Accueil🇫🇷Chercher

Naine noire

Une naine noire est l'évolution hypothétique d'une étoile de type naine blanche, qui s’est suffisamment refroidie pour ne plus émettre de lumière visible[1]. Pour l'instant, aucune étoile de ce type n’a pu être repérée puisque l'Univers serait trop jeune pour qu'une naine blanche ait eu le temps de se refroidir et se transformer en naine noire[2] - [3].

Une naine noire serait une naine blanche refroidie.

Même à l’époque où les naines noires existeront, il sera extrêmement difficile de les détecter, car elles émettront un rayonnement thermique à une température à peine au-dessus de celui du rayonnement fossile micro-onde. L'une des seules manières de les détecter sera par leur influence gravitationnelle[4].

Lorsque l'Univers aura 1067 ans, les dernières lueurs de l'ultime Ă©toile s'Ă©teindront, il ne restera que des naines noires, une sorte de l'après-naine blanche trop froide et peu lumineuse, tel un brasier qui se refroidit pour finir en cendres. Les naines noires sont des boules de matières en dĂ©composition. Les naines noires se dĂ©composeront en radiations et se disperseront dans le cosmos et il n'en restera plus un atome de matière (voir Futur d'un univers en expansion).

Évolutions internes possibles

Pour le physicien Mat Caplan, des phĂ©nomènes quantiques peuvent se manifester dans une naine noire massive. La matière y est si comprimĂ©e, après que l'Ă©toile originelle a fusionnĂ© ou expulsĂ© ses Ă©lĂ©ments lĂ©gers[5], que les noyaux peuvent hypothĂ©tiquement fusionner mĂŞme Ă  tempĂ©rature très basse. Cette fusion froide Ă  haute pression, dite « fusion pycnonuclĂ©aire (en) », permet Ă  deux noyaux chargĂ©s positivement de surmonter la force de rĂ©pulsion grâce Ă  l’effet tunnel. Progressivement, les noyaux positifs traversent la barrière de potentiel et fusionnent. Ces fusions sont excessivement lentes. La fusion de deux noyaux d’oxygène pour donner du silicium ou de deux noyaux de silicium pour donner du fer peut prendre des centaines de millions d’annĂ©es. Durant au moins 101 100 annĂ©es, la transformation des atomes d’oxygène, de nĂ©on et de magnĂ©sium en fer s'Ă©tend du cĹ“ur vers la pĂ©riphĂ©rie en une sorte de « front de fusion » sphĂ©rique. Sous la ligne de front se trouve du fer[6]. L'Ă©toile morte devient ainsi, très progressivement, une Ă©toile de fer.

Il est possible que les naines noires les plus massives pourraient se rĂ©veiller. Dans ce scĂ©nario, les Ă©lectrons libres prĂ©sents dans la matière ne peuvent pas se confiner Ă  cause du principe d’exclusion de Pauli, ils exercent une force de pression contre la gravitĂ© qui attire la matière vers le centre. La fusion pycnonuclĂ©aire consomme des Ă©lectrons, ce qui diminue la force s’opposant Ă  la gravitĂ©. La gravitĂ© l’emporte quand la densitĂ© au cĹ“ur atteint 1 200 t/cm3 et la naine noire s’effondre sur elle-mĂŞme. Le cĹ“ur se contracte et chauffe, entraĂ®nant les couches pĂ©riphĂ©riques qui rebondissent sur le cĹ“ur. La naine noire explose en supernova noire produisant une lumière aveuglante dans un Univers dĂ©jĂ  froid et mort. Les couches pĂ©riphĂ©riques sont Ă©jectĂ©es, laissant au centre un petit cĹ“ur chaud, une nouvelle naine blanche qui se refroidit sans exploser et devient Ă  nouveau une naine noire ou une Ă©toile Ă  neutrons[6]. Cependant, la probable dĂ©sintĂ©gration des protons entraĂ®nerait bien avant cela une perte progressive de masse de l'Ă©toile qui l'empĂŞcherait d'atteindre des processus pycnonuclĂ©aires[7].

Terminologie

Le terme « naine noire » a déjà été utilisé pour désigner ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de naine brune[8]. Les deux entités sont très différentes : une naine noire est, en quelque sorte, le dernier stade d'une naine blanche, alors qu'une naine brune est un objet substellaire n'ayant pas atteint une masse suffisante pour démarrer ou maintenir les réactions de fusion nucléaire qui ont lieu dans une étoile.

Articles connexes

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « black dwarf » (voir la liste des auteurs).
  1. Jean-Pierre Luminet, Les trous noirs, Seuil, coll. « Points Sciences », , 395 p. (ISBN 978-2-02-015948-7, présentation en ligne), « L'âge de cristal », p. 107-108.
  2. « Les étoiles - Les naines noires », sur http://www.odyssespace.fr.
  3. Jean-Pierre Luminet, « La mort des étoiles », Études sur la mort, no 124,‎ , p. 9-20 (lire en ligne, consulté le ), sur Cairn.info.
  4. (en) Charles Alcock, Robyn A. Allsman, David Alves, Tim S. Axelrod, Andrew C. Becker, David Bennett, Kem H. Cook, Andrew J. Drake, Ken C. Freeman, Kim Griest, Matt Lehner, Stuart Marshall, Dante Minniti, Bruce Peterson, Mark Pratt, Peter Quinn, Alex Rodgers, Chris Stubbs, Will Sutherland, Austin Tomaney, Thor Vandehei, Doug L. Welch, « Baryonic Dark Matter: The Results from Microlensing Surveys », In the Third Stromlo Symposium: the Galactic Halo, vol. 165,‎ , p. 362 (Bibcode 1999ASPC..165..362A).
  5. (en) Heger, A., Fryer, C.L., Woosley, S.E., Langer, N. et Hartmann, D.H., « How massive single stars end their life », Astrophysical Journal, vol. 591, no 1,‎ , p. 288–300 (DOI 10.1086/375341, Bibcode 2003ApJ...591..288H, arXiv astro-ph/0212469, S2CID 59065632), §3.
  6. Science & vie, janvier 2021, p. 104.
  7. (en) M. E. Caplan, « Black dwarf supernova in the far future », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 497, no 4,‎ , p. 4357–4362 (DOI 10.1093/mnras/staa2262, Bibcode 2020MNRAS.497.4357C, arXiv 2008.02296, S2CID 221005728).
  8. (en) R. F. Jameson, M. R. Sherrington, and A. R. Giles, « A failed search for black dwarfs as companions to nearby stars », Royal Astronomical Society, vol. 205,‎ , p. 39–41 (Bibcode 1983MNRAS.205P..39J).

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.