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Menelik Ier

Menelik Ier ou EbnĂ€ Hakim ou encore Ibn al-Hakim (« le fils du sage »)[2] est le premier empereur lĂ©gendaire d'Éthiopie ainsi que le premier roi de la dynastie salomonide. D'aprĂšs la tradition rapportĂ©e par le Kebra Nagast[3] - [4], il est le fils de la reine de Saba[5] - aussi appelĂ©e « Makada »[6] -, et du roi Salomon.

Menelik Ier
Titre
Roi de Saba et 1er Monarque d'Éthiopie
LĂ©gendaire – av. J.-C.[1]
Prédécesseur Reine de Saba
Biographie
Dynastie Salomonides d’Éthiopie
Lieu de naissance JĂ©rusalem
PĂšre Salomon
MĂšre Reine de Saba
Fratrie Roboam, Adramis
Religion JudaĂŻsme

Selon le Kebra Nagast, il aurait portĂ© l'arche d'alliance en Éthiopie, aprĂšs une visite Ă  JĂ©rusalem pour rencontrer son pĂšre Ă  l'Ăąge adulte. Le roi Salomon avait l'intention d'envoyer un fils de chacun de ses nobles et un fils de chaque prĂȘtre du temple avec Menelik Ă  son retour dans le royaume de sa mĂšre. À la mort de la reine Makeda , MĂ©nĂ©lik prit le trĂŽne avec le nouveau titre d'empereur et de roi des rois d'Éthiopie .

Selon la lĂ©gende, il a fondĂ© la dynastie salomonide d'Éthiopie qui a gouvernĂ© le pays avec peu d'interruptions pendant prĂšs de trois mille ans (et qui s'est terminĂ© 225 gĂ©nĂ©rations plus tard avec la chute de l'empereur Haile Selassie en 1974).

ÉlĂ©ments traditionnels

Le KebrĂ€ NĂ€gÀƛt prĂ©sente Menelik comme le premier des rois de la terre, d'une plus grande antiquitĂ© que l'empereur de Byzance et les rois d'IsraĂ«l[2]. Son nom originel est en ge'ez est BĂ€ynĂ€ Ləhkəm, tandis que le nom « MĂ©nĂ©lik »[7] dĂ©rive probablement de l'hĂ©breu ben Melek ou de l'arabe ibn Malik qui signifient « fils de roi »[8].

Menelik sĂ©journe quelques annĂ©es Ă  JĂ©rusalem auprĂšs de son pĂšre avant que celui-ci ne le consacre roi d'Éthiopie oĂč il le renvoie en compagnie des fils des lĂ©vites parmi lesquels Azarias qui emporte subrepticement l'Arche d'alliance qui contient les tables de la Loi[2]. Ainsi, succĂ©dant Ă  Makada, Menelik convertit son royaume au judaĂŻsme[2].

PrĂ©sentĂ© comme un « nouveau David »[9] et fils aĂźnĂ© de Salomon, MĂ©nĂ©lik a pour demi-frĂšres Rehoboham, qui succĂšde Ă  Salomon, et Adramis qui Ă©pouse Adlonya, fille de Balthasar ou Baltasor[2], le roi de Byzance ou de Rome auquel il succĂšde : le royaume d'Éthiopie, issu de la branche aĂźnĂ©e, a ainsi la prĂ©sĂ©ance sur Rome[10] et la tradition du KebrĂ€ NĂ€gÀƛt fait de MĂ©nĂ©lik, aĂźnĂ© de Salomon et dĂ©tenteur de l'Arche, le souverain le plus honorĂ© lors du partage du monde entre des trois fils du souverain juif[2]. Ce rĂ©cit permet de revendiquer les origines juives du christianisme Ă©thiopien tout en affirmant la supĂ©rioritĂ© de ce christianisme Ă©thiopien, lĂ©gitimĂ© par la dĂ©tention de l'arche, par rapport au judaĂŻsme Ă  la fois d'un point de vue religieux et d'un point de vue politique[11].

L'arche

La copie de l'arche Ă©tait jusqu'en 2015 encore localisĂ©e Ă  Aksoum dans l'Église Sainte-Marie-de-Sion ou Axum en Éthiopie (Nord), gardĂ©e par un veilleur et conservĂ©e dans un bĂątiment interdit au public. James Bruce rapporte que Salomon avait remis cette copie Ă  la reine de Saba avec des Ă©crits anciens[12] Ă  son retour au YĂ©men. Il dit qu'Ă  la suite de la mort de la reine, le peuple ne voulut pas reconnaitre l'hĂ©ritage du royaume au prince MĂ©nĂ©lik qui s'exila de l'autre cĂŽtĂ© de la Mer Rouge avec ses ministres[13].

RĂ©cits

À l'Ă©poque, les Ă©missaires de la reine de Saba voyagent et commercent jusqu’à l’Égypte et l’Inde. L’un d’eux, Tamrin, lui dĂ©crivit les fastes de la cour de Salomon et la grande sagesse du roi: Salomon avait la renommĂ©e d'ĂȘtre non seulement puissant et riche mais aussi celle d'ĂȘtre le roi le plus sage du monde. La reine de Saba, elle-mĂȘme Ă©prise de sagesse, se rendit Ă  JĂ©rusalem Ă  la tĂȘte d'une caravane immense « dans un grand faste, avec des chameaux chargĂ©s d’épices, de beaucoup d’or et de pierres prĂ©cieuses »[14], dans le but d'Ă©prouver la sagesse de Salomon. Salomon rĂ©solut les Ă©nigmes, lui fit admirer l'organisation du culte et de son royaume.

Makeda fut convaincue de tout ce qu'elle venait de voir, adressa des compliments enthousiastes, et fit don à Salomon de tout le précieux chargement qu'elle avait apporté par la caravane.

Salomon s’éprend d’elle et lui propose de devenir sa femme. Mais elle refuse, car Salomon « a soixante reines, quatre-vingts concubines, et des jeunes filles sans nombre » Salomon aura recours Ă  une ruse pour parvenir Ă  ses fins: Ils firent serment, elle, de ne rien goĂ»ter des provisions de bouche qui se trouvaient au palais, lui, de ne pas la toucher. Ils dormirent dans la mĂȘme chambre, oĂč on leur avait prĂ©parĂ© deux lits placĂ©s aux coins opposĂ©s. Par ordre du roi, on y avait mis aussi un verre d'eau. Pendant la nuit, la reine but de cette eau. Salomon, qui l'observait, profita de l'occasion pour lui dĂ©clarer qu'il voulait l'avoir pour Ă©pouse.

Au moment du dĂ©part de Makeda, Salomon lui remet un anneau sur lequel est gravĂ© le Lion de Juda en lui disant: « Prends cet anneau afin de ne pas m’oublier et si jamais j’ai une descendance de ton sein, que ce Lion en soit le signe. Si c’est un garçon, laisse-le venir Ă  moi. »

Pendant le voyage du retour, elle met Menelik au monde.

Menelik fut envoyĂ© en Israel pour s’y instruire. Le jeune homme se rend Ă  l'Ăąge de 22 ans Ă  JĂ©rusalem pour y recevoir la reconnaissance de son pĂšre et, en tant que fils ainĂ© de Salomon, un empire qui va « du fleuve d’Égypte jusqu’à l’Occident, du sud du Shewa jusqu’à l’Inde orientale ». Salomon le chargera d'abord de gouverner le pays de A'gazi[15].

DĂšs qu'il le vit, Salomon aurait indubitablement identifiĂ© son fils portant l'anneau citĂ© plus haut. Une anecdote rapporte qu’avant de l’envoyer Ă  JĂ©rusalem, la reine aurait donnĂ© Ă  son fils un miroir reçu de Salomon, pour qu’il reconnaisse son pĂšre, en y regardant son propre visage.

Sur la pression des grands prĂȘtres, selon d'autres version, sur pression du peuple, qui lui reprochent de lui montrer trop d'affection, Salomon renvoie MĂ©nĂ©lik auprĂšs de sa mĂšre. Une autre version indique que le jeune homme conscient de ses responsabilitĂ©s, retourna dans son royaume. Salomon y mit toutefois la condition que le fils ainĂ© de chaque famille l'accompagnent.

Menelik repartit ainsi accompagnĂ© d'une Ă©lite des fils des grands d’IsraĂ«l et de quelque douze mille Juifs appartenant aux douze tribus.

Une lĂ©gende veut que MĂ©nĂ©lik ait dĂ©robĂ© l’Arche d’alliance lors de son dĂ©part pour la ramener au royaume de Saba. Une autre prĂ©tend plutĂŽt que Salomon, pour soustraire l’Arche Ă  des convoitises internes, l'ait confiĂ©e Ă  son hĂ©ritier, afin qu’il la cachĂąt loin de JĂ©rusalem. Une autre encore se base sur Azaryas, fils de Sadoc, grand prĂȘtre, lequel aurait dĂ©robĂ© et emportĂ© l'arche sacrĂ©e.

Ces diffĂ©rentes versions justifient en tous cas que les LĂ©vites, la garde rapprochĂ©e de Salomon, soient partis avec MĂ©nĂ©lik. Seuls habilitĂ©s au maniement de l’arche, ces initiĂ©s fidĂšles n’ont pu partir qu'avec son assentiment ou sur l’ordre de Salomon lui-mĂȘme.

MĂ©nĂ©lik et sa suite parviendront Ă  traverser la mer Rouge, pour dĂ©barquer Ă  Bour, et regagner le royaume de Makeda, oĂč l’Arche aurait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e sur une Ăźle du lac Tana.

C'est ainsi que s'Ă©tablira dans le royaume une communautĂ© importante: les Falachas ou Falashas (ge'ez ፈላሻ, hĂ©breu Ś€ŚœŚŚ©Ś™Ś), c'est-Ă -dire les « exilĂ©s Â», obĂ©issant aux lois d'IsraĂ«l, dirigĂ©e par un conseil de prĂȘtres qui pratiquent encore de nos jours des sacrifices d’animaux, conformĂ©ment au texte originel de la Bible.

MĂ©nĂ©lik aurait ainsi fondĂ© un gouvernement conforme aux prescriptions mosaĂŻques[16]. Le rĂ©cit rapporte les premiĂšres guerres engagĂ©es par Ibn-Hakim / MĂ©nĂ©lik Ier qui mĂšnent Ă  l’extension progressive du royaume.

La tradition du KebrĂ€ NĂ€gÀƛt affirme que l'Arche se trouve dans le saint des saints d'une Ă©glise chrĂ©tienne situĂ©e Ă  Aksoum : l'Église Sainte-Marie-de-Sion. AprĂšs avoir Ă©tĂ© rapportĂ©e en Éthiopie par MĂ©nĂ©lik, et dĂ©posĂ©e dans l'Ăźle Ă©voquĂ©e plus haut, elle aurait Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e Ă  Aksoum au IVe siĂšcle.

Références

  1. Comme de nombreuses dates concernant les personnages bibliques de cette époque, celles-ci sont approximatives, et peuvent faire l'objet de débats entre exégÚtes.
  2. Marie-Laure Derat, Le domaine des rois Ă©thiopiens, 1270-1527 : Espace, pouvoir et monarchisme, Les publications de la Sorbonne, , p. 60-61
  3. Kebra Nagast ou Gloire des Rois (ክቄሚ ነገሄቔ), est un rĂ©cit Ă©pique rĂ©digĂ© dans l'ancienne langue ge'ez Ă  partir du XIIIe siĂšcle, dont la version dĂ©finitive serait datĂ©e du XIVe siĂšcle. Ce texte se dit la traduction d’un original copte retrouvĂ© avant 325 dans les trĂ©sors de Sainte-Sophie de Constantinople, reprenant les rĂ©cits de l’Ancien Testament, enrichis d’une longue histoire Ă©tablissant comment la domination d’une moitiĂ© de l’univers a Ă©tĂ© promise aux rois d’Éthiopie descendants de Salomon.
  4. Muriel DebiĂ©, « Le Kebra Nagast Ă©thiopien : Une rĂ©ponse apocryphe aux Ă©vĂ©nements de Najran ? », dans J. Beaucamp, F. Briquel Chatonnet et C.J. Robin (Ă©ds.), Le massacre de NajrĂąn : Religion et politique en Arabie du Sud au VIe siĂšcle, vol. II : Le massacre de Najran, Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, , p. 264
  5. Dans le Nouveau Testament, l'Évangile selon Luc l'Ă©voque sous le nom de « Reine de Midi » (Lc 11. 31)
  6. La reine de Saba est appelĂ©e « Bilkis » ou « Balkis » (arabe :ŰšÙ„Ù‚ÙŠŰł) dans le Coran oĂč elle apparaĂźt dans la sourate 27 dans les Hadiths, c'est-Ă -dire Ă  travers les propos du prophĂšte de l’islam Mahomet, au YĂ©men elle est appelĂ©e « Balqama », en hĂ©breu Ś©Ö°ŚŚ‘ÖžŚ, mais l'orthographe peut varier fortement.
  7. variantes : Mënëlßk, Mïlilïk
  8. Suivant les travaux de Kirsten Stoffregen-Pedersen citĂ© par Jean-Paul Messina, Christianisme et quĂȘte d'identitĂ© en Afrique, CLE, , p. 48
  9. Muriel DebiĂ©, « Le Kebra Nagast Ă©thiopien : Une rĂ©ponse apocryphe aux Ă©vĂ©nements de Najran ? », dans J. Beaucamp, F. Briquel Chatonnet et C.J. Robin (Ă©ds.), Le massacre de NajrĂąn : Religion et politique en Arabie du Sud au VIe siĂšcle, vol. II : Le massacre de Najran, Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, , p. 266
  10. Muriel DebiĂ©, « Le Kebra Nagast Ă©thiopien : Une rĂ©ponse apocryphe aux Ă©vĂ©nements de Najran ? », dans J. Beaucamp, F. Briquel Chatonnet et C.J. Robin (Ă©ds.), Le massacre de NajrĂąn : Religion et politique en Arabie du Sud au VIe siĂšcle, vol. II : Le massacre de Najran, Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, , p. 267
  11. Muriel DebiĂ©, « Le Kebra Nagast Ă©thiopien : Une rĂ©ponse apocryphe aux Ă©vĂ©nements de Najran ? », dans J. Beaucamp, F. Briquel Chatonnet et C.J. Robin (Ă©ds.), Le massacre de NajrĂąn : Religion et politique en Arabie du Sud au VIe siĂšcle, vol. II : Le massacre de Najran, Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, , p. 269
  12. Book of Enoch (መጜሐፈ ፡ ሄኖክ /Metsahaf Henoc), Bodeian Library of Oxford Mss 531 et BibliothĂšque royale de Paris, cf. http://www.tau.ac.il/~hacohen/Biblia.html ; Book of Jubilees (መጜሐፈ ፡ ኩፋሌ /Metsahaf Kufale) ; The Conflict of Adam and Eve (/Gadla Adan wa Hewan), British Museum Oriental Ms 751.
  13. James Bruce, Travels to discover the source of the Nile in the years 1768, 1769, 1770, 1771, 1772, 1773, Londres 1813.
  14. Bible, 1 Rois 10, 1-13
  15. "La lĂ©gende de la reine de Saba", Joseph HalĂ©vy, École pratique des hautes Ă©tudes, Section des sciences historiques et philologiques, École pratique des hautes Ă©tudes, Section des sciences historiques et philologiques, Annuaire 1905, AnnĂ©e 1904, p. 5-24, lire page 20 http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/ephe_0000-0001_1905_num_1_1_2491
  16. Archive de la Gazette de Lausanne, « Les hĂ©ritiers de Salomon et de la reine de Saba Â», article non signĂ©, en date du 24 dĂ©cembre 1897

Sources Bibliographiques

  • Don Francisco Alvarez, "Historia de las cosas d’Etiopia", Anvers 1557, Saragosse 1561 and Toledo 1588, traduit en Français en 1588
  • S.A.R. Lij Asfa-Wossen Asserate, "Ein Prinz aus dem Hause David und warum er in Deutschland blieb", Scherz Verlag, Frankfurt am Main, 2007, (ISBN 978-3-502-15063-3)
  • James Bruce of Kinnaird, Travels to discover the sources of the Nile. 5 Bde. (Edinburgh 1790) - Reisen zur Entdeckung der Quellen des Nils. Übersetzt von Johann Jacob Volkmann, 5 BĂ€nde, Weidmann, Leipzig 1790–1791 [Ă©vocation du (contenu du) KebrĂ€ NĂ€gÀƛt dans la 3e partie de son expĂ©dition]
  • Carl BEZOLD, Kebra Nagast, Die Herrlichkeit des Könige : nach den Handschriften in Berlin, London, Oxford und Paris, MĂŒnchen, 1905
  • E. A. Wallis BUDGE, "The Kebra Negast, The Queen of Sheba and her only son Menelik", Translation Of The Kebra Nagast With Introduction By Sir E. A. Wallis Budge, M.A., Litt.D., D.Litt., Lit.D., F.S.A., Sometime Scholar Of Christ's College, Cambridge, And Tyrwhitt Hebrew Scholar. Keeper Of The Department Of Egyptian And Assyrian Antiquities In The British Museum. First Published With 31 Illustrations From Ethiopic Mss. In The British Museum By The Medici Society, Limited, London, Liverpool, And Boston, Mass., Mcmxxii (London 1922)
  • GĂ©rard COLIN, La gloire des rois (KebrĂ€ NĂ€gÀƛt). ÉpopĂ©e nationale de l’Éthiopie, GenĂšve, Patrick Cramer, 2002, 117 p. [Cahiers d’orientalisme 23]
  • Siegbert Uhlig (dir.): Menelik I., in: Encyclopaedia Aethiopica, vol.3 :He-N, Wiesbaden, 2007, S.921
  • Samuel MALHER, Kebra Nagast, La Gloire des Rois d'Éthiopie, La boutique des artistes, 2007, 166 p.
  • Robert BEYLOT, La Gloire des Rois ou l'Histoire de Salomon et de la reine de Saba, Brepols, 2008, 491 p. [Apocryphes. Collection de poche de l'AELAC 12]
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