Max C. Starkloff
Max Carl Starkloff (30 décembre 1858 - 15 janvier 1942) est un médecin américain, commissaire à la Santé publique de la ville de Saint-Louis, Missouri de 1895 à 1903 et de 1911 à 1933.
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(Ă 83 ans) Saint-Louis |
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St. Louis Medical College (d) (jusqu'en ) |
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Irma S. Rombauer (en) |
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Max Starkloff (en) (petit-fils) |
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American Public Health Association (en) |
Il est connu pour avoir mis en place la fermeture de tous les lieux publics et l'interdiction de rassemblements publics de plus de 20 personnes en octobre 1918 au cours de la pandémie de grippe espagnole. Ses actions sont créditées comme étant l'un des premiers exemples de distanciation sociale de la médecine moderne[1] - [2].
Famille et début de vie
Maximilien Carl von Starkloff naît le 30 décembre 1858 à Quincy, Illinois. Il est le troisième fils de Hugo Maximilian von Starkloff et Hermine Auguste (Reinhard) Starkloff[3]. Starkloff renoncera plus tard à la particule « von » afin d'apparaître moins aristocratique[4], bien qu'il s'agisse d'un ajout récent à son nom[5].
Son père, le docteur Hugo von Starkloff, est un allemand immigré qui a servi dans l'Armée des États-unis en tant que chirurgien avant et pendant la Guerre Civile Américaine. Il a aussi été un Consul des États-Unis à Brême, en Allemagne[3]. Lors de sa prise de poste, von Starkloff « a atterri au milieu d'une panique liée au choléra et passa à l'action, définissant des mesures sanitaires qui ont empêché l'épidémie d'atteindre les paquebots en partance pour les États-Unis[4] »[6].
Sa demi-sœur est Irma S. Rombauer, auteure de The Joy of Cooking[4]. Max Starkloff, son petit-fils, est un militant des droits des personnes handicapées[7].
Starkloff fréquente les écoles publiques, puis rejoint l'Académie militaire de Pennsylvanie (aujourd'hui la Widener University) à Chester. Il a reçu son diplôme de médecine du St. Louis Medical College (à présent la Washington University School of Medicine)[3].
Premier mandat et la tornade de 1896 Ă Saint-Louis
En 1895, le maire de Saint-Louis, Cyrus Walbridge, nomme Starkloff pour un premier mandat de Commissaire à la Santé de Saint-Louis[8]. Starkoff publie dans l'année une brochure sur la façon d'éviter les maladies transmissibles[9].
L'année suivante, la troisième tornade la plus meurtrière de l'histoire des États-Unis frappe Saint-Louis, laissant place à une bande de destruction de 4,8 kilomètres dans le noyau urbain, tuant près de 200 citoyens et en blessant un millier de plus[10] en plus de détruire les 8 000 bâtiments[6].
L'hôpital principal de la ville est détruit. Alors que Starkloff se rend à l’hôpital depuis son bureau à l'hôtel de Ville, la chute d'un poteau casse son bras droit. Il improvise la mise en écharpe de son bras et se rend ensuite en ambulance vers ce qui reste de l'hôpital. Starkloff y prend alors en charge la coordination des secours et ce malgré sa blessure. Ce n'est qu'après plusieurs heures de travail que son bras est diagnostiqué comme cassé[11].
Il installe l'hôpital provisoire dans un couvent vacant ; il y restera plusieurs années, jusqu'à ce que la construction de l'hôpital de remplacement soit suffisamment avancé[6].
Deuxième mandat et pandémie grippale de 1918
Renouvellement candidature Ă la mairie
Le maire Frédéric Kreismann[12] reconduit Starkloff comme Commissaire à la santé publique en 1911[3].
En 1913, Starkloff se présente face au Républicain Henry de Kiel pour l'élection municipale et perd. Néanmoins, les deux hommes, membres du même parti, sont restés en bons termes[13].
La grippe arrive Ă Saint-Louis
Conscient de l'impact de la grippe à New York au début de 1918[14] et en particulier lors de l'été à Boston[2], Starkloff commence les préparatifs pour Saint-Louis. Il demande que tous les médecins signalent chaque cas de grippe à son bureau[15]. Starkloff publie ensuite un article sur l'atténuation de la pneumonie, conseillant aux gens d'éviter les malades, les foules, l'alcool et la fatigue, et à chercher de l'air frais[16]. Bien qu'il pensait que les malades devaient eux-mêmes se mettre en quarantaine, il ne pense pas que plus d'actions soient nécessaires.
Dans les premiers jours d'octobre 1918, des foyers de contagion de la grippe pandémique sont signalés dans le Missouri. Le 4 octobre, Springfield rapporte 130 cas[17]. Le premier cas au poste militaire de Jefferson Barracks, à environ 10 miles au sud de Saint-Louis, est rapporté le 1er octobre, et en moins d'une semaine, atteint les 800 cas[18].
Starkloff demandé au Conseil Communal des pouvoirs spéciaux, mais le maire Keil pense qu'aucune mesure ne doit être prise[17]. Toutefois, le 7 octobre, 115 cas de grippe sont signalés à Saint-Louis, et compte tenu des presque 1000 cas recensés à Jefferson Barracks, Starkloff pense que des mesures draconiennes sont nécessaires et conduit Keil et le Conseil à accepter ses mesures extraordinaires. Le 8 octobre, ils donnent donc à Starkloff le pouvoir d'émettre des édits de santé publique. Ils émettent également une ordonnance pour fermer à partir du 8 octobre les théâtres et autres lieux publics, et à interdire les rassemblements publics de plus de 20 personnes. L'ordre ordonne également la fermeture des écoles le 9 octobre[2].
Bien que le département de la santé de Saint-Louis pense que la pandémie est sous contrôle, l'effet de la pandémie de grippe atteint bientôt son apogée. Les autorités enregistrent 559 cas de grippe et 32 décès le 18 octobre 1918. Le 1er novembre, l'incidence a diminué, et le maire Keil demande que les restrictions sur les rassemblements publics soient levés, mais Starkloff refuse et prolonge le confinement pour les dix premiers jours de novembre.
Jour de l'Armistice et de la résurgence de la grippe
Le 11 novembre 1918, les gens de Saint-Louis fêtent la fin de la Première Guerre mondiale ; cette journée est déclarée fériée (les magasins sont fermés), mais des célébrations ont lieu en extérieur[2]. Avec le déclin de la pandémie de grippe à Saint-Louis, Starkloff concède une réouverture progressive des lieux publics[17].
Cela s'avère être prématuré, car la grippe est en résurgence chez les jeunes. Les écoles ont rouvert le 14 novembre, mais le 28 novembre Starkloff les ferme de nouveau et bannit les moins de 16 ans « des magasins, y compris les grands magasins, les magasins à dix-cents (ten-cent stores), et les théâtres ». Les cas de grippe atteignent un sommet le 3 décembre avec 1 467 cas, et le 10 décembre, on compte 58 décès liés à la grippe[17]. À la fin de l'année, les nouveaux cas chutent à 50 cas par jour. Starkloff lève les restrictions le 28 décembre, et les écoles rouvrent le 2 janvier 1919[2].
Efficacité des mesures
Les efforts Starkloff pour contenir l'incidence de la grippe ont eu deux résultats importants.
Tout d'abord, Saint-Louis a l'un des plus bas taux de mortalité de la grippe dans le pays[2]. Par rapport à Philadelphie, qui avait permis la parade des prêts de la Liberté (en) rassemblant 200 000 personnes au début de la pandémie de grippe, Saint Louis avait moitié moins de décès par habitant[19] - [20].
Deuxièmement, l'intervention de Starkloff a permis « d'aplatir la courbe ». En comparaison, à Boston, l'incidence de la grippe, qui a culminé avec un taux de mortalité d'environ 160 pour 100 000 environ deux semaines après le premier cas, Saint-Louis a eu un pic de moins de 60 pour 100 000 environ, six semaines après que les premiers cas furent signalés[18].
Fin de vie et postérité
Le deuxième mandat de Starkloff au titre de Commissaire à la Santé se termine en 1933[3].
Après une décennie d'une maladie chronique, Starkloff décède chez lui d'un nouvel épisode de pyélonéphrite le 15 janvier 1942[21]. Cette même année, Saint-Louis renomme l'hôpital de la ville le Max C. Starkloff Memorial Hospital[6] - [22].
Les précausions de Starkloff concernant la distanciation sociale continuent d'être cités à la fois dans la littérature médicale[17] - [18] et dans les écrits populaires[19] - [20].
Références
- « How Public Health Policies Saved Citizens in St. Louis During the 1918 Flu Pandemic », bioMérieux Connection, (consulté le )
- « St. Louis, Missouri and the 1918-1919 Influenza Epidemic », The American Influenza Epidemic of 1918: A Digital Encyclopedia, (consulté le )
- Albert Nelson Marquis, The book of St. Louisans; a biographical dictionary of leading living men of the city of St. Louis and vicinity, St. Louis, MO, US, St. Louis Republic, (OCLC 342643, lire en ligne), p. 569
- Cooperman, « The Starkloff Family: Independent From the Start », St. Louis Magazine, (consulté le )
- Anne Mendelson, Stand Facing the Stove, New York, Henry Holt, , 496 p. (ISBN 0-8050-2904-4, lire en ligne )
- « Muench Medical & Cookbook Heroes », Muench Family Association (consulté le )
- (en-US) Jeannette Cooperman, « The Starkloff Family: Independent From the Start », sur www.stlmag.com, (consulté le )
- (en) Saint Louis (Mo.), Mayor's Message : With Accompanying Documents to the Municipal Assembly of the City of St. Louis, ..., (lire en ligne), p. 199
- Starkloff, « A circular on the means of preventing, avoiding and suppressing communicable disease. », sur HathiTrust, City of St. Louis Health Department, (OCLC 1090292517, consulté le )
- « This Month in Climate History: May 27, 1896, St. Louis Tornado », National Centers for Environmental Information (NCEI) (consulté le )
- « Max Starkloff health commissioner flu epidemic 1896 tornado! », St. Louis Post-Dispatch,‎ , p. 7 (lire en ligne, consulté le )
- « St. Louis Mayors: Frederick H. Kreismann » [archive du ], exhibits.slpl.lib.mo.us,
- Jones, « The St Louis Mayor From Lafayette Square - Henry W. Kiel », Lafayette Square, (consulté le )
- Billings, « The 1918 Influenza Pandemic » [archive du ], Virology at Stanford University,
- « Doctors Here Must Report Influenza », St. Louis Globe Democrat,‎ , p. 2 (lire en ligne)
- Dr. Max C. Starkloff, « Pneumonia Causes 10 Per Cent of Winter Deaths; How To Avoid It », St. Louis Post-Dispatch,‎
- Belshe, « A Century of Influenza Prevention in St. Louis », Missouri Medicine, vol. 109, no 2,‎ mar–apr 2012, p. 119–123 (ISSN 0026-6620, OCLC 79502782, PMID 22675791, lire en ligne, consulté le )
- McKinsey, McKinsey et Enriquez, « The 1918 Influenza in Missouri: Centennial Remembrance of the Crisis », Missouri Medicine, vol. 115, no 4,‎ jul–aug 2018, p. 319–324 (ISSN 0026-6620, OCLC 7850378090, PMID 30228752, lire en ligne, consulté le )
- Mounk, « Cancel Everything », The Atlantic, (consulté le )
- Roos, « How U.S. Cities Tried to Halt the Spread of the 1918 Spanish Flu », HISTORY, (consulté le )
- « Standard Certificate of Death », Missouri State Board of Health, (consulté le )
- « City Hospital. [Max C. Starkloff Memorial.] 1515 Lafayette Avenue. », The Missouri Historical Society (consulté le )
Liens externes
- (en) « Max C. Starkloff », sur Find a Grave