Mkhitar de Her
Mkhitar (ou Mxitar, Mexitar, Mekhitar) de Her ou Mkhitar Heratsi (ou Herac‘i, en arménien Մխիթար Հերացի ; 1110//1120-1173/1200) est un médecin, physiologiste et astronome arménien du XIIe siècle. Compté parmi les plus grands médecins médiévaux, il est traditionnellement considéré comme le père de la médecine en Arménie[1].
Biographie
On sait peu de choses de la vie de Mkhitar : il naît vers 1110/1118[2] ou 1120[1] dans la ville de Her (l'actuelle Khoy, en Iran, en ancienne Parskahayk[3], province de l'Arménie historique selon le géographe arménien du VIIe siècle Anania de Shirak[4]), où il apprend le grec, le persan et l'arabe, ainsi que la médecine[2].
Il part ensuite pour le royaume arménien de Cilicie, où il entre en contact avec les Catholicos Nersès IV Chnorhali (dont il est le médecin personnel[5]) et Grigor IV Tgha[1]. Il s'établit à Sis et y enseigne la médecine, à l'université comme à l'hôpital[2]. Ses contemporains comme ses successeurs le surnomment le Grand Mkhitar ; il recueille, étudie et synthétise les connaissances médicinales classiques et populaires (principalement grecques et arabes[6]), pour ensuite développer de nouvelles théories[7], touchant par exemple à l'explication des maladies infectieuses (et prônant l'isolement du malade), à la place de la psychologie dans la guérison, au rôle de l'environnement, des habitudes alimentaires et du style de vie, ou s'opposant partiellement aux saignées[8]. Il introduit également en arménien toute une série de nouveaux mots issus du jargon médical[1].
Œuvres
Mkhitar laisse une dizaine d'œuvres traitant des sciences naturelles et de l'anatomie[2].
La principale œuvre de cet adepte de l'école hippocratique est La consolation des fièvres[Note 1] (Ջերմանց Մխիթարութիւն, Jermants Mkhitarutiun[9]), rédigée en 1184[8] sur commande de Grigor IV Tgha[10] et en langue vernaculaire[6] - [Note 2]. Pour composer cet ouvrage traitant environ deux cents maladies causant des fièvres[11] et qui le classe parmi les plus grands médecins médiévaux[7], il se rend dans les marais de Cilicie ; il y développe une théorie de la « moisissure », agent de propagation des infections[10]. Lévon Hovannisian dira de lui dans son Histoire de la médecine en Arménie que « jusqu'au siècle de la bactériologie, aucun médecin autre que Mekhitar Hératsi n'a utilisé un terme qui soit aussi proche de la réalité pour définir la nature de l'infection »[12].
Ses autres ouvrages, comme Au sujet de la structure et de la composition des yeux, Au sujet du scrotum ou Au sujet des pierres et de leurs propriétés, n'ont survécu que de manière fragmentaire[1].
Médaille
Parmi les médailles de la République d'Arménie figure la médaille Mkhitar Heratsi ; elle est attribuée aux auteurs de contributions notables dans le domaine des soins de santé, pour des activités pratiques hautement professionnelles ou des activités significativement bénéfiques[13].
Université
L'Université d'État de médecine d'Erevan porte le nom de Mkhitar Heratsi. Les meilleurs étudiants de l’Université reçoivent la bourse « Mkhitar Heratsi » (en général deux par an pour la Faculté de médecine)[14].
Notes et références
Notes
- Mkhitar explique ainsi ce titre : « il console le médecin en augmentant ses connaissances, ainsi que le malade en le guérissant, avec l'aide de Dieu » (Bellier 1996, p. 32).
- Et non en grabar, « afin », selon Mkhitar, « qu'il soit accessible à tout lecteur » (Cowe 1997, p. 297).
Références
- Hacikyan 2002, p. 427.
- Bellier 1996, p. 32.
- Hewsen 1992, p. 63.
- Hewsen 2007, p. 43.
- Cowe 1997, p. 297.
- Dédéyan 2007, p. 362.
- Vardanyan 2007, p. 154.
- Hacikyan 2002, p. 428.
- Cowe 1997, p. 301.
- Vardanyan 2007, p. 155.
- Cowe 1997, p. 302.
- Lévon Hovannisian, cité dans Vardanyan 2007, p. 154.
- (en) « The Medal of « Mkhitar Heratsi » », sur President of the Republic of Armenia (consulté le ).
- (en) « Scholarships », sur Yerevan State Medical University after Mkhitar Heratsi (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Paul Bellier, « Médecine et médecins arméniens entre le XIe et le XVe siècle », dans Nina Garsoïan (dir.), L'Arménie et Byzance : histoire et culture, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 9782859443009), p. 31-36.
- (en) Peter Cowe, « Medieval Armenian Literary and Cultural Trends (Twelfth-Seventeenth Centuries) », dans Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian People from Ancient to Modern Times, vol. I : The Dynastic Periods: From Antiquity to the Fourteenth Century, New York, Palgrave Macmillan, (réimpr. 2004) (ISBN 978-1403964212), p. 293-325.
- Gérard Dédéyan, « Le temps de la croisade (fin XIe -fin XIVe siècle) — Le renouvellement de la vie intellectuelle », dans Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Privat, (1re éd. 1982) [détail des éditions] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 356-362.
- (en) Agop Jack Hacikyan (dir.), The Heritage of Armenian Literature, vol. II : From the Sixth to the Eighteenth Century, Détroit, Wayne State University Press, (ISBN 978-0814330234).
- (en) Robert H. Hewsen, The geography of Ananias of Širak : (Ašxarhac'oyc') ; the long and the short recensions, Wiesbaden, L. Reichert, (ISBN 3-88226-485-3).
- Robert H. Hewsen, « Terre, peuple et langue — Géographie historique », dans Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Privat, (1re éd. 1982) [détail des éditions] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 43-46.
- Stella Vardanyan, « La médecine en Arménie dans l'Antiquité et au Moyen Âge », dans Claude Mutafian (dir.), Arménie, la magie de l'écrit, Paris, Somogy, (ISBN 978-2-7572-0057-5), p. 153-157.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :