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Musta'min

Musta'mīn ou Musta'man (arabe : مستأمن) était une classification historique dans le monde islamique pour décrire un étranger non-musulman qui résidait pour une durée limitée sur un territoire musulman. Les personnes désignées pour cette classification étaient des harbis — en référence au dar al-harb, antonyme du dar al-Islam — qui possèdaient un sauf-conduit (aman) leur fournissant une protection et le statut de dhimmi sans toutefois avoir à payer la Djizîa[1]. Ce système de Musta'man était principalement utilisé par les marchands, les messagers et les étudiants allant dans les terres musulmanes au cours du Moyen Âge et de l'époque moderne[1]. Les émissaires et les ambassadeurs sont automatiquement dotés d'un aman. L'attribution de ce laissez-passer pouvait être effectué sous différentes formes par un imam. En effet ce dernier pouvait donner un aman à une personne ou bien à l'ensemble de la population d'un État donné[2]. Tout musulman pouvait faire la demande d'aman pour un maximum de dix personnes[2].

Différents types

Le sauf-conduit de court terme peut être personnel ou général[3]:

  • Aman personnel (khass) peut ĂŞtre donnĂ© par tout musulman adulte Ă  une ou plusieurs personnes Ă©trangères[4].
  • Aman gĂ©nĂ©ral ('amm) peut ĂŞtre donnĂ© seulement par le calife ou un de ses reprĂ©sentants Ă  un nombre indĂ©fini de « harbis ».

La durée de validité est de un an pour les musta'min avec ses enfants et sa femme ou les femmes avec qui il est relié[3]. Plusieurs juristes hanbalites permettaient l'extension de la durée à une année lunaire[2].

Droits

Une fois l'aman — ou amân — délivré, les musta'mins pouvaient voyager en terre d'Islam — sauf à la Mecque et à Médine —et s'adonner à des activités commerciales. En sus de cela, ils étaient autorisés à faire venir leurs familles. Les musta'mins pouvaient épouser une dhimmi et la ramener dans son pays d'origine. Toutefois les femmes dhimmis ne possédaient pas ce même droit[5]. Le musta'min était soumis au droit civil et criminel et il ne doit pas agir — par ses actes ou par la parole — envers l'Islam[4] - [6]. Si le musta'min était arrêté alors qu'il ne respectait pas ces lois, il encourait l'exil ou la peine de mort. La personne qui lui a donné l'aman pouvait aussi être condamnée[6].

Pratique et exemple

Maison du baylo de Constantinople.

Un exemple de l'utilisation de l'amân est l'attribution de ce laissez-passer aux commerçants vénitiens sur les terres de l'Empire ottoman[7]. Comme le soulève l'historien français à l'Université Bordeaux-Montaigne Géraud Poumarède, le statut de musta'min pouvait s'allonger sur de nombreuses années comme en témoigne la présence dans le quartier de Péra du futur doge Andrea Gritti pendant plus de deux décennies ou encore les lettres qu'Andrea Berengo, établit à Alep, adresse à son père en et où il affirme vouloir rester quatre ans dans le Levant avant de rentrer dans la lagune[7] - [8]. Le statut de musta'min avait une place importante dans les relations entre Venise et la Sublime Porte — le commerce en Orient avait une importance cruciale pour les habitants de la Sérénissime. En , les autorités ottomanes exemptèrent les vénitiens de Kharâj à condition qu'ils n'habitent plus sur le territoire ottoman. Ainsi, les allers et retours des commerçants faisaient disparaître de fait la limitation d'un an de l'aman[7].

Voir aussi

Références

  1. Khadduri 1955, p. 163.
  2. Hallaq Wael 2009, p. 333.
  3. Parolin 2009, p. 60.
  4. Yakoob et Mir 2004, p. 109.
  5. Yakoob et Mir 2004, p. 166.
  6. Khadduri 1955, p. 168.
  7. Poumarède 2020, p. 538-540.
  8. Poumarède 2020, p. 82-83.

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Musta'min » (voir la liste des auteurs).

Sources

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