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Neures

Les Neures ou Neuri (ÎÎ”Ï…ÏÎżÎŻ) sont un peuple proche des Scythes mentionnĂ© par HĂ©rodote dans deux passages de son Histoire, dans le livre IV, MelpomĂšne.

Leur habitat serait bordĂ© au nord par un dĂ©sert et au sud par l'habitat des Scythes vivant le long du fleuve Boug, Ă  l'ouest du Dniepr : « Par delĂ  ces Scythes on trouve les Neures. Autant que nous avons pu le savoir, la partie septentrionale de leur pays n’est point habitĂ©e. VoilĂ  les nations situĂ©es le long du fleuve Hypanis, Ă  l’ouest du BorysthĂšne[1].»

A une pĂ©riode situĂ©e avant la campagne de Darius contre les Scythes en 513 av. J.-C., les Neures auraient dĂ» fuir leur pays Ă  la suite d'une invasion de serpents et se seraient Ă©tablis dans la contrĂ©e de la tribu des Budins : « Les Neures observent les mĂȘmes usages que les Scythes. Une gĂ©nĂ©ration avant l’expĂ©dition de Darius, ils furent forcĂ©s de sortir de leur pays, Ă  cause d’une multitude de serpents qu’il produisit, et parce qu’il en vint en plus grand nombre des dĂ©serts qui sont au-dessus d’eux. Ils en furent tellement infestĂ©s, qu’ils s’expatriĂšrent, et se retirĂšrent chez les Budins »[2].

HĂ©rodote mentionne Ă©galement que les habitants de Scythie dĂ©crivaient les tribus voisines des Neures comme des lycanthropes, mais il Ă©met des doutes sur la vĂ©racitĂ© de ces mĂ©tamorphoses en loup : « Il paraĂźt que ces peuples sont des enchanteurs. En effet, s’il faut en croire les Scythes et les Grecs Ă©tablis en Scythie, chaque Neure se change une fois par an en loup pour quelques jours, et reprend ensuite sa premiĂšre forme. Les Scythes ont beau dire, ils ne me feront pas croire de pareils contes ; ce n’est pas qu’ils ne les soutiennent, et mĂȘme avec serment »[2].


Historiographie

Concernant la lycanthropie, au XVIIIe siĂšcle, Simon Pelloutier dans son Histoire des Celtes, avance l'hypothĂšse que les Neures revĂȘtaient en fait des peaux de loup en hiver : « Les Neures Ă©taient des Scythes, qui dans les grands froids se couvraient d'un saye fait de peaux de loups, et qui quittaient cette fourrure d'abord que le temps Ă©tait radouci. VoilĂ  tout le mystĂšre, qu'HĂ©rodote n'a pas compris, non plus que ceux qui l'ont copiĂ© »[3].

AU XIXe siĂšcle, s'appuyant sur les indications d'HĂ©rodote, l'historien allemand Kurd von Schlözer situe les Neures dans la rĂ©gion qui s'Ă©tend au nord des Carpates, lĂ  oĂč le Dniestr et le Boug prennent leur source. Citant Safarik, il suppose que la contrĂ©e du nom slavon de Nurskazemja dans le voisinage de la Narew et Nur tireraient leurs noms de cet ancien peuple dont le nom en ancien slave signifie pays[4].

Dans les années 1950, la recherche sur la localisation et l'appartenance des tribus Neures amÚne à des hypothÚses diverses, ceux-ci étant tantÎt identifiés comme Slaves, tantÎt comme Baltes. L'historien polonais Marian Plezia relate en détail dans deux ouvrages les polémiques ayant eu cours sur ces tentatives d'identification des Neures[5] - [6].

Dans les annĂ©es 1960, l'archĂ©ologue Marija Gimbutas soutient que tant les indications d'HĂ©rodote que les recherches actuelles en linguistique et en archĂ©ologie amĂšnent Ă  la conclusion que les Neures seraient le premier peuple balte a ĂȘtre connu sur le plan historique[7].

Dans l'historiographie antique des années 1990, les Neures sont placés sur le terrain de la Podolie et de la Wolynie (Culture de Wysocko ou groupe de la Wolynie occidentale de la culture scythe) et le désert plus au Nord en Polésie, localisation qui découle de l'identification du désert cité par Hérodote avec les marais de Polésie. Les Neures sont aussi situés par des chercheurs sur les territoires occupés par la culture de Milogrady, en Polésie et Biélorussie méridionale, ce qui repousse le désert évoqué par Hérodote plus au Nord[8].


Notes et références

  1. Histoire d’HĂ©rodote, Livre IV, 17, Traduction par Pierre-Henri Larcher, Charpentier, 1850, Tome 1, p. 324.
  2. HĂ©rodote, Histoire (Livre IV chapitre CV).
  3. Simon Pelloutier, Histoire des Celtes et particuliĂšrement des Gaulois et des Germains, depuis les temps fabuleux jusqu'Ă  la prise de Rome par les Gaulois, Beauregard, 1740, T. I, p. 305.
  4. Kurd von Schlözer, Les premiers habitants de la Russie, finnois, slaves, scythes et grecs: essai historique et géographique, Friedrich Klincksieck, 1846, pp. 22-23.
  5. (pl) Marian Plezia, Neurowie w swietle historiografii starozytnej, Przeglad Zachodni, VIII 1952, n° 5-8, p. 247-269.
  6. (pl) Marian Plezia, Od Arystotelesa do "Zlotej Legendy", Pax, Warszawa 1958, p. 152-193.
  7. Marija Gimbutas, Bronze Age cultures in Central and Eastern Europe, De Gruyter, 1965, 2011, p. 443.
  8. Jerzy Kolendo, Les "déserts" dans les pays barbares. Représentation et réalités. In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 17, n°1, 1991. pp. 35-60.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Histoire d’HĂ©rodote, Traduction par Pierre-Henri Larcher, Charpentier, 1850, Tome 1, Livre IV, XVII, p. 324 et CV, p. 360-361.
  • (pl) Marian Plezia, Neurowie w swietle historiografii starozytnej, [Les Neures dans l'historiographie antique], Przeglad Zachodni, VIII 1952, n° 5-8, p. 247-269
  • (pl) Marian Plezia, Od Arystotelesa do "Zlotej Legendy", Pax, Warszawa 1958, p. 152-193.
  • Jerzy Kolendo, Les "dĂ©serts" dans les pays barbares. ReprĂ©sentation et rĂ©alitĂ©s. In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 17, n°1, 1991. pp. 35-60.


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