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Mobula thurstoni

Diable de Bentfin, Mante vampire, Petite manta

Mobula thurstoni
Description de cette image, également commentée ci-après
Diable de Bentfin.

Espèce

Mobula thurstoni
(Lloyd (d), 1908)[1]

Synonymes

  • Dicerobatis thurstoni Lloyd, 1908[1]
  • Mobula lucasana Beebe & Tee-Van, 1938[1]

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
Aire de répartition de Mobula thurstoni.

Statut de conservation UICN

(EN)
EN : En danger

Mobula thurstoni, communément appelé Diable de Bentfin, Mante vampire ou encore Petite manta, est une espèce de raies de la famille des Mobulidae. Elle a été décrite pour la première fois en 1908 par Lloyd. Elle est globalement répartie dans les zones tropicales et subtropicales, mais ses populations sont très fragmentées.

Systématique

L'espèce Mobula thurstoni a été initialement décrite en 1908 par l'ichtyologiste Richard Ernest Lloyd (d) (1875-1935) sous le protonyme de Dicerobatis thurstoni[1] - [2].

Morphologie

La taille Ă  maturitĂ© est de 150 Ă  163 cm de largeur de disque (DW) pour les femelles et de 150 Ă  158 cm pour les mâles[3], mais elle peut atteindre 185 cm de largeur de disque[4].

Sa face dorsale est bleuâtre foncée à noire, avec des reflets violacés, tandis que sa face ventrale est blanche. Sa nageoire dorsale possède une pointe blanche et les extrémités de ses nageoires pectorales sont argentées. On peut distinguer une marge noire distinctive le long du disque antérieur[5].

Biologie

Comportement

Mobula thurstoni est un animal solitaire mais qui se regroupe de manière saisonnière dans des zones peu profondes et productives[6]. Elle se trouve Ă  des profondeur comprises entre 0 et 100 m[4].

RĂ©gime alimentaire

Mobula thurstoni est une espèce planctonophage qui filtre l’eau grâce à ses plaques branchiales et qui a une alimentation plutôt spécialisée. Elle se nourrit essentiellement de Nyctiphanes simplex et de Mysidium sp.[7]. Elle peut également se nourrir de crustacés.

Reproduction et espérance de vie

Mobula thurstoni, comme les autres espèces du genre Mobula, est vivipare aplacentaire. Elle a un rendement reproductif extrĂŞmement faible avec gĂ©nĂ©ralement un petit nĂ© tous les 1 Ă  3 ans, occasionnellement deux (25% des femelles examinĂ©es au large de la RĂ©publique de GuinĂ©e avaient deux petits). Il est donc compliquĂ© de stabiliser les populations mĂŞme avec des taux de pĂŞche assez faible.

L'âge Ă  maturitĂ© et l'espĂ©rance de vie sont inconnues. Comme pour les autres Mobula, on peut dĂ©duire ces informations de Mobula mobular dont l'espĂ©rance de vie est de 20 ans et une maturitĂ© sexuelle Ă  5-6 ans, mĂŞme si Mobula thurstoni est beaucoup plus petite que Mobula mobular. On suppose donc que ces chiffres sont surestimĂ©s.

RĂ©partition et habitat

Mobula thurstoni est prĂ©sente dans les eaux tropicales et subtropicales du monde entier, dans les zones pĂ©lagiques et nĂ©rĂ©tiques. Elle peut descendre jusqu'Ă  100 m de profondeur[4].

Mobula thurstoni présente l'une des plus grandes distributions chez les Mobulidae. Les populations se trouvent le plus souvent dans des zones de courants ascendants très productifs[8] ou dans des eaux peu profondes[6].

Menaces

Pour toutes les espèces de Mobula, il n'existe pas de donnĂ©es historiques et les chiffres des populations mondiales sont inconnus. Cependant, on soupçonne un dĂ©clin du genre Mobula sur base de la diminution des donnĂ©es d'observation[9]. Les pĂŞcheurs rapportent Ă©galement qu'il est de plus en plus difficile de s'en procurer, les prix du marchĂ© augmentant alors que l'offre diminue[10]. En Inde on observe une baisse de 51% du taux de capture en 10 ans. En IndonĂ©sie les taux de capture ont diminuĂ© de 63 Ă  94% en 15 ans malgrĂ© une augmentation des efforts de pĂŞche[11]. Autour des Ă®les Cocos au Costa Rica, un dĂ©clin de 78% a Ă©tĂ© observĂ© par les plongeurs en 20 ans. Dans l’ensemble, les donnĂ©es montrent un dĂ©clin des populations, particulièrement dans les zones connues pour abriter des grandes populations oĂą l'on observe une diminution des populations allant de 50 Ă  99% au cours des trois dernières gĂ©nĂ©rations. Mais les relevĂ©s de donnĂ©es sont localisĂ©s et ne reflètent peut ĂŞtre pas forcĂ©ment complètements l’état des populations mondiales.

Une pêche ciblée de Mobulidés existe depuis longtemps au large de la Basse Californie du Sud au Mexique. Mobula thurstoni était l'espèce la plus couramment capturée dans les années 1980 (58 % du nombre total de prises)[6]. Au début des années 1980, on s'est inquiété de la durabilité de ces prises dont 72 % concernaient de jeunes individus. À la fin des années 1990, la cible principale de cette pêche s'est déplacée vers Mobula munkiana et les captures de Mobula thurstoni sont devenues anecdotiques[12]. Au cours de la même période, Mobula thurstoni était rarement rencontré parmi les captures d'élasmobranches dans les régions plus tempérés du nord du Golfe de Californie[12]. Les données récentes pour ces régions ne sont pas disponibles en raison de l'interdiction de la capture des Mobulidés, mais des pêches clandestines continuent d'avoir lieu.

En Inde, des pêches intensives au filet maillant capturent des espèces de Mobulidés, dont Mobula thurstoni, le long de la côte occidentale[13]. Au Sri Lanka, on estime que 449 spécimens de Mobula thurstoni ont été débarqués chaque année, d'après les études de marché réalisées en 201. Au Pakistan, la raie benthique représentait 7 % des Mobulidés capturés dans les pêches de thons au filet maillant. À Oman et dans la mer Rouge saoudienne, seuls quelques spécimens de cette espèce ont été enregistrés[14].

La pêche de cette raie est non réglementée et ciblée aux Philippines, en Indonésie, au Sri Lanka, au Pérou, en République de Guinée et au Mexique. Elle est pêchée pour sa viande, sa peau, son cartilage, son huile de foie et ses plaques branchiales. Le cartilage et la peau sont couramment utilisés pour les produits en cuir (chaussures, portefeuilles et manches de couteaux). Mais ce sont les plaques branchiales qui atteignent des prix élevés en Asie pour son utilisation dans remèdes chinois[10].

D’autres menaces existent, notamment la destruction et la dégradation de son habitat, les changements climatiques, l'acidification des océans, les marées noires, ainsi que d'autres pollutions et contaminants tels que les métaux lourds[15]. L'industrie du tourisme peut également, dans une certaine mesure, avoir un impact négatif sur les comportements individuels et perturber les comportements sociaux des raies[15].

Étymologie

Son épithète spécifique, thurstoni, lui a été donnée en l'honneur de Edgar Thurston (d) (1855-1935), surintendant du musée gouvernemental de Madras (Inde), qui a donné à Richard Ernest Lloyd l'occasion d'examiner des spécimens du musée[16].

Publication originale

Notes et références

  1. World Register of Marine Species, consulté le 2 février 2022
  2. Lloyd 1908, p. 179-180
  3. Joshua M. Rambahiniarison, Mary Jane Lamoste, Christoph A. Rohner et Ryan Murray, « Life History, Growth, and Reproductive Biology of Four Mobulid Species in the Bohol Sea, Philippines », Frontiers in Marine Science, vol. 5,‎ (ISSN 2296-7745, DOI 10.3389/fmars.2018.00269, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) S. Weigmann, « Annotated checklist of the living sharks, batoids and chimaeras (Chondrichthyes) of the world, with a focus on biogeographical diversity », Journal of Fish Biology, vol. 88, no 3,‎ , p. 837–1037 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.12874, lire en ligne, consulté le )
  5. P. R. Last, Rays of the world, (ISBN 978-0-643-10914-8 et 0-643-10914-5, OCLC 967717812, lire en ligne)
  6. Donald A. Croll, Heidi Dewar, Nicholas K. Dulvy et Daniel Fernando, « Vulnerabilities and fisheries impacts: the uncertain future of manta and devil rays », Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems, vol. 26, no 3,‎ , p. 562–575 (ISSN 1052-7613 et 1099-0755, DOI 10.1002/aqc.2591, lire en ligne, consulté le )
  7. Convention sur les espèces migratrices, « Proposition pour l'inscription de toutes les espèces de raies du genre Mobula aux annexes I et II de la CMS », 11e Session de la Conférence des parties (conférence),‎ , p. 26 (lire en ligne)
  8. F. Mas, R. Forselledo et A. Domingo, « Mobulid ray by-catch in longline fisheries in the south-western Atlantic Ocean », Marine and Freshwater Research, vol. 66, no 9,‎ , p. 767 (ISSN 1323-1650, DOI 10.1071/mf14180, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) L. I. E. Couturier, A. D. Marshall, F. R. A. Jaine et T. Kashiwagi, « Biology, ecology and conservation of the Mobulidae », Journal of Fish Biology, vol. 80, no 5,‎ , p. 1075–1119 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/j.1095-8649.2012.03264.x, lire en ligne, consulté le )
  10. Mary p. O'Malley, Kathy A. Townsend, Paul Hilton et Shawn Heinrichs, « Characterization of the trade in manta and devil ray gill plates in China and South-east Asia through trader surveys », Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems, vol. 27, no 2,‎ , p. 394–413 (ISSN 1052-7613, DOI 10.1002/aqc.2670, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Sarah A. Lewis, Naneng Setiasih, Fahmi et Dharmadi Dharmadi, « Assessing Indonesian manta and devil ray populations through historical landings and fishing community interviews », PeerJ (prépublication), PeerJ Preprints, no e1334v1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Mobula kuhlii: Bizzarro, J., Smith, W., White, W.T. & Valenti, S.V. », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  13. Ronald A. Campbell et Thomas A. Munroe, « Discovery of the Lesser Devil Ray, Mobula hypostoma, in Southern New England Waters », Chesapeake Science, vol. 15, no 2,‎ 1974-06-xx, p. 114 (ISSN 0009-3262, DOI 10.2307/1351270, lire en ligne, consulté le )
  14. Julia L.Y. Spaet et Michael L. Berumen, « Fish market surveys indicate unsustainable elasmobranch fisheries in the Saudi Arabian Red Sea », Fisheries Research, vol. 161,‎ , p. 356–364 (ISSN 0165-7836, DOI 10.1016/j.fishres.2014.08.022, lire en ligne, consulté le )
  15. Joshua D. Stewart, Fabrice R. A. Jaine, Amelia J. Armstrong et Asia O. Armstrong, « Research Priorities to Support Effective Manta and Devil Ray Conservation », Frontiers in Marine Science, vol. 5,‎ (ISSN 2296-7745, DOI 10.3389/fmars.2018.00314, lire en ligne, consulté le )
  16. Etyfish, consulté le 2 février 2022

Liens externes

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