Accueil🇫🇷Chercher

Mine Victoria (États-Unis)

La mine victoria est le nom donnĂ© Ă  un ensemble de mines de cuivre situĂ©es Ă  Rockland Township, dans le Pays du cuivre du Michigan. C'est dans ce secteur riche qu'a Ă©tĂ© extrait l'Ontonagon Boulder (en), un Ă©norme bloc de cuivre natif de 1 682 kg, bien que la plupart du mĂ©tal extrait soit issu du minerai Ă  faible teneur de Forest Lode[1]. La mine a Ă©tĂ© exploitĂ©e de manière discontinue de 1849 Ă  1921, date de sa fermeture dĂ©finitive[2]. La mine a aussi donnĂ© des spĂ©cimens de quartz, Ă©pidote, calcite, prehnite et de pumpellyite[3].

Mine Victoria
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Ressources
Exploitant
Alexander Henry,
Thomas Hooper
Ouverture
Fermeture
Localisation
Coordonnées
46° 42′ 10″ N, 89° 13′ 37″ O
Carte

Première tentative (1771 - 1772)

La prĂ©sence de fosses d'extraction datant de l'Ă©poque prĂ©colombienne indique que les ressources minières du secteur Ă©tait exploitĂ©es bien avant que les EuropĂ©ens ne posent le pied en AmĂ©rique du Nord[4]. Ă€ proximitĂ© de ce secteur se situe l'emplacement d'origine d'une Ă©norme pĂ©pite de cuivre, l'Ontonagon Boulder (en). DĂ©couverte par des missionnaires jĂ©suites, celle-ci suscite d’intĂ©rĂŞt d'investisseurs britanniques. En 1771, Alexander Henry, un des premiers explorateurs britanniques, est envoyĂ© pour ouvrir une mine sur les rives de l'Ontonagon, Ă  l'endroit oĂą la pĂ©pite a Ă©tĂ© trouvĂ©e. L'aventure tourne cependant court, la descenderie s'effondrĂ©e au printemps suivant car elle Ă©tait creusĂ©e dans les berges de la rivière. Cet Ă©vĂ©nement provoque l'abandon du projet pendant plus de 70 ans[2].

Exploitation sporadique et détérioration (1849 - 1881)

coupe longitudinale
Puits et galeries de la mine Victoria en 1883.

En 1849, Christopher Columbus Cushing ouvre une mine Ă  proximitĂ© de l'endroit oĂą Henry avait creusĂ©[2]. La Mine Cushin fonctionne pendant une annĂ©e, avant que la Forest Mining Company soit constituĂ©e et en prenne le contrĂ´le, en 1850. Huit ans plus tard, l'entreprise est rĂ©organisĂ©e et prend le nom de Victoria Mining Company. L'exploitation est perturbĂ©e par plusieurs catastrophes : le premier bocard est dĂ©truit par un incendie et le second est emportĂ© par une crue. La troisième usine, construite vers 1870, censĂ©e fonctionner grâce Ă  l'eau d'exhaure pompĂ©e hors de la mine est un Ă©chec, et le moulin Ă  vent qui lui succède ne marche pas mieux[4]. Après 1855, la mine est exploitĂ©e de manière intermittente pendant plusieurs annĂ©es. La quantitĂ© de cuivre extraite de la mine pendant cette pĂ©riode est estimĂ©e entre 200 et 250 tonnes. Le cuivre est alors expĂ©diĂ© Ă  Calumet oĂą il est affinĂ© et fondu[5]

En 1881, l'ancien maître-mineur de la mine Nonesuch (en), Thomas Hooper, évalue l'état de la mine Victoria et, après en avoir pompé l'eau, la trouve très délabrée. Beaucoup de galeries et de descenderies sont effondrées et les boisages pourris. Il en conclut qu'un gros investissement serait nécessaire pour remettre la mine en état. Ce constat reporte la réouverture de la mine et il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que la mine soit à nouveau opérationnelle[2].

L’époque industrielle (1899 - 1921)

Au début de 1899, la Victoria Copper Mining Company relance la mine, en embauchant Hooper pour piloter l'opération. Un des premiers problèmes rencontré par Hooper est l'absence de combustible : le bois était difficile à trouver et le charbon, cher. Cette contrainte pousse Hooper à innover[2]. Dès 1882, l'énergie hydraulique est évaluée. Le bulletin annuel du Michigan Department of Mineral Statistics résume en 1882 que « un des importants intérêts que cette exploitation recèle consiste en l'énergie hydraulique de la branche ouest de l'Ontanagon située à environ un mille au sud de la mine ; quarante pieds de chute peuvent y être exploités[…] S'il devait être décidé d'exploiter la mine, l'énergie hydraulique de la branche ouest devrait être certainement utilisée pour alimenter les machines[6]. » En 1904, Charles Havelock Taylor, un inventeur canadien, visite le site pour y construire une trompe hydraulique qui exploiterait l'énergie de l'Ontanagon[2]. Une fois construite, cette trompe, ou compresseur de Taylor, devient capable de fournir la mine Victoria en air comprimé bon marché, qui permet d'assurer la viabilité de la mine qui n’extrait que des minerais pauvres en cuivre. Ainsi, le Mines Register estime que la mine Victoria « s'est positionnée sur l'exploitation d'une roche d'une teneur plus faible que n’importe quelle autre mine du secteur du lac Supérieur[7]. »

  • Bâtiment du bocard pneumatique.
    Bâtiment du bocard pneumatique.
  • Lavoirs Ă  secousses.
    Lavoirs Ă  secousses.
  • Plan gĂ©nĂ©ral de la trompe hydraulique de Taylor.
    Plan général de la trompe hydraulique de Taylor.
  • IntĂ©rieur de la chambre souterraine de la trompe, sous les trois descentes d'eau.
    Intérieur de la chambre souterraine de la trompe, sous les trois descentes d'eau.

Pendant ce temps, le village de Victoria, près du site, croĂ®t jusqu’à 80 maisons[8]. Tous les bâtiments de la ville, dont l'Ă©cole et le magasin, appartiennent Ă  la compagnie minière. Les habitants sont tous mineurs, et les ressources de leurs familles ne dĂ©pendent que de l’exploitation minière. Les salaires sont conformes Ă  la pratique de l'Ă©poque : dollar la journĂ©e de 10 heures, et plus tard 2 dollars pour la mĂŞme durĂ©e travaillĂ©e[2]. Par contre, les chiffres relatifs Ă  l’exploitation Ă  cette pĂ©riode sont difficiles Ă  obtenir, et la quantitĂ© exacte de cuivre extraite est mal connue.

La mine fonctionne presque continĂ»ment pendant près de vingt ans. Mais Ă  l'approche des annĂ©es 1920, le cours du cuivre commence Ă  baisser. L'avantage Ă©conomique de la trompe de Taylor permet Ă  la mine Victoria de rester ouverte plus longtemps que ses concurrentes. Mais après la fin de la Première Guerre mondiale, les cours s'effondrent de 50 % pour atteindre 0,13 dollar/livre. Et lorsque le cours atteint 0,11 dollar, la mine Victoria ferme dĂ©finitivement[2].

Reconversion du site (1921 - actuel)

Barrage Victoria

Après la fermeture de la mine en 1921, la Copper District Power Company achète les terrains afin d'y construire une usine hydroélectrique sur l'Ontonagon. Le nouveau barrage (de type multivoûte, édifié en 1929-1931) crée un lac artificiel, le Réservoir Victoria[2]. La trompe de Taylor, arrêtée depuis 1921, est remise en service en 1929 et 1930 pour la construction du barrage[9]. Exploité par l'Upper Peninsula Power Company (en) depuis 1947, l'entreprise dispose maintenant de trois autres barrages en amont du barrage Victoria afin de retenir suffisamment d'eau pour fournir la puissance à la région. La trompe, située à proximité du barrage, ainsi que ses dépendances, son bief et son barrage (le barrage Hooper, construit en 1902) est maintenant noyée dans le nouveau lac[10].

panorama noir et blanc
Panorama vers 1929-1930 montrant le barrage Victoria en cours de construction, le canal de la trompe avant son inondation sous le lac de barrage et, à gauche, le panache de l'évent de sécurité de la trompe.

Le vieux Victoria

photo de maisons
Maisons restaurées du village de Victoria.

La fermeture de la mine entraîne l'abandon et le délabrement rapide du village de Victoria. Dans les années 1970, une tentative est menée pour préserver l'héritage historique de la région. La Society for Restoration of Old Victoria commence à restaurer un groupe de vieilles masures où vivaient les mineurs. Le site ouvre en 1976 et devient depuis une étape de visites guidées. Quatre maisons sont ainsi visitables, dont deux pensions familiales et une maisons familiale, équipées comme à l'époque. Elles font partie des sites historiques de Keweenaw, dans le parc historique national de Keweenaw[11].

Notes et références

  1. (en) Michigan Geological Survey Division, Bureau of Mines, « Michigan's Mineral Industries », Michigan. Geological Survey, Lansing, MI, Wynkoop Hallenbeck Crawford, Co., no 8,‎ , p. 101
  2. (en) Bruce Johanson, This Land the Ontonagon, Ontonagon, Firesteel Publications, , 3e Ă©d., p. 39 ; 84 ; 85 ; 86 ; 117 ; 118 ; 119
  3. (en) B. S. Butler, The Copper Deposits of Michigan, Washington ; Burbank, W.S., département de l'Intérieur, , 216 p.
  4. (en) Horace J. Stevens, The Copper Handbook, Houghton, MI, Daily Mining Gazette, , 2e Ă©d. (lire en ligne), p. 273 ; 274
  5. (en) W. R. Hodge, Notes on the Copper Country of Northern Michigan, Houghton, MI, A. K. Cox, , 41 p.
  6. (en) Michigan Department of Mineral Statistics, « Victoria Mine », Annual Report of the Commissioner of the Mineral Statistics of the State of Michigan for 1882, Lansing, MI, W. S. George & Co., State Printers and Binders,‎ , p. 151 ; 152 (lire en ligne)
  7. (en) Walter Harvey Weed, « Victoria Copper Mining Co », The Mines Handbook, New York, The Stevens Copper Handbook Co., vol. 12,‎ , p. 1195 (lire en ligne)
  8. (en) Michigan State Administrative Board, Michigan A Guide to the Wolverine State, New York, Oxford University Press, (lire en ligne), p. 598
  9. (en) Leroy E. Schultze, Hydraulic Air Compressors : Circular 7683, département de l'Intérieur des États-Unis, (lire en ligne), p. 3
  10. (en) « Ontonagon County Michigan », Ontonagon Chamber of Commerce
  11. (en) « Old Victoria »,

Article connexe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.