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Monstre humain

Un monstre humain dĂ©signe, dans le langage courant, un ĂȘtre humain atteint de malformation congĂ©nitale, ou d'un dĂ©sordre gĂ©nĂ©tique, du dĂ©veloppement, ou une maladie causant des formes extrĂȘmes de difformitĂ© ; Joseph Merrick, dit « l'homme Ă©lĂ©phant » Ă©tant un exemple reprĂ©sentatif de ce dernier cas. Les « monstres » ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s ou se sont produits dans des spectacles forains, des cirques ou des zoos humains en tant que phĂ©nomĂšne de foire ou curiositĂ©s mĂ©dicales. JugĂ©es dĂ©gradantes, ces exhibitions ont Ă©tĂ© interdites en Europe, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, elles perdurent aux États-Unis sous le terme de freak show. L'Ă©tude des diffĂ©rents cas de monstruositĂ© humaine entre dans le cadre de la tĂ©ratologie.

Julia Pastrana, une femme avec une apparence inhabituelle (photo datant d'avant 1900).

PhénomÚnes de foire

Des « monstres humains » ont parfois servi d'attraction dans les foires notamment aux XIXe et XXe siĂšcles en Europe et aux États-Unis. N'Ă©tant pas intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ©, ils n'avaient souvent pas d'autres choix pour vivre que de s'exhiber comme curiositĂ© anatomique et phĂ©nomĂšne de foire. L'interdiction au XIXe siĂšcle en Europe de ces exhibitions considĂ©rĂ©es comme dĂ©gradantes mit fin Ă  ce moyen de subsistance pour certains d'entre eux.

BaptĂȘme des monstres dans l'Église catholique

La nĂ©cessitĂ© pour les catholiques de baptiser les nouveau-nĂ©s afin de leur Ă©viter les limbes a conduit les thĂ©ologiens Ă  approfondir la question des monstres. Louis-Albert Joly de Choin estime par exemple que, dans le doute, il faut toujours baptiser, au besoin sub conditione, par la formule « Si tu es homo ego te baptiso in nomine Patris & Filii & Spiritus Sancti », et il entre dans les dĂ©tails : s'il y a par exemple plusieurs tĂȘtes et un seul corps on baptisera chaque tĂȘte sĂ©parĂ©ment, sauf en pĂ©ril de mort imminente et qu'on n'ait pas le temps de les baptiser toutes sĂ©parĂ©ment ; alors ce sera sur toutes les tĂȘtes ou toutes les poitrines Ă  la fois avec la formule « ego vos baptiso, etc. ». Inversement s'il n'y a qu'une seule tĂȘte et plusieurs corps le baptĂȘme sur l'unique tĂȘte suffira[1]. Mais c'est François-Emmanuel Cangiamila qui s'est montrĂ© le plus disert sur ce point[2] : que faire si le monstre a une tĂȘte humaine avec un corps animal ou le contraire ? On baptisera mais lĂ  encore avec la formule « Si tu es homo
 ». Et que faire des monstres acĂ©phales ? LĂ  encore c'est le baptĂȘme sub conditione. À la diffĂ©rence de son confrĂšre Louis Albert Joly de Choin il estime qu'avec une seule tĂȘte sur plusieurs corps il faut baptiser d'abord la tĂȘte puis chaque corps diffĂ©rents car « on a vu quelquefois des enfans sans tĂȘte et vivans ».

Quoi qu’il en soit, prĂ©cise Cangiamila « il ne faut dans aucun cas tuer un monstre, quel qu'il soit ; on doit le porter d'abord Ă  un prĂȘtre, qui, s'il croit ĂȘtre Ă©clairĂ© sur le fait, agira en consĂ©quence, Ă  moins que, jugeant qu'il en aura le temps, il ne prĂ©fĂšre aller consulter son Ă©vĂȘque ; s'il estime que ce monstre possĂšde une Ăąme raisonnable, il veillera sur son Ă©ducation.

Par deux fois, dit notre auteur, il m'est arrivĂ© d'apprendre qu'on venait de tuer des monstres sans qu'on ait mĂȘme songĂ© Ă  les baptiser ! »[3]

Hybrides homme-animal

Les hybrides homme-animal, comme le centaure ou le loup-garou, sont fréquents dans de nombreuses mythologies ou légendes populaires. Les annales médicales ont désigné certains cas de monstruosité humaine comme des exemples d'hybridation homme-animal, sans que des preuves scientifiques de fécondations inter-espÚces n'aient jamais été établies[4] - [5]. La Laotienne Krao Farini atteinte d'hypertrichose est présentée en 1886 comme une hybride homme-singe.

Monstres célÚbres

  • Tognina Gonsalvus et son pĂšre Petrus Gonsalvus, atteints d'hypertrichose ;
  • Pasqual Piñón (1889–1929) : Une version de son histoire parle des restes de son frĂšre jumeau mort inutero ; la seconde raconte qu'il souffrait en fait d'une large tumeur bĂ©nigne au sommet de la tĂȘte, un chef de foire l'aurait fait passer pour une seconde tĂȘte en utilisant de la cire. AprĂšs sept ans d'exhibition, sa tumeur lui fut retirĂ©e ;
  • Frank Lentini : il avait trois jambes. La troisiĂšme Ă©tait situĂ©e au-dessus des fesses, dans la continuitĂ© de la colonne vertĂ©brale. Elle ne lui permettait pas de marcher (car plus courte que les deux autres) mais il s'en servait comme tabouret. Pour la petite histoire, il avait un trĂšs bon ami unijambiste avec qui il partageait l'achat de chaussures, tous deux faisant la mĂȘme pointure ;
  • Maria Lhaurens : une femme, nĂ©e en Espagne le , atteinte de nanisme, qui ne mesura jamais plus de 0,60 mĂštre ;
  • Joseph Merrick : Britannique prĂ©sentĂ© comme phĂ©nomĂšne de foire sous le surnom d'Elephant Man (« homme Ă©lĂ©phant »), possiblement atteint de neurofibromatose (maladie de Recklinghausen) ou plus probablement de syndrome de ProtĂ©e.

Monstre humain dans la culture

Littérature

Cinéma

Plusieurs films ont été consacrés aux monstres, et aux réactions qu'ils provoquent, autour du thÚme de la différence. Freaks (La Monstrueuse Parade, 1932) de Tod Browning, et Elephant Man de David Lynch, 1980, sont les plus notoires.

D'autres films ont été tournés sur le sujet, comme le Mari de la femme à barbe de Marco Ferreri, ou Mask de Peter Bogdanovich.

L'Assistant du vampire est un film amĂ©ricain rĂ©alisĂ© par Paul Weitz en 2008 oĂč les personnages vivent dans un cirque de monstres.

En 2014 sort la saison 4 de la série américaine American Horror Story baptisé Freak Show (produit par Ryan Murphy) dans laquelle nous suivons la vie d'un cirque de monstres humains des années 50.

Notes et références

  1. Instructions sur le Rituel, contenant la thĂ©orie & la pratique des sacrements & de la morale, & tous les principes & dĂ©cisions nĂ©cessaires aux curĂ©s, confesseurs, prĂ©dicateurs, chanoines, bĂ©nĂ©ficiers, prĂȘtres, ou simples clercs, Lyon 1778, p. 28-29.
  2. AbrĂ©gĂ© de l'embryologie sacrĂ©e, ou TraitĂ© du devoir des prĂȘtres, des mĂ©decins et autres, sur le salut Ă©ternel des enfans qui sont dans le ventre de leur mĂšre, Paris 1775, Ă  Paris chez Bailly, p. 213 et sqq.
  3. Histoire des monstres depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, par le Dr Ernest Martin, C. Reinwald et Cie, PARIS, 1880, p. 224.
  4. Martin Monestier, Les Montres 1979
  5. Fauvelle, Un cas de pilosisme chez une jeune Laotienne dans le Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, vol. 9, pp. 439-448

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Robert Bogdan, La fabrique des monstres : les États-Unis et le freak show, 1840-1940, Alma Ă©d., 2013, 283 p.
  • Anna Caiozzo, Anne-Emmanuelle Demartini, Monstre et imaginaire social : approches historiques. Collaborateur Collectif, PubliĂ© par creaphis editions, 2008. (ISBN 2-35428-008-4), 9782354280086. 354 p. En ligne
  • Ernest Martin, Histoire des monstres depuis l'antiquitĂ© jusqu'Ă  nos jours. PubliĂ© par C. Reinwald, 1880, 415 p. PrĂ©sentation
  • Martin Monestier, Les monstres, Ă©ditions du Cherche Midi (rĂ©Ă©dition augmentĂ©e), Paris, 2007
  • StĂ©phane Pajot, De la femme Ă  barbe Ă  l'homme canon : phĂ©nomĂšnes de cirques et de baraques foraines, Ă©ditions d'Orbestier, 2006
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