Neuromancien
Neuromancien (titre original : Neuromancer) est le premier roman de science-fiction de William Gibson. Publié en 1984, il est généralement considéré comme le roman fondateur du mouvement cyberpunk, ayant inspiré bon nombre d'œuvres telles que le manga Ghost in the Shell et le film Matrix. Il a notamment remporté le prix Nebula du meilleur roman 1984.
Neuromancien | |
Auteur | William Gibson |
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Pays | États-Unis |
Genre | Science-fiction Cyberpunk |
Version originale | |
Langue | Anglais américain |
Titre | Neuromancer |
Éditeur | Ace Books |
Lieu de parution | New York |
Date de parution | |
Nombre de pages | 271 |
ISBN | 0-441-56956-0 |
Version française | |
Traducteur | Jean Bonnefoy |
Éditeur | La Découverte |
Collection | Fictions |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | |
Type de média | Livre papier |
Nombre de pages | 300 |
ISBN | 2-7071-1562-2 |
Chronologie | |
Série | Trilogie de la Conurb |
Il est suivi par Comte Zéro (1986) et Mona Lisa s'éclate (1988).
Historique de la publication
William Gibson a ajouté la dernière phrase du roman à la dernière minute, dans une tentative délibérée de s'empêcher d'écrire une suite, mais a fini par le faire précisément avec Comte Zéro (1986)[1].
Contexte fictionnel
Neuromancien présente une dystopie de type cyberpunk : un monde futuriste où règne le capitalisme le plus débridé, gouverné par des mégacorporations et où les drogues de synthèse et les augmentations physiques (cybernétiques) sont omniprésentes.
Dans cet univers, les « cowboys » du cyberespace (des pirates informatiques) se connectent au réseau informatique global, surnommé la « Matrice » (the matrix en VO), grâce à leur console à laquelle ils sont reliés par des électrodes fixées sur le crâne, ce qui leur permet d'avoir une perception visuelle et sensorielle des données numériques qui composent la Matrice.
Les cowboys, en perpétuelle quête d'informations à monnayer au plus offrant, s'infiltrent incognito dans les banques de données des grandes corporations en exploitant les failles. Mais la police de Turing veille, ainsi que les Intelligence artificielles (IA), utilisées pour protéger les données sensibles des corporations de la main avide des pirates, tout comme la « Glace », des programmes pare-feu qui peuvent être d'un danger mortel pour les cowboys assez fous pour tenter de passer au travers, ou de les contourner.
Résumé
Dans la Conurb, la plus grande mégalopole du monde située en Amérique du Nord, Henry Dorsett Case est un « cowboy » du cyberespace, un hacker qui sillonne la Matrice. Il est le meilleur et rien ne lui résiste. Mais un jour, étant trop gourmand, il décide de doubler son employeur. Celui-ci, en représailles, lui injecte une mycotoxine russe qui détruit de manière sélective une partie de son système nerveux, celle qui est reliée aux « trodes » (les électrodes de sa console informatique). Case perd alors toute capacité à se connecter à la Matrice : pour lui, tout est perdu, il n'est plus rien...
Aussi, lorsqu'un jour Armitage, un homme mystérieux au passé trouble mais apparemment influent, et Molly, une mercenaire dangereuse dont les yeux ont été remplacés par des implants oculaires, le retrouvent à Chiba au Japon et proposent de lui redonner accès à la Matrice, Case accepte sans hésiter. Mais sa mission est risquée : il s'agit de pénétrer le système informatique d'une gigantesque multinationale suisse, la Tessier-Ashpool SA, ce qu'il fera avec l'aide du mystérieux Muetdhiver.
Personnages
- Case (Henry Dorsett Case)
- Molly (Molly Millions)
- Willis Corto, alias Armitage
- Peter Riviera
- Lady 3Jane / Marie-France Tessier-Ashpool
- Hideo
- Le Finlandais (« The Finn » en VO)
- Maelcum
- Julius « Julie » Deane
- McCoy Pauley, alias « Dixie le Trait-plat » (« Dixie Flatline » en VO)
- Muetdhiver (« Wintermute » en VO)
- Neuromancien (« Neuromancer » en VO)
- Linda Lee
À propos du titre
Le terme « Neuromancien » est une variation du mot « nécromancien »[2] - [3] », un magicien qui pratique la nécromancie, c'est-à-dire la divination par l'évocation des morts :
- neuro- : « nerfs », intelligence (artificielle)
- mancien : « prédire l'avenir », par extension, la magie.
Gibson définit le terme original Neuromancer comme un mot-valise basé sur « neuro », « romancer » et « necromancer »[4] où lui-même apparaît en trompe-l'œil comme le narrateur qui renouvelle les genres littéraires dans ce pastiche d'anticipation futuriste[5].
Inspirations
Le roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? et son adaptation au cinéma, le film Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982, ont influencé William Gibson pendant l'écriture de son roman[6] - [7].
Récompenses
- Prix Philip-K.-Dick du meilleur roman 1984
- Prix Nebula du meilleur roman 1984
- Prix Hugo du meilleur roman 1985
- Prix Tähtivaeltaja pour la traduction finnoise du roman 1992
Éditions
- Neuromancer, Ace Books, , 271 p. (ISBN 0-441-56956-0)
- Neuromancien, La Découverte, coll. « Fictions », , trad. Jean Bonnefoy, 300 p. (ISBN 2-7071-1562-2)
- Neuromancien, J'ai lu coll. « Science-fiction » no 2325, , trad. Jean Bonnefoy, 319 p. (ISBN 2-277-22325-5)
- Neuromancien, France Loisirs, , trad. Jean Bonnefoy, 350 p. (ISBN 2-7441-3915-7)
- Neuromancien, Au diable vauvert, , trad. Laurent Queyssi, 438 p. (ISBN 979-10-307-0365-8)
Un classique de la science-fiction
Ce roman est considéré comme un classique de la science-fiction dans les ouvrages de référence suivants :
- La Bibliothèque idéale de la SF, Albin Michel, 1988 ;
- Enquête du Fanzine Carnage mondain auprès de ses lecteurs, 1989 ;
- Stan Barets, Le science-fictionnaire, Denoël, coll. « Présence du futur », 1994 ;
- Bibliothèque idéale du webzine Cafard cosmique.
- Passeport pour les étoiles, guide de lecture, Francis Valery, Denoël, 2000.
Adaptation cinématographique
Un projet d'adapter le roman en film est à l'étude depuis de longues années. En 2012, Vincenzo Natali annonce des possibilités de casting avec Mark Wahlberg dans le rôle de Case et Liam Neeson dans le rôle d'Armitage. Mais rien ne se concrétise par la suite[8].
Notes et références
- (en) William Gibson, « (untitled weblog post) » [archive du ], sur williamgibsonbooks.com,
- Informations lexicographiques et étymologiques de « nécromancie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- David Porush, « Cybernauts in Cyberspace: William Gibson's Neuromancer » in Aliens: The Anthropology of Science Fiction, ed. George Slusser et Eric Rabkin, Carbondale, 1987, p. 171.
- (en)
« "Neuromancer," the boy said, slitting long gray eyes against the rising sun. "The lane to the land of the dead. Where you are, my friend. Marie-France, my lady, she prepared this road but her lord choked her off before I could read the book of her days. Neuro from the nerves, the silver paths. Romancer. Nec- romancer. I call up the dead. But no, my friend," and the boy did a little dance, brown feet printing the sand, "I am the dead, and their land." He laughed. A gull cried. "Stay. If your woman is a ghost, she doesn't know it. Neither will you." »
(Neuromancien, Chapitre 21)
traduction (par Jean Bonnefoy) :« Neuromancien, dit le garçon, plissant ses grands yeux gris face au soleil levant. La voie vers le pays des morts. Où tu te trouves en ce moment, mon ami. Marie-France, ma dame, c'est elle qui a préparé cette route, mais son seigneur l'a étouffée avant que j'aie pu lire le livre de ses jours. Neuro, de nerfs, ces chemins d'argent. Et mancien. Comme nécromancien. J'invoque les morts. Mais non, mon ami (et le garçon accomplit une petite danse, pieds bruns s'imprimant sur le sable), je suis les morts, les morts et leur territoire. (Il rit. Une mouette cria.) Reste. Si ta compagne est un spectre, elle ne le sait pas. Et toi non plus. »
- (en) Lance Olsen à propos de l'essai de David Porush :
« Second, as Porush notes, the title echoes "necromancer, the magician who conjures up the dead." No doubt this is a text inhabited by those raised from the dead, Lazarus after Lazarus, from Dixie Flatline in the form of a construct to Linda Lee's structure in cyberspace. Ashpool intermittently awakes from his cryogenic death-sleep, and the child 3Jane perceives Wintermute as a ghost whispering in her ear. Case flatlines and comes back to talk about it. Metaphorically, Corto is raised from the dead when he is transformed into Armitage. But Porush does not point out a secondary "necromancy" in the title. Not only are characters raised from the dead by a number of fictional magicians, but also various genres are "raised from the dead" by the very real magician of magicians — Gibson himself. The text is one about regeneration and endurance. Forms arise, undergo transformations, and continue metamorphosed. Gibson becomes the new romancer behind Neuromancer, revitalizing the science fiction novel, the quest story, the myth of the hero, the mystery, the hard-boiled detective novel, the epic, the thriller, and the tales of the cowboy and romantic artist, among others. He represents old stories in a revealing revamped intertexual pastiche. »
- How did William Gibson really feel about Blade Runner?
- An Interview with William Gibson by Larry McCaffery
- (en) Ben Child, « Will Liam Neeson and Mark Wahlberg be plugging into Neuromancer? », sur The Guardian.com, .
Annexes
Bibliographie
(en) Larry McCaffery, Storming the Reality Studio: A Casebook of Cyberpunk and Postmodern Science Fiction, Durham, Duke University Press, 1991. (ISBN 978-0-8223-1168-3, OCLC 23384573)
Liens externes
- (en) Vidéo de promotion du livre avec les commentaires de William Gibson et Timothy Leary dans les années 1990
- Ressources relatives à la littérature :