Occupation de l'église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises
L'occupation de l'église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises désigne l'occupation durant une dizaine de jours de l'église Saint-Nizier de Lyon en juin 1975 par des prostituées lyonnaises protestant ainsi contre le harcèlement policier et social[1] - [2].
Histoire
Le 2 juin 1975, une centaine de prostituées lyonnaises entrent dans l'église de Saint-Nizier et l'occupent pour protester contre le harcèlement policier.
Elles réclament l'arrêt des procès-verbaux policiers et de la pénalisation de leur activité, dont le retrait des peines de prisons pour récidive de délit de racolage, que certaines d'entre elles subissent, et qui peut conduire au retrait de la garde de leurs enfants. Elles dénoncent les procès-verbaux à répétitions qu'elles subissent et réclament le droit à la Sécurité sociale en contrepartie des impôts qu'elles payent et des sommes importantes que leurs amendes rapportent à l'État.
Leur action est soutenue et organisée par l'association Mouvement du Nid et par des groupes féministes lyonnais, mobilisées autour de revendications abolitionnistes et la volonté d'obtenir une totale décriminalisation de l'activité des prostituées.
L'action a un retentissement médiatique relativement important au niveau locale et national, des leaders comme Ulla servant de porte parole médiatique aux prostitués. L'action inspire des mouvements dans d'autres villes de France et jusque dans d'autres pays, comme à Londres où leur initiative inspire le English Collective of Prostitutes (en).
Cependant aucun membre du gouvernement n'accepte d'ouvrir des négociations et, après une semaine d'occupation, elles sont expulsées le 10 juin par la police[3] - [4].
Postérité
À la suite de cette mobilisation, le 2 juin est devenue La journée internationale des luttes des travailleuses du sexe.
Un journaliste de Libération, Claude Jaget, a suivi cette occupation. En plus de ses articles il publiera un livre : Une vie de putain !. Ce livre rassemble six témoignages, recueillis parmi les prostituées ayant participé à l'occupation de l'église Saint-Nizier[5].
En 2016, une pièce de théâtre, Loveless, créée par Anne Buffet et Yann Dacosta, adaptation du livre, Une vie de putain, écrit par Claude Jaget[6], est créée au Centre dramatique national de Normandie-Rouen[5] elle est représentée en 2018 à Lyon au théâtre des Célestins[7].
Notes et références
- Sandra Laffont (journaliste AFP), « Prostitution : 40 ans après l’occupation de l’église Saint-Nizier, rien n’a changé », Le Point, (lire en ligne ).
- Michelle Zancarini, « Il y a 20 ans, le conflit des prostituées de Saint-Nizier » , sur fresques.ina.fr, INA, .
- Carole Roussopoulos (réalisatrice), « Prostituées de Lyon parlent (Les) », sur Images de la culture, CNC (consulté le )
- Lilian Mathieu, « Une mobilisation improbable : L'occupation de l'église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises », Revue française de sociologie, vol. 40, no 3, , p. 475–499 (JSTOR 3322825, lire en ligne , consulté le )
- Michel Perdrial, « Loveless, d’après Une vie de putain, au Théâtre des Deux Rives » , sur www.limprimante.com (consulté le )
- Antonio Mafra, « Putains de vie ! », Le Progrès, (lire en ligne , consulté le )
- Stéphane Caruana (journaliste à Hétéroclite), « Le spectacle « Loveless » revient sur la révolte des prostituées lyonnaises en 1975 », Rue89 Lyon, (lire en ligne ).
Annexes
Bibliographie
- Claude Jaget, Une vie de putain !, Éditions Les presses d'aujourd'hui, coll. « La France sauvage », , 224 p. (présentation en ligne)
- Mathieu Lilian, « Une mobilisation improbable : L'occupation de l'église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaise », Revue française de sociologie, vol. 40, no 3, , p. 475-499 (lire en ligne , consulté le )
Documentaire
- « Les prostituées de Lyon parlent » (documentaire de Carole Roussopoulos, 46 min, production Video Out, 1975), sur Images de la culture, CNC (consulté le ) (EAN 3700301014634)
Articles connexes
Liens externes
- La révolte des prostituées de Saint-Nizier, documentaire radio d'Eurydice Aroney et Julie Beressi pour France Culture