Al-Jinn
Al-Jinn (arabe : ۧÙŰŹÙÙ, français : Les Djinns) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă la 72e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 28 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ćuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.
72e sourate du Coran Les Djinns | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | ۧÙŰŹÙÙ, Al-Jinn |
Titre français | Les Djinns |
Ordre traditionnel | 72e sourate |
Ordre chronologique | 40e sourate |
PĂ©riode de proclamation | PĂ©riode mecquoise |
Année de proclamation | Vers 620 |
Nombre de versets (ayat) | 28 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donnĂ© comme nom Ă cette sourate Les Djinns[2], en rĂ©fĂ©rence au contenu du premier verset : « 1. Dis : « Il m'a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© qu'un groupe de djinns prĂȘtĂšrent l'oreille, puis dirent : « Nous avons certes entendu une Lecture [le Coran] merveilleuse ».
PĂ©riode de proclamation
Il n'existe Ă ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous lâautoritĂ© dâal-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 40e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 62e.
Les sourates de la fin du Coran sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractĂ©risent par des particularitĂ©s propres. Elles sont brĂšves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, quâelles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[9]...
Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalitĂ© des sourates 69 Ă 114 sont de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposĂ©s ĂȘtre chronologiques. Bien que reconnaissant leur anciennetĂ©, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela prĂ©suppose un contexte et une version de la genĂšse du corpus coranique qui nâest pas tranchĂ©e. Cette approche est spĂ©culative[9].
En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription stĂ©nographique de proclamation mais sont des textes Ă©crits, souvent opaques, possĂ©dant des strates de composition et des rĂ©Ă©critures Cela nâempĂȘche pas ces sourates de fournir des Ă©lĂ©ments contextuels (comme lâattente dâune Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marquĂ©s par une forme de piĂ©tĂ© tributaire du christianisme oriental[9].
Les versets 1-14 semblent unifiĂ©s par leur thĂ©matique et par la rime. Cette section semble dĂ©connectĂ©e du reste. Elle commence par lâinjonction « Dis ! » (« Qul ») quâil est tentant de voir comme un ajout postĂ©rieur transformant ce discours en parole divine. La fin de la sourate possĂšde des traits trĂšs nets de travail Ă©ditorial[10].
Interprétations
Azaiez a dĂ©nombrĂ© plus de 350 occurrences, dont 251 au « destinataire premier du message », de lâimpĂ©ratif Qul (« Dis ») comme forme rhĂ©torique. Cette formule permet de « crĂ©er un locuteur divin », dâ« assoir lâautoritĂ© prophĂ©tique » et de reproduire performativement la relation coranique[11]. Pour Dye, il sâagit dâun « ajout relevant du travail Ă©ditorial et rĂ©dactionnel des scribes »[11].
Cette sourate est divisée en trois parties, v. 1-15, 16-19 et 20-28[11].
Pour Dye, cette sourate participe Ă une diabolisation de lâhĂ©rĂ©sie ou de lâidolĂątrie, perceptible dans le monde chrĂ©tien Ă partir du IIe siĂšcle. Des djinns enseignent les erreurs et les hĂ©rĂ©sies mais le Coran en fait aussi rĂ©pondre dâautres pour les contrer[11]. Cette sourate interroge sur le statut des djinns et des dĂ©mons. Pour Reynolds, les deux appartiennent au mĂȘme genre et sont des anges dĂ©chus, les djinns pouvant en venir Ă croire. Crone considĂšre que les djinns sont dâune espĂšce diffĂ©rente des anges. Enfin, Dye, considĂšre que les djinns ont Ă©tĂ© assimilĂ©s par le Coran aux dĂ©mons, sans sâintĂ©resser Ă leur nature rĂ©elle[10].
Versets 1-14 : Discours des djinns
Les djinns sont des figures connues de la mythologie prĂ©islamique. Ce sont des esprits ayant une existence physique, pouvant mourir. Ils peuvent perturber les humains comme les inspirer. Ils ressemblent aux esprits prĂ©sents dans dâautres folklores, comme les « dĂ©mons » du judaĂŻsme antique tardif[10].
Le Coran cherche Ă diaboliser les djinns et les prĂ©sente comme des crĂ©atures Ă la fois dangereuses et amorales. La prĂ©sentation coranique des djinns sâinsĂšre dans le courant chrĂ©tien de diaboliser les ĂȘtres intermĂ©diaires, entre Dieu et les hommes. NĂ©anmoins, ce passage admet que certains djinns croient et seront sauvĂ©s[10].
Les dĂ©mons sont prĂ©sentĂ©s par le Coran comme des anges dĂ©chus. Il en est de mĂȘme des djinns qui cherchent Ă remonter au ciel Ă©couter les secrets divins[10].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- G. Dye, G.S. Reynolds, "Sourate 72", Le Coran des Historiens, 2019, p.1853 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 1].
Liens externes
- Texte de la sourate 72 en français, d'aprĂšs la traduction de Claude-Ătienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
- G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
- R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
- G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
- G. Dye, G.S. Reynolds, "Sourate 72", Le Coran des Historiens, 2019, p.1853 et suiv.
- M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie. QS 41 Q 72