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Mort par Ă©bouillantage

La mort par ébouillantage (appelée aussi bouillage) est une ancienne méthode d'exécution. Elle était pratiquée essentiellement à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, à l'aide d'eau ou d'huile bouillante ou encore de poix portée à température élevée. Selon les récits chrétiens de la persécution subie dans l'Empire romain, plusieurs personnes ont aussi été ébouillantées pour leur foi.

Présentation

Ce châtiment consistait à plonger le condamné dans un grand chaudron où l'on a fait bouillir de l'eau ou de l'huile. L'exécution pouvait être plus ou moins longue selon la vitesse à laquelle le bourreau descendait le condamné et selon le liquide utilisé. Il faut cependant préciser que, vu le prix de l'huile à cette époque, il est probable que ce soit de l'eau qui ait été utilisée le plus souvent. La poix a sans doute été également utilisée (c'est de la poix qui était en général versée sur les assaillants lors d'une attaque de place forte). Il était aussi possible d'allumer le feu sous la marmite après avoir plongé le condamné dans le liquide, la mort était ainsi plus lente. Ce châtiment fut pratiqué au Moyen Âge[1], le plus souvent sur la place du marché[2] et essentiellement contre les faux-monnayeurs. Mais d'autres crimes pouvaient être punis par cette peine, on retrouve par exemple, au château du Plessis-Bourré, une figurine représentant le supplice d'une mère et de son fils coupables d'inceste.

En France

Au XIIIe siècle, à propos des faux monnayeurs, Henri de Suse dit : « Il faut noter que celui qui falsifie la monnaie est brûlé ».

L'article 634 de la coutume de Bretagne, réformée en 1580, prévoyait que les faux monnayeurs fussent bouillis, puis pendus.

L'article 39 de la coutume de Loudun prĂ©voyait que les faux monnayeurs fussent traĂ®nĂ©s, bouillis puis pendus.  

Exemples

Extraits de Comptes royaux (1285-1314), publiĂ© par R. Fawtier et F. Maillard, tome I, Comptes gĂ©nĂ©raux, Paris 1953. 

« Sénéchaussée d'Auvergne, compte rendu pour l'Ascension 1299.
Recettes.
"Des biens d'un faux-monnayeur naguère bouilli dans la prévôté* de Riom : 35 sous 2 deniers." »

« Bailliage de Vermandois, compte rendu à l'Ascension 1305.
DĂ©penses.
"Pour une marmite achetée afin de bouillir les faux-monnayeurs à Montdidier : 100 sous."
"Pour les dépenses faites par le prévôt* de Montdidier et plusieurs autres en recherchant tant des assassins que des faux-monnayeurs, pris et jugés : 42 livres 10 sous (on doit obtenir les noms des faux-monnayeurs et leurs biens, car ils doivent revenir au roi comme il est de règle)." »

« Bailliage de Vermandois, compte rendu à la Toussaint 1299.
Recettes.
"Des biens de Baudoin l'Orfèvre, bouilli et pendu pour faux-monnayage, vendus à Roye, pour partie : 43 livres 9 sous." [3] »

  • Pierre le Mesnagier de Saint MalĂ´ bouilli en 1380 Ă  Avranches  
  • Christophe Turgis, coquillard, bouilli Ă  Paris au MarchĂ© aux Pourceaux en [4]
  • Nicolas Dussault Ă  Évreux en 1514 (Ă©chappe Ă  la chaudière, mais est condamnĂ© Ă  ĂŞtre essorillĂ© et pendu)
  • Jehan Ducouldray, maĂ®tre orfèvre bouilli Ă  l'eau place des Halles de Paris en
  • Laurens Stelle, de Venise bouilli Ă  l'eau place des Halles de Paris en
  • Pierre Riveron, hĂ´telier Ă  Suet, condamnĂ© Ă  ĂŞtre bouilli mais finalement pendu place des Halles de Paris en
  • Jehan Thierry bouilli place des Halles de Paris en
  • Louis SecrĂ©tain, orfèvre, bouilli dans l'eau, en rĂ©chappa, place principale de Tours en 1486
  • HĂ©lye de la Garde, bouilli Xainctes en Poitou en 1311
  • Jehan Former, dit Jehan de Caors, artisan boutiquier, bouilli dans l'huile Ă  Cahors en
  • Rigal bouilli dans l'huile Ă  Cahors vers 1545
  • Bietremieu de Toskenne bouilli Ă  Valenciennes au XVe siècle
  • Ghillain de Mellin bouilli Ă  Valenciennes en
  • Jean Hasart bouilli Ă  Anzin-lès-Valenciennes en
  • Philippe Noton Ă©chappant Ă  la chaudière il fut finalement pendu, Ă  Maubeuge en 1434
  • Nicolas Harache Ă©tranglĂ©, jetĂ© dans l'huile bouillante, pendu Ă  Gand en [5] - [6]

Abolition

La peine du Bouillir, bien qu'elle fût tombée en désuétude, ne fut abrogée que le , par article 35 du titre 1 de la 1re partie du code pénal.

Exemples célèbres

Personnages de fiction

  • Dans le conte Ali Baba et les quarante voleurs, Morgiane tue les voleurs en les Ă©bouillantant Ă  l'huile.
  • Dans le manga One Piece, Oden Kozuki, ainsi que ses vassaux, sont condamnĂ©s Ă  ĂŞtre Ă©bouillantĂ©s dans de l'huile, mais Oden rĂ©ussit Ă  survivre une heure dans le bouillon tout en portant une planche en bois avec ses vassaux positionnĂ©s dessus. Tandis que les vassaux rĂ©ussissent Ă  s'enfuir grâce Ă  Oden, ce dernier est nĂ©anmoins exĂ©cutĂ© par balle par Kaido.
  • Dans le roman Shogun de James Clavell, Pieterzoon est tranquillement Ă©bouillantĂ© dans un chaudron d'eau sur les ordres du daimyo Kasigi Yabu.

Notes et références

  1. Gildas Salaün, « La fausse monnaie et sa répression à la fin du Moyen Âge », Monnaie magazine,‎ , p. 50-55 (ISSN 1626-6145)
  2. Laurent Feller, Faux-monnayeurs et fausses monnaies en France à la fin du Moyen âge, seconde moitié du xve siècle, Paris, Le léopard d'or, , 187 p.
  3. Comptes royaux (1285-1314), France, Paris, Imprimerie nationale,
  4. Champion, Pierre (1880-1942) François Villon : sa vie et son temps
  5. Institutions du droit Belgique Volume 1 page 345
  6. Desnier, Jean-Luc, « La justice du chaudron ou le chaudron de vérité », Schweizer Münzblätter = Gazette numismatique suisse = Gazzetta numismatica svizzera, no Volume 33-37 Cahier 144,‎ 1983-1987, p. 101 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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