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Mouvement de protection des voies ferrées

Le mouvement de protection des voies ferrĂ©es (chinois : äżè·Żé“ćŠš ; chinois traditionnel : äżè·Żé‹ć‹• ; pinyin : bǎo lĂčdĂ o dĂČng), aussi appelĂ© « mouvement de protection des droits des voies ferrĂ©es », est une vague de protestation politique qui eut lieu en Chine en 1911 Ă  la fin de la dynastie Qing contre l'annonce du gouvernement impĂ©rial de nationaliser les projets de dĂ©veloppement ferroviaire et de transfĂ©rer le contrĂŽle aux banques Ă©trangĂšres. Le mouvement, centrĂ© dans la province du Sichuan, exprime le mĂ©contentement de masse sous la fin des Qing, formant des groupes anti-Qing (en) et contribuant au dĂ©clenchement de la rĂ©volution chinoise de 1911. La mobilisation des troupes impĂ©riales dans la province voisine du Hubei pour rĂ©primer le mouvement crĂ©a l'opportunitĂ© aux rĂ©volutionnaires de Wuhan de lancer le soulĂšvement de Wuchang, ce qui dĂ©clenchera la rĂ©volution finale contre les Qing et mĂšnera Ă  la fondation de la RĂ©publique de Chine.

Monument à la mémoire des martyrs tués durant le mouvement (Chengdu).

Contexte

Des années 1890 à 1905, presque toutes les voies ferrées de Chines sont planifiées, financées, construites et gérées par des puissances étrangÚres avec des concessions du gouvernement Qing. Pour aider les économies locales à développer et conserver les bénéfices gagnés par les voies ferrées, les Qing autorisent les provinces à organiser leurs propres projets de construction ferroviaire.

En 1905, la province du Sichuan fonde la compagnie de la voie Sichuan-Hankou[1]. Afin d'obtenir des fonds pour construire les 1 238 km de ligne entre Chengdu et Wuhan, la compagnie vend des parts au public et le gouvernement provincial impose une taxe spĂ©ciale de 3 % sur les rĂ©coltes versĂ©es par les propriĂ©taires terriens, qui reçoivent en Ă©change des certificats de parts[2]. D'une maniĂšre ou d'une autre, la majeure partie des classes noble ou marchande devient propriĂ©taire de parts dans le projet de ligne[3]. En 1911, la compagnie lĂšve 11 983 305 taels d'argent dont 9 288 428 ou 77,5 % viennent des nouvelles taxes, 2 458 147 de l'investissement public et 236 730 du gouvernement[4]. La compagnie est cependant minĂ©e par la corruption et la mauvaise gestion des administrateurs nommĂ©s par le gouvernement, et les efforts de construction font peu de progrĂšs. En 1907, la direction de la compagnie est remplacĂ©e par un conseil d'administration de nobles, marchands, et officiels retraitĂ©s[5]. En 1909, Zhan Tianyou, un diplĂŽmĂ© de l'universitĂ© Yale et constructeur de la voie ferrĂ©e Beijing-Zhangjiakou (en), est embauchĂ© comme ingĂ©nieur en chef. Mais le conseil reste divisĂ© par des querelles sur le tracĂ© de la voie et seuls quelques kilomĂštres sont construits en 1911[5].

En mĂȘme temps, le gouvernement des Qing, impatient de voir progresser les projets ferroviaires rĂ©gionaux, se tourne vers des prĂȘteurs Ă©trangers. Les autoritĂ©s sont Ă  l'Ă©poque sous pression financiĂšre en devant rembourser les lourdes dettes imposĂ©es par le protocole de paix Boxer de 1901[6]. En nationalisant les projets ferroviaires locaux et en vendant ensuite les droits Ă  des Ă©trangers, le gouvernement peut espĂ©rer rĂ©unir assez de fonds pour payer ses dettes Ă  la Grande-Bretagne, Ă  l'Allemagne, Ă  la France, et aux États-Unis[7] - [8] - [9]. DĂ©but , les prĂȘteurs du « Consortium des quatre puissances » incluant la Hongkong & Shanghai Banking Corporation (HSBC)) britannique, la banque germano-asiatique allemande, la Banque de l'Indochine française, et la J.P. Morgan & Co., la Kuhn, Loeb & Co et la First National City Bank of New York (Citibank) amĂ©ricaines, acceptent la demande du gouvernement Qing de financer la construction des voies ferrĂ©es dans le centre de la Chine[10]. Le , Sheng Xuanhuai, ministre des Postes et des Communications, ordonne la nationalisation de tous les projets ferroviaires locaux et, le , il signe un accord de prĂȘt avec le « Consortium des quatre puissances », promettant les droits de gestion des voies Sichuan-Hankou et Hankou-Guandong en Ă©change d'un prĂȘt de 10 millions ÂŁ qui doit ĂȘtre remboursĂ© par les droits de douane et les taxes sur le sel[7] - [11]. La voie Guangdong-Hankou est un projet rĂ©gional des provinces du Hubei, du Hunan, et du Guangdong[7] - [12].

Mouvement de protestation

Pu Dianjun, l'un des organisateurs de la ligue de protection de la voie ferrée du Sichuan, deviendra le chef du gouvernement révolutionnaire du Sichuan durant la révolution chinoise de 1911.

L'annonce de la nationalisation provoque de fortes oppositions dans le Sud de la Chine, en particulier au Sichuan oĂč vit la plus grande partie du public propriĂ©taire de parts dans le projet ferroviaire. Les investisseurs sont mĂ©contents d'ĂȘtre seulement partiellement compensĂ©s par des bons du gouvernement plutĂŽt que par de l'argent[13].

Le montant offert au Sichuan est inférieur à celui des autres provinces[7]. Pu Dianjun et d'autres membres influents de l'assemblée provinciale du Sichuan fondent la ligue de protection de la voie ferrée du Sichuan le , et font des discours publics contre la nationalisation qui est largement considérée comme une confiscation économique et une mise sous tutelle des étrangers[14].

Effusion de sang Ă  Chengdu

Les 11 et , plus de 10 000 personnes protestent Ă  Chengdu et les Ă©tudiants et les marchands organisent une sĂ©rie de grĂšves et de boycotts[7]. Le 1er septembre, la compagnie de la voie Sichuan-Hankou adopte une rĂ©solution des actionnaires appelant le public du Sichuan Ă  ne plus payer les taxes sur le grain du gouvernement Qing. Le , le gouverneur-gĂ©nĂ©ral du Sichuan, Zhao Erfeng fait arrĂȘter Pu Dianjun et les autres meneurs et fermer la compagnie[15]. Des protestants enragĂ©s marchent alors vers son bureau de Chengdu en demandant la libĂ©ration de Pu[15]. Zhao Erfeng ordonne Ă  ses troupes d'ouvrir le feu et des douzaines de manifestants sont tuĂ©s[15]. 32 morts sont comptĂ©s Ă  Chengdu[7].

L'effusion de sang enflamme alors les protestataires[16]. Les groupes clandestins anti-Qing, comme le Tongmenghui ou le Gelaohui (en), lancent des attaques armĂ©es sur des troupes Qing Ă  Chengdu. Le , Wang Tianjie, chef du Gelaohui du comtĂ© de Rong, fonde l'« armĂ©e des camarades » et mĂšne 800 partisans vers Chengdu, dans le but de renverser Zhao Erfeng. Avec la montĂ©e des tensions au Sichuan, le gouvernement des Qing dĂ©met Zhao Erfeng de ses fonctions et offre une compensation complĂšte aux investisseurs[17]. Mais les groupes armĂ©es continent cependant de grossir et comptent trĂšs vite plus de 100 000 partisans qui renversent les autoritĂ©s gouvernementales du Sichuan[18].

Nouvelle Armée et mutinerie

La cour des Qing ordonne également au gouverneur-général du Hubei et du Hunan, Duanfang, de partir renforcer les troupes du Sichuan avec celles du Hubei. La mobilisation de la Nouvelle Armée force les groupes révolutionnaires du Hubei à précipiter leur soulÚvement. La diversion des troupes de la Nouvelle Armée affaiblit les défenses à Wuhan et participe au rapprochement entre des unités militaires et des révolutionnaires[16]. Le , des révolutionnaires d'unités de la Nouvelle Armée restées à Wuhan lance le soulÚvement de Wuchang.

Suites

AprÚs le déclenchement de la révolution chinoise de 1911, des soulÚvements et des combats entre loyalistes et révolutionnaires du Sichuan continuent jusqu'en novembre. Duanfang est tué par Liu Yifeng aprÚs une mutinerie de la Nouvelle Armée. Le , Zhao Erfeng libÚre Pu Dianjun de prison et négocie un accord pour remettre le pouvoir au nouveau « gouvernement militaire Han du Sichuan »[19]. Le , Zhao Erfeng et Pu Dianjun proclament l'indépendance du Sichuan[20]. Zhao Erfeng est par la suite accusé d'avoir fomenté un coup qui réussit briÚvement à reprendre Chengdu en décembre et il est exécuté par les révolutionnaires le [19] - [20].

La voie Sichuan–Hankou reste inachevĂ©e pendant des dĂ©cennies en raison de l'instabilitĂ© politique, du chaos de guerre, du manque de financement, et des difficultĂ©s du terrain. La voie Chengdu–Chongqing (en) est construite en 1952 et la voie Xiangyang–Chongqing (en) est achevĂ©e en 1979, connectant enfin Chengdu Ă  Wuhan, mais le trajet ne prend pas un chemin direct et passe par la province du Shaanxi. Une voie ferrĂ©e de l'ancien projet de la ligne Sichuan-Hankou est reconvertie et intĂ©grĂ©e dans la ligne Ă  grande vitesse Shanghai–Wuhan–Chengdu (en). La derniĂšre section de cette ligne ouvre le .

Références

  1. Gao: 55
  2. Gao: 56
  3. Wu : 84
  4. Gao : 57
  5. Gao : 58
  6. Spence, Jonathan D. [1990] (1990). The search for modern China. W. W. Norton & Company publishing. (ISBN 0-393-30780-8), (ISBN 978-0-393-30780-1). pg 250-256.
  7. Reilly, Thomas. [1997] (1997). Science and Football III, volume 3. Taylor & Francis publishing. (ISBN 0-419-22160-3), (ISBN 978-0-419-22160-9). pg 277-278.
  8. 戎逞, 韔曞鐞. [2002] (2003) 侭朋通ćČ. æž…. Intelligence press. (ISBN 962-8792-89-X). p 86-89.
  9. çŽ‹æ†ć‰. (2005) (2006) äž­ćœ‹æ­·ćČèŹ›ć ‚ #6 æ°‘ćœ‹. äž­èŻæ›žć±€. (ISBN 962-8885-29-4). pg 3-7.
  10. Dillon : 138
  11. Dillon: 139
  12. Fenby, Jonathan. [2008] (2008). The History of Modern China: The Fall and Rise of a Great Power. (ISBN 978-0-7139-9832-0). pg 107, pg 116.
  13. Cambridge History, vol. 11, Part 2: 516, 521
  14. Fogel & Zarrow: 133
  15. Wu: 110
  16. Wu : 111
  17. Cambridge History, vol. 11, Part 2:522
  18. Cambridge History, vol. 11, Part 2:524
  19. Guo
  20. Rhoads : 200-201

Bibliographie

  • (en) Michael Dillon, China : a modern history, I.B. Tauris, , 504 p. (ISBN 978-1-85043-582-2 et 1-85043-582-0, lire en ligne)
  • (en) The Cambridge History of China, vol. Volume 11, Part 2, Cambridge University Press, , 745 p. (ISBN 0-521-22029-7, lire en ligne)
  • (en) Peter A. Fogel et Peter Gue Zarrow, Imagining the people : Chinese intellectuals and the concept of citizenship, 1890-1920, M. E. Sharpe, (ISBN 0-7656-0098-6, lire en ligne)
  • (en) James Zheng Gao, Meeting technology's advance : social change in China and Zimbabwe in the railway age, Westport (Conn.)/London, Greenwood Publishing Group, , 218 p. (ISBN 978-0-313-30095-0 et 0-313-30095-X, lire en ligne)
  • (en) Qin 钩 Guo 郭, 风雹æŹČ杄——重绘蟛äș„é©ć‘œćŽ†ćČćœ°ć›Ÿ, æč–ć—äșș民ć‡ș版瀟 (lire en ligne)
  • (en) Edward J. M. Rhoads, Manchus & Han : ethnic relations and political power in late Qing and early republican China, 1861-1928, University of Washington Press, , 404 p. (ISBN 0-295-98040-0, lire en ligne)
  • (en) Yuzhang Wu, Recollections of the Revolution of 1911 : A Great Democratic Revolution of China, Minerva Group, (ISBN 0-89875-531-X, lire en ligne)
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