Nukutepipi
Nukutepipi[2] ou Nuku-te-pipi est un atoll situé dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française dans le sous-groupe des Îles du Duc de Gloucester[3].
Nukutepipi | |||||
Photo satellite de la NASA | |||||
GĂ©ographie | |||||
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Pays | France | ||||
Archipel | Tuamotu | ||||
Localisation | Océan Pacifique | ||||
Coordonnées | 20° 42′ S, 143° 30′ O | ||||
Superficie | 2,3 km2 | ||||
Nombre d'îles | 1 | ||||
GĂ©ologie | Atoll | ||||
Administration | |||||
Collectivité d'outre-mer | Polynésie française | ||||
District | Tuamotu | ||||
Commune | Hao | ||||
DĂ©mographie | |||||
Population | 12 hab. (2017[1]) | ||||
Densité | 5,22 hab./km2 | ||||
Autres informations | |||||
DĂ©couverte | 1767 | ||||
Fuseau horaire | UTC-10 | ||||
Géolocalisation sur la carte : îles Tuamotu
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
Géolocalisation sur la carte : Océanie
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
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ĂŽle en France | |||||
GĂ©ographie
Nukutepipi est situé à 22 kilomètres à l'Est d'Anuanurunga, l'atoll le plus proche et à 700 kilomètres à l'Est de Tahiti ; il fait partie d'un groupe de trois îles relativement isolées en Polynésie. Nukutepipi est un petit atoll de forme ovale faisant 2,7 km de longueur maximale pour une surface de 2,3 km2 de terres émergées[4]. Il est composé de principalement deux motus distincts reliés par une barrière de corail ceinturant l'ensemble de l'atoll. Son lagon est d'une superficie de 1,3 km2 et ne possède pas de réelle passe d'accès à l'océan, bien que toutefois leurs eaux communiquent.
D'un point de vue géologique, l'atoll est l'excroissance corallienne du sommet du mont volcanique sous-marin homonyme formé il y a environ 40 millions d'années[5].
L'atoll, devenu privé, est habité de manière permanente depuis 2017 par environ douze personnes[1] mais ce nombre est hautement variable. Il est administrativement rattaché à la commune de Hao, située à 350 kilomètres au nord-est.
Histoire
Découverte par les Européens
La première notification avérée de cet atoll a été faite par le navigateur britannique Philip Carteret le [6] qui le qualifie de « the southernmost island »[7]. L'atoll est abordé par le navigateur britannique George Vancouver le qui lui donne le nom « Île Carteret » en hommage à son compatriote qui en y fit la première mention. Le , John Turnbull la renomme « Île Margaret » d'après le nom de son navire. L'atoll a été visité par l'expédition Wilkes le [8]. C'est Charles Wilkes qui reporte le premier le nom local de Nukutipipi donné par les indigènes qui y vivent de façon non permanente.
Vers 1850, l'atoll devient un territoire français habité de manière temporaire par les populations polynésiennes[9].
PĂ©riode contemporaine
En 1920, l'atoll est alloué à une société à des fins de plantation d'une cocoteraie recouvrant jusqu'à 80 % de la surface émergée[4]. En 1980-1981, Jean-Alain Madec, qui sera le propriétaire de l'atoll de 1980 à 1991, construit un petit aérodrome sur l'île afin de faciliter son accès et d'acheminer le matériel nécessaire à son projet de développement d'une petite communauté. Il réalise, outre la piste longue de 1 000 m, les premiers bungalows et aménage entièrement l'atoll durant dix ans traçant les routes et installant les diverses commodités[10]. En 1983, l'atoll est ravagé par deux cyclones successifs, Oroma (en février) et Ve'ena (en avril), qui détruisent l'essentiel de la plantation de cocotiers.
Un atoll devenu une propriété privée
Le , le Conseil des ministres de la Polynésie française vote un budget de 900 millions de francs pacifiques (7,5 millions d'euros) d'investissement dans un projet touristique à Nukutepipi visant à créer un centre de villégiature sur 60 ha pouvant accueillir de 25 à 40 personnes[11]. La totalité de l'atoll a été auparavant acquise par Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du Soleil[12], pour 600 millions de XPF auprès d'une compagnie japonaise, propriétaire du sol depuis 1991[13]. Il y développe un projet immobilier privé d'envergure à des fins de résidence personnelle autonome et autosuffisante[14] qui soulève des questions environnementales[15] et des critiques au Québec[16] - [17]. En 2019, après plusieurs années de travaux et 20 millions de dollars canadiens d'investissement, le complexe hôtelier de grand luxe comporte deux villas et treize bungalows pouvant accueillir plus de cinquante personnes[18] - [19].
Le , Guy Laliberté est placé en garde à vue à la gendarmerie de Papeete à Tahiti – pour trafic de stupéfiants – lors d'une convocation faisant suite à la découverte sur l'atoll de Nukutepipi d'un container fermé destiné à la culture du cannabis, à usage personnel et médical selon le propriétaire canadien[20] - [21] - [22].
Économie
Une petite activité de perliculture est autorisée sur 4 ha du lagon pour l'élevage et le greffage avec seulement trois lignes de collectage de naissain[23].
L'aérodrome de Nukutepipi possède une piste dont la longueur a été portée à 1 600 mètres à la suite de l'acquisition controversée de l'atoll par Guy Laliberté. La construction d'un débarcadère permet également désormais l'accès direct par bateau à l'atoll. Toutefois ces deux infrastructures, totalement de nature privées, sont sans impact sur l'activité économique de l'île.
Faune et flore
Depuis l'exploitation de la cocoteraie à partir de 1920, seule une infime partie de la « forêt primitive » a été préservée, essentiellement dans la partie orientale de l'atoll[4]. D'après l'étude menée par Thibault et al. en 1993, elle est constituée principalement de :
Après les cyclones de 1983, 13 000 cocotiers ont été replantés et des filaos (Casuarina equisetifolia) ont été introduits sur l'île.
Du point de vue de la faune la même étude a mis en évidence la présence du Rat polynésien (Rattus exulans) mais aussi des espèces d'oiseaux suivantes :
- Pétrel d'une espèce indéterminée, grise et dont le chant s'apparente à une Pétrel de Murphy (Pterodroma ultima).
- Paille-en-queue Ă brins rouges (Phaeton rubricauda)
- Fou Ă pieds rouges (Sula sula)
- Frégate du Pacifique (Fregata minor)
- Frégate ariel (Fregata ariel)
- Aigrette sacrée (Egretta sacra)
- Courlis d'Alaska (Numenius tahitiensis)
- Chevalier errant (Heteroscelus incanus)
- Sterne d'une espèce indéterminée
- Sterne blanche (Gygis alba)
- Noddi Ă bec grĂŞle (Anous stolidus)
- Noddi noir (Anous tenuirostris)
- Coucou de Nouvelle-ZĂ©lande (Urodynamis taitensis)
- Fauvette Ă long bec (Acrocephalus caffer)
La faune de Nukutepipi est similaire à celle des atolls voisins constituant les îles du Duc de Gloucester, mais reste moins diversifiée que celles des îles Tuamotu en général sans qu'une raison particulière puisse être avancée en l'état actuel des connaissances[4].
Notes et références
- Répartition de la population de la Polynésie française par île en 2017, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
- Également orthographié Nukutipipi.
- Names of the Paumotu Islands, with the Old Names So Far As They Are Known par J.L. Young dans The Journal of the Polynesian Society, vol. 8, no 4, décembre 1899, pp. 264-8.
- Les oiseaux de Nukutipipi (archipel des Tuamotu, Polynésie) par Jean-Claude Thibault, Bernard Salvat et Francine Salvat, Journal de la Société des océanistes (1993), no 97, pp. 183-186.
- (en) Nukutepipi Seamount sur le catalogue Seamount de earthref.org
- Tahiti et ses archipels par Pierre-Yves Toullelan, Ă©ditions Karthala, 1991, (ISBN 2-86537-291-X), p. 61.
- Signifiant « l'île la plus au Sud »
- Les Atolls des Tuamotu par Jacques Bonvallot, Ă©ditions de l'IRD, 1994, (ISBN 9782709911757), pp. 275-282.
- Notices sur les colonies françaises, Étienne Avalle, éditions Challamel aîné, Paris, 1866, p. 638. Ouvrage disponible sur le site Google Livres
- Nukutipipi, sur le site de Jean-Alain Madec.
- « Conseil des ministres: la fête de l'autonomie confirmée au 29 juin »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) dans Tahiti Presse du 14 février 2007
- « Nukutepipi et ses requins »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) sur La Dépêche de Tahiti le 22 mai 2010.
- « Nukutepipi, refuge sécuritaire de Laliberté », Les Nouvelles de Tahiti,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Guy Laliberté envisage de se «mettre à l’abri» en Polynésie par Mireille Loubet sur tahiti-infos.com du 8 mai 2014.
- Notamment concernant l'intégrité du platier corallien localement détruit pour permettre les travaux, l'allongement de la piste d'atterrissage et l'aménagement d'une darse privée.
- Jean-François Nadeau, « Le Cirque », Le Devoir, 12 mai 2014.
- Élizabeth Ménard, « Le nouveau cirque de Guy Laliberté : L’atoll de Nukutepipi », Le Journal de Montréal, 25 avril 2015.
- Sylvain Laroque, « L’île de Guy Laliberté à louer pour 1,5 million$ par semaine », Le Journal de Montréal, 27 octobre 2018.
- Marie-Christine Morosi, « Évasion : Nukutepipi, louée soit l'île », Le Point, 22 décembre 2018.
- « Polynésie : le fondateur du Cirque du Soleil en garde à vue pour culture de cannabis », Polynésie 1re, 13 novembre 2019.
- « Le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, en garde à vue pour culture de cannabis », Le Parisien, 13 novembre 2019.
- « Guy Laliberté arrêté en Polynésie française pour une affaire de stupéfiants », Le Devoir, 13 novembre 2019.
- Atlas de Polynésie : Nukutepipi, Direction des ressources marines du Gouvernement de la Polynésie française, consulté le 1er avril 2019.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :