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Obus Ă  charge creuse

Un Obus à Charge Creuse (OCC) est un type de munition antichar utilisant le principe de la charge creuse pour perforer le blindage d'un véhicule blindé.

Coupe d'un obus Ă  charge creuse amĂ©ricain M67 de 105 mm tirĂ© par l'obusier M2A1.
Impact d'une roquette antichar tirée depuis un lanceur RPG-7. Après le contact de la fusée avec l'obstacle, le combustible/explosif à l'intérieur de l'ogive est activé, repliant le cône de cuivre vers l'intérieur, créant ainsi un flux cumulatif qui pénètre la cible et envoie des milliers de petites aiguilles métalliques chaudes et de shrapnells, blessant ou tuant l'équipage et/ou endommageant et détruisant le véhicule et les équipements à l'intérieur.

Histoire

Seconde Guerre mondiale

Évolution des obus à charge creuse allemands de 75 mm Gr. 38HL de 1940 à 1944.

Le Gr. 38HL de 75 mm fut le tout premier obus Ă  charge creuse Ă  entrer en dotation dans une armĂ©e[1], il Ă©quipa les chars Panzer IV de la Wehrmacht Ă  partir de juin 1940. Sa capacitĂ© de perforation Ă©tait mĂ©diocre ; 45 mm d'acier Ă  blindage soit Ă  peine deux tiers du calibre de la munition. L'obus connut diverses amĂ©liorations (cavitĂ© plus profonde, nouvelle coiffe, ...) durant la Seconde Guerre mondiale et sa dernière version, la Gr.38 Hl/C, produite en dĂ©but de l'annĂ©e 1944, Ă©tait capable de percer 100 mm d'acier soit 1,25 fois son calibre et ce Ă  toutes distances. Ce modèle d'obus fut Ă©galement produit en d'autres calibres comme en 88 mm (Hl.Gr 39) et en 105 mm (Gr.39 rot Hl).
Les Soviétiques et les Américains conçurent également des obus à charge creuse avec des performances similaires pour leurs canons d'artillerie armant leurs canons automoteurs M4A3 (105), SU-122, SU-152. L'utilisation d'une ceinture dérapante était nécessaire afin de limiter la transmission de l'effet de rotation des rayures du canon à l'obus.

En 1944, la firme allemande Rheinmetall conçut un canon antichar lĂ©ger PAW 600 de 80 mm tirant un obus Ă  charge creuse empennĂ©[2] 8 cm W Gr Patr H1 4462 dont l'apparence rappelait un obus de mortier, cet obus Ă©tait capable de perforer 140 mm d'acier (1,75 fois son calibre) soit autant qu'un obus perforant en carbure de tungstène tirĂ© par le canon PaK 40 beaucoup plus lourd et plus coĂ»teux.

Guerre Froide

Un obus à charge creuse empenné de 125 mm 3BK14 de conception russe, entré en service en 1968, il possède un empennage déployant et une ogive en forme de bougeoir.

Le principe d'un obus Ă  charge creuse empennĂ© tirĂ© par un canon lĂ©ger Ă  faible effort de recul sera repris Ă  partir des annĂ©es 1950 par la firme belge MECAR pour son canon antichar Energa de 90 mm et en France par la DEFA pour son canon D 921A[3] (CN 90 F1) du mĂŞme calibre dont les obus empennĂ©s, et donc non soumis Ă  la force de rotation, Ă©taient capable de perforer respectivement 350 mm[1] et 320 mm d'acier Ă  blindage soit plus de trois fois et demi leur calibre.

En France, à la fin des années 1940, le professeur Hubert Schardin (en) et son équipe de chercheurs allemands travaillant au Laboratoire de Recherche de Saint-Louis (LRSL) arrivent à la conclusion que la force centrifuge imprimée à l'obus à charge creuse perturbe la formation du jet de cuivre en le désagrégeant en plus de le disperser. La perte de pouvoir perforant est sensible à partir de vitesses de rotation de 20 à 25 tours par seconde alors que les vitesses de rotation nécessaires à la stabilisation d'un obus sont de l’ordre de plusieurs centaines de tours par seconde.
Ils en arrivent Ă  la conclusion qu’une charge creuse montĂ©e dans un projectile gyrostabilisĂ© ne pourra ĂŞtre efficace que si elle est indĂ©pendante des rotations du corps extĂ©rieur de l’obus. L’étude d’un concept de projectile remplissant cette condition est entreprise au laboratoire de Saint-Louis par un ingĂ©nieur allemand nommĂ© Gessner[3] d’oĂą le nom d’obus « G » attribuĂ© Ă  ce type d'obus Ă  charge creuse. L'Ă©tude de faisabilitĂ© d'un tel type de projectile sera acquise en 1953 et la DEFA poursuivra elle-mĂŞme, toujours en collaboration avec le LRSL, le dĂ©veloppement de l'obus « G » avec l'aide de l'École centrale de pyrotechnie (ECP) de Bourges, dans le but de concevoir un obus Ă  charge creuse non tournante d'un calibre de 105 mm. L’obus « G » est un obus Ă  charge creuse libre dit "non tournante", la charge creuse est montĂ©e sur roulements Ă  billes Ă  l’intĂ©rieur de l'enveloppe formant l'extĂ©rieur de l'obus qui assure sa stabilisation gyroscopique. L’obus « G » sera tirĂ© pour la première fois en mars 1955 par le canon de 105 mm CN 105/57 armant la tourelle oscillante FL 12 destinĂ©e au char lĂ©ger AMX-13.
L’obus « G » est adoptĂ© en 1961 sous l'appellation OCC 105 F1 (Obus Ă  Charge Creuse de 105 mm modèle F1), le projectile sera adaptĂ© aux cartouches de 105Ă—372mm R (obusier), 105Ă—528mm R (AMX-13) et 105Ă—617mm R (AMX-30).

Les AmĂ©ricains, de leur cĂ´tĂ©, vont reprendre le concept de l'obus Ă  charge creuse empennĂ© (appelĂ© HEAT-FS) en concevant l'obus M348 HEAT pour les canons M36 et M41 de 90 mm armant leurs chars moyens M47 et M48 Patton. Non satisfait le la vitesse initiale et de la capacitĂ© de perforation du M348, les AmĂ©ricains vont alors concevoir, Ă  la fin des annĂ©es 1950, un nouvel obus Ă  charge creuse empennĂ© de 90 mm appelĂ© M431 HEAT-T[4], ce dernier avait la particularitĂ© d'avoir une ogive en forme de bougeoir Ă  la place d'une ogive traditionnelle de forme conique. L'extrĂ©mitĂ© allongĂ©e de l'ogive en forme de pointe avait pour but d'amĂ©liorer la stabilitĂ© du projectile en vol en rĂ©duisant la trainĂ©e aĂ©rodynamique et d'optimiser la formation du jet de la charge creuse en faisant dĂ©toner l'obus Ă  une distance plus propice.

L'ogive en forme de bougeoir a reprĂ©sentĂ© une avancĂ©e notable dans le domaine des obus Ă  charge creuse et fut repris par la suite dans de nombreux pays comme l'Union SoviĂ©tique au cours des annĂ©es 1960 (obus 3BK9 de 122 mm, 3BK12 de 125 mm, 3BK15 de 115 mm, 3BK16 et 3BK17 de 100 mm), la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d'Allemagne (obus DM12 de 120 mm) et la France (obus OCC 120 G1 et OECC 120 F1 de 120 mm) durant la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970.

Notes et références

  1. (en) Richard M. Ogorkiewicz, Technology of Tanks, Volume 1, Londres, Jane's Information Group, , 424 p. (ISBN 9780710605955), p. 84
  2. à stabilisation aérodynamique par empennages pour lesquels la rotation à faible vitesse angulaire (moins de 30 tours/seconde) a pour but de réduire l’influence sur la dispersion des défauts résiduels de symétrie axiale des projectiles sans affecter sensiblement la perforation
  3. Michel Marest et Michel Tauzin, COMHART L'armement de gros calibre, Centre des hautes études de l’armement Division Histoire, , 241 p. (lire en ligne), p. 136
  4. (en) R. P. Hunnicutt, Patton: A History of the American Main Battle Tank, Presidio Press, , 464 p. (ISBN 978-0891412304), p. 154
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