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Michael Nerlich

Michael Nerlich (né le à Brandebourg-sur-la-Havel dans le Brandebourg en Allemagne) est un romaniste allemand.

Michael Nerlich
Michael Nerlich avec sa femme Evelyne Sinnassamy.

Biographie

Michael Nerlich a fait des études de germanistique, de romanistique et d’histoire de l’art à Hambourg, Cologne et Bonn ainsi qu’à Paris, Salamanque et Madrid. Il a soutenu sa thèse de doctorat sur la réception de la poétique d’Aristote en Espagne[1]. Il se consacre ensuite à travers Fray Luis de Leon au thème de la persécution des juifs sous les Rois catholiques : El Hombre justo y bueno. Inocencia bei Fray Luis de Leon paraît en 1966[2]. Il soutient la même année son habilitation sur Antonio Mira de Amescua à Cologne. En même temps il s’engage avec Jakov Lind dans la revue littéraire d’avant-garde Akzente contre des expérimentations littéraires sans profondeur de sens[3].

À 29 ans, il obtient sa chaire à l’Université technique de Berlin où il est, de 1969 à 2000, professeur pour les littératures romanes et directeur de l’Institut de littératures romanes. Il y enseigne surtout la littérature française, publiant des travaux sur Molière, Diderot, Stendhal, Gide, Aragon, etc. Il invite en collaboration avec l’Institut français de Berlin ou le DAAD de nombreux écrivains, par exemple José Maria Alvarez, François Bon, Michel Butor, Chantal Chawaf, Armand Gatti, Alain Lance, Pierre Mertens, Pierre Michon, Cristina Peri Rossi, Suzanne Prou, Alain Robbe-Grillet, Ana Rossetti, Danièle Sallenave, Edoardo Sanguineti, Claude Simon, etc., pour permettre à ses étudiants d’avoir un contact direct avec la littérature contemporaine. Dans les années 1990, il fonde un Centre de recherches sur la France (Frankreichzentrum) qui se trouve à présent à l’Université libre de Berlin[4].

De 2000 à 2007 il est professeur de littérature espagnole à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand et collabore aussi au CRLMC (Centre de recherches des littératures modernes et contemporaines) en littérature comparée.

En 1994 Michael Nerlich est fait officier des Palmes académiques et en 2010 chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Michael Nerlich est marié depuis 1969 avec la poète et traductrice Evelyne Sinnassamy – Le ciel semé d’oiseaux (1971) ; Sarabande (1983) ; Poèmes pour une petite fille (1985) entre autres[5] – et vit à présent à Charroux (France). Ils ont une fille, France Nerlich, professeur à l’université François Rabelais de Tours et directrice du Département des études et de la recherche de l'Institut national d'histoire de l'art.

Activités

Michael Nerlich s’est engagé pour une analyse critique du passé franco-allemand dans la romanistique et pour une amélioration du dialogue franco-allemand[6]. En 1975 il fonde avec sa femme la revue bilingue Lendemains. Etudes comparées sur la France, dont le nom rend hommage à la Résistance française, et qui paraît aujourd’hui aux éditions Gunter Narr. La revue combine des approches littéraires et philologiques avec des recherches d’histoire et de sciences sociales, ainsi qu’avec l’actualité française et les relations franco-allemandes[7].

En dehors de l’université aussi Michael Nerlich se préoccupe de conserver et de présenter l’histoire de France : en 1982, sur la demande des deux maires qui se sont succédé, il fonde dans sa patrie d’adoption, Charroux dans le département de l’Allier, un musée d’histoire de la ville (Prix Chefs-d'œuvre en péril en 1987, Prix Emile Mâle en 1991). Le deuxième bâtiment du Musée est inauguré en 1995 pour le sept-cent-cinquantenaire de la Charte de Franchises octroyée à Charroux en 1245. Michael Nerlich reçoit en 1996 le Prix Allen, médaille du département[8].

En 1977, Nerlich publie en deux volumes sa contribution à la recherche sur la formation de la conscience bourgeoise entre 1100 et 1750 sous le titre de Kritik der Abenteuer-Ideologie. Elle est aujourd’hui considérée comme une œuvre fondamentale de l’histoire de la pensée expérimentale et du risque[9].

Dans les années 1980, et en se fondant aussi sur sa propre activité graphique et photographique, Nerlich analyse les rapports entre texte et image et crée le concept d’iconotexte pour désigner une œuvre où l’écriture et l’image forment une unité indissoluble, dialogique et non-illustrative (voir par exemple les actes du colloque international à l’Université Blaise Pascal en 1988 : Iconotextes, édités par Alain Montandon, C.R.C.D. – Ophrys, Paris 1990).

En 1989 paraît son livre Apollon et Dionysos ou la science incertaine des signes, dans lequel Nerlich démontre à la lumière de textes de Montaigne, Stendhal et Robbe-Grillet que la réalité du texte (même le plus « ouvert ») impose des limites à toute interprétation[10]. Ce livre est en même temps un point de départ pour un dialogue avec Umberto Eco auquel Nerlich consacre diverses publications avant de présenter l’ensemble de l’œuvre d’Eco avec au centre l’analyse des cinq romans, ouvrage paru en 2010 aux éditions A. Francke.

Mais avant cela, grâce à son retour clermontois à la littérature espagnole, il a consacré au dernier livre de Cervantes, paru de façon posthume en 1617, une étude qui a fait date, Le Persiles décodé, ou la « Divine Comédie » de Cervantes, publiée en français aux Presses universitaires Blaise Pascal et traduit en espagnol par Jesus Munarriz, aux éditions Hiperion en 2005[11].

Publications (sélection)

  • Untersuchung zur Theorie des klassistischen Epos in Spanien (1700-1850), Droz, Genève 1964.
  • El Hombre justo y bueno. Inocencia bei Fray Luis de Leon, Klostermann, Francfort 1966.
  • Kunst, Politik und Schelmerei. Romain Rolland, AndrĂ© Gide, Heinrich und Thomas Mann, Athenäum Verlag, Francfort 1969.
  • Kritik der Abenteuerideologie. Beitrag zur Erforschung der bĂĽrgerlichen Bewusstseinsbildung 1100-1750, Akademie-Verlag, Berlin 1977. Angl.: University of Minnesota Press, Minneapolis 1987.
  • Apollon et Dionysos ou la science incertaine des signes. Montaigne, Stendhal, Robbe-Grillet, Hitzeroth, Marburg 1989, (ISBN 978-3925944758).
  • Stendhal, Rowohlt, Reinbek 1993, (ISBN 978-3499505256).
  • Los Trabajos de Persiles y Sigismunda, Episteme, Valencia 1996.
  • Abenteuer, oder das verlorene Selbstverständnis der Moderne, Gerling Akademie Verlag, Munich 1997, (ISBN 978-3980335232).
  • Le Persiles dĂ©codĂ©, ou la « Divine ComĂ©die » de Cervantes, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 2005, (ISBN 2-84516-294-4). Espagnol : El Persiles descodificado, o la Divina Comedia de Cervantes, Hiperion, Madrid 2005.
  • Umberto Eco. Die Biographie, A. Francke Verlag, TĂĽbingen 2010, (ISBN 978-3772083532)

Direction et édition (sélection)

  • (avec Gilbert Badia), Kritik der Frankreichforschung: 1871-1975, Argument Verlag, Karlsruhe 1977, (ISBN 978-3920037653).
  • Stendhal, Die Kartause von Parma, Goldmann, Munich 1982, (ISBN 978-3442076079).
  • (avec Friedrich Knilli) Medium metropole : Berlin, Paris, New York, Winter, Heidelberg 1986, (ISBN 978-3533037811).
  • Les procès-verbaux de la SociĂ©tĂ© populaire de Charroux d’Allier. La petite ville sous la RĂ©volution Française, deux volumes, Charroux, TU Berlin, Berlin 1989.
  • (avec Nicholas Spadaccini) : Cervantes’ “Exemplary Novels” and the Adventure of Writing, Prisma Institute, Minneapolis 1990.
  • (avec Yves Ansel et Philippe Berthier) Dictionnaire de Stendhal, HonorĂ© Champion, Paris 2003, (ISBN 2-7453-0806-8).

Notes et références

  1. Werner Krauss, Deutsche Literaturzeitung 88, Heft 6, 1967, p. 511 : « [Die Arbeit von Nerlich] verdient [...] einen Ehrenplatz in der neueren deutschen Hispanistik. »
  2. Robert Ricard, Bulletin Hispanique, LXIX, 1967, N° 1-2, p. 266: « Cette étude [...] déborde largement l'objet apparemment limité que semble indiquer son titre. »; G. L. Beccaria, Romanische Forschungen, LXXVIII, 1966, N° 4, p. 611 : « Nerlich ha saputo brillantemente servirse [du sujet de l'innocence] per impostare la monografia di un poeta attraverso la monografia di una parola. ».
  3. Akzente XIV 1; XIV 4, 1967
  4. D. Nolte, Der Tagesspiegel, 4 octobre 1994 ; J. F. Vannahme, Die Zeit, 5 juillet 1996 ; R. Bollmann, TAZ, 27.01.1998; U. Fichtner, Frankfurter Rundschau, 22 janvier 1998 ; D. Heimendahl, Berliner Zeitung, 27.01.1998; J. Kaube, FAZ, 04.02.1998; J. Altwegg, Frankfurter Rundschau, 07.06.2000
  5. Christian Descamps: Poésie du monde francophone, Paris, Le Castor Astral – LE MONDE, 1986, p. 172-173. Lendemains N° 47, 1987
  6. Voir outre les prises de position de Nerlich sur les rapports franco-allemands après la réunification in: L'Humanité, Libération, Le Monde, Die Zeit, Frankfurter Rundschau, Freitag, Esprit, ses commentaires réguliers dans Lendemains (surtout le N° 55/56, consacré au sujet Révolution 1789 – 1989 Revolution et édité en 1989 à l'occasion de la chute du mur)
  7. Voir pour la revue Lendemains, éditée aujourd'hui par Wolfgang Asholt, Hans Manfred Bock, A. Montandon, Margarete Zimmermann: Hans-Robert Jauss, Die Zeit, 25.12.1992; Lendemains N° 100, 2000; N° 133, 2009 (Hommages à Michael Nerlich)
  8. La Montagne, 11.09.1996. Sur le musée de Charroux voir le livre de Guy Leduc, publié pour l'Association des Plus-Beaux-Villages-de-France: Charroux, la ville médiévale retrouvée, Saint-Etienne, Editions Edelgé, 2009. Voir aussi le site : http://www.musee-charroux.net
  9. Voir Werner Krauss: Reise als 'adventure' und als Funktion, Lendemains N° 5, 1976, p. 4-8; M. Fontius, Weimarer Beiträge, 1979, Heft 2; W. Godzich: In-Quest-of-Modernity, in: Ideology of Adventure, vol. I, p. vii-xvi. Voir aussi B. Mazenauer, Süddeutsche Zeitung, 06.03.1998; J. Kaube, FAZ, 11.03.1998
  10. Voir M. Naumann: Vom Nutzen philologischer Verunsicherung, Merkur. XIV, 1991, p. 713-718; W. Lambersy, in: Quoi lire magazine, avril 1989, p. 24-25; Ph. Berthier, Stendhal Club, n° 123, 1989, p. 238-242
  11. Antonio Colinas, El Mundo/El Cultural, 01-07.06.2006: « este libro [es] una guía imprescendible para aproximarnos a la rica y vidriosa novela cervantina. »; T. D. Stegmann, Iberoamericana VII, 25, 2007, p. 239: « Nerlich […] nos salva la última novela de Cervantes. » Voir aussi: J. Canavaggio, Criticón, N° 96, 2006; F. Castanedo, El País/Babelia, 19.08.2006; J. M. Díez Borque, ABC, 09.10.2006; Emilio Sola, Archivo de la Frontera, janvier 2006.

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