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Nitrox

En plongĂ©e sous-marine, nitrox dĂ©signe un mĂ©lange d'air suroxygĂ©nĂ©, c'est-Ă -dire dont le pourcentage d'oxygĂšne dĂ©passe 21 %. Le terme nitrox est la contraction des noms anglais nitrogen et oxygen dĂ©signant respectivement le diazote et le dioxygĂšne (usuellement dĂ©signĂ©s par le nom de l'atome : azote et oxygĂšne). Un nitrox est dĂ©fini par la teneur en oxygĂšne du mĂ©lange ; l'air que l'on respire Ă  la surface contient 21 % d'oxygĂšne : il peut ĂȘtre qualifiĂ© de nitrox 21.

Bouteille de Nitrox

Les nitrox principalement utilisés par les plongeurs sont les nitrox 32 et 36, parfois appelés Nitrox I et II. Leur prédominance est due à des raisons historiques. Le premier grand utilisateur du nitrox fut la NOAA, qui pour ses besoins particuliers utilisa ces 2 compositions, créa des tables de décompression idoines et édita un manuel les recommandant. Cependant, ils peuvent aller jusqu'à 100 % (auquel cas il s'agit d'oxygÚne pur). On désigne également le nitrox par les termes EAN et EANx pour l'acronyme Enriched Air Nitrox[1] - [2] - [3].

Avantages

L'utilisation de ce gaz a pour avantage d'augmenter le temps et la sécurité en plongée ; en effet, le plongeur est alors moins saturé en azote et nécessite moins de paliers de décompression que pour une plongée équivalente à l'air. La formation de bulles de gaz dans les veines lors d'une plongée aprÚs la décompression est moindre avec le nitrox qu'avec l'air[4]. Il existe des preuves anecdotiques que l'utilisation de nitrox réduirait la fatigue post-plongée, en particulier chez les plongeurs plus ùgés ou obÚses, mais la seule étude connue en double-aveugle n'a montré aucune réduction statistiquement significative de la fatigue signalée[1] - [5].

Inconvénient

L'inconvĂ©nient de ces plongĂ©es Ă  l'air suroxygĂ©nĂ© est qu'elles sont plus limitĂ©es en profondeur car une pression partielle (Pp) d'oxygĂšne supĂ©rieure Ă  1,6 bar peut ĂȘtre mortelle (effet Paul Bert)[3]. Par ailleurs, en France, la rĂ©glementation limite la pression partielle d'oxygĂšne Ă  un maximum de 1,6 bar[6].

L'autre risque de la plongĂ©e au nitrox est la toxicitĂ© pulmonaire (effet Lorrain Smith), provoquĂ©e par une exposition prolongĂ©e des poumons Ă  une Pp d’O2 supĂ©rieure Ă  0,5 bar. Elle concerne gĂ©nĂ©ralement peu la plongĂ©e loisir mais pourrait ĂȘtre prise en considĂ©ration lors de plongĂ©es rĂ©pĂ©tĂ©es au nitrox, exposant plusieurs fois les poumons Ă  une Pp parfois trĂšs supĂ©rieure Ă  la normale.

Les symptĂŽmes les plus courants de toxicitĂ© sont : irritation des poumons (toux), brĂ»lure dans la poitrine, difficultĂ© Ă  respirer. Un temps en surface, Ă  respirer de l’air « normal », suffit Ă  dissiper rapidement les effets.

Formation et Ă©quipement

Marquage d'identification des bouteilles de plongée nitrox

L'utilisation du nitrox nécessite une formation et un équipement particuliers. La formation est souvent divisée en deux parties :

  • Formation Ă©lĂ©mentaire ou PN jusqu'Ă  40 % d'oxygĂšne, mĂ©langes utilisĂ©s pour la plongĂ©e en lieu et place de l'air, formation accessible depuis le premier niveau de plongeur (P* / OWD)
  • Formation confirmĂ©e ou PN-C de 40 % Ă  100 % (oxygĂšne pur), mĂ©langes utilisĂ©s pour les paliers de dĂ©compression, formation accessible depuis le 2e niveau de plongeur (P** / AOWD)

Le distinguo entre les mĂ©langes comportant plus 40 % d'oxygĂšne et les autres est dĂ» au fait que ces derniers peuvent ĂȘtre manipulĂ©s sans prĂ©caution particuliĂšre, contrairement aux mĂ©langes les plus riches qui nĂ©cessitent du matĂ©riel dĂ©graissĂ©[7].

Différents organismes de plongées dispensent des formations Nitrox, tant au niveau loisir sportif que spécialisée dans la plongée technique :

Organisme PN PN-C
ACUC Plongeur Nitrox (Nitrox Diver)
CMAS Plongeur Nitrox Plongeur Nitrox Confirmé
TDI Nitrox Diver Advanced Nitrox Diver
IANTD Nitrox Diver Advanced Nitrox Diver
PADI[8] Enriched Air Diver Tec 45
NAUI Enriched Air Nitrox (EANx) Technical Nitrox Diver
ADIP Association Des Instructeurs de Plongée Nitrox Diver Advanced Nitrox Diver
IDEA Nitrox Diver
FFESSM Qualification Nitrox[9] Qualification Nitrox confirmé[9]

Certains organismes proposent aussi des formations pour apprendre à composer les mélanges nitrox (en anglais « gas blender »), ces formations s'adressent plutÎt à des plongeurs techniques ou aux personnes responsables des gonflages.

Le matériel spécial nitrox concerne :

  • la bouteille, souvent identifiĂ©e par des couleurs jaunes et vertes. Elle doit ĂȘtre dĂ©graissĂ©e si elle est gonflĂ©e par la mĂ©thode des pressions partielles. En Europe, il existe une rĂ©glementation spĂ©cifique pour les bouteilles nitrox. Lors de la plongĂ©e, une bouteille contenant du nitrox est systĂ©matiquement identifiĂ©e avec la profondeur maximale d'utilisation du mĂ©lange (par exemple « MOD 40 m »), le pourcentage d'oxygĂšne (par exemple « O2 32 % ») ainsi que la composition prĂ©cise du mĂ©lange, la date et le nom (ou les initiales) de la personne qui a analysĂ© le mĂ©lange et la pression du contenu de la bouteille (par exemple « 200 bars ») ;
  • le dĂ©tendeur et la bouteille doivent ĂȘtre dĂ©graissĂ©s si un nitrox 40 % ou supĂ©rieur est utilisĂ©. Il existe sur le marchĂ© des dĂ©tendeurs directement compatibles avec des taux d'oxygĂšne supĂ©rieurs Ă  40 % ;
  • l'ordinateur de plongĂ©e ou les tables de dĂ©compression qui doivent prendre en compte la diffĂ©rence de taux d'oxygĂšne par rapport Ă  celui de l'air « normal » ;
  • l'analyseur d'oxygĂšne qui permet de dĂ©terminer avec prĂ©cision le taux d'oxygĂšne dans la bouteille.

Le gonflage

Le gonflage de bouteilles nitrox est plus complexe que le gonflage de bouteilles à l'air, du fait notamment des proportions différentes d'oxygÚne et d'azote.

Trois méthodes sont principalement utilisées en plongée loisir :

  • La mĂ©thode par pressions partielles, consiste Ă  gonfler la bouteille avec de l'oxygĂšne pur et de faire le complĂ©ment avec de l'air ou en utilisant une des mĂ©thodes de gonflage suivantes. La bouteille et la robinetterie doivent donc ĂȘtre parfaitement dĂ©graissĂ©es avant le remplissage avec l'oxygĂšne, mĂȘme dans le cas d'un nitrox 40 ou moins[3] - [10]. Le temps de gonflage est allongĂ©, de plus il est nĂ©cessaire de respecter un temps d'homogĂ©nĂ©isation du mĂ©lange. Cette mĂ©thode requiert du matĂ©riel de transvasement (lyre et manomĂštres compatibles oxygĂšne pur) et un surfiltre Ă  intercaler entre le compresseur et la bouteille (afin de prĂ©server sa compatibilitĂ© oxygĂšne pur.

Les deux autres mĂ©thodes assurent directement le gonflage avec le mĂ©lange souhaitĂ© et rĂ©duisent le temps d'homogĂ©nĂ©isation (voire le suppriment si la bouteille, initialement, est vide ou contient le mĂȘme mĂ©lange). De plus, les manipulations sont rĂ©duites. Elles ne permettent cependant pas de gonfler Ă  plus de 40 %.

  • La mĂ©thode la plus courante est d'utiliser un mĂ©langeur, communĂ©ment appelĂ© « stick », en amont de l'entrĂ©e d'air du compresseur[10]. Le mĂ©langeur est souvent constituĂ© d'un tube Ă  l'entrĂ©e duquel l'oxygĂšne est injectĂ©, puis des ailettes situĂ©es Ă  l'intĂ©rieur du tube ou un systĂšme de chicane crĂ©ent des turbulences dans le but d'obtenir un mĂ©lange homogĂšne pour analyse Ă  la sortie du tube. Cette mĂ©thode est adaptĂ©e pour des mĂ©langes jusqu'Ă  40 % d'oxygĂšne. Elle permet d'utiliser la bouteille d'oxygĂšne pur jusqu'au dernier bar.
  • Enfin, certains centres de plongĂ©es sont Ă©quipĂ©s d'un sĂ©parateur Ă  membrane[10]. Les molĂ©cules d'oxygĂšne Ă©tant plus petites que celles d'azote, la membrane fait office de filtre et sĂ©pare en continu l'azote de l'oxygĂšne. Ce procĂ©dĂ© ne nĂ©cessite pas de source d'oxygĂšne pur.

Quelques formules simples

Les formules ci-aprÚs sont données pour des valeurs exprimées dans le systÚme métrique (profondeurs en mÚtres). Pour les utiliser avec les unités du systÚme impérial (profondeurs en pieds), il convient de remplacer "1" par "3,3" et "10" par "33".

MĂ©trique
Pression partielle d'un gazPp gaz[3]= PAbsolue * (% gaz)
Pression absolue maximalePAbsolue max[3]= PpmaxO2/ (% O2)
Profondeur maximale[3]= ((PpmaxO2 / (% O2)) - 1) * 10
Quel Nitrox utiliser % O2[3]= PpmaxO2 / PAbsolue
Pression absolue de l'air[3] - [11] - [12] = PAbsolue * (% N2) / 0,79

Profondeur maximale, basé sur le consensus des principales organisations de formation

Tables de décompression nitrox éditées par PADI
  • 1,4 bar : pression partielle maximale recommandĂ©e
  • 1,6 bar : pression partielle maximum recommandĂ©e lors des phases sans effort physique (autrement-dit lors des paliers).
  • En fonction du nitrox que l'on a dans sa bouteille (c'est-Ă -dire en fonction du pourcentage d'oxygĂšne prĂ©sent), il est nĂ©cessaire de calculer et de noter sur la bouteille la profondeur maximum Ă  laquelle le gaz est respirable avant dĂ©passement de la Pp maximale autorisĂ©e.

Pour cela, deux possibilités :

  • Soit l'on utilise la formule suivante (profondeur en mĂštre) :
  • Soit l'on utilise ce type de tableau :
Profondeurs plancher nitrox
% O2 PpmaxO2
1,4 bar 1,5 bar 1,6 bar
30 % 37 m 40 m 43 m
32 % 34 m 37 m 40 m
34 % 31 m 34 m 37 m
36 % 29 m 32 m 34 m
38 % 27 m 30 m 32 m
40 % 25 m 28 m 30 m

On observe que la somme du pourcentage du mĂ©lange avec la profondeur maximale (en mĂštres), pour une pression partielle maximale donnĂ©e est Ă  peu prĂšs constante pour une fO2 comprise entre 32 % et 40 % : 1,4 bar ↔ 65 ; 1,5 bar ↔ 68 ; 1.6 bar ↔ 70. Cette coĂŻncidence n'est pas valable en unitĂ©s impĂ©riales.

Limites de non décompression

En dehors du palier de sécurité de 3 minutes à 5 mÚtres de profondeur qu'il faut réaliser, la plongée au nitrox permet des temps de plongée plus longs qu'à l'air avant d'atteindre la limite de non décompression, c'est-à-dire la réalisation de palier de décompression pour la suppression de micro-bulles d'azote dans l'organisme.

Quelques exemples :

Limites de non décompression
Profondeur Type de gaz
Air Nitrox 32 Nitrox 36
18 m 56 min 95 min 125 min
22 m 37 min 60 min 70 min

Notes :
m = mĂštres
min = minutes

Voir aussi

Les autres mélanges pour la plongée: Héliair, Hydrox, Trimix, Héliox, Hydreliox

Notes et références

  1. (en) A. O. Brubakk, T. S. Neuman, Bennett and Elliott's physiology and medicine of diving, 5th Rev ed., United States, Saunders Ltd., , 5e Ă©d. (ISBN 978-0-7020-2571-6), p. 800
  2. (en) J. T. Joiner, NOAA Diving Manual : Diving for Science and Technology, Fourth Edition, United States, Best Publishing, , 4e Ă©d. (ISBN 978-0-941332-70-5, LCCN 2001387434), p. 660
  3. Lang, M.A., DAN Nitrox Workshop Proceedings, Durham, NC, Divers Alert Network, (lire en ligne), p. 197
  4. Vincent Souday, Nick J. Koning, Bruno Perez et Fabien Grelon, « Enriched Air Nitrox Breathing Reduces Venous Gas Bubbles after Simulated SCUBA Diving: A Double-Blind Cross-Over Randomized Trial », PloS One, vol. 11,‎ , e0154761 (ISSN 1932-6203, PMID 27163253, PMCID 4862661, DOI 10.1371/journal.pone.0154761, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) Harris RJ, Doolette DJ, Wilkinson DC, Williams DJ, « Measurement of fatigue following 18 msw dry chamber dives breathing air or enriched air nitrox », Undersea Hyperb Med, vol. 30, no 4,‎ , p. 285–91 (PMID 14756231, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Article A322-91 du code du sport qui a remplacĂ© l'arrĂȘtĂ© du 9 juillet 2004 communĂ©ment nommĂ© « arrĂȘtĂ© mĂ©lange »
  7. (en) Rosales KR, Shoffstall MS, Stoltzfus JM, « Guide for Oxygen Compatibility Assessments on Oxygen Components and Systems. », NASA Johnson Space Center Technical Report, vol. NASA/TM-2007-213740,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en) Richardson, D and Shreeves, K, « The PADI Enriched Air Diver course and DSAT oxygen exposure limits. », South Pacific Underwater Medicine Society journal, vol. 26, no 3,‎ (ISSN 0813-1988, OCLC 16986801, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. Les qualifications FFESSM permettent l'obtention d'une carte double face du brevet CMAS Ă©quivelant.
  10. Harlow, V, Oxygen Hacker's Companion, Airspeed Press, (ISBN 978-0-9678873-2-6)
  11. (en) JA Logan, « An evaluation of the equivalent air depth theory », US Naval Experimental Diving Unit Technical Report, vol. NEDU-RR-01-61,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. (en) Berghage TE, McCraken TM, « Equivalent air depth: fact or fiction », Undersea Biomed Res, vol. 6, no 4,‎ , p. 379–84 (PMID 538866, lire en ligne, consultĂ© le )

Lien externe

  • (fr) ArrĂȘtĂ© du 9 juillet 2004 relatif aux rĂšgles techniques et de sĂ©curitĂ© dans les Ă©tablissements organisant la pratique et l'enseignement des activitĂ©s sportives et de loisir en plongĂ©e autonome aux mĂ©langes autres que l'air.
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