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Movaizhaleine

Movaizhaleine est un groupe de hip-hop gabonais, originaire de Libreville. Fondé au début de l'année 1992 par un groupe de collégiens, il est actuellement composé de Maât Seigneur Lion et Lord Ekomy Ndong.

Movaizhaleine
Autre nom Bad Breath
Pays d'origine Drapeau du Gabon Gabon
Genre musical Hip-hop, rap politique[1]
Années actives Depuis 1992
Labels Zorbam Produxions
Composition du groupe
Membres Mâat Seigneur Lion
Lord Ekomy Ndong
Anciens membres Lion
Tough G

Biographie

Formation et origines

Le groupe est formĂ© Ă  Libreville, au Gabon, au sein du LycĂ©e National LĂ©on Mba, un Ă©tablissement secondaire regroupant un collège et un lycĂ©e. Au cours de l'annĂ©e 1992, alors qu'ils se trouvaient en salle de permanence car un de leurs cours avait Ă©tĂ© annulĂ©, cinq collĂ©giens qui s'ennuient dĂ©cident de fonder un groupe de rap. La dĂ©cision est d'abord prise de choisir un nom. Ils arrachent deux pages du milieu d'un cahier et une sĂ©ance de remue-mĂ©ninges commence. Puis, au bout d'une douzaine de propositions, un vote est menĂ©. Ă€ l'unanimitĂ©, le nom de Bad Breath est sĂ©lectionnĂ©[2] - [3].

Bad Breath, voulant dire « mauvaise haleine » en français, fait référence à la parole directe et franche, dénuée de toute édulcoration et pas toujours agréable à entendre, ce qui donnait le ton pour les thèmes de prédilection à venir du jeune groupe. Au départ, le groupe est composé de cinq membres, Threat P (le futur Lord Ekomy Ndong), Tough G, Sky Powers, Evil Fancy, et H2S. Le premier titre de Bad Breath s'intitule Racisme, et évoque la ségrégation effective entre les européens vivant au Gabon et les gabonais, et la façon dont les jeunes gabonais le ressentent[2]. À la fin de l'année scolaire 1991-1992, la coopérative de leur lycée organise un spectacle qui se compose de numéros de théâtre, de danse et de chant, organisés et interprétés par les élèves. Lord Ekomy Ndong et Tough G se retrouvent dans les coulisses de l'organisation, par l'entremise du grand frère de Lord Ekomy Ndong, et sont conviés à participer à deux numéros sur scène. Le premier numéro consiste en l'interprétation du morceau We're All in the Same Gang, regroupant plusieurs stars du rap de la côte ouest des États-Unis, dont Ice-T, NWA et MC Hammer, entre autres[2].

Durant toutes les vacances scolaires de l'Ă©tĂ© 1992, Lord Ekomy Ndong (appelĂ© alors Threat P), Maât Seigneur (appelĂ© alors Kriminel) Lion et Tough G Ă©crivent des textes, s'entraĂ®nent Ă  rapper leurs textes et font des enregistrements « artisanaux ». Peu après la crĂ©ation du groupe, Lord Ekomy Ndong, le plus technique des trois, dĂ©veloppe une mĂ©thode d'Ă©chantillonnage d'extraits instrumentaux. Peu Ă  peu, Tough G apprend Ă  maĂ®triser la technique et, ainsi, Lord Ekomy Ndong et lui joueront un rĂ´le de fournisseur de beat pendant des annĂ©es. Des Ă©chantillons de Public Enemy, NWA, Naughty By Nature servent de base aux « instrumentaux ». En parallèle, Ekomy se procure une petite boite Ă  rythmes, et le trio s'entraĂ®ne Ă  crĂ©er des beats, qu'ils enregistrent sur cassette. Ă€ la fin de l'Ă©tĂ© 1992, le trio, fort de la confiance acquise, commence Ă  s'afficher un peu plus et Ă  faire sa publicitĂ© dans son entourage, et notamment dans le lycĂ©e.

DĂ©buts

Entre 1992 et 1993, à force d'essuyer les trous de mémoire des DJ, d'entendre le nom de leur groupe écorché et déformé, le groupe décide de traduire son nom, et devient Movaizhaleine[3]. L'été 1993 est marqué par une ambiance et des événements importants pour le groupe. Movaizhaleine augmente la cadence de ses participations aux concours de rap : dans les fêtes de quartier, sound systems, événements organisés notamment par des sponsors. Le studio de Dread Pol à Africa Numéro 1 devient le rendez-vous du samedi soir, par exemple. Le groupe y côtoie le milieu rasta, et a ainsi l'occasion de s'exprimer à chaque session de l'émission Black Feeling de la radio panafricaine[2].

Le groupe constate de façon croissante son succès auprès d'un vrai public, et se sent encouragé par la portée de ses prestations. Ces apparitions sur scène permettent aussi au trio de se positionner par rapport à ses concurrents dans la hiérarchie du hip-hop gabonais. Au parc d'exposition de Libreville, plus connu à l'époque sous l'appellation de « foire », sont organisés tout l'été des événements musicaux. Le Centre Culturel Français (CCF), représenté par Stowell D., organise un concours de rap. C'est le centre culturel qui produisait déjà, à l'époque, un des groupes de rap les plus prestigieux du Gabon, le CIA Posse X (ou Siya Posse X). À gagner, un contrat de production d'un album par le CCF. C'est la chance dont rêvent depuis longtemps M16 (Lord Ekomy Ndong), Kriminel (Maât Seigneur Lion) et Luis (Tough G). Movaizhaleine finit 2e au concours, et gagne ainsi le droit à la production d'un de leurs albums.

Pendant tout l'été 1993, plusieurs fois par semaine, Movaizhaleine se produit les après-midi sur la scène de la « foire ». La venue du King Daddy Yod (interprète de la célèbre chanson Faut pas taper la doudou) à Libreville cet été-là, accompagnant l'implantation de RFI en onde courtes à Libreville, en partenariat avec le centre culturel français, représente une opportunité pour Movaizhaleine de se frotter à plus grand encore. Pendant la même période, Maât Seigneur Lion change son pseudonyme pour Matt, qui deviendra plus tard Maât. À la fin de l'été 1993, la notoriété du groupe commence à gagner Libreville, et Movaizhaleine commence à figurer parmi les groupes incontournables de la capitale.

Au cours de l'année scolaire 1993-1994, Tough G connaît des difficultés personnelles et scolaires. De plus, depuis plusieurs mois, son chemin et son évolution artistiques le mènent de plus en plus vers un mariage de hip hop et de reggae. Ses expérimentations musicales lui font faire ses premiers pas, parfois très maladroits, dans le chant. Certains de ses textes, surtout dans le chant, s'adoucissent de façon significative. Lord Ekomy Ndong et Maât Seigneur Lion, quant à eux, commencent à adopter un discours très politique. Il devient aussi difficile de concilier les emplois du temps des trois membres de Movaizhaleine, et Tough G se retrouve à faire de nombreuses apparitions sur scène et à la radio seul, toujours comme un membre de Movaizhaleine. À l'été 1994, le trio Movaizhaleine devient, dans les faits, un duo, Mâat Seigneur Lion et Lord Ekomy Ndong. La même année, le groupe publie son premier titre studio, La Loi du talion.

Années 2000 et 2010

En 2008, Movaizhaleine est nommé dans la catégorie du meilleur vidéo-clip pour le titre Nous aux MTV Africa Music Awards[4].

À la fin 2010, le groupe part à Chicago pour l'enregistrement d'une chanson en collaboration avec R. Kelly. Il en sortira le titre Hands Across the World en 2011, publié par le label ONE8[5]. En 2011, ils signent un contrat avec Rockstar 4000, un label de Sony Music Africa, effectuent des tournées africaines, et se produisent dans des salles parisiennes[3]. En avril 2016, le groupe publie un nouveau titre, Pas comme on l'entend[6]. Cette même année, le groupe est primé dans la catégorie « Prix de l’artiste gabonais » aux Awards de l'info[7].

Discographie

  • 1994 : La Loi du talion
  • 1997 : Nyabinghi
  • 1999 : Mission Ă  Mbeng
  • 2001 : Mission akomplie
  • 2005 : On dĂ©tient la harpe sacrĂ©e tome I
  • 2007 : On dĂ©tient la harpe sacrĂ©e tome II

Clips

  • Racisme (1993) ; rĂ©alisĂ© par M. Sauthon - Libreville, Gabon
  • Nyabinghi (1998) ; rĂ©alisĂ© par TĂ©lĂ©africa - Libreville, Gabon
  • Mission Ă  Mbeng (1999) ; rĂ©alisĂ© par GĂ©nĂ©ral Hannibal - Nantes, France
  • Aux choses du pays (2001) ; rĂ©alisĂ© par lord Ekomy et Maat - Libreville, Gabon
  • Mission akomplie (2005) ; rĂ©alisĂ© par Didier Ping - Libreville, Gabon ; Évite le boukan (2001), rĂ©alisĂ© par Sam Ali Ă  Nantes, France
  • Mupal na mukat (2004) ; rĂ©alisĂ© par Movaizhaleine - Dakar, SĂ©nĂ©gal
  • Enlève moi le name (2004) ; rĂ©alisĂ© par Lord Ekomy et Maat - Ouagadougou, Burkina Faso
  • ExilĂ© (2005) ; rĂ©alisĂ© par Lord Ekomy Ndong et Sam - Nantes/France O lord (2005), rĂ©alisĂ© par Yann Tchandy ; Libreville, Gabon
  • Hey yah (2005) ; rĂ©alisĂ© par lord Ekomy et Maat - Libreville/Gabon
  • Conscientiser (2005) ; rĂ©alisĂ© par GĂ©nĂ©ral Hannibal - Libreville/Gabon
  • La CIA Wanda (2005) ; rĂ©alisĂ© par GĂ©nĂ©ral Hannibal - Libreville/Gabon
  • Elle m'appelait Senghor (2006) ; rĂ©alisĂ© par Audrey Gallet et lord Ekomy - Libreville, Gabon ; Paris, France
  • Nous (2007) ; rĂ©alisĂ© par John Gabriel Biggs - Libreville, Gabon
  • Est-ce qu'ils savent (2007) ; rĂ©alisĂ© par Wally - Libreville, Gabon
  • Est-ce qu'ils savent (2007) ; rĂ©alisĂ© par H Charpentier - Oyem, Gabon
  • Mos za len (2008) ; rĂ©alisĂ© par Charly - Paris, France

Notes et références

  1. « Rappeurs africains, entre engagement politique et musique », sur RFI (consulté le ).
  2. Alice Aterianus-Owanga, « Le rap, ça vient d’ici ! » : Musiques, pouvoir et identités dans le ..., , 336 p. (ISBN 978-2-7351-2387-2 et 2-7351-2387-1, lire en ligne), p. 74-82.
  3. « Gabon : les bons mots de Movaizhaleine », sur Jeune Afrique, (consulté le ).
  4. « Musique : J-Rio nominé aux MTV Africa Music Awards 2016 », sur gaboneco.com, (consulté le ).
  5. « Gabon/Musique : Movaizhaleine en studio avec ONE8 et…R. Kelly ! », sur gaboneco.com, (consulté le ).
  6. « Gabon – Movaizhaleine : Maât Seigneur Lion chante pour les « panthères » », sur Jeune Afrique, (consulté le ).
  7. « Awards de l’info : Les 10 lauréats de l’édition 2016 », sur gabonreview.com, (consulté le ).

Liens externes

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