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Olry Terquem (mathématicien)

Olry Terquem, né à Metz le et mort le dans le 14e arrondissement de Paris[1], est un mathématicien et polémiste français. Il est également le précurseur d'un judaïsme libéral et réformiste en France.

Ancienne Ă©cole polytechnique de Paris
Olry Terquem
Théorème de Terquem
Biographie
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Distinction

Biographie

Né dans un milieu juif traditionaliste de Metz, le jeune Olry suit des cours de l'école juive, le heder, puis se tourne vers les matières profanes[2].

Admis à l'École polytechnique de Paris en 1801, deux de ses fils devaient le suivre sur cette voie : Charles entre à l’École polytechnique en 1844 et Félix en 1859. Il est tout d'abord répétiteur à l'École polytechnique et est nommé professeur de mathématiques au lycée de Mayence en 1804, puis enseigne à l'école d'artillerie de Mayence à partir de 1811. Rentré en France après la chute du Premier Empire, il est nommé professeur de mathématiques au dépôt central de l'artillerie à Paris le . Il est également cité comme le bibliothécaire de cet établissement en 1821 et 1826. En 1852, il est professeur de sciences appliquées au dépôt central de l'artillerie et occupe encore cet emploi au moment de son décès.

Erudit et polyglotte, il s'intéresse dès 1816 aux travaux mathématiques des Hindous et traduit un traité d'algèbre indienne de l'anglais. Il joue un rôle central dans la presse mathématique de la première moitié du XIXe siècle en participant notamment activement dès 1825 au Journal de mathématiques pures et appliquées de Joseph Liouville (1809-1882). À partir de 1842, il n’écrit plus pour Liouville en tant qu’auteur mais continue à publier, dans ce dernier périodique, des traductions ou encourage des auteurs à y faire paraître des mémoires.

Il crée en 1842, avec Camille-Christophe Gerono, les Nouvelles annales de mathématiques, Journal des candidats aux écoles Polytechnique et Normale, revue qui paraîtra jusqu'en 1927.

Les travaux de Terquem ont porté essentiellement sur la géométrie plane. Du point de vue mathématique, il est connu pour avoir ajouté trois points aux six points du cercle d'Euler, qui est ainsi parfois appelé « cercle de Terquem » ou « cercle des neuf points ».

Terquem est aussi l'auteur du théorème de Terquem en géométrie du triangle.

Il bénéficie d'une reconnaissance honorifique et institutionnelle forte. Officier de l'Université, il est décoré de la Légion d'honneur en 1828 puis promu officier du même ordre en 1852.

Judaïsme réformé

Parallèlement à ses activités scientifiques, il mène un combat de polémique littéraire en faveur du Judaïsme réformé ou libéral (notamment sous le pseudonyme de « Tsarphati ») à destination de ses coreligionnaires orthodoxes et milite pour une refonte du judaïsme. Par son érudition, il a été un passeur de sciences entre l’Allemagne et la France, en lisant et en traduisant inlassablement des textes de Berlin. Pour beaucoup de réformateurs, l'étude du Talmud est désormais incompatible avec l'intégration et devient ainsi caduque, comme l'évoque déjà en 1821 Olry Terquem :

« rien n'a échappé à l'influence dominante, excepté le culte, qui se traîne toujours dans son allure ancienne, avec son accoutrement asiatique, à travers la civilisation européenne... » (Première Lettre d'un israélite français à ses coreligionnaires, Paris, 1821, p. 10).

Vague de conversions

Olry Terquem prône cette réforme pour lui indispensable du judaïsme, afin de faire face aux multiples conversions de Juifs au christianisme (par exemple la conversion des frères Libermann de Saverne). Il est néanmoins favorable au mariage exogamique ; il épouse lui-même une catholique et ses enfants sont baptisés. Il est pour l'assimilation complète mais pas la conversion. La femme de son frère Lazare se convertit également ainsi que sa fille[2].

Le chimiste et géologue Olry Terquem (1797–1897), neveu du mathématicien.

Il prend nettement position dans l’affaire de son frère[3], le docteur Lazare Terquem converti de force sur son lit de mort en par l’abbé Théodore Ratisbonne, en présence de sa femme et de sa belle-famille (les époux Daniel) qui abjurent en 1847. Cette affaire interpelle les membres du Consistoire et l'avocat Adolphe Crémieux[4] qui protestent contre cette prétendue conversion au catholicisme auprès des autorités, sans obtenir gain de cause. Olry Terquem estime que le docteur Lazare Terquem « était non seulement israélite, mais encore anti-catholique au suprême degré », et condamne avec énergie le comportement du père Théodore Ratisbonne qui, « travaillé d’une maladie qu’on peut appeler la baptisalgie, serait prêt à arroser d’eau lustrale tout un cimetière d’Israélites »[5].

Les Lettres tsarphatiques d’Olry Terquem où il attaque vivement les rabbins et le Consistoire central, le placent au rang de réformateur d'un judaïsme éclairé et précurseur. Il préconise notamment le déplacement du shabath au dimanche qui deviendrait un jour national de repos pour toutes les religions[2].

Il est l'oncle du chimiste et géologue Olry Terquem.

Publications d'Olry Terquem

Écrits mathématiques :

  • « Conditions pour que l’équation x4 + p x = q ait trois racines Ă©gales. » (Extrait de l’examen de 1842 du concours d’entrĂ©e Ă  l’École polytechnique), Nouvelles Annales de MathĂ©matiques, tome 1, 1842, p. 350.
  • Manuel d'algèbre, ou exposition Ă©lĂ©mentaire des principes de cette science, Ă  l'usage des personnes privĂ©es des secours d'un maĂ®tre, Roret, 1827 (rĂ©Ă©d.1834 et 1836).
  • Manuel de mĂ©canique, ou Exposition Ă©lĂ©mentaire des lois de l'Ă©quilibre et du mouvement des corps solides, Ă  l'usage des personnes privĂ©es des secours d'un maĂ®tre, Roret, 1828 (rĂ©Ă©d.1836 et 1838).
  • Manuel de gĂ©omĂ©trie, ou Exposition Ă©lĂ©mentaire des principes de cette science, Ă  l'usage des personnes privĂ©es des secours d'un maĂ®tre, Roret, 1829 (rĂ©Ă©d.1835).
  • Nouveau manuel de gĂ©omĂ©trie, ou exposition Ă©lĂ©mentaire des principes de cette science, 1829 (rĂ©Ă©d.1838).
  • Exercices de mathĂ©matiques Ă©lĂ©mentaires, Ă  l'usage des collèges et des aspirants aux Ă©coles militaire, polytechnique, Bachelier, 1842.
  • Nouveau manuel complet de mĂ©canique, ou exposition Ă©lĂ©mentaire des lois de l'Ă©quilibre et du mouvement, Roret, 1851.
  • Nouveau manuel complet d'algèbre, nouvelle Ă©dition, Roret, 1852.

Écrits balistiques :

  • Nouvelles expĂ©riences d'artillerie de Charles Hutton, traduction d'Olry Terquem, 1826.
  • « Sur quelques expĂ©riences chimiques faites en Allemagne sur la poudre Ă  canon », MĂ©morial de l'Artillerie, tome II, 1828.
  • ExpĂ©riences sur les shrapnels faites chez la plupart des puissances de l'Europe, accompagnĂ©es d'observations sur l'emploi de ce projectile, par Decker, ouvrage traduit de l'allemand et notablement augmentĂ© par Terquem avec la collaboration du colonel FavĂ©, in-8, Paris, J. CorrĂ©ard, 1847.

Écrits sur l'histoire des sciences :

  • « TraitĂ©s d'algèbre indienne », traduction parue dans la Correspondance de l'École Polytechnique, tome III, .
  • « Notice sur un manuscrit hĂ©breu d'arithmĂ©tique d'Ibn-Esra conservĂ© Ă  la Bibliothèque Nationale », Notes et MĂ©moires (au nombre de onze) des 5 premiers volumes du Journal de MathĂ©matiques, 1836-1841.
  • Sur l'Avenir qu'on prĂ©pare Ă  l'enseignement Ă  l'École polytechnique, et en France en gĂ©nĂ©ral, Paris, Impr. de Panckoucke, .

Écrits sur l'astronomie :

  • « Nouvelle mĂ©thode pour calculer les perturbations des planètes » de Johann Franz Encke, traduit et annotĂ© par MM. Terquem et Lafon, MĂ©moires de l'AcadĂ©mie Stanislas, 1858.
  • Commentaire perpĂ©tuel sur le TraitĂ© de MĂ©canique CĂ©leste de Laplace oĂą tous les calculs sont effectuĂ©s et oĂą l'on s'est proposĂ© d'expliquer tous les passages difficiles et d'Ă©claircir les thĂ©ories gĂ©nĂ©rales par des explications particulières ou numĂ©riques, manuscrits de 16 cahiers in-4 offerts par la famille Terquem Ă  l'AcadĂ©mie des Sciences.

Traduction :

  • MĂ©moire sur les grandes routes, les chemins de fer et les canaux de navigation, traduit de l'allemand de M. F. de Gerstner, Bachelier, 1827.

Écrits sur le Judaïsme :

  • Projet de règlement concernant la circoncision, suivi d'Observations sur une lettre pastorale du grand rabbin de Metz et sur un Ă©crit de M. Lazare (aĂ®nĂ©), par M. Tsarphati, Paris, impr. de A. BĂ©raud, 1821.
  • Première lettre d'un IsraĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires : sur l'urgente nĂ©cessitĂ© de cĂ©lĂ©brer l'office en français le jour de dimanche, Ă  l'usage des IsraĂ©lites qui ne peuvent assister Ă  l'office asiatique de la veille, comme unique moyen de rendre dĂ©sormais l'Ă©ducation religieuse possible in France, Bachelier, 1821.
  • Deuxième lettre d'un israĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires, BĂ©raud, 1821.
  • Troisième lettre d'un israĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires, BĂ©raud, 1822.
  • Quatrième lettre d'un israĂ«lite français Ă  ses corĂ©ligionnaires, sur les changements importants qu'a subi l'Almanach israĂ©lite de 5584, approuvĂ©s par M. le grand rabbin, prĂ©sident du consistoire central, BĂ©raud, 1823.
  • Cinquième lettre d'un israĂ«lite français Ă  ses corĂ©ligionnaires, sur l'article 21, concernant les fonctions rabbiniques, du règlement de 1806, BĂ©raud, 1824.
  • Sixième lettre d'un israĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires, sur l'Ă©tablissement d'une Ă©cole de thĂ©ologie Ă  Paris et sur la suppression des Ă©coles talmudiques en province, BĂ©raud, 1824.
  • Septième lettre d'un israĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires, sur un ouvrage intitulĂ© : "Calcul des mois pour l'annĂ©e de joie et de bĂ©nĂ©diction selon le petit comput ou almanach, Ă  l'usage des israĂ©lites, pour l'annĂ©e du monde 5586", BĂ©raud, 1825.
  • Huitième lettre d'un israĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires, sur la religion des riches au XIXe siècle, en forme de dialogue entre un riche et un autre israĂ©lite, Uturbie et Worms, 1836.
  • Neuvième lettre d'un israĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires, sur la tolĂ©rance de l'Église et sur la tolĂ©rance de la Synagogue, comparĂ©es ; et sur le système de M. Munck, Uturbie et Worms, 1837.
  • Lettres tsarphatiques (Lettres d’un IsraĂ©lite français Ă  ses coreligionnaires) d'Orly Terquem, publiĂ©es entre 1821 et 1825. Bachelier Ă©diteur (1827), puis Biblioth. Univ. de Francfort-sur-le Main (2012).
  • SociĂ©tĂ© israĂ©lite des Amis du travail. Statuts et rapport, par O. Terquem, Paris, Dondey-DuprĂ© père et fils, 1828.
  • Notice sur le calendrier talmudique, encore en usage chez les IsraĂ©lites pour la fixation des solennitĂ©s religieuses, par un IsraĂ©lite français, Paris, impr. de Marchand du Breuil, 1832.
  • « Concussions, avanies, dettes. Les ducs de Brancas et les juifs de Metz », Archives israĂ©lites de France, numĂ©ro d'.
  • « Lettre Ă  M. l'abbĂ© Ratisbonne, chanoine honoraire », Archives israĂ©lites de France, numĂ©ro de .
  • Lettre adressĂ©e Ă  M. le prĂ©sident et Ă  MM. les membres du Consistoire du dĂ©partement de la Seine, par O. Terquem, au sujet du baptĂŞme confĂ©rĂ© Ă  son frère, le Dr L. Terquem, "in articulo mortis", Metz, impr. de J. Mayer-Samuel, 1845.
  • « ConsidĂ©rations judiciaires israĂ©lites, premier article », L'Univers israĂ©lite, .
  • « ConsidĂ©rations judiciaires israĂ©lites, second article », L'Univers israĂ©lite, .

Exégèse biblique :

  • Olry Terquem a Ă©tĂ© un des annotateurs de La Bible, traduction nouvelle avec l'hĂ©breu en regard de Samuel Cahen.

Bibliographie

  • Philippe-EfraĂŻm Landau, « Olry Terquem (1782-1862): rĂ©gĂ©nĂ©rer les Juifs et rĂ©former le judaĂŻsme », Revue des Ă©tudes juives, 2001, vol. 160 (no 1-2, 2001), p. 169-187.
  • Aimee Louise Kahan, Creating the Français IsraĂ©lite : Olry Terquem's program for Jewish reform in nineteenth-century, Harvard University, 1995.
  • MoĂŻse IsraĂ«l Biding, « La vengeance d'Israel ! Guerre ouverte et Ă  outrance, pour venger les mânes de Rabbi Israel-Cohèn-HhĂŞzir, contre Tsarphati le diffamateur, qui l'a outragĂ© », Courrier de la Moselle, numĂ©ro du .
  • NathanaĂ«l Gerhard af Schulten, « Remarque sur les dĂ©monstrations de deux thĂ©orèmes insĂ©rĂ©s dans le Journal de mathĂ©matiques de M. Liouville », SociĂ©tĂ© des sciences de Finlande tome III, p. 477, 478. Lu Ă  la SociĂ©tĂ©, le 6 fĂ©vr. 1843.
  • Eugène Prouhet, « Notice sur la vie et les travaux d’Olry Terquem », Bulletin de Bibliographie, d’Histoire et de Biographie MathĂ©matique, t.VIII, , 81-90.
  • Michel Chasles, « Rapport sur les travaux mathĂ©matiques de M. O.Terquem », Annales de MathĂ©matiques, 2e sĂ©rie, t.II, , 241-251.

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Archives de Paris, État-civil numérisé du 14e arrondissement, registre des décès de l'année 1862, acte N°1212, vue 12/31 de la numérisation. Le savant meurt à son domicile situé 118 rue d'Enfer.
  2. Pierre Birnbaum, L'Aigle et la Synagogue : Napoléon, les Juifs et l'État, Fayard, , 300 p. (ISBN 978-2-213-63942-0, lire en ligne)
  3. Dossier de l'affaire Lazare Terquem déposé aux Archives Nationales (désormais AN) : F7/11031, les archives du Consistoire central (désormais CC) : registre 1B.4, procès verbaux, 1832-1848, séance du 2 mars 1845, et celles du consistoire israélite de Paris (désormais ACIP) : registre AA.3, procès verbaux, 1839-1847, séance du 11 février 1845.
  4. Mrejen-O’Hana Simone, « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, Avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l'Alliance israélite universelle. (Nîmes, 30 avril 1796 – Paris, 10 février 1880) », Archives Juives, 2003/2 (Vol. 36), p. 139-146. Lire en ligne
  5. Philippe-Efraïm Landau, « Se convertir à Paris au XIXe siècle », Archives Juives, vol. 35, no 1,‎ , p. 27 (ISSN 0003-9837 et 1965-0531, DOI 10.3917/aj.351.0027, lire en ligne, consulté le )
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