Napier Lion
Le Napier Lion était un moteur d'avion à 12 cylindres en W construit par Napier & Son entre 1917 et le début des années 1930. Un certain nombre de caractéristiques avancées ont fait de ce moteur le plus puissant de son époque, et il est resté en production longtemps aprÚs que ses concurrents ont été retirés du marché. Il est particuliÚrement connu pour son utilisation sur un certain nombre de véhicules de course, avions, bateaux et voitures.
Lion | |
Napier Lion II au Musée de l'aviation du Canada | |
Constructeur | Napier & Son |
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Premier vol | |
Caractéristiques | |
Type | moteur Ă explosion W12 |
Conception et développement
Au dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale Napier a Ă©tĂ© chargĂ© de produire des moteurs d'avions conçus par d'autres entreprises : d'abord un modĂšle de Royal Aircraft Factory puis de Sunbeam. Les deux se rĂ©vĂ©lĂšrent peu fiables et, en 1916, Napier dĂ©cida de dessiner son propre moteur pour les remplacer, en visant une forte puissance, une faible masse et une surface frontale rĂ©duite. Le moteur fut conçu comme un 12 cylindres dans ce qui fut appelĂ© un « Broad Arrow » (FlĂšche large), câest-Ă -dire trois bancs de quatre cylindres partageant un carter commun. Cela a suggĂ©rĂ© le premier nom du moteur : le Triple-Four (Triple-Quatre). Aujourd'hui, ce type dâarchitecture, dont il n'y a eu que peu de reprĂ©sentants, est dĂ©signĂ© comme moteur en W, terme sâappliquant aussi bien au concept du Lion quâĂ celui de doubles moteurs en V.
Dans ses dĂ©buts, ce nouveau moteur rĂ©pondait au concept du moteur « surcomprimĂ© » : son taux de compression trĂšs Ă©levĂ© (5,8 :1 contre moins de 5 pour la plupart des moteurs aĂ©ronautiques contemporains [1] - [2]) ne permettait pas dâutiliser prĂšs du sol la pleine admission, qui nâĂ©tait possible quâĂ partir dâune certaine altitude, oĂč le taux de compression majorĂ© permettait un gain de puissance. Par la suite, lâemploi dâessences d'indice dâoctane majorĂ©, de compresseurs et de rĂ©gulateur dâadmission rendirent cette particularitĂ© caduque.
Parmi les caractĂ©ristiques trĂšs avancĂ©es, on trouvait les culasses Ă quatre soupapes par cylindre avec double arbre Ă cames en tĂȘte sur chaque rangĂ©e de cylindres et le groupement des chemises en un ensemble monobloc dâaluminium usinĂ© au lieu de la construction par cylindres sĂ©parĂ©s couramment utilisĂ©es sur presque tous les autres modĂšles, copiant en cela le dessin novateur du fameux V-8 Hispano-Suiza. Lâinspiration de ce V8 se retrouvait Ă©galement dans les cylindres borgnes, dont les chemises dâeau ne descendaient pas jusquâau bas, laissant leur partie infĂ©rieure en contact direct avec lâair ambiant. Toutefois, le moteur anglais se dĂ©marquait de son modĂšle europĂ©en en ce que les siĂšges de soupapes Ă©taient rapportĂ©s (alors quâils Ă©taient usinĂ©s directement dans les fonds de cylindres sur lâHispano) et vissĂ©s dans les culasses dĂ©tachables, assurant un transfert calorique nettement amĂ©liorĂ©. Une autre caractĂ©ristique particuliĂšre du moteur Ă©tait lâusage de paliers principaux constituĂ©s de roulements Ă billes ou Ă rouleaux de fort diamĂštre, simplement enfilĂ©s sur le vilebrequin [3] .
Sous la direction de A.J. Rowledge (en), la conception du nouveau moteur rebaptisĂ© « Lion » fut achevĂ©e dĂ©but 1917, et les premiers prototypes construits artisanalement commencĂšrent Ă tourner Ă la fin de cette mĂȘme annĂ©e. Le moteur Ă©quipa un DH.9 construit par de Havilland dĂ©but 1918, qui connut beaucoup de problĂšmes de refroidissement. De plus le bloc fraisĂ© s'avĂ©ra difficile Ă construire avec toute la prĂ©cision requise, obligeant Ă revenir Ă une configuration en cylindres sĂ©parĂ©s, toujours en aluminium. Une fois ces deux problĂšmes rĂ©solus au milieu de l'annĂ©e, le moteur entra en production en . Les premiers Lion version 1 dĂ©veloppaient 450 ch (335 kW) Ă partir de leurs 24 litres de cylindrĂ©e, affichant donc de meilleures performances que le Liberty L-12 de 400 ch (300 kW) conçu aux Ătats-Unis. En tant que moteur le plus puissant disponible (surtout aprĂšs quâil eut Ă©tĂ© Ă©quipĂ© dâun compresseur Ă entraĂźnement mĂ©canique en 1922), le Lion devint un Ă©norme succĂšs commercial. Au fil des ans entre les deux guerres le Lion Ă©tait omniprĂ©sent, et Napier n'a pratiquement fabriquĂ© que cela, abandonnant la production automobile en 1925. De ce fait, peu de recherches furent faites pour remplacer le produit-phare de la firme, qui propulsa plus de 160 diffĂ©rents types d'avions.
Dans les versions de course le moteur prĂ©parĂ© pouvait atteindre 1 300 ch (970 kW), et a Ă©tĂ© utilisĂ© pour battre une foule de records du monde : altitude, vitesse, et distance pour les avions, vitesse sur l'eau (dĂ©livrant 1 375 ch (1 025 kW) avec un Lion spĂ©cialement prĂ©parĂ© pour les 100 miles par heure (160 km/h) en 1933) et mĂȘme de vitesse sur terre : les Lions motorisaient de nombreux dĂ©tenteurs de records de Sir Malcolm Campbell (plus de 400 km/h en 1932) et la Railton Mobil Special (en) de John Cobb (634 km/h en 1947) - un record atteint bien aprĂšs les dĂ©buts du Lion et qui a tenu jusqu'aux annĂ©es 1960, restant aux mains de pilotes britanniques pendant 32 ans.
Ăgalement, le Lion motorisait les prĂ©tendants Ă la plus prestigieuse course aĂ©rienne, la Coupe Schneider, en 1922 et 1927, mais sâest ensuite effacĂ© au profit du nouveau moteur de Rolls-Royce, le Rolls-Royce R, de l'hydravion Supermarine qui avait Ă©tĂ© spĂ©cialement conçu pour cette course.
Durant les annĂ©es 1930 de nouvelles gĂ©nĂ©rations de moteurs de plus grosse cylindrĂ©e et plus puissants ont commencĂ© Ă apparaĂźtre, et le Lion a rapidement perdu du terrain. Au moment oĂč le Bristol Hercules et le Rolls-Royce Merlin sont arrivĂ©s dans les annĂ©es 1930, le Lion Ă©tait devenu clairement dĂ©passĂ©.
Une version marine du Lion, sans surprise appelée le Sea Lion (lion de mer), a été utilisée pour propulser les missions de secours rapides air-mer opérées par la Royal Air Force.
Une autre adaptation pour le moteur du Lion a été un traßneau à moteur à hélice, utilisé pour le transport à grande vitesse et les missions de recherche et sauvetage sur la banquise par les forces aériennes et de la marine finlandaise.
Sous lâimpulsion de lâingĂ©nieur indĂ©pendant Frank Halford, Napier sâĂ©loigna de la structure en W, et prĂ©senta Ă partir de 1928 deux nouveaux moteurs utilisant un agencement encore plus compact en H. Le Rapier (en) Ă 16 cylindres verticaux dĂ©veloppait 400 ch (300 kW), le Dagger (en) Ă 24 cylindres dĂ©livrait un peu moins de 1 000 ch (750 kW). Toutefois, tous deux Ă©taient plus petits que les concepts concurrents, et leur refroidissement Ă air peu satisfaisant. Finalement, pour satisfaire Ă la demande de lâAir Ministry pour un moteur de la classe 1.500 / 1.800 ch, Napier dut reprendre trĂšs sĂ©rieusement le concept du Dagger, avec une cylindrĂ©e largement augmentĂ©e, des blocs-cylindres devenant horizontaux et utilisant une distribution Ă chemises louvoyantes et un refroidissement liquide : cette Ă©volution majeure donnant le jour au superbe Sabre.
Variantes
ModĂšle | Date | No. Projet | Puissance | Notes | Utilisation notable | |
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I | 1918 | 450 ch à 1 950 tr/min | avec réducteur, aussi dénommés IA et 1AY | |||
II | 1919 | E64 | 450 ch Ă 2 000 tr/min | |||
III | 1923 | 550 ch | Gloster Gorcock (en) Supermarine Sea Lion III | |||
V | 470 ch à 2 000 tr/min 500 ch à 2 250 tr/min | la version VA avait un taux de compression augmenté à 5,8 | Moteur principal de la RAF à la fin des années 1920, remplacé par le Lion XI | |||
VS | E79 | Turbocompresseur avec Ă©changeur | ||||
VIS | 1927 | Turbocompressé | Gloster Guan (en) | |||
VII | 1925 | 700 ch (compétition) | Gloster III (participant à la coupe Schneider) Supermarine S.4 | |||
VIIA | 1927 | E86 | 900 ch (compétition) | Golden Arrow Blue Bird (1927) Miss England I (en) Supermarine S.5 (N219) Gloster IV | ||
VIIB | 1927 | 875 ch (compétition) | à réducteur | Supermarine S.5 (N220 & N221) Gloster IV | ||
VIID | 1929 | E91 | 1 350 ch à 3 600 tr/min (compétition) | Suralimenté, environ 6-8 construits | Blue Bird (1931) Fred H Stewart's (en) Enterprise Bateau de course Estelle V de Betty Carstairs (en) Miss Britain III (en) Gloster VI (Schneider Trophy entrant) Railton Special (voiture du record de vitesse de John Cobb) | |
VIII | 1927 | entraĂźnement direct | Gloster Gorcock (en) | |||
XIA | 1928 | 580 ch Ă 2 585 tr/min, compression 6:1 | ModĂšle de production RAF | Napier-Railton | ||
Lioness | E71 | Inversé, pour une meilleure visibilité. Certains ont été construits turbocompressés, pour la compétition. | ||||
Sea Lion | 1933 | 500â600 ch | version marine du Lion XI | British Power Boat Company Type Two 63 ft HSL (en) |
Applications
Avions
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Moteurs exposés
Des moteurs conservés sont en exposition statique dans ces musées :
- Brooklands Museum (en)
- Musée de l'aviation du Canada
- Imperial War Museum Duxford
- Solent Sky
Caractéristiques (Lion II)
Sources: Lumsden[7]
- Type : moteur d'avion Ă pistons 12 cylindres en W (3 bancs de 4 cylindres) refroidissement liquide.
- Alésage : 139,7 mm
- Course : 130,17 mm
- Cylindrée : 23,9 l
- Longueur : 460 mm
- Largeur : 1 067 mm
- Hauteur : 1 105 mm
- Poids sec : 435 kg
- Distribution : Deux soupapes d'admission et deux soupapes d'échappement par cylindre actionnées par double arbre à cames par bloc-cylindres.
- Refroidissement: refroidissement par eau
- Puissance: 480 ch (358 kW) Ă 2 200 tr/min Ă 5 000 pieds
- Puissance spécifique: 15,0 kW/L
- Taux de compression: 5,8:1
- Puissance/poids: 0,5 ch/lb (0,82 kW/kg)
Voir aussi
- Napier-Bentley (en)
- Campbell-Napier-Railton Blue Bird
- Napier-Campbell Blue Bird
- Golden Arrow
- Miss Britain III (en)
- Miss England I (en)
- Napier-Railton
- Railton Special
- Liste des moteurs d'avions
Liens externes
- (en) « The Napier Lion Aeromotor », Flight (en), vol. XI, no 13,â , p. 397â402 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le ) Description technique du Lion avec photographies et dessins.
Notes et références
- La genÚse du moteur et cette particularité sont rappelés dans https://www.enginehistory.org/Piston/Napier/NapierLionHx/NapierLionHx.shtml
- Le taux des V-8 Hispano-Suiza nâĂ©tait initialement que de 4,7 :1
- Une description trĂšs dĂ©taillĂ©e de lâarchitecture du Lion se trouve dans la rĂ©fĂ©rence 1
- Vessey 1997
- (en) « Lion », Flight,â (lire en ligne [PDF])
- [PDF]The 2d MTB Flotilla
- Lumsden 2003, p. 166.