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Narke japonica

Narke japonica est une espèce de raie Ă©lectrique de la famille Narkidae prĂ©sente au nord-ouest de l'ocĂ©an Pacifique, du Sud du Japon au Sud de la Chine. Ce poisson est commun Ă  la fois près du rivage mais aussi au large. Pouvant atteindre une taille de 40 cm, Narke japonica possède une nageoire pectorale discoĂŻde quasiment circulaire. La partie supĂ©rieure du corps de cette espèce oscille entre le rougeâtre et le brun chocolat, des taches sombres ou claires peuvent y ĂŞtre visibles ; la partie infĂ©rieure est de teinte plus claire. Derrière les petits yeux de la raie sont situĂ©s des stigmates surmontĂ©s d'un rebord lisse. Sa petite mais puissante queue s'achevant en une grande nageoire caudale supporte une unique nageoire dorsale, elle-mĂŞme disposĂ©e Ă  l'arrière des nageoires pelviennes arrondies.

Présente dans des zones sableuses peu profondes et peu éloignées de récifs, Narke japonica est un poisson benthique. Comme d'autres membres de sa famille, ce prédateur d'invertébrés peut produire un choc électrique au rôle défensif grâce à certains de ses organes. Les femelles de cette espèce vivipare donnent naissance jusqu'à cinq petits par portée. Lors du développement intra-utérin, les jeunes sont d'abord nourris avec du vitellus puis plus tard avec un « lait utérin ». L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) range cette espèce dans la catégorie Vulnérable ; en effet, Narke japonica est parfois la prise involontaire des très nombreux chalutiers opérant dans cette région.

Description

Ce spécimen de Narke japonica originaire de la baie de Sagami se distingue par la présence de taches sombres sur les parties supérieure et inférieure du corps.

La nageoire pectorale en forme de disque de Narke japonica est plus large que long, elle est quasiment circulaire. Les deux grands organes électriques réniformes sont visibles sous la peau de chaque côté de la tête. Les stigmates sont surmontés d'un rebord lisse et sont situés juste derrière les petits yeux protubérants de la raie. Les narines sont petites et assez rapprochées, entre elles se trouve un rabat de peau qui chevauche la gueule. Cette gueule protrusible constitue une ligne transversale entourée par une profonde rainure. Chaque mâchoire comprend moins de 25 rangées de dents disposées en bandes. Les dents sont courtes avec une base ovale et une couronne pointue. Cinq paires de fentes branchiales sont situées sur la partie inférieure du disque que forme la nageoire pectorale[2] - [3].

Les grandes nageoires pelviennes qui prennent leur origine sous la nageoire pectorale adoptent une forme convexe. Chez les mâles, le ptĂ©rygopode qui sert Ă  la transmission du sperme est trapu et ne dĂ©passe pas la nageoire pelvienne. La queue petite mais Ă©paisse se caractĂ©rise par un pli cutanĂ© s'Ă©tendant de chaque cĂ´tĂ©. La nageoire dorsale est arrondie et situĂ©e derrière les nageoires pelviennes. Également arrondie en ses coins, l'imposante nageoire caudale est quasiment symĂ©trique entre les parties supĂ©rieure et infĂ©rieure autour du pĂ©doncule caudal. La peau douce de l'animal est absolument dĂ©pourvue d'Ă©cailles placoĂŻdes qui sont pourtant courantes dans la sous-classe Elasmobranchii[4]. Narke japonica prĂ©sente une teinte comprise entre le rougeâtre et le brun chocolat sur le dessus; le brun est plus clair en dessous. Certains individus de l'espèce possèdent une coloration uniforme alors que d'autres ont des taches sombres ou claires sur leur surface dorsale, plus rarement sur leurs surfaces ventrales. La longueur maximale enregistrĂ©e d'un spĂ©cimen de l'espèce Narke japonica est de 40 cm[2] - [3] - [5].

Biologie et Ă©cologie

Assez oisif Ă  l'Ă©tat sauvage, Narke japonica passe une majeure partie de sa vie Ă©tendu sur le fond marin. Le poisson dĂ©livre un choc Ă©lectrique d'une puissance comprise entre 30 et 80 volts afin de se protĂ©ger de ses prĂ©dateurs, notamment de Cephaloscyllium umbratile[5]. Ses organes Ă©lectriques sont composĂ©s d'Ă©lectrocytes : ce sont des cellules particulières dĂ©rivĂ©es des fibres musculaires remplies d'une substance gĂ©latineuse. Ces Ă©lectrocytes sont empilĂ©es en colonnes verticales, plusieurs colonnes formant finalement un organe Ă©lectrique ; ce système est comparable Ă  des piles reliĂ©es au sein d'un circuit[6]. Le rĂ©gime alimentaire de Narke japonica comprend des invertĂ©brĂ©s benthiques[7]. Le ver solitaire Anteropora japonica est un parasite de l'espèce[8] - [9].

Cephaloscyllium umbratile est un prédateur de Narke japonica.

Cet animal est vivipare : les embryons en dĂ©veloppement se nourrissent d'abord de vitellus avant de recevoir un « lait utĂ©rin » produit par la mère ; ce procĂ©dĂ© s'appelle l'histotrophisme. La portĂ©e de la femelle compte jusqu'Ă  cinq petits qui naissent au dĂ©but de l'Ă©tĂ©. Ces derniers mesurent 10 cm Ă  la naissance, leur teinte est plus uniforme et moins prononcĂ©e que celle des adultes[3] - [5]. Les mâles deviennent matures sexuellement quand ils atteignent une longueur comprise entre 23 et 27 cm, les femelles parviennent Ă  ce stade quand leur taille se porte Ă  environ 35 cm[2].

Répartition géographique et habitat

Narke japonica habite les eaux du plateau continental au nord-ouest de l'ocĂ©an Pacifique, du sud du Japon et de la CorĂ©e jusqu'au sud-est de la Chine et de TaĂŻwan[1]. Cette espèce de poisson benthique se trouve dans des zones sableuses, souvent Ă  proximitĂ© de rĂ©cifs Ă©loignĂ©s ou non de la cĂ´te. Au large de la pĂ©ninsule d'Izu, la prĂ©sence du poisson a Ă©tĂ© confirmĂ©e Ă  des profondeurs comprises entre 12 et 23 m[5].

Taxonomie

Les premiers spĂ©cimens rĂ©pertoriĂ©s de Narke japonica sont quatre poissons pĂŞchĂ©s au Japon et rĂ©cupĂ©rĂ©s par les naturalistes allemands Philipp Franz von Siebold et Heinrich Burger dans le second quart du XIXe siècle. Les spĂ©cimens sont empaillĂ©s et donnĂ©s au MusĂ©um royal d'histoire naturelle de Leyde; trois d'entre eux sont catĂ©gorisĂ©s dans le genre Narcine alors que le dernier est plus prĂ©cisĂ©ment inclus dans l'espèce Narcine timlei[10]. C'est ce travail qui forme la base sur laquelle s'appuient le NĂ©erlandais Coenraad Jacob Temminck et l'Allemand Hermann Schlegel pour leur description publiĂ©e en 1850 dans Fauna Japonica, il s'agit d'une sĂ©rie de monographies sur la zoologie japonaise[11]. Temminck et Schlegel assignent la nouvelle espèce au sous-genre Astrape inclus dans le genre Torpedo; les auteurs postĂ©rieurs considèrent qu'Astrape est un synonyme de Narke[2]. En 1947, Marinus Boeseman examine Ă  nouveau les quatre spĂ©cimens d'origine et dĂ©signe le plus grand de ces poissons mesurant 27 cm comme le lectotype de l'espèce[10]. Narke japonica ne possède pas de nom vulgaire acceptĂ© en français[12]. Certains taxonomistes estiment que Crassinarke dormitor et Narke japonica pourraient ĂŞtre conspĂ©cifiques, leur morphologie est en effet visuellement identique[13].

Relations avec l'homme

Le choc électrique que délivre Narke japonica est fort mais non létal pour l'homme[2]. La réaction d'un spécimen au contact d'un appareil photo a été observée : le poisson s'est frotté le dos contre le pied de l'appareil, cela peut suggérer des mécanismes de défense importants si le poisson est dérangé. L'espèce s'adapte mal à la vie en captivité[5]. Cette raie électrique comme beaucoup d'autres est utilisée en recherche biomédicale car ses organes électriques comprennent de nombreux canaux ioniques et récepteurs cholinergiques, elle sert d'organisme modèle au système nerveux humain[14].

Même si les données disponibles sont faibles, le poisson Narke japonica semble souvent attrapé dans les chaluts à crevettes et par les moyens de pêche en zone démersale en général en tant que prise accessoire. Ces prises accidentelles n'ont pas d'utilisation économique. Cependant, les raies électriques survivent difficilement une fois attrapées et transportées ; les chaluts sont reconnus comme responsables du déclin de population d'autres espèces de raies électriques. La forte intensité de l'industrie halieutique au large de l'Asie de l'Est a amené l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à classer cette espèce comme « Vulnérable » sur sa liste rouge[1].

Annexes

Bibliographie

  • (la) Temminck, C.J. et Schlegel, H., Fauna Japonica, sive descriptio animalium quae in itinere per Japoniam suscepto annis 1823–30 collegit, notis observationibus et adumbrationibus illustravit P. F. de Siebold (Pisces), Regis Auspiciis Editce, , p. 307

Références taxonomiques

Lien externe

Notes et références

  1. (en) « Fiche de Narke japonica sur le site de l'UICN. », sur iucnredlist.org (consulté le )
  2. (en) Compagno, L.J.V. et Last, P.R., FAO Identification Guide for Fishery Purposes : The Living Marine Resources of the Western Central Pacific, Food and Agricultural Organization of the United Nations, (ISBN 92-5-104302-7), « Torpedinidae: Narkidae », p. 1443-1446
  3. (en) Garman, S., « The Plagiostomia (sharks, skates, and rays) », Memoirs of the Museum of Comparative Zoology, vol. 36,‎ , p. 1-515
  4. (en) « Sur les écailles placoïdes. », sur marinelife.about.com
  5. (en) Scott W. Michael, Reef Sharks & Rays of the World : A guide to their identification, behavior, and ecology., Sea Challengers, , 107 p. (ISBN 0-930118-18-9), p. 82
  6. (en) Kawashima, T, Igarashi, M et Sasaki, H, « An anatomical study of an electric organ and its nerve supply in the electric ray (Torpedinidae Narke japonica) », Anatomia Histologia Embryologia - Journal of Veterinary Medicine Series C, vol. 33, no 5,‎ , p. 294-298
  7. (en) « Fiche de Narke japonica. », sur fishbase.org (consulté le )
  8. (en) Yamaguti, S., « Studies on the Helminth fauna of Japan. Part 4. Cestodes of fishes », Japanese Journal of Zoology, vol. 6,‎ , p. 1–112
  9. (en) Subhapradha, « Cestode parasites of fishes of Madras Coast », Indian Journal of Helminthology, vol. 7, no 2,‎ , p. 41–132
  10. (en) Boeseman, M., « Revision of the fishes collected by Burger and Von Siebold in Japan », Zoologische Mededelingen, vol. 28,‎ , p. 1-242
  11. Temminck 1850
  12. (en) « Noms vulgaires de Narke japonica », sur fishbase.org (consulté le )
  13. (en) Compagno, L.J.V. et Heemstra, P.C., « Electrolux addisoni, a new genus and species of electric ray from the east coast of South Africa (Rajiformes: Torpedinoidei: Narkidae), with a review of torpedinoid taxonomy », Smithiana Bulletin, vol. 7,‎ , p. 15-49
  14. (en) Ishizuka, T., Saisu, H., Suzuki, T., Kirino, Y. et Abe, T., « Molecular cloning of synaphins/complexins, cytosolic proteins involved in transmitter release, in the electric organ of an electric ray (Narke japonica) », Neuroscience Letters, vol. 232, no 2,‎ , p. 107-110 (PMID 9302098, DOI 10.1016/S0304-3940(97)00586-7)
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