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Opération Mikado

L'opération Mikado est le nom de code d'une opération militaire britannique au cours de laquelle des commandos du Special Air Service devaient attaquer la base navale de Rio Grande, en Terre de Feu, sur laquelle étaient basés les cinq avions de chasse Super-Étendard de la Marine argentine, en , pendant la guerre des Malouines[1]. L'homme chargé de planifier l'attaque est le Brigadier Peter de la Billière[2], qui est alors le Directeur du SAS.

Operation Mikado

Pendant Guerre des Malouines

Description de cette image, également commentée ci-après
Niveau Opérationnel
Localisation Terre de Feu, Argentine
53° 46′ 39″ S, 67° 45′ 12″ O
Planifiée par Brigadier Peter de la Billière
Cible Base navale de Rio Grande
Escadron de Super-Étendards de la Marine argentine
Date
Participant Special Air Service
Issue Opération annulée

Objectif de la mission et plan initial

L'objectif de l'opération est de détruire les trois missiles Exocet encore en possession des forces armées argentine ainsi que les avions susceptibles de les transporter et de tuer les pilotes de ses avions dans leur base[2]. Pour y parvenir, le Brigadier Peter de la Billière propose une opération semblable à l'opération Entebbe[1]. Elle aurait consisté à faire débarquer 55 commandos des SAS déposés par deux avions Lockheed C-130 Hercules directement sur la piste d’atterrissage de la base de Rio Grande[2].

D'après le plan initial, les C-130 devaient rester sur le tarmac avec leurs moteurs allumĂ©s pendant que les 55 hommes de l'escadre B des SAS menaient Ă  bien leur mission. Si les C-130 parvenaient Ă  redĂ©coller ils devaient ensuite se rendre sur la base aĂ©rienne de Punta Arenas au Chili[3]. Dans le cas contraire, les membres des SAS devraient rejoindre la frontière chilienne, distante de 80 km, Ă  pied[2].

Mission de réconnaissance préalable

La Terre de Feu et les îles Malouines (au nord-est)

Une mission de reconnaissance prĂ©alable sur RĂ­o Grande, dont le nom de code Ă©tait OpĂ©ration Plum Duff, est lancĂ©e Ă  partir du HMS Invincible dans la nuit du 17 au 18 mai, en guise de prĂ©lude Ă  l'attaque. L'opĂ©ration consiste Ă  dĂ©poser un petit dĂ©tachement de SAS sur la partie argentine de la Terre de Feu Ă  bord d'un hĂ©licoptère Westland Sea King Mark IV de la Royal Navy, dĂ©pourvu de tout signe distinctif. Les commandos devaient ĂŞtre dĂ©posĂ©s Ă  10 miles de la base navale de RĂ­o Grande, s'y rendre Ă  pied afin d'Ă©tablir un poste d'observation et collecter des renseignements sur les dĂ©fenses de la base[1] - [3].

Pour les besoins de la mission, l'hélicoptère Sea King devait parcourir une distance proche de rayon d'action opérationnel, il s'agirait donc pour les hommes d'un aller simple. Ainsi, la mission des pilotes de l'hélicoptère consistait à déposer les membres du SAS en territoire argentin, puis à se diriger vers la portion chilienne de la Terre de Feu où l'hélicoptère serait coulé en eaux profondes[1] - [4].

L'hĂ©licoptère, emportant Ă  son bord trois pilotes et une Ă©quipe de huit hommes du SAS, dĂ©colle du HMS Invincible Ă  0 h 15 le 18 mai. En chemin, le pilote aperçoit grâce Ă  son dispositif de vision nocturne une plateforme gazière absente des cartes britanniques. Afin d'Ă©viter de se faire repĂ©rer par d'Ă©ventuels radars installĂ©s sur la plateforme, celui-ci prend l'initiative de faire un dĂ©tour, ajoutant une vingtaine de minutes au temps de parcours initialement prĂ©vu. Alors que l'hĂ©licoptère s'approchait des cĂ´tes de Terre de Feu après quatre heures de vol, un Ă©pais brouillard rĂ©duisait la visibilitĂ© Ă  moins de 1,5 kilomètre. ArrivĂ© Ă  20 km du point prĂ©vu pour le dĂ©barquement des hommes, la visibilitĂ© est si rĂ©duite que le pilote est contraint de se poser. Le pilote et le commandant de l'Ă©quipe du SAS sont alors en dĂ©saccord quant Ă  leur position exacte ; par ailleurs, le commandant de l'Ă©quipe du SAS a alors la certitude que l'hĂ©licoptère a Ă©tĂ© repĂ©rĂ© par une patrouille argentine : il demande donc que ses hommes soient dĂ©posĂ©s Ă  la frontière entre l'Argentine et le Chili[3]. Les pilotes sont contraints de voler dans des conditions mĂ©tĂ©orologiques de vol aux instruments jusqu'au Chili. Les commandos du SAS sont dĂ©posĂ©s sur la cĂ´te sud de Bahia InĂştil d'oĂą ils devaient essayer de rejoindre leur poste d'observation Ă  pied. L'Ă©quipage de l'hĂ©licoptère met le cap en direction d'une plage Ă  proximitĂ© de Punta Arenas oĂą ils atterrissent. L'un des deux pilotes et le troisième membre d'Ă©quipage dĂ©barquent sur la plage. Ils dĂ©coupent des trous dans la structure de l'appareil pour lui permettre de couler une fois posĂ© sur l'eau. L'autre pilote dĂ©place l'hĂ©licoptère au-dessus de la baie mais ne parvient pas Ă  le couler. Il retourne sur la plage afin que davantage de trous soient percĂ©s dans la structure, mais il est alors Ă©bloui dans ses jumelles de vision nocturne par le voyant « Low Fuel » (niveau de carburant faible) qui s'Ă©tait mis Ă  clignoter. Il se pose alors en urgence sur la plage. L'Ă©quipage de l'hĂ©licoptère met alors le feu Ă  l'appareil et fait dĂ©toner des charges explosives avant de quitter les lieux. Pendant les nuits qui suivent, ils rejoignent un point d'observation Ă  proximitĂ© de Punta Arenas, d'oĂą ils tentent d'entrer en contact avec l'Ambassade britannique au Chili. Ils sont dĂ©couverts par l'ArmĂ©e chilienne alors qu'ils se trouvaient dans la ville et sont remis aux autoritĂ©s britanniques[4].

Selon des sources argentines, dans la nuit du 17 au 18 mai[5], la progression de l'hélicoptère britannique est suivie par le radar du destroyer ARA Bouchard, qui envoie un message à son sister-ship, l'ARA Piedrabuena, en patrouille au nord, puis à la base aérienne de Río Grande[3] - [6]. Des membres du 24e régiment d'infanterie argentin déclarèrent en 2007 qu'ils avaient touché l'hélicoptère avec des armes légères à travers le brouillard au sud de Rio Gallegos[7]. La mission de reconnaissance du SAS sera finalement abandonnée[1] - [3].

Abandon de la mission

Le manque de renseignements humains sur la base signifiait que les Britanniques n'avaient pas une idée précise des moyens de défense dont disposait la base aérienne de Rio Grande, ni de garantie que les Super Étendards et les missiles Exocets ne se trouveraient sur place lorsque l'opération planifiée aurait lieu. Les Britanniques ne disposaient pas non plus d'information sur l'organisation et les plans de la base, ils ignoraient où les Exocet étaient entreposés et où se trouvait le mess des pilotes[1]

À ce moment des faits, l'opération Mikado — qui était déjà considérée par les membres les plus expérimentés du SAS comme une mission suicide — se révèle impossible à mener à bien, dû à l'absence de l'élément de surprise et après que les services de renseignement britanniques aient découvert que les Argentins disposaient d'une bien meilleure couverture radar qu'envisagée initialement[2]. En conséquence, le plan d'assaut aéroporté suscita un rejet considérable parmi les membres du SAS, conduisant un sergent à remettre sa démission peu de temps avant que son équipe ne s'envole pour l'île de l'Ascension. Le commandant de l'escadron de SAS qui, lui aussi, avait manifesté son hostilité au projet sera relevé de son commandement et remplacé par le commandant-en-second du régiment[2] - [3].

Pour finir, le gouvernement Thatcher reconnaĂ®t qu'il y avait une forte probabilitĂ© pour que l'opĂ©ration soit un Ă©chec[1]. Contrairement Ă  certaines rumeurs, aucun plan ne prĂ©voyait que les membres du SAS soient infiltrĂ©s en Argentine grâce au sous-marin de la Royal Navy HMS Onyx[2] - [3]. La Marine argentine affirme que le Bouchard avait pris pour cible un sous-marin et plusieurs canots gonflables lors d'une patrouille Ă  deux miles au large de Rio Grande, Ă  53° 43′ 38,04″ S, 67° 42′ 00″ O, dans la soirĂ©e du 16 mai 1982[3] - [5].

La région de Rio Grande était défendue par quatre bataillons d'infanterie de marine du Corps des Marines argentins, dont certains des officiers avaient été formés au Royaume-Uni par le SBS plusieurs années auparavant[3] - [8]

Développements ultérieurs

L'abandon de la mission n'eut aucune incidence sur l'issue de la guerre : si les Super-Étendard parvinrent à mettre au but trois sur cinq Exocet tirés sans subir de perte, leurs attaques se révélèrent insuffisantes pour empêcher le succès du débarquement tandis que les Skyhawk et les Mirage argentins, qui attaquèrent avec des bombes conventionnelles, subirent de lourdes pertes dues en grande partie aux missiles anti-aériens britanniques[9].

Après la guerre, des commandants de la Marine argentine reconnurent qu'ils s'attendaient à des débarquements par les commandos du SAS, mais qu'ils ne s'attendaient pas à ce que des avions Hercules atterrissent directement sur leur piste. Si cette attaque avait eu lieu, ils n'auraient pas hésité à poursuivre les forces britanniques y compris en territoire chilien[10]. L'échec de l'opération aurait été catastrophique pour les forces britanniques en termes de communication et aurait renforcé le moral des troupes argentines[1] - [3].

Notes et références

  1. (en) « The SAS vs the Exocet » (consulté en )
  2. (en) « SAS 'suicide mission' to wipe out Exocets », The Daily Telegraph,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Southby-Tailyour 2014, p. ??
  4. Richard Hutchings, Special Forces Pilot : A Flying Memoir of the Falklands War, (ISBN 978-1844158041)
  5. (es) Eugenio L. Facchin, José L. Speroni El Bouchard y el Fracaso de la Operación Británica Mikado
  6. (es) « Mikado : la operación que no fue », Clarín,‎ (lire en ligne)
  7. (es) « La compañía fantasma que le disparó al misterioso Sea King », Clarín,‎ (lire en ligne)
  8. (en) Martin Middlebrook, The Fight for the "Malvinas" : The Argentine Forces in the Falklands War, Viking, , 321 p. (ISBN 0-14-010767-3), p. 75
  9. Comité de documentation historique de la Marine, Service historique de la Marine, , p. 33
  10. (es) La Infantería de Marina de la Armada Argentina en el Conflicto del Atlántico Sur, (ISBN 987-43-3641-2)

Voir aussi

Articles connexes

Sources et bibliographie

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