Mosquée Sancaktar Hayrettin
La mosquĂ©e Sancaktar Hayrettin (en turc : Sancaktar Hayrettin CĂąmĂź [mosquĂ©e] ou Sancaktar Hayrettin Mescidi [petite mosquĂ©e]) est le seul Ă©difice subsistant du complexe dâun ancien monastĂšre orthodoxe byzantin converti en mosquĂ©e par les Ottomans. On croit que ce petit Ă©difice faisait partie du monastĂšre Ta Gastria (en grec : ÎÎżÎœáż Ïáż¶Îœ ÎαÏÏÏÎŻÏÎœ, MonÄ tĆn GastrĂĆn; litt : monastĂšre des vases ou des pots). LâĂ©difice est un exemple mineur dâarchitecture palĂ©ologienne, mais a une valeur historique importante.
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41° 00âČ 10âł N, 28° 56âČ 05âł E |
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Emplacement
LâĂ©difice est situĂ© dans le quartier de Samatya dĂ©pendant du district historique de Fatih, une courte distance au nord de lâĂ©glise armĂ©nienne Saint-Georges (Soulou Monastir) situĂ©e lĂ oĂč Ă©tait lâĂ©glise byzantine de Sainte-Marie Peribleptos. Elle se trouve Ă quelque cinq cents mĂštres au nord-est de la station KocamustafapaĆa sur la ligne du mĂ©tro rĂ©gional entre Sirkeci et Halkalı.
Histoire
Lâorigine de cet Ă©difice situĂ© sur la pente sud de la septiĂšme colline de Constantinople donnant sur la mer de Marmara est incertaine. Selon une tradition, la mĂšre de Constantin Ier, HĂ©lĂšne, Ă son retour de Terre sainte en 325 aprĂšs la dĂ©couverte de la Sainte Croix serait entrĂ©e dans la ville par le port tou Psomatheou et aprĂšs avoir fondĂ© un couvent Ă cet endroit, aurait dĂ©corĂ© son jardin de pots (ta gastria) dâarbustes odorifĂ©rants rapportĂ©s de son pĂšlerinage[1] - [2]. Comme aucun couvent ne fut bĂąti Ă Constantinople avant la fin du mĂȘme siĂšcle, cette tradition (qui a lâavantage dâexpliquer lâorigine du nom) ne peut ĂȘtre retenue.
Selon des historiens Ă©crivant plus dâun siĂšcle aprĂšs les Ă©vĂšnements, la fondation de ce couvent serait due soit Ă Euphrosyne, Ă©pouse de Michel II lâAmorien (LĂ©on le Grammairien) ou Ă Theoktista, mĂšre de ThĂ©odora Ă©pouse de ThĂ©ophile (Zonaras). Toutes deux tissĂšrent des liens Ă©troits avec cette maison, la premiĂšre parce quâelle y prit le voile (ThĂ©ophane continuatus), la deuxiĂšme parce quâelle rĂ©sida dans le voisinage ayant achetĂ© une maison du patrice Niketas(ThĂ©ophane continuatus). Les deux femmes devaient jouer un rĂŽle de premier-plan dans la restauration des icĂŽnes, Ă la fin de la pĂ©riode iconoclaste de lâEmpire byzantin. Alors mĂȘme que ThĂ©ophile, empereur iconoclaste, Ă©tait au pouvoir, Euphrosyne retirĂ©e au monastĂšre apprenait aux petites-filles de lâempereur Ă vĂ©nĂ©rer les images saintes lors de leurs visites. Lâayant appris, lâempereur, furieux, interdit Ă celles-ci de rendre visite Ă leur grand-mĂšre[3]. AprĂšs la mort de ThĂ©ophile, ThĂ©odora devint rĂ©gente et ce fut durant cette rĂ©gence que fut rĂ©tabli le culte des images [4]. Las de cette rĂ©gence qui se poursuivait aprĂšs quâil eut atteint lâĂąge lĂ©gal de sa majoritĂ©, Michel III fit mettre un terme Ă celle-ci avec lâaide de Bardas, le frĂšre de ThĂ©odora. Cette derniĂšre tenta de rĂ©sister, conservant pendant deux ans ses appartements dans le palais. Pendant ce temps, lâempereur tenta de persuader le patriarche Ignace de tonsurer ThĂ©odora pour lâenvoyer dans un couvent, ce Ă quoi le patriarche se refusa, ce qui provoqua sa dĂ©position lâannĂ©e suivante. Michel parvint toutefois Ă expulser ses quatre sĆurs dont trois furent envoyĂ©es dans un couvent appelĂ© Karianos alors que la plus jeune, PulchĂ©rie, qui dit-on Ă©tait la prĂ©fĂ©rĂ©e de sa mĂšre, Ă©tait envoyĂ©e au couvent de Ta Gastria[N 1]. Finalement, elle se rĂ©solut Ă quitter le palais aprĂšs que Bardas eut fait assassiner son ancien favori, ThĂ©oktistos, et alla rejoindre PulchĂ©rie Ă Ta Gastria. Elle devait y rester cinq ans jusquâĂ la victoire de son frĂšre, le gĂ©nĂ©ral PĂ©tronias sur lâĂ©mir de MĂ©litĂšne, Ă la suite de quoi le confinement des membres de la famille impĂ©riale semble avoir Ă©tĂ© allĂ©gĂ©; ThĂ©odora put quitter le couvent, reprendre sa position Ă la cour, incluant son titre dâaugusta comme semble le confirmer une lettre que lui adressa en le pape Nicolas Ier (r. 858 â 867)[5] - [6]. Selon Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte, Ă©crivant quelques dĂ©cennies plus tard, lâĂ©glise du couvent servit de mausolĂ©e pour les membres de la famille de ThĂ©odora. Outre celle-ci, on y trouvait les tombes de sa mĂšre ThĂ©oktista, de son frĂšre PĂ©tronas, de trois de ses filles, dâIrĂšne fille de son frĂšre Bardas ainsi que dâun petit coffre contenant la mĂąchoire infĂ©rieure de celui-ci [7].
La derniĂšre mention que nous avons de Ta Gastria avant la conquĂȘte vient dâun pĂšlerin russe qui visita Constantinople dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVe siĂšcle. Il mentionne un couvent situĂ© prĂšs de la Corne dâOr oĂč les reliques de sainte EuphĂ©mie et de sainte Eudocie Ă©taient vĂ©nĂ©rĂ©es; il pourrait bien sâagir du couvent de Ta Gastria[8].
Peu de temps aprĂšs la chute de Constantinople, Hayrettin Effendi, sancaktar (porte-Ă©tendard) du sultan Mehmet II convertit lâĂ©difice en un mescit (oratoire) oĂč il fut enterrĂ© [9]. Le grand tremblement de terre de 1894 qui eut son Ă©picentre sous la mer de Marmara dĂ©truisit partiellement la mosquĂ©e qui fut restaurĂ©e de 1973 Ă 1976 [9].
Architecture
La petite dimension de lâĂ©difice qui subsiste ne permet pas de lâidentifier Ă lâĂ©glise dâun couvent. Il sâagit plutĂŽt dâun martyrion (chapelle funĂ©raire) ou dâun mausolĂ©e que lâon peut dater de la pĂ©riode PalĂ©ologue (XIVe siĂšcle)[9]. LâĂ©difice a la forme dâun octogone irrĂ©gulier dont lâintĂ©rieur est en croix grecque avec une abside dans le bras Est. Une arche de grande taille sur chaque cĂŽtĂ© monte jusquâĂ la corniche, offrant une grande ressemblance avec un autre bĂątiment byzantin connu sous le nom de Sheik Suleiman Mesjedi, prĂšs du Pantocrator. Le dĂŽme originel sâest Ă©croulĂ©. LâentrĂ©e est situĂ©e dans lâarche Ouest; les arches Nord, Sud et Ouest sont percĂ©es de fenĂȘtres qui projettent la lumiĂšre dans les bras de la croix intĂ©rieure. La maçonnerie est faite de rangs alternĂ©s de briques et de pierres de taille donnant Ă lâextĂ©rieur un aspect polychrome typique de la pĂ©riode PalĂ©ologue[10] - [11]. Les restes des murs subsistant sur les cĂŽtĂ©s nord-ouest et sud avant la restauration indiquent que cet Ă©difice nâĂ©tait pas une structure indĂ©pendante, mais quâelle Ă©tait reliĂ©e Ă dâautres Ă©difices[9]. Un minaret a Ă©tĂ© ajoutĂ© lors de la restauration de lâĂ©difice.
Extérieur et intérieur
- Le minaret
- Une colonne de la mosquée
- Intérieur
Notes et références
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Sancaktar Hayrettin Mosque » (voir la liste des auteurs).
- Selon Van Millingen écrivant plusieurs décennies avant Judith Herrin, les quatre filles de Théoktista auraient été envoyées à Ta Gastria (Van Millingen (1912) p. 378.
Références
- Van Milligen (1912) p. 378
- Janin (1953) p. 72
- Herrin (2001) pp. 178-180
- Herrin (2001) pp. 206-210
- Herrin (2001) pp. 226-230
- Van Millingen (1912) pp. 378-379
- Van Millingen (1912) p. 380
- Janin (1953) p. 73
- MĂŒller-Wiener (1977) p. 72
- Eyice (1955) p. 90
- Van Millingen (1912) p. 381
Bibliographie
- (fr) Eyice, Semavi . Istanbul. Petite Guide a travers les Monuments Byzantins et Turcs. Istanbul, Istanbul Matbaası, 1955.
- (en) Garland, Lynda. Byzantine Empresses: Women and Power in Byzantium AD 527-1204. London, Routledge, 1999. (ISBN 978-0-415-14688-3).
- (en) GĂŒlersoy, Ăelik. A Guide to Istanbul. Istanbul, Istanbul KitaplıÄı, 1976. OCLC 3849706.
- (en) Herrin, Judith. Women in purple, Rulers of Medieval Byzantium. Princeton & Oxford, 2001, (ISBN 978-0-691-11780-5).
- (fr) Janin, Raymond. La GĂ©ographie EcclĂ©siastique de l'Empire Byzantin. 1ere partie : Le SiĂšge de Constantinople et le Patriarcat ĆcumĂ©nique. 3e vol : Les Ăglises et les MonastĂšres . Paris, Institut Français d'Ătudes Byzantines, 1953.
- (en) Mamboury, Ernest. The Tourists' Istanbul, Istanbul, Ăituri Biraderler Basımevi, 1953.
- (de) MĂŒller-Wiener, Wolfgang. Bildlexikon zur Topographie Istanbuls: Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn d. 17 Jh. TĂŒbingen, Wasmuth, 1977. (ISBN 978-3-8030-1022-3).
- (en) Van Millingen, Alexander. Byzantine Churches in Constantinople, Their Story & Architecture. [1912] reprint 2015, e-Kitap Projeci & Cheapest Books, Istanbul. (ISBN 978-15-0771-8223).