Miracle de Lanciano
Le miracle de Lanciano est un miracle eucharistique qui serait survenu en la ville de Lanciano, dans les Abruzzes, en Italie vers l'an 700, dans l'église Saints-Légontien-et-Domitien.
Le miracle
La chapelle où a eu lieu le miracle se trouvait à environ trois kilomètres de la ville d'Ansanum, qui prit au début du XIIIe siècle le nom de Lanzanum : une lance figurait dans les armes de la ville pour rappeler la croisade qui libéra le tombeau du Christ, mais aussi et surtout par allusion à Longin, le centurion qui perça de sa lance le côté du Christ après sa mort, car Longin, d'après la tradition était originaire de Lanciano. La ville ayant été détruite, fut reconstruite un peu plus loin, autour de cette ancienne chapelle et de son monastère. Cette chapelle fut remplacée au même endroit pas une église dédiée à saint François. Mais au VIIe siècle, la chapelle des saints Légontien et Domitien était desservie par des moines grecs basiliens, célébrant dans le rite latin, donc avec des hosties de pain azyme et de forme ronde[1].
Au cours d'une messe, au moment de la consécration, le prêtre la célébrant aurait été pris d'un doute sur la présence réelle de Jésus-Christ dans les espèces eucharistiques. Il aurait alors vu l'hostie se transformer en chair et le vin en sang. Après un moment de frayeur, il se résolut à montrer le miracle à ses fidèles, et depuis lors, ce morceau de chair en forme d'hostie et ce sang, coagulé en cinq petits caillots, sont toujours vénérés à Lanciano[1].
Les reliques
Les reliques, composées d'un morceau de chair et de cinq caillots de sang séché, sont exposées dans l'église Saint-François de Lanciano, construite au XIIIe siècle). Le morceau de chair se trouve dans un ostensoir, et les caillots de sang dans un calice en cristal. Elles font l'objet d'un pèlerinage. Il s'agirait du plus ancien miracle eucharistique reconnu par l'Église catholique, même si les premiers documents qui en attestent ne remontent qu'à 1586[2]. L'historien Bellini affirme que les reliques ont été transférées en 1258 dans la nouvelle église de saint François et un acte notarié de 1566 indique que les reliques ont été cachées quand les invasions turques étaient à craindre[3]. Selon une œuvre de 1734, un très ancien manuscrit sur parchemin, écrit en grec et en latin, recouvert de deux plaquettes, supposé être le manuscrit original attestant et décrivant le miracle, aurait été volé par deux moines de saint Basile[4].
Attitude de l'Église
L'attitude de l'Église est interprétée par les tenants de l'authenticité de ce miracle comme une confirmation de l'importance de cette tradition : en 1515, Léon X fait de Lanciano un évêché dépendant directement du Saint-Siège puis Pie IV accorda à l'évêque de Lanciano le titre d'archevêque ; l'autel construit en 1636 est déclaré privilégié par Benoît XIV, le . Les reconnaissances officielles sont nombreuses, attestant que de nombreuses autorités au sein de l'Église jugent authentique la tradition relative à ces reliques[5].
Reliquaire
Le reliquaire est en argent massif. Il se compose d'un socle sur lequel figurent deux anges agenouillés, de part et d'autre d'un calice en cristal de 10 cm (sans compter sa base), de forme évasée de 5 cm à sa partie inférieure et de 16 cm à sa partie supérieure[6]. Le couvercle est en cristal. Des rubans dorés, tenus à main levée par les anges, soutiennent un ostensoir comportant au centre deux disques de verre de 69 mm de diamètre enserrant l'hostie de chair, ces disques et l'hostie étant entourés d'une gloire, le tout surmonté d'une croix[7].
Analyse scientifique
Des fragments extraits des reliques ont fait l'objet d'analyses en 1970-1971, puis en 1981. À la demande de l'archevêque de Lanciano, Odoardo Linoli, professeur d'anatomie, histologie pathologique, chimie et microscopie clinique fait le plusieurs prélèvements. Le , le professeur Linoli donne lecture de son rapport devant une assemblée de personnalités scientifiques et religieuses : il arrive à la conclusion que l'hostie est effectivement faite de chair humaine (des tissus du myocarde), et que les caillots étaient de sang humain[7] de groupe AB.
Le professeur affirme ne pas avoir détecté de substance de conservation, et insiste sur le fait que l'hypothèse d'un faux réalisé dans les siècles passés est peu probable : de son point de vue, pour le prélèvement du fragment du myocarde, il aurait fallu une précision très peu plausible à l'époque ; quant au sang, s'il avait été prélevé sur un cadavre, il se serait rapidement altéré, par déliquescence ou putréfaction, alors que le sang prélevé était du sang frais[8].
Aucune autre analyse n'a été réalisée par la suite pour vérifier le travail du professeur Linoli. Ses conclusions n'ont pas été confirmées par d'autres laboratoires en suivant un protocole scientifique.
Un auteur du CICAP (organisation sceptique italienne) souligne l'absence de sources écrites antérieures au XVIe siècle, qui de son point de vue ne plaide pas en la faveur de l'authenticité d'un miracle de cette importance censé être survenu au VIIIe siècle[9].
Notes et références
- François Brune, Dieu et Satan, éd. Oxus, , p. 335
- P. Amedeo Giuliani, Le reliquie eucaristiche del miracolo di Lanciano, Tradizione - Storia - Culto - Scienza, Edizioni S.M.E.L., Lanciano, 1997.
- Brune 2004, p. 336
- Brune 2004, p. 336-337
- Brune 2004, p. 337
- Brune 2004, p. 337-338
- Brune 2004, p. 338
- Brune 2004, p. 339
- (it) Il Miracolo eucaristico di Lanciano, CICAP, le 22 février 2006.
Voir aussi
Bibliographie
- (it) Renzo Allegri, Il sangue di Dio. Storia dei miracoli eucaristici, Ancora Editrice,
- (it) Silvio Di Iullo et Lucio Porfilio, Lanciano e il miracolo eucaristico. Ricostruzione storica dell'avvenimento prodigioso, Editore L'Autore Libri Firenze,
- (it) Raffaele Iaria, I miracoli eucaristici in Italia, Edizioni Paoline,
- (it) Sergio Meloni e Istituto San Clemente I Papa e Martire, I miracoli eucaristici e le radici cristiane dell'Europa, ESD Edizioni Studio Domenicano,
- (it) Nicola Nasuti, L'Italia dei prodigi eucaristici, Edizioni Cantagalli,
- (it) Catalogo della Mostra internazionale "I Miracoli eucaristici nel mondo" (préf. cardinal Angelo Comastri), San Clemente,
- (fr) Bruno Sammaciccia, Le Miracle eucharistique de Lanciano, première édition : éditions du Cèdre, 1977 ; deuxième édition, éditions Dominique Martin Morin, 1997 lire en ligne Traduction Roland Bourdariat
Articles connexes
- Miracle eucharistique
- Miracle eucharistique de Cascia
- Miracle eucharistique de Blanot
- Le miracle [similaire] du Corporal, survenu à Bolsena en 1263.