Nuh
Nuh (arabe : ÙÙŰ, français : NoĂ©) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă la 71e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 28 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ćuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.
71e sourate du Coran Noé | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | ÙÙŰ, Nuh |
Titre français | Noé |
Ordre traditionnel | 71e sourate |
Ordre chronologique | 71e sourate |
PĂ©riode de proclamation | PĂ©riode mecquoise |
Nombre de versets (ayat) | 28 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Noé[2], en référence au sujet principal de cette derniÚre : le prophÚte Noé.
Historique
Il n'existe Ă ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous lâautoritĂ© dâal-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 71e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 51e.
Les sourates de la fin du Coran sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractĂ©risent par des particularitĂ©s propres. Elles sont brĂšves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, quâelles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[9]...
Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalitĂ© des sourates 69 Ă 114 sont de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposĂ©s ĂȘtre chronologiques. Bien que reconnaissant leur anciennetĂ©, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela prĂ©suppose un contexte et une version de la genĂšse du corpus coranique qui nâest pas tranchĂ©e. Cette approche est spĂ©culative[9].
En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription stĂ©nographique de proclamation mais sont des textes Ă©crits, souvent opaques, possĂ©dant des strates de composition et des rĂ©Ă©critures Cela nâempĂȘche pas ces sourates de fournir des Ă©lĂ©ments contextuels (comme lâattente dâune Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marquĂ©s par une forme de piĂ©tĂ© tributaire du christianisme oriental[9].
Le changement de rime entre les v.4 et 5 atteste du travail Ă©ditorial bien prĂ©sent dans cette sourate. Cela interroge quant Ă la comprĂ©hension de cette sourate car les versets suivants, pris indĂ©pendamment, nâappartiennent pas Ă un contexte noachique clair. Ils semblent plutĂŽt concerner Mahomet. Cette section aurait Ă©tĂ© rajoutĂ©e et rĂ©interprĂ©tĂ©e comme Ă©voquĂ©e NoĂ© a posteriori[10].
Si la figure de NoĂ© prĂȘchant nâest pas inconnue dans la tradition chrĂ©tienne (Ephrem le Syrien, Jacque de Saroug), il est rendu similaire aux autres prophĂštes dans le Coran. Ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© appelĂ© le monoprophĂ©tisme[10].
Interprétations
Versets 21-24 : plaintes de Noé
Dans cette section, NoĂ© se plaint des incroyants. Pour Neuwirth, cela reflĂšte lâopposition de lâĂ©lite mecquoise Ă Mahomet. Les noms propres prĂ©sents aux versets 23 sont souvent interprĂ©tĂ©s comme des divinitĂ©s prĂ©islamiques. Ce verset est considĂ©rĂ© par Bell comme une interpolation[10].
Les rĂ©cits des traditionnistes rentrent ici en discordance avec les donnĂ©es Ă©pigraphiques et archĂ©ologiques. Ainsi, Wadd est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme le dieu de Dumat al-Jandal. Aucune inscription locale ne lâatteste. En revanche, il est attestĂ© en Arabie du Sud[10].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- G. Dye, G.S. Reynolds, "Sourate 71", Le Coran des Historiens, 2019, p.1837 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 1].
Liens externes
- Texte de la sourate 71 en français, d'aprĂšs la traduction de Claude-Ătienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2-221-06964-1)
- G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
- R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
- G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
- G. Dye, G.S. Reynolds, "Sourate 71", Le Coran des Historiens, 2019, p.1837 et suiv.