Nadine Lefaucheur
Nadine Lefaucheur, née en 1941 à Rouen, est une sociologue française. Ses recherches portent sur la famille et la pauvreté.
Naissance |
Rouen |
---|---|
Nationalité | Française |
Profession | Sociologue |
---|
Parcours de recherche
Après des études de sociologie et d’histoire, Nadine Lefaucheur a enseigné l’histoire au Gabon de 1962 à 1967. Puis, rentrée en France, elle a réalisé des études appliquées de sociologie et d’urbanisme pour divers organismes d’aménagement du territoire en Normandie de 1967 à 1973. Après plusieurs enquêtes de terrain sur les rapports entre femmes et hommes ayant donné lieu à diverses publications[1], elle est recrutée par le CNRS en 1981 en tant que chargée de recherche affectée au "Groupe d’étude des rôles des sexes, de la famille et du développement humain", dirigé à l’époque par Andrée Michel. Puis elle a travaillé à partir de 1987 avec le "Groupe de recherche et d’analyse du social et de la sociabilité" que dirigeait alors Robert Castel. Ce n’est qu’en 2000 qu’elle a pu se rapprocher de ses enfants installés en Martinique en intégrant l'équipe du Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (ou CRPLC).
Principaux thèmes de recherche
Nadine Lefaucheur a consacré une grande partie de ses recherches à questionner les représentations communes des réalités familiales, que ce soit pour les images de la virilité ou des relations amoureuses qui allaient de soi chez les hommes ou pour celles qui dominaient dans la société en matière de maternité. Cet objet de recherche l'a ensuite amenée à des études historiques plus approfondies du rôle des fondateurs de l'obstétrique ou encore de la mise en place institutionnelle de la procédure de l’accouchement dit « sous X ».
Coresponsable de l’enquête ENVEF-Martinique sur « le genre et les violences interpersonnelles », elle a été conseillère scientifique de l’enquête « genre et culture à la Martinique ». Puis elle a été responsable de l’enquête « Faire famille à la Martinique » (Institut national d’études démographiques, Paris), ainsi que de l’enquête sur « Les familles monoparentales et la précarité à la Martinique » (Caisse nationale des allocations familiales, Paris).
La déconstruction de la notion de "filles mères"
Dans le langage commun des années 1970, une multitude de situations de mères seules, veuves, divorcées ou célibataires étaient regroupées sous l'appellation péjorative de "filles mères". Nadine Lefaucheur a pris du recul à l'égard d'une telle représentation en se fondant à la fois sur des récits de vie et sur des analyses secondaires de données statistiques permettant de mettre en évidence que cette population comprenait d'abord des familles d'un type particulier qu'elle a nommé des "familles monoparentales". Mais une telle catégorisation est insuffisante pour expliquer la diversité des conditions de vie de ces familles comme le caractère spécifique de cette population. A l'aide du recueil d’histoires de vie de mères seules combinées avec des analyses secondaires des revenus et des conditions de logement des mères isolées, il a été possible de montrer que les principales variables explicatives de la diversité des expériences et des conditions de vie de ces familles ne résident pas dans la situation monoparentale elle-même mais dans le degré d’engagement familial et dans la relation conjugale qui avait été ceux du parent seul avant la séquence monoparentale[2].
La mise en question des situations de violence conjugale en fonction du genre
Nadine Lefaucheur et sa collègue Elizabeth Brown du CRIDUP se sont interrogées sur la nature des obstacles rencontrés et des ressources mobilisées pour sortir des situations de violence conjugale auxquelles s'affrontaient les femmes et les hommes en Martinique. L'enquête ENVEFF-Martinique lui a procuré un riche matériel pour questionner les rôles différents de la violence selon le genre. La problématique et le questionnaire de l'enquête réalisée en Martinique se sont largement inspirés de ceux des enquêtes sur les violences envers les femmes (ENVEFF) effectuées en France hexagonale et dans les DOM-TOM depuis 2000. Une grande différence avec l'enquête métropolitaine vient de l'inclusion dans l’enquête ENVEF-Martinique d'un échantillon d'hommes[3]. Elles ont ainsi pu noter des probabilités fortement différentes selon le sexe d’être victime, témoin ou acteur de faits violents dans les différents espaces et temps de vie[4].
Ĺ’uvre
- 1992 : Les accoucheurs des hĂ´pitaux de l'Assistance publique Ă Paris : de l'art des accouchements Ă la protection maternelle et infantile : rapport final mars 1989
- 1989 : Dissociation familiale et délinquance juvénile : les avatars scientifiques d'une représentation sociale (rapport pour la Caisse nationale d'allocations familiales)
- 1985 : (direction, avec Francis BAILLEAU & Vincent PEYRE) Lectures sociologiques du travail social, CRIV & Éditions Ouvrières, collection Politiques sociales, 220 p.
- 1980 : Nadine Lefaucheur et Marie-Françoise Le Drian, Mères célibataires. Première partie, Histoires de Marie Lambert, récits de vie à bâtons rompus : trajectoires sociales et modèles familiaux (Paris, 1980)
- 1975 : (Avec Georges Falconnet), La fabrication des mâles, Le Seuil (collection Combats), 205 p. (collection Points-Poche : 1977).
Notes et références
- Dont l’enquête qu’elle a réalisée, avec Georges Falconnet, sur les représentations masculines de la virilité et des relations amoureuses, laquelle s'est prolongée dans la publication de La Fabrication des mâles, ouvrage plusieurs fois réédité aux éditions du Seuil après 1975.
- Voir par exemple : « Les familles monoparentales : des chiffres et des mots pour les dire, formes nouvelles ou mots nouveaux ? ». In : AIDELF, Les familles d’aujourd’hui(1986 ).
- Un échantillon représentatif de 1 000 femmes et 500 hommes âgés de 18 à 59 ans, joints sur leur téléphone fixe, a ainsi répondu à un questionnaire comprenant sept modules : le premier explorait les caractéristiques individuelles et biographiques des répondants et de leurs éventuel(le)s conjoint(e)s ou partenaires ; les cinq suivants étant consacrés aux violences (verbales, psychologiques, physiques et sexuelles) éventuellement subies pendant les douze derniers mois, dans la vie professionnelle ou scolaire, dans la vie conjugale ou amoureuse, dans les relations avec un ancien partenaire, dans les relations avec la famille et les proches, et, enfin, dans les espaces publics ; un dernier module relevait les principaux faits de violence (insultes, menaces, coups et autres brutalités, pratiques et relations sexuelles imposées) subis avant les douze derniers mois, en précisant s’ils l’avaient été avant ou après l’âge de 18 ans.
- Cf. "Difficultés de la jeunesse, entrée précoce dans la vie adulte et victimation : l’exemple de la Martinique" (par N. Lefaucheur et E. Brown), Revue française des affaires sociales, La Documentation française, 2013, Paris.