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Monde russe

Le « monde russe » (en russe : русский мир, rousskii mir) est un concept idéologique russe visant à englober la culture russe et son influence sur le monde environnant, au travers de son histoire de sa langue. Utilisé pendant l'Empire russe, puis après la chute de l'Union soviétique, notamment pendant la période Poutine, elle vise à définir un monde impérial spécifique, obéissant à sa propre logique, et dont la Russie constitue le cœur et l'âme.

Pendant l'empire russe


Après 1990

En 1989, 17 % de la population russe, soit 25 millions de personnes, vivait en dehors de la Russie. Alors qu'ils disposaient d'un statut privilégie, la chute de l'URSS les fait se retrouver dans un pays étranger en face parfois à l'hostilité des pays nouvellement indépendants.

De 1991 à 1997 c'est essentiellement le Congrès des communautés russes qui s'intéresse aux Russes de l'étranger. Ce parti développe une rhétorique nationaliste et revanchiste de la chute de l'Union soviétique.

En 1995, la Douma adopte une résolution de soutien à la diaspora russe, en favorisant l'aspect citoyen russe et diminuant l'aspect ethnique ou national[1].

Pendant la période Poutine

La période 1998-2003 voit l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. Ses conseillers développent l'idée de « monde russe » pour désigner la diaspora. La période 1997-1999 voit des débats importants à la Douma sur la définition des Russes de l'étranger. En 1999, dans un contexte de hausse des prix du pétrole, les dirigeants russes voient un intérêt économique à la diaspora russe des pays voisins[1].

En 1999-2000, des conservateurs modérés proches de Gleb Pavlovsky (en) mettent en avant leur notion de « monde russe » comme une culture commune héritée de l'URSS, comparée au Commonwealth, à la francophonie ou à l'hispanidad[1].

En 2020, la diaspora russe compte 25 à 30 millions de personnes, en majorité dans les territoires de l'ex-URSS. À partir de 2001, Vladimir Poutine s'adresse à eux comme des « compatriotes de l'étranger » : il souhaite transformer cette présence en influence politique[2]. Il s'inspire alors plus des modérés que des nationalistes, même si la rhétorique de défense des minorités russes à l'étranger est présente[1].

En 2004, à la suite de la révolution orange, la diplomatie russe se fait plus anti-occidentale et agressive. La Fondation Rousskii Mir est créée en 2007 et Rossotroudnitchestvo en 2008. Elles sont destinées à augmenter l'influence de la Russie dans la diaspora. La somme totale dépensée dans ces projets est estimée à 200 M€[1].

En 2010, la définition de Russe de l'étranger est changée au profit d'une notion plus ethnique. Cela vise à satisfaire les nationalistes mais aussi à prendre en compte les Russes « mondialisés » émigrés dans d'autres pays que ceux de l'ex-URSS[1].

À la suite de l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la notion de monde russe se développe et éclipse celle d'Eurasie. L'idéologie du monde russe devient celle d'une civilisation à part qui implique la réunification de ses terres et a été purgée de ses idées libérales. Les Russes à l'étranger coupant les liens avec leur pays ne sont plus vus comme des Russes[1].

Le notion de « monde russe » est mise en avant par des idéologues conservateurs pour justifier les interventions en faveur des minorités russophones. Les zones visées sont l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud, et les républiques populaires de Donetsk et Louhansk. Elle est officialisée le comme base de la politique étrangère russe par Vladimir Poutine[3].

Importance de l'Église orthodoxe russe

Mosaïque de la Cathédrale principale des forces armées russes associant l'Église orthodoxe russe avec l'armée soviétique.

Références

  1. Mikhaïl Souslov, « Le « Monde russe » : la politique de la Russie envers sa diaspora », (ISBN 978-2-36567-744-8).
  2. Lukas Aubin, « Géopolitique de la Russie », sur latribune.fr, .
  3. Reuters et L'Opinion, « Vladimir Poutine approuve une nouvelle politique étrangère fondée sur le concept de «monde russe» », sur lopinion.fr, .

Annexes

Bibliographie

  • Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Vladimir Poutine, Éditions Actes Sud,
  • Andreï Gratchev, Le jour où l'URSS a disparu, Éditions de l'Observatoire,
  • (en) Daniel P. Payne, Traditional Religion and Political Power: Examining the Role of the Church in Georgia, Armenia, Ukraine and Moldova, Londres, Adam Hug, Foreign Policy Centre, , 65–70 p. (ISBN 978-1-905833-28-3, lire en ligne), « Spiritual Security, the Russkiy Mir, and the Russian Orthodox Church: The Influence of the Russian Orthodox Church on Russia's Foreign Policy Regarding Ukraine, Moldova, Georgia, and Armenia »

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Liens externes

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