Dumas, ministre des Affaires EtrangĂšres français entre 1988 et 1993. Marie Holzman a assurĂ© la tĂąche de conseillĂšre historique[14], c'est d'ailleurs la seule sinologue qui a acceptĂ© d'intervenir dans le documentaire ; elle est dĂ©jĂ  « interdite de Chine Â», ne pouvant obtenir de visa[15].

Références

  1. Melinda Liu Still on the wing Newsweek, 4 janvier 1996.
  2. En Chine, la fascinante opération « Yellow Bird » Le Monde, 2 juin 2016.
  3. Émilie Torgemen AprĂšs Tian’anmen, la grande Ă©vasion Le Parisien, 2 juin 2019
  4. Olivier Toscer Ne ratez pas : « OpĂ©ration Yellow Bird » L'Obs, 2 juin 2016.
  5. Stephen Vines Time for the Yellow Bird of Hong Kong to fly The Independant, 11 mai 1997.
  6. Szeto Wah Szeto Wah Recalls "Operation Yellow Bird" 4 janvier 2011.
  7. Dorian Malovic Tian An Men, opération exfiltration des dissidents chinois La Croix, 2 juin 2016.
  8. AprÚs Tiananmen, l'opération « Yellowbird » pour faire évader les dissidents Le Monde, 4 juin 2014.
  9. Marie Holzman Ortiz, l’ami des dissidents chinois LibĂ©ration, 10 aout 2014 : « C’est au cours de l’opĂ©ration Yellow Bird, qui permit l’exfiltration via Hong Kong de plusieurs centaines de dĂ©mocrates chinois vers la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, que Paul Jean-Ortiz sut dĂ©montrer ses qualitĂ©s d’organisation, de discrĂ©tion et sa profonde implication dans les affaires de l’empire du Milieu. ».
  10. François Clemenceau Paul Jean-Ortiz, l'ombre chinoise de Hollande JDD, 31 juillet 2014.
  11. .En Chine, la corruption, c’est le pouvoir Causeur, Entretien avec le dissident chinois WuErKaiXi.
  12. Marie Holzman La commĂ©moration du massacre de Tian’anmen reste interdite en Chine Le Monde, 4 juin 2015.
  13. Francis Deron Les cinquante jours de Pékin. Chronique d'une révolution assassinée 1989 Page 289.
  14. OpĂ©ration Yellow Bird France 3, : « La fascinante exfiltration des dissidents de Tiananmen. Une opĂ©ration secrĂšte, inĂ©dite, qui n’a pas encore Ă©tĂ© racontĂ©e dans les livres officiels, oĂč la France a jouĂ© un rĂŽle central. ».
  15. Opération Yellow Bird - La fascinante exfiltration des dissidents de Tiananmen.
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