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Mickalene Thomas

Mickalene Thomas, nĂ©e le Ă  Camden, est une peintre et photographe des États-Unis. Elle est surtout connue comme peintre d'Ɠuvres complexes utilisant des strass, de l'acrylique et de l'Ă©mail. Son travail s'inspire de l'histoire de l'art occidental, du pop art et de la culture visuelle pour examiner les idĂ©es sur la fĂ©minitĂ©, la beautĂ©, la race, la sexualitĂ© et le genre.

Mickalene Thomas
Autres informations
Mouvement
Représentée par
Artists Rights Society, Lehmann Maupin Gallery (d)
Genre artistique
Site web
Distinction
ƒuvres principales
Untitled (d)

Biographie

Thomas a vécu et fait ses études à Portland, dans l'Oregon, du milieu des années 1980 au début des années 1990. Formée à la Southern Cross University, à Lismore (1998), elle est titulaire d'un Bachelor of Fine Arts en peinture au Pratt Institute à Brooklyn (2000), et d'un Master of Fine Arts obtenu à la Yale University School of Arts à New Haven (2002)[1].

Thomas a participé à un programme de résidence au Studio Museum de Harlem, à New York, de 2000 à 2003[2], ainsi qu'à une résidence à Giverny, en France, dans le cadre du programme Munn Artists de la Fondation de Versailles[1].

Mickalene Thomas vit et travaille Ă  Brooklyn, New York.

ƒuvres d'art, style et influences

Thomas est influencĂ©e par l'Ɠuvre de Carrie Mae Weems, en particulier ses sĂ©ries Kitchen Table et Ain't Jokin, qui faisaient partie d'une rĂ©trospective organisĂ©e au Portland Art Museum en 1994[3]. Thomas dĂ©crit cette rencontre de la maniĂšre suivante : « C'Ă©tait la premiĂšre fois que je voyais le travail d'une artiste afro-amĂ©ricaine qui me reflĂ©tait et avait une familiaritĂ© avec la dynamique familiale, le sexe et le genre »[4]. Thomas a Ă©galement dĂ©clarĂ© que Faith Ringgold avait fortement influencĂ© son Ɠuvre[5].

Ses représentations de femmes afro-américaines explorent les notions de célébrité et d'identité tout en s'engageant dans la représentation de la féminité noire et du pouvoir noir. Habités par le genre de la Blaxploitation des années 70, les sujets des peintures et des collages de Thomas parlent de sexualité, ce qui a été interprété par certains comme une satire des tropes misogynes et racistes des médias, notamment des films et de la musique associés au genre Blaxploitation[6]. Ses sujets sont souvent des femmes connues comme Eartha Kitt, Whitney Houston, Oprah Winfrey et Condoleezza Rice[7]. Son portrait de Michelle Obama a été le premier portrait individuel réalisé de la premiÚre dame et a été exposé dans le cadre de l'exposition Americans Now de la National Portrait Gallery[8]. Selon le critique d'art Rikki Byrd, « En positionnant les femmes noires - artistes, actrices, personnages et sa propre famille - comme des mentors et des muses, et comme des figures héroïques dans une lignée qui leur est propre, Thomas passe outre les récits oppressifs » [9].

Les nombreuses annĂ©es que Thomas a consacrĂ©es Ă  l'Ă©tude de l'histoire de l'art, de la peinture de portraits, de la peinture de paysages et de la nature morte ont influencĂ© son travail. Elle s'est inspirĂ©e de multiples pĂ©riodes artistiques et influences culturelles de l'histoire de l'art occidental, en particulier des premiers modernistes tels que Jean-Auguste-Dominique Ingres, Pablo Picasso, Henri Matisse et Édouard Manet, ainsi que d'influences plus contemporaines telles que Romare Bearden et Pam Grier[10]. Elle modĂšle ses personnages sur les poses classiques et les dĂ©cors abstraits popularisĂ©s par ces artistes modernes, afin de redonner du pouvoir aux femmes qui ont Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©es comme des objets Ă  dĂ©sirer ou Ă  soumettre[3].

Mosaïque de Mickalene Thomas à la station de métro "53 Street" à Brooklyn

Thomas est connue pour ses peintures mixtes Ă©laborĂ©es, composĂ©es de strass, d'acrylique et d'Ă©mail, qui prĂ©sentent une « vision complexe de ce que signifie ĂȘtre une femme et qui Ă©largit les dĂ©finitions communes de la beautĂ© » [11]. Les strass servent de couche supplĂ©mentaire de signification et de mĂ©taphore de l'artifice. Les strass accentuent des Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques de chaque peinture, tout en confrontant subtilement nos hypothĂšses sur ce qui est fĂ©minin et ce qui dĂ©finit une femme, en particulier les femmes noires. Selon le Financial Times, « La proclamation de sa propre visibilitĂ© et de celle d'autres femmes de couleur est au cƓur de la pratique de Thomas, qui insĂšre le corps fĂ©minin noir dans l'histoire de l'art en plaçant ses muses dans des poses et des cadres iconiques »[12]. Thomas, et les conservateurs de son Ɠuvre, considĂšrent que le statut de lesbienne noire de Thomas fait partie de ce qui rend son regard diffĂ©rent de celui des artistes masculins blancs de l'histoire[12].

En tant que membre et inspirĂ©e par le mouvement Post-Black Art, l'Ɠuvre de Thomas redĂ©finit les perceptions de la race, du genre et de la sexualitĂ©[6]. Thomas brouille la distinction entre objet et sujet, concret et abstrait, rĂ©el et imaginaire. Ses sujets regardent souvent directement le spectateur, remettant en question la domination du regard masculin dans l'art[6]. Cette reprĂ©sentation affirmĂ©e indique que les modĂšles sont Ă  l'aise dans leur propre peau, remettant ainsi en question le stĂ©rĂ©otype de la femme silencieuse et infĂ©rieure objectivĂ©e par le regard du spectateur. En outre, des dĂ©cisions apparemment insignifiantes (comme le fait de ne pas lisser les cheveux des personnages) ont pour effet important d'encourager les femmes de couleur Ă  s'accepter telles qu'elles sont et Ă  ne pas se conformer Ă  une idĂ©ologie particuliĂšre de la beautĂ© imposĂ©e par la sociĂ©tĂ©[6].

À l'occasion de son exposition de 2022 Ă  Paris, Myriam Boutoulle affirme d'elle que « Artiste femme, noire et homosexuelle assumant pleinement son identitĂ©, elle s’inspire de la rĂ©bellion formelle de ses prĂ©dĂ©cesseurs pour mettre en avant la beautĂ©, l’érotisme et l’esthĂ©tique queer noire. »[13].

ƒuvres

  • 2006 :
    • I Thought You Said You Were Leaving.
    • Tell Her It's Over.
    • A Moment's Pleasure.
    • Phuck U Symphony.
    • Feel Like Makin' Love.
    • All I Want is a Fighting Chance.
    • Portraits of Quanikah.
    • Afro Goddess With Hand Between Legs.
    • Madame Mama Bush.
    • Be A Sweetheart in Black and White.
    • Les Trois Femmes noires.
    • The Blues Don(t Get Tired of Me.
  • 2007 :
    • A Little Taste Outside of Love.
    • Afro Goddess Looking Forward.
    • Baby I Am Ready Now.
    • Portrait of Lovely Six Foota #2.
    • Lovely Six Foota, C-print.
    • This Girl Could Be Dangerous.
    • Sweet and Out Front.
    • When Ends Meet #1.
    • I Just Wanna Be With You.
    • An Imitation of Love: Brawlin' Spitfire Two.
    • Portraits of Wrestler, Numbers 1-9.
    • So Easy Going, So Hard Coming Back
  • 2008 :
    • A Moment's Pleasure Number 2.
    • Something You Can Feel.
    • Tamika sur une chaise longue, peinture.
    • La leçon d'amour.
    • FBI / Serial Portraits.
    • Photomontage #2.
    • Photomontage #3.
    • Photomontage #4.
    • Tamika sur une chaise longue, photographie.
    • Din avec la main dans le miroir.
    • What's Love Got To Do With It?.
    • Pattern Study #1.
    • Pattern Study #2.
    • Portrait of Clarivel , collage.
    • Portrait of Clarivel , impression jet d'encre.
    • Portrait of Clarivel looking down, impression jet d'encre.
    • Portrait of Clarivel Lounging, impression jet d'encre.
    • Portrait of Qusuquzah, peinture.
    • Portrait of Qusuquzah, photographie.
    • Landscape with Woman Washing Her Feet.
    • Portrait of Lili in Black and White.
    • Portrait of Lili in Black and White, impression jet d'encre.
    • Portrait of Lili with hat .
    • Portrait of Lili without hat.
    • Portrait of Mnonja with flower in Hair.
    • Portrait of Tiffona, collage.
    • Portrait of Tiffona, impression jet d'encre.
    • Michelle O.
    • Still lifes with baskets of fake fruit.
  • 2009 :
    • Keri On.
    • Mama Bush: One of a Kind Two.
    • Mama Bush: (Your Love Keeps Lifting Me) Higher and Higher.
    • Miss Collette
    • Still Life with Flowers on Flower.
    • Hudson River On My Mind.
    • Naughty Girls (Need Love Too).
    • Photomontage #10a.
    • Hot! Wild! Unrestricted!.
    • Put Something Down On It.
    • A-E-I-O-U and Sometimes Y.
    • A Piece of The Pie, installation Ă  La Conservera, Ă  Murcie.
  • 2010 :
    • Le DĂ©jeuner sur l'herbe : les trois femmes noires, installation.
    • Le DĂ©jeuner sur l'herbe : les trois femmes noires, peinture. L’Ɠuvre de Mickalene Thomas fait Ă©cho au cĂ©lĂšbre tableau Le DĂ©jeuner sur l'herbe (1862-1863), par Édouard Manet.
    • Landscape Majestic.
    • Left Behind.
    • Portrait of Madame Mama Bush 1.
    • Portrait of Mickalena.
    • Portrait of Mnonja.
    • Portrait of Naomi, commission for V Magazine.
    • She Ain't A Child No More.
    • I'm Not The Woman You Think I Am.
    • You're Gonna Give Me The Love I Need.
    • I Learned The Hard Way.
    • Portrait of Lady Blue #2.

Expositions personnelles

  • 2015 : I am your sister Ă  la Galerie Nathalie Obadia (Bruxelles)[14]
  • 2019 : Jet, beautĂ©s du mois Ă  la Galerie Nathalie Obadia (Paris)[14]

Bibliographie

  • Hans Werner Holzwarth, Art Now Vol 3. A cutting-edge selection of today's most exciting artists, Cologne, Taschen, 2008, p. 380-383.

Notes et références

  1. (en) « Mickalene Thomas - Artists - Lehmann Maupin », sur www.lehmannmaupin.com (consulté le )
  2. (en) « Artists in Residence », sur The Studio Museum in Harlem, (consulté le )
  3. (en) Landers, Sean, « "Mickalene Thomas." Artists in Conversation. », BOMB Magazine,‎
  4. (en-US) Artomity Magazine, « Mickalene Thomas », sur ARTOMITY 藝æș,‎ (consultĂ© le )
  5. (en-US) « For Mickalene Thomas, Success Is About Elevating Others », sur ELEPHANT, (consulté le )
  6. (en) Derek Conrad Murray, « Mickalene Thomas: Afro-Kitsch and the Queering of Blackness », American Art, vol. 28, no 1,‎ , p. 9–15 (ISSN 1073-9300 et 1549-6503, DOI 10.1086/676624, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en-US) Carol Kino, « A Confidence Highlighted in Rhinestones », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en-US) Kriston Capps ‱ ‱, « 1st First Lady Portrait in D.C. », sur NBC4 Washington (consultĂ© le )
  9. (en-US) Laila Pedro et Rikki Byrd, « Mickalene Thomas Makes Black Women the Protagonists of Their Own Stories », sur Hyperallergic, (consulté le )
  10. (en-US) « Mickalene Thomas | Artist Profile », sur NMWA (consulté le )
  11. (en-US) « Mickalene Thomas », sur Pier 24 (consulté le )
  12. « Artist Mickalene Thomas: ‘It was always a political statement’ », Financial Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  13. « Monet Revival : au musée de l'Orangerie, l'artiste féministe Mickalene Thomas joue avec l'histoire de l'art », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
  14. « Galerie Nathalie Obadia: Current Show », sur www.nathalieobadia.com (consulté le )

Liens externes

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