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Mosquée Sancaktar Hayrettin

La mosquĂ©e Sancaktar Hayrettin (en turc : Sancaktar Hayrettin CĂąmĂź [mosquĂ©e] ou Sancaktar Hayrettin Mescidi [petite mosquĂ©e]) est le seul Ă©difice subsistant du complexe d’un ancien monastĂšre orthodoxe byzantin converti en mosquĂ©e par les Ottomans. On croit que ce petit Ă©difice faisait partie du monastĂšre Ta Gastria (en grec : ÎœÎżÎœáż† Ï„áż¶Îœ Î“Î±ÏƒÏ„ÏÎŻÏ‰Îœ, Monē tƍn Gastríƍn; litt : monastĂšre des vases ou des pots). L’édifice est un exemple mineur d’architecture palĂ©ologienne, mais a une valeur historique importante.

Mosquée Sancaktar Hayrettin
Présentation
Type
Style
Matériau
Localisation
Localisation
Coordonnées
41° 00â€Č 10″ N, 28° 56â€Č 05″ E
Carte
La mosquĂ©e telle qu’elle apparaissait dans les annĂ©es 1870.

Emplacement

L’édifice est situĂ© dans le quartier de Samatya dĂ©pendant du district historique de Fatih, une courte distance au nord de l’église armĂ©nienne Saint-Georges (Soulou Monastir) situĂ©e lĂ  oĂč Ă©tait l’église byzantine de Sainte-Marie Peribleptos. Elle se trouve Ă  quelque cinq cents mĂštres au nord-est de la station KocamustafapaƟa sur la ligne du mĂ©tro rĂ©gional entre Sirkeci et Halkalı.

Histoire

La mosquĂ©e telle qu’elle apparaĂźt aujourd’hui.

L’origine de cet Ă©difice situĂ© sur la pente sud de la septiĂšme colline de Constantinople donnant sur la mer de Marmara est incertaine. Selon une tradition, la mĂšre de Constantin Ier, HĂ©lĂšne, Ă  son retour de Terre sainte en 325 aprĂšs la dĂ©couverte de la Sainte Croix serait entrĂ©e dans la ville par le port tou Psomatheou et aprĂšs avoir fondĂ© un couvent Ă  cet endroit, aurait dĂ©corĂ© son jardin de pots (ta gastria) d’arbustes odorifĂ©rants rapportĂ©s de son pĂšlerinage[1] - [2]. Comme aucun couvent ne fut bĂąti Ă  Constantinople avant la fin du mĂȘme siĂšcle, cette tradition (qui a l’avantage d’expliquer l’origine du nom) ne peut ĂȘtre retenue.

Selon des historiens Ă©crivant plus d’un siĂšcle aprĂšs les Ă©vĂšnements, la fondation de ce couvent serait due soit Ă  Euphrosyne, Ă©pouse de Michel II l’Amorien (LĂ©on le Grammairien) ou Ă  Theoktista, mĂšre de ThĂ©odora Ă©pouse de ThĂ©ophile (Zonaras). Toutes deux tissĂšrent des liens Ă©troits avec cette maison, la premiĂšre parce qu’elle y prit le voile (ThĂ©ophane continuatus), la deuxiĂšme parce qu’elle rĂ©sida dans le voisinage ayant achetĂ© une maison du patrice Niketas(ThĂ©ophane continuatus). Les deux femmes devaient jouer un rĂŽle de premier-plan dans la restauration des icĂŽnes, Ă  la fin de la pĂ©riode iconoclaste de l’Empire byzantin. Alors mĂȘme que ThĂ©ophile, empereur iconoclaste, Ă©tait au pouvoir, Euphrosyne retirĂ©e au monastĂšre apprenait aux petites-filles de l’empereur Ă  vĂ©nĂ©rer les images saintes lors de leurs visites. L’ayant appris, l’empereur, furieux, interdit Ă  celles-ci de rendre visite Ă  leur grand-mĂšre[3]. AprĂšs la mort de ThĂ©ophile, ThĂ©odora devint rĂ©gente et ce fut durant cette rĂ©gence que fut rĂ©tabli le culte des images [4]. Las de cette rĂ©gence qui se poursuivait aprĂšs qu’il eut atteint l’ñge lĂ©gal de sa majoritĂ©, Michel III fit mettre un terme Ă  celle-ci avec l’aide de Bardas, le frĂšre de ThĂ©odora. Cette derniĂšre tenta de rĂ©sister, conservant pendant deux ans ses appartements dans le palais. Pendant ce temps, l’empereur tenta de persuader le patriarche Ignace de tonsurer ThĂ©odora pour l’envoyer dans un couvent, ce Ă  quoi le patriarche se refusa, ce qui provoqua sa dĂ©position l’annĂ©e suivante. Michel parvint toutefois Ă  expulser ses quatre sƓurs dont trois furent envoyĂ©es dans un couvent appelĂ© Karianos alors que la plus jeune, PulchĂ©rie, qui dit-on Ă©tait la prĂ©fĂ©rĂ©e de sa mĂšre, Ă©tait envoyĂ©e au couvent de Ta Gastria[N 1]. Finalement, elle se rĂ©solut Ă  quitter le palais aprĂšs que Bardas eut fait assassiner son ancien favori, ThĂ©oktistos, et alla rejoindre PulchĂ©rie Ă  Ta Gastria. Elle devait y rester cinq ans jusqu’à la victoire de son frĂšre, le gĂ©nĂ©ral PĂ©tronias sur l’émir de MĂ©litĂšne, Ă  la suite de quoi le confinement des membres de la famille impĂ©riale semble avoir Ă©tĂ© allĂ©gĂ©; ThĂ©odora put quitter le couvent, reprendre sa position Ă  la cour, incluant son titre d’augusta comme semble le confirmer une lettre que lui adressa en le pape Nicolas Ier (r. 858 – 867)[5] - [6]. Selon Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte, Ă©crivant quelques dĂ©cennies plus tard, l’église du couvent servit de mausolĂ©e pour les membres de la famille de ThĂ©odora. Outre celle-ci, on y trouvait les tombes de sa mĂšre ThĂ©oktista, de son frĂšre PĂ©tronas, de trois de ses filles, d’IrĂšne fille de son frĂšre Bardas ainsi que d’un petit coffre contenant la mĂąchoire infĂ©rieure de celui-ci [7].

La derniĂšre mention que nous avons de Ta Gastria avant la conquĂȘte vient d’un pĂšlerin russe qui visita Constantinople dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVe siĂšcle. Il mentionne un couvent situĂ© prĂšs de la Corne d’Or oĂč les reliques de sainte EuphĂ©mie et de sainte Eudocie Ă©taient vĂ©nĂ©rĂ©es; il pourrait bien s’agir du couvent de Ta Gastria[8].

Peu de temps aprĂšs la chute de Constantinople, Hayrettin Effendi, sancaktar (porte-Ă©tendard) du sultan Mehmet II convertit l’édifice en un mescit (oratoire) oĂč il fut enterrĂ© [9]. Le grand tremblement de terre de 1894 qui eut son Ă©picentre sous la mer de Marmara dĂ©truisit partiellement la mosquĂ©e qui fut restaurĂ©e de 1973 Ă  1976 [9].

Architecture

Le mur sud-est montrant la composition ornementale brique et mortier.

La petite dimension de l’édifice qui subsiste ne permet pas de l’identifier Ă  l’église d’un couvent. Il s’agit plutĂŽt d’un martyrion (chapelle funĂ©raire) ou d’un mausolĂ©e que l’on peut dater de la pĂ©riode PalĂ©ologue (XIVe siĂšcle)[9]. L’édifice a la forme d’un octogone irrĂ©gulier dont l’intĂ©rieur est en croix grecque avec une abside dans le bras Est. Une arche de grande taille sur chaque cĂŽtĂ© monte jusqu’à la corniche, offrant une grande ressemblance avec un autre bĂątiment byzantin connu sous le nom de Sheik Suleiman Mesjedi, prĂšs du Pantocrator. Le dĂŽme originel s’est Ă©croulĂ©. L’entrĂ©e est situĂ©e dans l’arche Ouest; les arches Nord, Sud et Ouest sont percĂ©es de fenĂȘtres qui projettent la lumiĂšre dans les bras de la croix intĂ©rieure. La maçonnerie est faite de rangs alternĂ©s de briques et de pierres de taille donnant Ă  l’extĂ©rieur un aspect polychrome typique de la pĂ©riode PalĂ©ologue[10] - [11]. Les restes des murs subsistant sur les cĂŽtĂ©s nord-ouest et sud avant la restauration indiquent que cet Ă©difice n’était pas une structure indĂ©pendante, mais qu’elle Ă©tait reliĂ©e Ă  d’autres Ă©difices[9]. Un minaret a Ă©tĂ© ajoutĂ© lors de la restauration de l’édifice.

Extérieur et intérieur

  • Le minaret
    Le minaret
  • Une colonne de la mosquĂ©e
    Une colonne de la mosquée
  • IntĂ©rieur
    Intérieur

Notes et références

Notes

  1. Selon Van Millingen écrivant plusieurs décennies avant Judith Herrin, les quatre filles de Théoktista auraient été envoyées à Ta Gastria (Van Millingen (1912) p. 378.

Références

  1. Van Milligen (1912) p. 378
  2. Janin (1953) p. 72
  3. Herrin (2001) pp. 178-180
  4. Herrin (2001) pp. 206-210
  5. Herrin (2001) pp. 226-230
  6. Van Millingen (1912) pp. 378-379
  7. Van Millingen (1912) p. 380
  8. Janin (1953) p. 73
  9. MĂŒller-Wiener (1977) p. 72
  10. Eyice (1955) p. 90
  11. Van Millingen (1912) p. 381

Bibliographie

  • (fr) Eyice, Semavi . Istanbul. Petite Guide a travers les Monuments Byzantins et Turcs. Istanbul, Istanbul Matbaası, 1955.
  • (en) Garland, Lynda. Byzantine Empresses: Women and Power in Byzantium AD 527-1204. London, Routledge, 1999. (ISBN 978-0-415-14688-3).
  • (en) GĂŒlersoy, Çelik. A Guide to Istanbul. Istanbul, Istanbul Kitaplığı, 1976. OCLC 3849706.
  • (en) Herrin, Judith. Women in purple, Rulers of Medieval Byzantium. Princeton & Oxford, 2001, (ISBN 978-0-691-11780-5).
  • (fr) Janin, Raymond. La GĂ©ographie EcclĂ©siastique de l'Empire Byzantin. 1ere partie : Le SiĂšge de Constantinople et le Patriarcat ƒcumĂ©nique. 3e vol : Les Églises et les MonastĂšres . Paris, Institut Français d'Études Byzantines, 1953.
  • (en) Mamboury, Ernest. The Tourists' Istanbul, Istanbul, Çituri Biraderler Basımevi, 1953.
  • (de) MĂŒller-Wiener, Wolfgang. Bildlexikon zur Topographie Istanbuls: Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn d. 17 Jh. TĂŒbingen, Wasmuth, 1977. (ISBN 978-3-8030-1022-3).
  • (en) Van Millingen, Alexander. Byzantine Churches in Constantinople, Their Story & Architecture. [1912] reprint 2015, e-Kitap Projeci & Cheapest Books, Istanbul. (ISBN 978-15-0771-8223).

Voir aussi

Liens internes

Théodora (impératrice, femme de Théophile)

Architecture byzantine

Architecture d'Istanbul

PĂ©riode iconoclaste de l'Empire byzantin

Liens externes

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